11.5.07

Post-Présidentielles

Et bien voilà, nous en prenons pour 5 ans avec un fou furieux,un type à la limite de ce qu'on appelle une démocratie et une république, un type capable de soutenir la politique d'un Bush, d'envoyer des Français se battre en Irak pour que dal, d'appuyer sur le bouton rouge si ça lui chante, d'augmenter les effectifs de sécurité et de répression, capable de faire un sourire quand il y a une caméra et de donner des coups quand il n'y en a pas. Même nous athées, prions.

Sinon il y a quelque chose que je voudrais qu'on m'explique. C'est comment est-il possible qu'autant de personnes votent à droite, la majorité même. Pour simplifier à l'extrême, la gauche veut redistribuer les richesses alors que la droite est pour que chacun garde les siennes. Même si on a plus d'argent de la moyenne, comment on peut faire passer son intérêt personnel devant l'intérêt collectif ? Bon l'intérêt personnel c'est un grand truc en France, c'est sûr, mais quand même, les chiffres sont incroyables. Y a-t-il tant de gens qui gagnent beaucoup d'argent ? Et même en admettant que ça soit le cas d'environ un sur deux, y en a-t-il si peu dans le tas qui pensent à autre chose qu'à leur gueule ? J'en viens vraiment à me dire que ça vote de père en fils ou à l'aveuglette. D'accord pour dire que le système des aides sociales est relativement désastreux, trop laxiste, trop souple, trop sujet à des fraudes, mais de là à choisir que ceux qui gagnent plus ne doivent pas en donner une petite partie à ceux qui gagnent moins, quand même...
Je veux dire c'est abérrant, il y a 220 ans il y avait une révolution dans ce pays pour mettre fin aux injustices financières et sociales. 220 plus tard est-ce que la seule chose qui a changé dans ce domaine c'est qu'il y a environ autant de riches que de pauvres ? Est-ce que ces riches pensent vraiment tous qu'ils méritent l'argent qu'ils gagnent ? Et qu'à ce titre ils ne sont prêts à en recéder que le minimum possible ? Ca me dépasse.
Le pire c'est les jeunes, les étudiants en particulier, qui sont convaincus que la droite porte des valeurs plus intéressantes, etc, qui sont partisans à 100%. C'est le pire car eux ils ne sont même pas encore riches c'est juste qu'ils savent qu'ils vont le devenir, et ils votent déjà pour plus tard. C'est le pire car le schéma plus classique c'est au moins d'être de gauche quand on n'a pas encore de tune et à la limite de devenir de droite avec le temps et le fric qui s'amasse, c'est assez gerbant mais au moins c'est un classique je pense à ma gueule. Tandis que le jeune qui est déjà de droite parce qu'il va en école de ceci ou de cela, que ses parents touchaient beaucoup, qu'il sait qu'à la sortie de l'école il touchera beaucoup lui aussi, et qui vote déjà en conséquence, là c'est pire que gerbant.

L'autre fois j'ai failli avoir un malaise en pleine rue, en passant devant un bar où étaient attablés ces étudiants aux parents friqués et futurs friqués eux-mêmes, qui se paient des verres à six euros, se rejettent en arrière sur leur chaise en soufflant la fumée de leur clope et qui dans leur tête représentent ainsi le summum de la classe. Qui arrive à croire qu'en 2007 les aristos sont pire qu'il y a 200 ans parce qu'ils le sont depuis le berceau et qu'ils ne passent par aucun autre stade, se croyant au dessus de tout de bout en bout. Failli avoir un malaise ouais.

Je ne comprends de toute façon pas grand chose à mes congénères. Quand je vois le prix des ventes dans tout ce qui est restaurants, bars, etc, par rapport au prix que ça coûte réellement, je ne comprends pas qu'autant de monde paie aussi cher.

Je crois que les gens ne réfléchissent pas trop à leur vie jusqu'à 30-35 ans, moment auquel ils commencent à se lasser de leur boulot et de leur conjoint. C'est là qu'ils choisissent d'en changer - de boulot, de conjoint, ou les deux - ou alors de faire un gosse histoire de donner un peu de sens à leur vie, ou pour se foutre en l'air ce qui est parfois préférable. Je me suis posé la question du sens de ma vie vers 12 ans. Puis quasi à plein temps à partir de 17. A 19 j'avais un bac+2 dont je savais déjà que je ne voulais rien faire. Passé deux ans à hésiter à mourir avant de trouver une voie annexe, hors du boulot pour lequel j'aurais changé vers 30 ans en suivant le schéma plus classique, sauf que j'ai gagné 10 ans, dix ans d'ennui en moins. Je ne sais pas dans combien de temps je serais lassé, après 3 ans je ressens déjà de l'usure. C'est l'histoire d'une vie en accéléré. Peut-être qu'à 30 ans j'aurais économisé assez pour prendre quelques années de retraite. Délire total ? Il ne faut pas dire ça parce que déjà les 30 ans il y a quelques années je ne pensais jamais les dépasser en vie. Ensuite parce que ma vie prend un tour tout autre que toute autre, comme les quelques exemples susmentionnés. Ensuite parce que je suis hors du cycle de consommation et que donc même en gagnant moins qu'un smic j'arrive à économiser pas trop mal.
Le temps passe et pour un oeil non averti je me serais presque rangé, presque habitué à la routine classique, même si la spirale dans laquelle je suis n'a pas grand chose à voir avec la spirale classique. En fait l'essentiel n'a pas vraiment changé, je me demande toujours l'intérêt de tout cela, j'ai toujours du mal à cohabiter avec le reste des gens, à les comprendre, simplement je me le demande un peu moins souvent. Et me faire écraser par un train par inadvertance me dérangerait à peine plus qu'il y a quelques années. A peine plus c'est bien. Mais pas trop.