27.12.08

Crédit immobilier : chiffres et philosophie

J'ai rendez-vous à la banque cette semaine, il survient suite à la fin de mon livret jeune, c'est mon premier rendez-vous sérieux. Au début je me suis dit que j'allais esquiver ce rendez-vous étant donné que je vais simplement transférer l'argent sur un autre livret. Sauf qu'évidemment la banque voudrait profiter de cette échéance pour me proposer différentes choses. C'est bien pour ça que je voulais l'esquiver d'ailleurs, et c'est bien pour ça qu'au téléphone ils ont insisté, même si c'était de manière subtile.
On sait bien que ceux qui s'en sortent le mieux dans ce pays ce sont les banques, les compagnies d'assurance et les agences immobilières. Quand un magasin disparaît il est souvent remplacé par l'une des ces 3 agences. J'en ai eu une explication flagrante il y a quelques années, épisode qui vaut d'être relaté ici.

Je venais de me faire voler un ordinateur portable et un autoradio dans la voiture. La compagnie d'assurance indique que ce n'est pas pris en charge dans le contrat souscrit par mes parents, j'insiste et demande un rendez-vous, que j'obtiens. Une fois sur place ça a été terrible. Je commence à négocier en disant que cela fait 15 ans qu'on est dans cette compagnie, que tout n'était pas clair au moment de la signature du contrat, qu'ils pourraient faire un geste, etc. J'avais tous les arguments et il m'aurait vraiment semblé logique qu'ils fassent un minimum. Mais en une minute tout a été balayé, s'appuyant sur le simple fait que le contrat ne couvrait pas ce vol, et ensuite la situation s'est même inversée puisque l'agent, voyant mon âge, commence à me demander si je ne projette pas bientôt de louer un appartement, d'acheter une voiture, et que surtout si c'est le cas je commence à lui en parler en prévision de la future assurance de ces biens ! Vraiment le piège qui se referme ! Sur le coup j'ai été trop surpris par le processus pour m'en dépêtrer, ce n'est qu'après que j'ai pu l'analyser et me rendre compte de tout son vice, du total manque de considération pour les êtres humains, du règne de l'argent. Ce jour-là j'ai compris pourquoi les compagnies d'assurance étaient toutes riches.

Fort de cette expérience mon attitude envers ces organismes est maintenant ultraméfiante, j'irai à ce rendez-vous en connaissance de cause car j'imagine bien qu'il y ressemblera. Et je vais maintenant même prendre un malin plaisir à inverser la situation, à leur montrer leur vice en flagrant délit si on peut dire, à les mettre devant leurs méthodes, etc.
J'avais déjà prévu de faire quelque chose de semblable lorsqu'un fournisseur de téléphonie mobile m'avait appelé à dix reprises dans la même journée pour me démarcher, j'avais dans l'idée de retourner la situation et de demander à la jeune opératrice si elle avait conscience de ce qu'elle faisait, dans le contexte économique actuel, si elle ne pensait pas qu'il valait mieux faire n'importe quoi d'autre pour gagner un peu d'argent, si elle avait la moindre idée des bénéfices mirobolants que se font l'entreprise qui la mandate et ses actionnaires, notamment grâce aux actions qu'elle entreprend actuellement, payée un salaire de misère. Le démarché qui pose les questions et l'opératrice qui doit répondre. Hélas à partir du moment où j'avais bouclé mon argumentaire ils n'ont plus rappelé. Je le garde sous le coude...

Depuis qu'un collègue m'a montré rapidement la ruine que représentait un emprunt à long terme pour l'achat d'un appartement, j'ai dans l'idée d'appeler un banquier pour lui mettre cette honte, dont il est parfaitement au courant, sous les yeux, et lui demander s'il trouve ça normal. Ce jour-là d'ailleurs j'ai mieux compris pourquoi les banques (ou autres organismes de crédits) étaient toutes riches. Une idée subsidiaire est d'enregistrer la conversation.
Mais finalement ce rendez-vous avec une conseillère va être l'occasion de cette petite confrontation. Je vais entamer une discussion sur un emprunt éventuel en vue d'un achat immobilier. Si elle connaît son travail elle sera trop ravi que je m'aventure sur ce terrain et là on risque de commencer à rigoler.
Faisons simple. Imaginons que je veuille acquérir un appartement à 110 000 €, avec un apport de 15 000 €. Le taux du crédit sera environ de 5%. Si on part sur environ 600 € par mois à rembourser, cela donne environ une durée d'emprunt de 22 ans. Disons un emprunt sur 20 ans, ce qui donne des mensualités de 627 €. Avez-vous une idée de combien aura coûté le crédit ? C'est-à-dire combien d'intérêts vous aurez versé à la banque pour avoir le droit qu'elle vous prête 95 000 € ? Réponse : 55 480 €. Je l'écris en français : on a donné 55 480 euros à la banque pour qu'elle nous prête 95 000 euros. C'est comme si l'appartement avait coûté 1,5 fois son prix : 165 480 €. Le pire dans cette histoire c'est peut-être la différence entre les riches et les pauvres, les riches pouvant faire des apports beaucoup plus importants et rembourser plus par mois, le coût du crédit pour eux peut s'avérer 2, 3, 4 fois moindre. Là on comprend un peu mieux pourquoi le fossé se creuse sans cesse.
Bref, je vais demander à ma conseillère si elle trouve normal de devoir payer plus de la moitié de la somme qu'on souhaite emprunter pour pouvoir l'emprunter. C'est vrai que le taux est de 5% par an mais au bout de 15, 20 ou 25 ans, c'est comme si on avait contracté un emprunt sur un an à 40, 50 ou 60 % ! Et les gens acceptent cela ! La société accepte cela ! A moins qu'elle ne soit pas au courant. Ou à moins qu'elle n'ait pas le choix. Le débat va rapidement venir sur la société, comptez sur moi. Je vais dévier sur l'intérêt d'acheter un appartement. Quel intérêt ? Ne plus payer de loyer au bout de 20-25 ans et posséder un bien qu'on peut vendre ou dont les enfants hériteront. Voyons les inconvénients : assignation géographique, coût du crédit, questions en cas de divorce.


Poursuite de l'étude et conclusions

Comparaison entre un achat (emprunt sur 20 ans, exemple précité) et une location (400€/mois).
Après 20 ans
Achat : coût 165 000 Epargne 0 + bien
Location : coût 96 000 Epargne 54 000 (225/mois)
Après 30 ans
Achat : Epargne 75 000 + bien
Location : Epargne 81 000
Après 40 ans
Achat : Epargne 150 000* + bien *sauf si retraite entamée
Location : coût 192 000 Epargne 108 000*
Après 50 ans
Achat : coût 165 000
Location : coût 240 000

Je viens de faire les calculs et je dois dire que j'étais prêt à démontrer le manque d'intérêt de l'achat mais en fait pour des personnes normales c'est financièrement intéressant, à partir de 25-30 ans après le début de l'emprunt cependant. Quelqu'un qui se contente de louer aura mis plus d'argent de côté pendant 20-25 ans (sans tenir compte du bien vendable). C'est donc vraiment une vision à long terme qui est nécessaire ici. Nous y arrivons... Comment demander une vision sur 30 ans à des personnes qui ont une trentaine d'années, qui n'ont pas la sécurité de l'emploi ni la sécurité du couple ? Et qui en plus savent qu'ils vont engraisser la banque ?

Le contexte économique est difficile et incertain, et il semblerait que ça va durer. C'est amusant car si on regarde le passé, avec la crise précédent la seconde guerre mondiale, puis les 30 glorieuses, on peut se dire que ça va ça vient, mais pourtant aujourd'hui c'est comme si on savait que ça va rester difficile, on ne voit pas d'où pourrait venir un mystérieux salut qui relancerait tout. On entend parfois dire sous forme de boutade "il faudrait une bonne guerre et ça repartirait", et finalement c'est ça, à part ça qui n'est évidemment ni souhaitable ni provocable, on voit mal un changement majeur survenir.
Le contexte matrimonial est difficile. Les personnes mariées représentent environ 50% de la population de plus de 15 ans. Entre 40 et 50% des mariages se terminent par un divorce (source Insee). L'incertitude de la durée et de l'issue du mariage représente probablement un frein à l'achat.
Dans ces deux contextes difficiles, s'assigner un lieu géographique "à vie" (bien qu'on puisse toujours vendre puis racheter, je ne sais pas s'il existe des statistiques sur le sujet) ou en tout cas durant la durée de remboursement de l'emprunt peut sembler risqué ou délicat.

Un élément clef en terme de motivation pour l'achat d'un bien immobilier est que cela sert à mieux profiter de la retraite. D'un point de vue individuel c'est probablement la motivation principale.
L'autre élément important serait l'héritage des enfants. Ah nous y revoilà, sacro-saints-enfants !
Des gens sont donc prêts à engraisser des banques, notamment, pour un peu de confort supplémentaire à leurs enfants, voire leurs proches, ainsi qu'une retraite plus confortable.
A propos des retraites d'ailleurs, ne répète-t-on pas qu'on n'aura pas de retraites ? Dans ce contexte j'imagine que c'est un argument supplémentaire pour pousser à l'achat, car si la retraite est déjà difficile mieux vaut ne pas en plus avoir à payer un loyer ! Vu sous cet angle c'est sûr... Mieux vaut aussi avoir pu épargner un peu plus. Bien qu'on se rende compte dans le petit tableau susmentionné que la différence n'est pas énorme, la retraite survenant plus ou moins entre 30 et 40 ans après le début de l'emprunt. La différence principale réside donc dans la possession de ce bien. Concrètement à quoi cela correspond-il ??

Le dernier point à soulever est bien entendu l'importance de l'argent, même si c'est un autre débat. Quand on se pose cette question majeure de l'achat, on présuppose déjà qu'on accorde une certaine importance à l'argent.

[Édit: Reparlons des banques. Ce n'est pas que sur les crédits immobiliers qu'ils gagnent de l'argent, c'est sur tous les crédits tout court.
Un argument pour expliquer cela serait "mais les gens ne peuvent pas réaliser leurs projets sans nous, si nous ne leur avançons pas l'argent". Terrible argument ! En effet il s'agit donc d'une gigantesque prise d'otage ! Les gens sont forcés de souscrire aux taux qu'on leur impose, ils n'ont pas le choix. C'est une des raisons qui expliquent que ça ne choque pas plus que ça qu'un crédit sur 20 ans coûte autant : pas le choix !!
Lors des crédits immobiliers, les banques se font de l'argent sur le dos de l'enfermement des gens, puisqu'acheter un appartement ou une maison c'est s'enfermer géographiquement. Les gens aiment historiquement beaucoup s'enfermer : par la propriété, par le travail, par la famille. Enfin, de nos jours, ils commencent à comprendre la valeur de la liberté et ils s'enferment moins : ils déménagent de plus en plus, divorcent (et se remarient) de plus en plus, changent de plus en plus de travail (bien qu'ils n'aient pas toujours le choix), etc.

Les gens ne se sont pas assez placés des 2 côtés pour accepter une telle relation déséquilibrée avec les banques. Rendons-nous compte qu'un simple crédit immobilier sur un appartement moyen rapporte sur 20 ans autour de 75 000 euros à la banque. Combien les gens réussissent-ils à épargner en moyenne en 20 ans ? J'ai l'impression que ça se joue dans ces eaux-là, que ça serait même plutôt bien... Sauf qu'évidemment une banque souscrit de nombreux crédits immobiliers, et crédits tout court, d'où leur monstrueuse plus value.
On me parlera des intérêts de l'épargne, l'argent fructifiant annuellement, une bonne chose non ? Hum, parlons des taux. Citons aussi le fait que les gens doivent parfois utiliser une partie de l'argent épargné pour des achats nécessaires, ou facultatifs. ]

Un siècle de changements

Notes prises en revisionnant le Ce soir ou jamais du 17 décembre 2008

Le regard des centenaires sur le monde
Avec Jean-Marcel Jeanneney (98 ans), ancien ministre. Jenny Alpha (98 ans), comédienne. Edgar Morin (97 ans), sociologue et philosophe. Olivier Todd (79 ans), écrivain et journaliste.

Marqués par :
Révolution technologique, les moyens de communications en particulier, avec leurs conséquences sociales.
Le fait qu'en 2008 tous les gens ne mangent pas encore à leur faim.
L'accroissement de la vie. L'importance de la télévision.
Mai 68, rapport Khrouchtchev qui dénonce les crimes de Staline, l'effondrement de l'union soviétique, plus récemment la crise financière de 2008, l'élection de Obama. "Il faut continuer à s'attendre à l'inattendu".

Amusés par :
Variations des politiques des 2 côtés, relations entre les journalistes et les politiques (gênant et divertissant).
Le fait qu'il y ait encore de magnifiques écrivains malgré les nouveaux moyens de communication.
Évolution du roman français : de plus en plus nombrilique.
"Il y a tant de problèmes qu'on ne voit plus trop ce qui est amusant"
Les amuseurs !

Le monde est de plus en plus tragique, il l'a toujours été mais la tragédie est maintenant plus accessible. Il y a maintenant une tragédie à l'échelle de l'humanité puisque la planète entière est menacée.

Culture de masse : télé, radio, journaux. Cherche à plaire, au plus grand nombre. Recherche du public maximum (femmes, hommes, jeunes, vieux, toutes les classes, etc)
Ce qui a changé vers la fin des années 60 : fin de l'optimisme partout, on montre la réalité et les problèmes et on propose des solutions.
De nos jours beaucoup de divertissement. Après une journée fatigante, chronométrée, d'un travail souvent abrutissant, besoin de se détendre.

Heureux pour des raisons familiales, enfants, carrière où il était intéressé, passionné.

Avant 89, le monde était gouverné par l'affrontement est-ouest, communisme/libéralisme alors que depuis ce sont des déferlements ethniques, nationalistes, religieux.

Avant on avait la foi dans le futur, on croyait que le progrès était la loi de l'histoire, que demain serait toujours mieux. Tout ceci est remplacé par l'angoisse du futur ou au minimum l'incertitude. Quand le présent est également angoissant, il n'y a plus que le refuge dans le passé, dans les racines, nationales, religieuses, etc.
La vision des idéologies, des religions a beaucoup changé.

En Europe, l'angoisse de la guerre, du fascisme, aujourd'hui l'Europe est en paix.
Niveau de vie moyen largement supérieur. Augmentation des biens de consommations, si on parle de pouvoir d'achat c'est aussi parce qu'il y a pléthore de choses à acheter.

Angoisse du chômage n'existait pas entre 1950 et la fin des années 80.

Beaucoup de grands progrès ont été payés par des pertes. Augmentation du niveau de vie oui mais augmentation de la qualité de la vie ? Comment mesurer la qualité de la vie ? Est-ce que dans le bien-être matériel on ne voit pas surgir un mal-être psychologique et moral ? N'a-t-on pas créé grâce à la publicité de nouveau besoins qui n'existaient pas ? N'y a-t-il pas une intoxication automobile (NDR je ne sais pas s'il parle du nombre de modèles ou du nombre de voitures et le CO2 associé).
De nombreux aspects néfastes de plus en plus importants.
L'individualisme, un progrès important, se paie par l'égocentrisme et la destruction des anciennes solidarités.
La technique, si merveilleuse pour nous libérer des énergies, nous asservit par l'automatisation et la chronométrie de la vie. Il faut voir à chaque fois les deux aspects.

Attention à ne pas se contenter de la vision occidentale, la surconsommation, la sur-importance de la télé, ne sont pas des problèmes rencontrés partout dans le monde.
L'un des changements du XXème siècle est la possibilité pour tous de voyager.
Il faut noter que des pays qu'on appelle aujourd'hui émergents ont connus de grands progrès depuis quelques dizaines d'années.

Population mondiale : 2 milliards en 1910, 6,5 en 2008. Part du monde blanc occidental privilégié passée de 25% à 18%. L'Asie représente 60% de la population mondiale, l'Afrique autant que l'Europe.

L'Homme a-t-il pris la bonne direction ? Fin des colonialismes, fin de la domination de l'homme blanc. Améliorations des conditions aussi en Amérique latine.

Quand on voit les combats déséquilibrés de Gandhi, Martin Luther King, l'abbé Pierre, Mère Thérèsa, Sœur Emmanuelle, etc, on se dit tout de même que la méchanceté est plus forte que la bonté.

Pourquoi cela a-t-il mal tourné dans beaucoup d'Etats devenus indépendants ? Ce doit être en partie dû au fait qu'ils aient souhaité se gouverner eux-mêmes. On oublie qu'il est extrêmement difficile de gouverner un peuple. Il faut avoir une vieille culture politique. En France ça a commencé à la révolution et il a fallu plus d'un siècle pour que cela commence à se tenir. Même de nos jours ça n'est pas si adéquat que cela ! C'est extrêmement long.

La France est devenue complètement multiraciale.
Disparition du service militaire.
L'irrationnel n'est pas pris en compte.
La question du protectionnisme reste entière.
Droit de vote aux femmes.
Américanisation (positive et négative).

Les sociologues ont la tâche de nous expliquer ce qu'il en est, pas seulement les cas extrêmes mais l'ensemble des choses.

26.12.08

Fascinés par l'enfant

Le jour de Noël j'ai vu évoluer un enfant de 2 ans et demi pendant quelques heures autour d'une famille d'une quinzaine de personnes adultes. En gros il s'agit de la branche d'une famille depuis les arrière-grand-parents de cet enfant jusqu'à lui en passant par les deux générations intermédiaires. J'ai vu la force d'attraction de l'enfant. J'ai mieux compris cette fascination perpétuelle qu'éprouvent les gens pour les enfants. C'est paradoxal car j'en côtoie des centaines par an, même s'ils ont entre 5 et 15 ans, mais le schéma était inversé, au lieu que ça soit un ou deux adultes pour une vingtaine d'enfants c'était le contraire, ce qui a tout changé.
Il y a comme une énergie qui se dégage de l'enfant, les gens y voient probablement aussi des espoirs, du rêve, le miracle de la vie, je ne sais pas, mais cela dégage une grande force d'attraction. Moi-même, moins humain parmi les humains, j'ai ressenti cette attraction. Elle me semble au delà de toute raison. Qu'est-ce qui concrètement dans cet enfant - en l'occurrence plutôt en retard en plus - crée une foi en la vie ? D'une certaine manière, bien que ça soit très beau, c'est aussi effrayant. Je ne sais même plus trop quoi en penser ou en déduire !
Cela aurait presque tendance à remettre en question mon point de vue sur ma potentialité à avoir des enfants (aurait=conditionnel + presque + tendance = on n'en est pas encore là). Mes convictions qui sont que c'est une mauvaise idée restent fortes mais je l'écris presque pour me rassurer. C'est dangereux cette histoire ! Je sais que ça engendre sûrement des sourires mais moi ça ne me fait vraiment pas rire !

Voici donc les 3 éléments qui pérennisent le genre humain pour l'éternité : les progrès de la médecine, les hormones humaines insatiables, et cette mystérieuse fascination des enfants. La seule chose qui semble pouvoir mettre fin à cette explosion démographique est l'inconscience capitaliste qui détruit la planète.
Dans la famille constat difficile à entendre je peux ajouter : heureusement qu'il y a des famines, des épidémies et des guerres, conséquences de bêtises humaines ayant engendré un développement planétaire inégal, sinon on aurait déjà dépassé les 10 milliards. C'est bien le seul point positif, je suis d'accord, et cela fait de la peine de voir un tel développement global de l'être humain à l'aube du 3ème millénaire.

Bribes d'auto-analyse

A propos du fait que je n'ai presque rien fait de constructif durant mes 3 premiers jours de vacances. Commençons par dire clairement que j'avais vraiment besoin de vraies vacances puisque j'ai dû enchainer environ 3 mois quasi non-stop, avec pas plus d'un jour de congé "consécutif". (une parenthèse pour indiquer que lorsque tu annonces que tu as vraiment besoin de repos survient tout de suite une certaine suspicion de fainéantise assez malsaine) Ça peut en partie expliquer mon laisser-aller, même si cette explication ne me satisfait guère. En fait je crois aussi que je n'ai rien fait parce que je ne vais pas très bien, si ça avait été le cas j'aurais plus avancé dans la liste de mes projets. Et finalement je ne suis pas tant déçu par le fait de n'avoir rien fait que par la découverte de sa probable signification. Peut-être d'ailleurs était-ce un phénomène inconscient, si c'est le cas je suis content d'avoir fait la lumière dessus.

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Si quelqu'un pouvait voir mon existence dans son ensemble, de l'extérieur, il serait quand même assez abasourdi. Une de ses premières réactions pourrait être "mais qu'est-ce qu'il fait ce bonhomme ? qu'est-ce qu'il fabrique ?". C'est un peu ce que je me dis quand j'essaie de me placer à l'extérieur en essayant d'avoir un œil extérieur.
Effectivement c'est une sorte de chaos difficilement descriptible. La plupart des codes sont bousculés, les aspects matériels passent au second plan, l'agencement de l'appartement est surréaliste, l'inertie a une place importante, les relations avec les personnes prennent une tournure différente, etc.

Conflits graves

A propos des conflits graves entre personnes, particulièrement entre proches, ceux qui engendrent qu'elles ne se parlent plus pendant des années, parfois plus jamais. Mon impression première et prépondérante est que c'est une des plus belles (ou pires, c'est selon) illustrations de la bêtise humaine, puisqu'à partir du moment où chacun parvient à analyser la situation de manière objective et donc à reconnaître ses torts, le conflit a forcément tendance à s'adoucir voire à se dénouer. C'est donc qu'au moins une des deux personnes ne parvient pas à faire cela. Bien sûr, chacune des deux parties aura a cœur de démontrer que c'est l'autre, phénomène faisant un peu penser au "c'est lui qui a commencé" des enfants. Sont assez souvent à l'origine de ces conflits : l'orgueil, la cupidité.
Ces conflits me choquent et me dégoûtent passablement.

Chagrin familial

Je pensais au chagrin provoqué par la mort d'un proche. Un amour lie naturellement les personnes de la même famille. J'imagine que cet amour ne peut jamais être complètement réduit à néant, qu'il en reste toujours un minimum. J'imagine aussi qu'il peut augmenter, dans les cas de connivence particulière. Je m'interrogeais sur ce qui peut faire décroître cet amour. Probablement les longues absences et les conflits. En effet, si un père n'a plus vu son fils ces 30 dernières années et qu'il apprend son décès, j'imagine que son chagrin sera forcément moindre, son amour ayant diminué petit à petit année après année, non ? L'autre cas typique est celui où les deux personnes se sont fâchées à l'extrême, mais là encore il faut une intervention du temps car si la mort survient trop peu de temps après le conflit amenant la séparation, l'amour n'a pas dû avoir le temps de beaucoup décroître.
Quand je me vois en train d'écrire cela, je me dis qu'on doit me prendre pour une sorte de chirurgien des sentiments, les triturant et les analysant de manière froide et réfléchie; une différence étant que je n'essaie pas toujours de réparer.
Ce thème m'est venu en pensant à mon éventuel suicide, corrélé au fait que je vois maintenant très peu souvent mes proches familiaux. Je me disais que si c'est dans 5 ans (je parle comme si c'était programmé mais indéterminé, chose qui devient de plus en plus incertaine) leur amour naturel aura déjà décru dans une certaine mesure.

Presents

On se fait aussi une idée de ma spécificité en observant mon rapport aux cadeaux. J'ai l'impression de n'être fait ni pour en offrir, ni pour en recevoir. Et on peut dire que depuis une dizaine d'années je n'en offre pas. Pour moi c'est comme si les anniversaires n'existaient pas, j'ai décidé de n'aller pratiquement à aucun, autant que possible, et je ne fête pas le mien. C'est un choix et ça ne me manque pas. Mes proches continuent de m'offrir des cadeaux à Noël mais c'est plus pour le symbole car ils ne peuvent pas vraiment être considérés comme tels dans la mesure où ce sont toujours les mêmes. Et ça me va bien.
Il est évident que nul ne peut savoir mieux ce qui lui ferait plaisir que la personne elle-même. Lui demander pour lui offrir me semble relever de l'absurde. L'absurde des relations humaines sûrement.
Je disais que j'étais moins sujet aux émotions et sentiments que la moyenne, je crois que ça se vérifie sur ce thème des cadeaux.

[Edit : Ce qui se rapproche des quelques lignes écrites il y a 3 ans. Je vois que j'ai tout de même maintenant plus de recul sur les choses car j'observe qu'il y a un élément oublié, c'est la force habituelle des rapports entre les gens. Que ça soit au niveau des cadeaux ou des vœux, dans l'ensemble les personnes sont sincères et se préoccupent réellement des autres. J'ai relativement éludé ce phénomène ces dernières années ou n'en ai pas assez pris conscience, dans la mesure où je suis extérieur à cela, mais maintenant je m'en rends bien compte. La force des préoccupations mutuelles, la force des sentiments mutuels. Cela m'amène forcément à adoucir mes propos durs sur ces questions (cadeaux, vœux, anniversaires, etc). Les gens sont gouvernés par leurs sentiments, leurs relations avec leurs proches, c'est difficile de leur jeter la pierre d'agir de manière candide, naïve ou déraisonnable.
La façon dont je suis passé à côté, consciemment ou inconsciemment, est en partie révélatrice de ce que je suis.]

24.12.08

La question de l'autorité

Notes que j'ai prises en revisionnant le Ce soir ou jamais du 9 décembre 2008. Parmi les intervenants je me suis contenté de rapporter les propos qui me semblaient mériter intérêt.

Intro
Sarkozy parlait dans sa campagne de réhabiliter l'autorité (ainsi que le travail, la morale, le respect, le mérite). L'autorité dans la justice, l'éducation, l'économie.

Intervenants
Daniel Sibony, psychanalyste. "L'enjeu d'exister"
Thierry Levy, avocat.
Clémentine Autain, femme politique.
Matthieu Grimpret, professeur d'histoire et écrivain.
André Varinard, professeur de droit pénal.

Commission présidée par André Varinard, demandée par le gouvernement, sur le système judiciaire pour les mineurs.
Présomption de discernement à partir de 12 ans (responsabilité pénale).
Incarcération désormais impossible avant 14 ans (107 incarcérations entre 13 et 14 ans en 2008).
En 5 ans le nombre de mineurs emprisonnés par an est passé de 8000 à 4200.


Autain
Ambiance sécuritaire, amenée par Sarkozy.
Autorité à l'ancienne = sanction, le dialogue n'existe pas.
De plus en plus de condamnations. Répression.

Sibony
Si on sanctionne à 10 ans, 9 ans, 7 ans, est-ce qu'on est plus autoritaire ? Plus sourd ? Plus répressif ?

Étymologie d'autorité : vient du mot auteur. L'autorité normalement doit correspondre à quelque chose.
La personne qui se prétend d'une autorité est-elle simplement là pour appliquer un règlement ou a-t-elle un message à faire passer, en rapport avec la vie ?
L'autorité normalement ce n'est pas une substance, quelque chose qu'on peut durcir ou relâcher, mais une relation à 3 : le jeune, l'éducateur, et autre chose qui est comme la transmission de la vie.
Quand les jeunes provoquent des adultes, ce n'est généralement pas par perversité pour le plaisir de voir l'adulte se débattre, c'est parce qu'ils veulent voir comment il fonctionne quand il n'a plus le mode d'emploi, quand ce n'est plus une mécanique, une simple application.

Lorsqu'ils sont jeunes, les enfants respectent totalement leurs parents (qui sont leurs auteurs !), l'autorité est naturelle, la transmission de savoirs étant le 3ème élément. Plus l'enfant grandit plus il cherche à savoir ce qu'il y a derrière, il veut en savoir toujours plus. Lorsque les parents n'ont plus rien à leur offrir, l'angoisse se crée, angoisse qui peut se traduire en actes de violence.
Phénomène nouveau ? On se questionne sur de quoi est faite l'autorité, c'est ce qui est nouveau. C'est une très bonne chose car on voit que la société se dirige vers une autorité complètement abstraite où des personnes représentent une autorité mais en appliquant au nom de la loi, du bon fonctionnement, cas où il n'y a personne derrière l'autorité.
Les personnes passionnées seraient plus respectées puisque les enfants perçoivent qu'il y a quelque chose derrière, le 3ème élément est clairement perceptible. Cas contraire : professeur réduit à sa fonction de professorat sans apprécier ce qu'il transmet, le manque de respect guette.


Autain
Question du sens et de la légitimité de l'autorité.
"Faire autorité", quelqu'un qui est respecté, admiré.
La société perd la notion d'autorité pour tomber dans la répression, l'imposition.

Mai 68 a bousculé les conceptions de l'époque. Mais c'est comme si on avait voulu faire disparaître l'autorité. Avant de se rendre compte qu'il en fallait bien une. Mais laquelle, sous quelle forme ?

De nos jours dans plein de domaines, il y a explosion des rapports d'autorité.

Sibony
Structures d'accueil des enfants, des familles, débordées car trop de problèmes.
Mais dans toutes les sphères.
Exemple : autrefois les gens allaient chez le médecin et s'inclinaient devant son "autorité médicale". De nos jours des personnes y vont en s'étant déjà renseignés sur internet et c'est tout juste s'ils ne leur dictent pas l'ordonnance.
Démocratisation des connaissances, bénéfique. Mais interpellation du médecin sur son apport réel. Il doit faire preuve de son authenticité, de son utilité.
C'est la crise de l'autorité. Ce qui est bénéfique en soi.

On demande à celui qui exerce l'autorité si la loi qu'il doit appliquer n'est pas réduite à sa propre envie de faire appliquer une loi. Personne n'est prêt à supporter la jouissance de celui qui est en face, déguisée au titre de la loi. On demande ce qu'il y a derrière.

C'est pas réclamer d'être à égalité. Si les parents ou les profs se mettent à égalité des enfants, c'est démoralisant, il n'y a plus de parent, plus de prof. Ce n'est pas du tout ça l'autorité.

Grimpret
Celui qui exerce l'autorité est là pour faire en sorte que celui sur qui il l'exerce puisse se développer et s'épanouir.
L'élève doit sentir ses limites et le professeur également.


Autain
Rapports de pouvoirs.
L'autorité ne dois pas confiner à l'abus de pouvoir
Totalitarisme = l'autorité devient une fin en elle-même.

Le gouvernement a tendance a confondre l'autorité et l'autoritarisme.

Souvent la justice est prise à partie pour régler des questions de domination, des cas par cas.

Levy
L'autorité ça ne se décrète pas, c'est pas quelque chose qui est décidable. C'est un comportement, si c'est admis ça a de la valeur, si c'est rejeté ça en perd.
On assiste aujourd'hui à des décrets d'autorité, de la part de gens qui reconnaissent implicitement qu'ils ont perdu toute autorité.
Exemple du chef de l'Etat flagrant, qui se montre familier avec "le peuple" qui ne fait pas partie comme lui de l'Elite. Il perd son autorité et il devient de plus en plus autoritaire. C'est une gesticulation de l'autorité qui perd encore en valeur.

Grimpret
3/4 des parents d'élèves viennent me dire qu'ils sont dépassés. L'autorité a disparu.

Sibony
Allusion à un texte de 2003 où l'Etat demandait aux parents d'être plus autoritaires, de faire preuve de plus d'autorité.
C'était très touchant puisque l'Etat disait aux parents qu'ils doivent exercer leur autorité car s'ils ne le font pas, la société est débordée.

Paradoxe de l'autorité : si vous exercez une autorité sur des personnes, si vous n'êtes qu'un exécutant, un robot de cette autorité, pour qu'ils l'admettent vous devrez vous raidir et vous perdrez encore de la légitimité. C'est ce qui se passe avec les parents : ça déborde, ils se raidissent, il y a perte de légitimité, c'est le cercle vicieux.
Le danger c'est que la société tende vers une succession de règlements, une autorité abstraite, où les exécutants ne s'impliquent pas. Peur des responsabilités donc se cacher derrières des textes. Problème qui va s'étendre.

Autain
L'Etat contrairement à son discours ne cesse de déréguler l'économie, d'augmenter les effets du capitalisme, et compense par de l'autoritarisme (sécuritarisme, fichiers de données personnelles, surveillance, etc).

Sibony
La crise économique est un élément supplémentaire dans la crise de l'autorité car l'argent était censé être géré par des personnes compétentes contribuant au développement général, or toute cette belle mécanique s'est grippée, faisant perdre une énorme légitimité à tout le secteur.
Lutte de pouvoir, l'Etat s'est porté garant de x milliards.
C'est le procès de l'autorité au nom de la compétence. Même la compétence va avoir du mal à faire prendre des positions autoritaires.

Levy
Crise de gens qui voient un pouvoir leur échapper et qui essaient de remplacer cette perte par des affirmations spectaculaires, qui ne font finalement que réduire la liberté et la responsabilité.

22.12.08

Répétion de l'humour

"C'était le duel du week-end ! Hier, TF1 programmait Les Bronzés font du ski face au Père Noël est une ordure sur France 2. Victoire pour la bande de copains en vacances à Val D'Isère : 10,4 millions de fans ont ri aux vannes de Gigi, Jean-Claude et Popeye (37%). Un score incroyable pour un film multidiffusé à l'extrême. Thérèse, Pierre et Zézette ont quant à eux fédéré à peine 4 millions de fans. Zone Interdite sur M6 (3,4 millions de téléspectateurs) et Le Temps des Secrets sur France 3 (2,7 millions) ferment la marche."

Incroyable en effet. Ce n'est pas tant le fait que TF1 batte France 2 à ce point, puisque les 2 films ont à peu près autant été multidiffusés, mais c'est qu'à eux 2 ils fassent 51% de part de marché et près de 15 millions de téléspectateurs. Combien parmi ces 15 avaient déjà vu le film ? 13 ? 14 ?
Ceci m'a amené à 2 réflexions principales.
Comment se fait-il que les gens ne se lassent pas ? Comment peut-on ne pas se lasser des mêmes histoires, des mêmes vannes, des mêmes chutes, encore et encore ? Confineraient-elles à ce point au sublime ? Bien que ces films soient bien réussis cela semble tout de même difficile d'utiliser ce mot ! Ou est-ce simplement que c'est ce qu'il y a de mieux dans ce domaine ces vingt dernières années et que donc les gens s'y noient fatalement ?
Probablement aussi que le contexte économique y est pour quelque chose, et je m'étais déjà fait cette réflexion il y a quelques temps, en hallucinant devant le nombre de personnes qui se réunissaient dans la ville pour faire la fête. De les voir tant à avoir tant besoin de ça, besoin de s'amuser finalement, je crois que ça en dit long sur le mal-être moyen qu'ils éprouvent en général, enfin j'ai l'impression.
Oui les gens ont naturellement besoin de s'amuser, ils aiment de manière naturelle faire la fête, côtoyer d'autres gens, en masse même parfois, ou se poiler devant des comédies, c'est en eux, mais on dirait que ce phénomène est accentué par le contexte actuel, et celui de ces dernières années en général d'ailleurs.

L'autre chose qui m'est rapidement venue à l'esprit c'est bien sûr la comparaison avec moi-même. Concrètement il est déjà difficile de m'arracher un rire, disons que grosso modo ce qui provoque en moyenne un rire chez les autres provoquera un sourire chez moi, et ce qui provoque habituellement un sourire aura une influence relativement imperceptible sur mon visage. Il y a quelques années je m'étais déjà penché sur la question de ma réactivité à l'humour et indiqué que j'étais nettement moins réceptif que la moyenne. Alors ici on parle de répétition, de revoir les mêmes films ou les mêmes spectacles, la différence s'accentue donc encore plus car je ne dévoilerai pas un scoop en répétant que je me lasse généralement très vite des choses. Pour moi à partir du 2-3ème visionnage ça sera quelques sourires au maximum, et je m'étonne forcément de voir qu'en moyenne les gens peuvent toujours autant rire à la énième diffusion, répéter et entendre les mêmes blagues encore et encore, et toujours trouver ça drôle. Même si je sais pertinemment que nous n'avons pas la même résistance à la répétition, pas la même vitesse de lassitude, il n'empêche que ça me surprend tout de même.

(Depuis quelques années j'ai pris l'habitude que suite à la lecture de paragraphes du genre de ce dernier certaines personnes ont l'impression que c'est une marque de mépris de ma part, ou d'un complexe de supériorité. Je me répèterais donc : 1)j'ai pourtant généralement l'impression de me cantonner à des constats 2)n'est-il pas visiblement plus agréable d'être dans leur situation que dans la mienne ? et 3)n'est-il pas toujours plus facile de faire partie de la majorité ?)

12.12.08

Old words

Un souci est qu'actuellement dans cette société, on préfère ceux qui font attention à leur apparence sans réfléchir que ceux qui réfléchissent sans faire attention à leur apparence.
[Oct. 2005]

22.11.08

It had to be expected

Semaine difficile.
Marre de l'irrespect, que l'on commence à percevoir dès l'âge de 9 ans.
Marre de la médiocrité ambiante.
Marre que cet irrespect et cette médiocrité gâchent les rares traces de sympathie et de potentiel qu'on peut apercevoir.
Marre d'essayer de partager un jeu si enrichissant, si vaste, avec des enfants dont 99% n'auront jamais la moindre idée de sa beauté. Peu importe que la majorité d'entre eux m'adorent.
Marre de me rendre compte que ce que je fais est inespéré par rapport à ce que je pourrais faire d'autre, mais pourtant encore si loin de ce qui me conviendrait pleinement.
Marre de beaucoup de petits détails.

Je ne sais pas si je vais être en mesure d'apprécier le week-end à venir. Au contenu qui pourtant, pendant des années, m'était vraiment plaisant.

13.11.08

Sweet things

Après quelques semaines de montagnes russes, les choses commencent à glisser de nouveau depuis quelques jours. Un bon dimanche, des cours plus encourageants, une voiture sur le point d'être réparée, quelques émotions en regardant la télé, quelques perspectives qui se cultivent, une meilleure maîtrise des événements, quelques éléments de ce genre.
Je me féliciterais presque d'aussi bien gérer l'adversité.
Quand c'est à bon escient, je crois que nous devons nous féliciter des personnes qui se félicitent.
How can you recognize sweet notes ? They're short.

1.11.08

Short note about an unknown girl

J'ai quelques rues à parcourir avant de rejoindre la bouche de métro, il fait nuit, il ne pleut plus pour l'instant mais la ville est trempée. Après avoir tourné à un coin de rue marche quelques mètres devant moi dans la même direction une silhouette gracieuse mais qui surprend d'emblée par rapport aux autres passants : elle n'a pas de manteau, seulement un pull en laine. J'imagine qu'une certaine partie de la grâce s'évaporerait si elle était habillée comme tout le monde. Les mètres défilent sous nos pieds et je m'enquiers de l'accoutrement des autres passants : elle fait réellement figure d'intrus. Au bout de quelques secondes me vient l'idée de la rattraper et d'entamer la conversation par "On t'a volé ton manteau ?". Arna n'a habituellement pas peur d'aborder des inconnus, mais surtout par courrier ou par mail... Ici la timidité m'a rattrapé. C'est idiot, j'aurais peut-être quelques choses à ajouter, même minces, et cette note ne s'arrêterait alors pas là.

30.10.08

Confiance face à réalité

Est-ce que tout comme il vaut mieux croire qu'on plaît que plaire, il vaut mieux croire qu'on va bien ?

Je dois être trop exigeant : j'aimerais réellement aller bien. Chose difficile, alors qu'il suffirait de s'en convaincre pour que ça donne presque le même résultat.
Je ne m'étais probablement pas encore aperçu, à ce point en tout cas, que l'effet placebo avait une si grande importance dans nos vies. La confiance en soi est un élément si primordial... On le retrouve aussi dans le sport, la confiance peut compenser un déficit technique, et bien souvent même prévaloir. Ceci ne fait aucun doute et je suis maintenant convaincu que c'est exactement la même chose dans nos existences. Il est évident qu'une personne ayant une grande confiance en elle réussira mieux qu'une personne plus intelligente mais angoissée et hésitante. J'ai parlé de réussir, et il faudra bien un jour que cela cesse d'être le premier critère des êtres humains, mais remplaçons le par s'épanouir, ça marche toujours.
Et cela me pose un problème car c'est tout de même une victoire immorale. Je n'irais pas jusqu'à dire que la confiance, parfois conséquence naturelle de l'orgueil, qui prévaut sur les aptitudes c'est la victoire du mensonge sur la vérité, mais ça m'a traversé l'esprit.
Plus j'avance dans ce raisonnement, plus des images de choses vécues me reviennent, comme autant d'arguments allant dans le sens de la confiance.
Je suis trop idéaliste, trop en quête de vérité, trop honnête sûrement aussi, du coup me convaincre de quelque chose qui n'existe pas, je ne peux juste pas, et évidemment encore moins s'il s'agit de mon existence.

Finalement à force de chercher à vraiment aller bien, à force d'essayer de maîtriser les choses, d'enlever celles qui ne vont pas ou de chercher comment les estomper, les esquiver, d'insister sur les rares choses que j'apprécie, mon existence s'est améliorée, petit à petit, très lentement, et aujourd'hui je vais nettement mieux qu'il y a quelques années, puisque je ne suis même plus tellement loin d'un équilibre. Mais pour de vrai, ce n'est pas de l'autosuggestion. Le chantier reste vaste et je pense régulièrement que je n'y arriverai jamais, sans compter tous les moments où il transpire par tous les pores de ma peau que je vais mal, débouchant parfois sur quelques notes. Mais pour l'instant rien que d'en être arrivé là, ça me procure une certaine satisfaction.

28.10.08

Musical review (!)

Arna sur le point d'écrire une note musicale, il faut le lire pour le croire. Mes connaissances très limitées font que ça ressemblera forcément plus à de très courtes présentations qu'à de réelles critiques musicales, avec probablement des imprécisions de vocabulaire. J'aimerais parler de 4 artistes.

L'origine de cette note est sans aucun doute cette excellente note de Junko à propos de Entertainment for the Braindead. Ça m'a très vite beaucoup plu. Quelques temps plus tard, j'échangeai quelque peu avec cette artiste. Il y a un peu plus d'une semaine elle jouait son premier live, dont voici un extrait.

Les points communs des auteures compositeurs de cet article sont donc les suivants : elles écrivent, chantent, jouent de plusieurs instruments et sont capables de réaliser un live sans l'aide d'autres musiciens. Pour cela elles utilisent notamment un enregistreur qui répète en boucle des séquences venant d'être jouées, ainsi elles peuvent construire leur propre fond sonore sur lequel elles vont chanter et jouer, sachant que celui-ci peut évoluer au fil du morceau. Des personnes trop conventionnelles n'aimeront peut-être pas ce principe. Il faut pourtant avouer qu'il est astucieux et que ce n'est pas pour autant qu'il est facile de produire quelque chose méritant intérêt avec. L'originalité, la fraîcheur, le fait qu'elles contrôlent tout de A à Z, la création d'univers, rassemblent ces auteures.

Au bout d'un certain temps, cela m'a rappelé Camille. Ça aurait dû me venir tout de suite mais j'imagine que mon manque d'habitude à évoluer dans ce milieu m'a rattrapé. Un ami me l'avait fait découvrir avant qu'elle ne devienne connue. Elle dégage une grande énergie et est très singulière, à part. Certains la jugent prétentieuse, je n'en sais rien mais son travail musical ne peut laisser indifférent et inspire probablement quantité d'amateurs. Voici quelques extraits vidéos de ses performances (pas toujours seule sur scène) :

Julia m'a fait la confidence que l'artiste qui l'avait certainement le plus inspiré est l'argentine Juana Molina. Voici quelques liens :

Je terminerai en citant les plus connues des 4, le duo américain CocoRosie, composé de 2 sœurs. On passe ici sur le plan international, avec parfois une ambiance moins confinée ! Mais je suppose qu'il serait difficile de terminer cette note sans les évoquer. Voici donc :

Enjoy :)

Echanges, émotions, raison

Je suis maintenant sans cesse angoissé à l'idée de reparler avec J. C'est difficile à définir, d'un côté il y a de l'excitation et de l'autre une peur. Je ne sais pas si les autres arrivent mieux à décrypter leurs sentiments. En théorie ils sont plus habitués à en avoir, mais ils sont aussi à priori moins habitués à s'analyser. Du coup je n'en sais rien.
Ne pas savoir, c'est bien ce qui est caractéristique de cette situation. Ne pas savoir quelle attitude adopter. Je crois pouvoir dire que les rares relations (internet) que j'ai entamées dans le passé ont pris fin pour 3 raisons : je veux trop avoir raison, je montre trop que je m'intéresse, nous ne partageons pas assez de points communs. Je me suis bien sûr à chaque fois beaucoup interrogé sur les raisons expliquant la fin des échanges.

Si les 3 raisons mentionnées sont vraiment les principales, j'imagine que celle du milieu est la moins grave, bien que j'aie souvent eu l'impression que c'était un obstacle ennuyeux; par rapport à cela je n'ai aucune idée de l'attitude à adopter. Quand on parle d'attitude, beaucoup de monde rétorquera cette phrase commune : le mieux est d'être soi-même. Est-ce que je sais ce que c'est ? Est-ce qu'en général les personnes savent ce que c'est que d'être elles-mêmes ? Je ne suis pas sûr que cela s'applique à la question de la quantité d'attention qu'on doit montrer à l'autre. La question me semble compliquée : implicite ? explicite ? En quelle quantité ? Cette analyse doit amuser les personnes qui parviennent à se comporter spontanément, ou plutôt les personnes qui n'analysent pas ou peu.
A propos du fait que je veuille trop avoir raison, je ne sais pas où j'en suis. Lorsque je relis certaines de mes anciennes conversations, ça me semble apparaître en fil rouge, ça me semble presque évident. Mais je ne suis pas sûr de la nature de cet élément. Est-ce que j'utilisais simplement, sans le savoir, des techniques d'orateur, pour finalement avoir le dernier mot ? Ou est-ce que j'argumentais réellement bien, creusant réellement le sujet ? Quoi qu'il en soit j'imagine qu'avec le temps je me suis amélioré, bien que ça soit un élément qui fait probablement profondément partie de moi-même.
A propos des points communs c'est bien sûr une question ancestrale. Pour peu qu'ils comportent la question du tempérament, du caractère, j'imagine qu'on obtient une problématique assez complète et assez complexe. Laissons ce dernier point de côté pour l'instant pour se reconcentrer sur les points communs en terme de centres d'intérêt. Pour être cru j'aurais tendance à penser que si ce n'est ni une joueuse d'échecs ni une scrabbleuse, les chances de construire quelque chose sont minces. Mais présentement je n'ai pas de moyen de savoir si je me trompe. Un point commun peut être la façon de percevoir les choses, de concevoir la vie, mais est-ce assez fort pour être une base ?

Est-ce que l'amour c'est comme le bonheur : dès qu'on commence à analyser ça disparaît ? J'avais même dit ça du plaisir, l'élément le plus petit mais peut-être aussi le plus palpable. Est-ce qu'on peut seulement imaginer des amitiés à partir du moment où on commence à analyser ? Est-ce même envisageable ? En ce cas comme je suranalyse tout, parfois bien malgré moi, est-ce que je n'accèderai jamais à ce qui est appelé l'amour ? C'est amusant car on en revient à cette petite hypothèse émise il y a quelques années : tous les cas où je croyais être amoureux seraient en fait explicables de manière rationnelle, c'est-à-dire que contrairement à ce qui est censé se passer, c'étaient des éléments rationnels qui me menaient à l'état amoureux, qui en lui-même me semblait pourtant naturel. Peut-être que même à 9 ans, cette fille que j'aimais - peut-on appeler ça comme ça à cet âge ? -, je l'aimais juste parce qu'elle me ressemblait ? Ou alors la question est-elle plus complexe et les enfants raisonnent-ils simplement en terme de ressemblance, les choses changeant un peu plus tard, quand ils commencent à cesser d'être des enfants ? Ce mélange entre la rationnalité et les sentiments m'est-il propre ? Ou est-il habituel et plutôt généralisé ? En ce cas est-ce juste que les personnes ne s'en rendent pas compte ? En tout cas en ce qui me concerne, ça nous fait revenir à Damasio - dont les travaux, en très résumé, indiquent que la raison et les émotions ne seraient pas séparées, contrairement à la vision de Descartes - mais alors Monsieur je vous le dis : chez moi ça crée un chaos pas possible; la tendance générale étant que ça reste relativement séparé, et que la raison à une tendance à supprimer les émotions. Je terminerai en disant que ceci peut paraître incongru dans la mesure où je viens de parler de la supposition que c'est sur la base d'éléments rationnels que certaines de mes émotions se créent, mais dès que je commence à perdre la tête (je dirais que cet état se limite au sentiment amoureux ou approchant) ma raison vient "désactiver" progressivement le sentiment, car en quelque sorte elle supporte mal de perdre le contrôle.

Je reviendrai probablement sur cet épineux sujet, tôt ou tard.

19.10.08

So many, so few...

J'ai vu tous ces collégiens, lycéens, à l'heure de la sortie, emplissant les rues, et je me suis demandé ce qu'ils deviendraient. La première chose qui m'a frappé est leur nombre. La seconde l'avenir qu'ils sont censés représenter. La troisième le fait que presque aucun d'eux ne deviendra quelqu'un.

Qu'est-ce que quelqu'un ? Vaste question, la tâche semble même insurmontable. Pourtant lorsque j'ai pensé, écrit cela, j'avais forcément quelque chose en tête, non ? Quelqu'un c'est déjà opposé à personne. Personne c'est tous ceux qui ressemblent à d'autres. Alors quelqu'un pour commencer ça serait quelqu'un de rare. On entend souvent que nous sommes tous différents... Au sens génétique du terme d'accord, mais dans les grandes lignes c'est faux. Je me souviens d'une époque où j'écrivis à ce sujet, les différents niveaux de différence. Je prenais l'exemple de groupes de personnes qui écoutent des styles de musique différents, c'est un niveau de différence mais le niveau supérieur est de considérer seulement le groupe de ceux qui écoutent de la musique et celui de ceux qui n'en écoutent pas. J'arguais que dans presque tous les domaines j'étais dans les niveaux supérieurs de différence, presque toujours dans la partie négative, et que c'était l'une des sources de mon mal être. J'essaierai de remettre la main sur ce texte.
Bref, quelqu'un doit donc déjà être rare. Même si cela peut encore sembler vague, il n'est déjà pas si facile de trouver des personnes vraiment rares. Probablement que quelqu'un ne doit pas tomber dans les travers dans lesquels la plupart de ses contemporains tombent.
Pour le reste je ne sais pas, ou pas encore, mais je crois que cela suffit déjà à expliquer ma petite méditation initiale.

10.10.08

Petite recommandation*

Hier dans Ce soir ou jamais ça a principalement évoqué la crise économique, comme ça a déjà été fait et comme ça le sera à nouveau, forcément, mais j'ai trouvé que ça méritait particulièrement intérêt. La vidéo à visionner pendant un certain temps ici :
http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/index-fr.php?page=emission&id_rubrique=386
(ça commence à 16'30)

Quelques livres publiés il y a 1 ou 2 ans reviennent sur le devant de la scène car ils annonçaient plus ou moins ce qui se passe maintenant ou alertaient. Personnellement je me ferais un petit plaisir en autocitant un extrait d'une note de décembre dernier sur la quantité de gens pressés :
Alors je sais bien, la source est à chercher directement dans le capitalisme, qui se mondialise aujourd'hui. Recherche de profits, optimisation des temps de travail, réductions ou suppressions des temps morts, augmentation de l'intransigeance sur la ponctualité, augmentation des rendements et réductions des délais. Je sais. Mais je suis en train de demander quelque chose de plus profond à l'Humanité, justement, plus profond que la recherche de profits. Ce sont les êtres qui par leurs choix doivent s'opposer aux valeurs du capitalisme. Est-ce que nous voulons une société de gens pressés ou de gens détendus ?

Et étant donné que ce qui se passe actuellement semble être historique, je serai forcément amené à en reparler.


*Un titre en français, c'est fou ça.

5.10.08

Things always come back to their starting point

Et l'euphorie se mue en mélancolie. La semaine est passée, le gros événement du week-end aussi, et les questions reviennent. Le simple fait de me retrouver seul un dimanche soir sert de déclencheur. Je me redemande pourquoi tout ça. A quoi bon être toujours en activité pour éviter d'avoir à réfléchir au sens de ce que l'on fait ? C'est cela que j'appelle vivre ? Avoir assez de choses à faire pour ne plus avoir le temps de me rendre compte qu'en réalité tout me fatigue ? Ou est-ce que c'est juste de faire autant de chose et de ne pas vraiment pouvoir le partager avec quelqu'un ? Mais alors si on dit que c'est ce qui me manque, n'est-ce pas encore revenir à une diversion pour ne pas avoir à affronter la réalité ?
Comprendrai-je un jour la problématique de l'envie et de la routine ? Exemple. J'échange avec quelqu'une quelques mails enjoués, dont l'intensité commence à augmenter. Et immédiatement, je me pose la question du futur de ces échanges si on se répond trop vite, si les choses vont trop vite tout court. Immédiatement je me plonge dans la question de l'envie et ai la phobie de la routine. Je me demande très vite quand est-ce que nous aurons épuisé les thèmes de conversation. J'ai déjà peur de me lasser.
Ce doit être parce que la vitesse à laquelle je me lasse des choses est l'un des éléments qui me poussaient au suicide. Quelle obsession concernant l'envie et la lassitude...

Par ailleurs j'ai dû être trop sympathique avec mon prochain ces derniers temps, j'en suis répugné. Je me demande comment je peux me montrer aussi avenant voire empathique alors qu'à la base j'ai horreur des gens. Je suis bien trop paradoxal. On me dira qu'on l'est tous. Mais il y a paradoxe et paradoxe. Il serait tout à fait normal de croire que mon moi qui décrypte tous les défauts humains, qui les abhorre, est une personne différente de celui que je citais.

Il y a 4 jours j'écrivais avoir la sensation d'exister. Je l'avais d'ailleurs. Je pensais réellement rarement avoir pu palper l'existence ainsi. Mais finalement on revient systématiquement à mon essence, cet être qui a tant de difficultés à vivre, parce qu'à la base il supporte mal les gens, parce qu'il se lasse très vite, parce qu'il analyse trop, parce qu'on peut difficilement le comparer à un humain.
Alors quoi ? Suis-je condamné à errer ainsi ? A m'éloigner de mon essence jusqu'à avoir le sentiment d'exister, chose rare, puis à y revenir fatalement, et ce cycliquement, à l'infini ?
Si on considère que j'ai deux personnalités, laquelle est la plus proche de la vérité ? Ou est-ce que je ne peux juste pas les séparer et dois-je considérer les deux avec équité et m'accomoder des deux ? Mais comment être serein avec soi-même lorsqu'on doit gérer deux choses aussi opposées ?

Dans quelques heures commence la deuxième semaine de la saison. Que puis-je faire ? Voudrais-je faire une pause (mais à quoi bon ?) que je ne le pourrais pas, je vais être entraîné par les événements, par quelque chose que j'ai voulu. Je me considère comme l'un de ceux qui ont choisi le plus de choses composant leur existence, mais visiblement ça ne me suffit pas encore. Phrases vaines je suppose car le temps est forcément rythmé par des choses. Mais je voulais parler de la maîtrise des événements. Je maîtrise beaucoup de choses mais finalement quand je reviens à mon essence je vois bien que je ne maîtrise rien ou plutôt que je ne maîtrise pas mon côté qui est en totale inadéquation avec mon environnement.

Il semble vain de chercher comment terminer cette note. Les questions qu'elle pose restent en suspens, elle aussi.

1.10.08

Down and up

Il y a à peine plus d'une semaine, j'étais tout en bas. Je supposais que la sinusoïde allait remonter, j'avais raison. Tous les problèmes, pourtant assez nombreux, s'effacent les uns après les autres et je m'approche maintenant du haut de la courbe.
La rentrée bat son plein et mon temps libre s'évapore purement et simplement, c'est le retour du rush incessant, mais j'ai la sensation d'exister alors le reste importe peu.
J'ai griffonné plusieurs thèmes ces derniers jours et j'espère pouvoir les aborder dans des délais raisonnables même si je ne vois absolument pas quand.
Time will tell.

22.9.08

Tentative

Ils se sont heurtés il y a peu, la Rencontre. Elle l'invite chez elle, lui demande ce qu'il pense de l'appartement. Elle en est assez fière, de part le soin qu'elle a apporté à la déco et le désordre qui y règne. On est rarement fier du désordre mais elle sait qu'il en est également friand. Il prend le temps de la réflexion, regarde tout autour de lui.
- Je dirais qu'il a quelque chose qui lui confère une particularité et le rend des plus agréables. A ton avis, de quoi s'agit-il ?
- Tu as quelque chose de précis en tête ?
- Oui, vas-y, devine.
- C'est un peu fort jeune homme, je vous demande ce que vous pensez et résultat c'est moi qui dois chercher !
- Je concède que c'est un peu fort. Alors ?
Elle regarde son appart comme si ce n'était pas le sien, d'un air perplexe. Une moue. Des haussements de sourcils. Lui, sournois :
- Je te donne un indice. La réponse est osée. Si tu trouves la moindre idée qui te paraisse trop osée alors c'est probablement cela.
Elle, de plus en plus dubitative :
- Indice à la gomme.
Lui, la tête qui se balance de gauche à droite, du genre tu n'as pas tort mais tu n'as pas raison. Elle, dont la patience commence à s'effriter :
- Bon, sans rire, tu le trouves comment ce fichu appart ?
- Déjà répondu... Ok j'arrête. Je suis confus d'avoir joué avec ta patience. Mon impertinence, si c'est comme ça que ça s'appelle, me perdra. Et la réponse était... le charme de sa locataire.
- Introuvable.
- Tu te focalises sur les éléments matériels.
- Ça je le prends mal.
- Je ne peux qu'espérer que le sens de cette réponse me fasse pardonner.
- La locataire va y réfléchir.
- Est-ce à dire que vous me jetez déjà dehors ?
- Non. Du moins pas encore. Mais Monsieur, vous jouez avec le feu.
- J'adore le feu. Et j'adore jouer.
- Hum... A vos risques et périls.
- Je prends bonne note que vous complimenter Mademoiselle est risqué et périlleux.
- C'est évidemment et effectivement le cas.

(might be continued)

10.9.08

New year

L'année dernière à la même époque je subissais des soins à domicile suite à ma seule opération chirurgicale à ce jour et comprenais mieux par la même occasion la valeur d'être en bonne santé, tout en insistant sur le fait que c'est quelque chose de plutôt normal, surtout à 25 ans. On m'assommera peut-être du couplet sur les maladies et famines parsemant le monde, je ne peux pas être d'accord, je peux seulement regretter qu'en aussi longtemps l'être humain n'ait pas encore réussi à faire en sorte que son espèce dans son ensemble profite du peu de progrès qu'il a su accomplir jusque là.
L'année écoulée fut positive, cela fait du bien de se l'entendre dire. J'ai obtenu du temps scolaire, qui s'est bien déroulé dans l'ensemble, j'ai retrouvé du plaisir à jouer, et en général à évoluer dans cet environnement. Bien sûr je suis toujours en quête d'amélioration, en permanence, et toujours à dresser des tableaux d'ensemble, avec les bonnes et moins bonnes choses.
Un être qui analyse et recherche constamment une progression appréhende forcément les événements à venir. Il fait aussi progresser les choses et les personnes autour de lui, j'ose l'espérer. L'élément important derrière tout cela est la passion. Il n'empêche, les choses ne sont pas toujours faciles, surtout en matière d'éducation. Je ne suis pas certain d'être à la hauteur, malgré mes efforts. J'ai une certaine crainte que tout ceci ne finisse par déboucher sur du néant. Séquelle du passé ou crainte justifiée ?
Je vais essayer de profiter d'une nouvelle opportunité qui m'est offerte - un nouveau cours stimulant - pour que mes actions dans leur globalité continuent d'être positives.
L'avenir est incertain - sinon ça serait triste, arguera-t-on - mais je suis presque sûr d'évoluer à ma meilleure place, dans le domaine où je peux donner mon meilleur, et ce n'est déjà pas si mal.

26.8.08

Good things, but

J'ai énormément joué en tournoi cet été et dans l'ensemble j'ai pris beaucoup de plaisir, au point que ça approchait parfois celui d'il y a sept, huit, dix ans. J'ai la chance d'avoir deux mois de vacances l'été. J'ai encore mieux perçu la chance de travailler dans le milieu qui me passionne, de prendre du plaisir à se noyer dans le jeu tout en préparant des cours.
Des éléments formidables somme toute.
Mais pourtant je sais que je reste dans une impasse. Du fait de mon rapport à l'environnement et de mes difficultés à supporter certaines interactions avec autrui.
Il y a aussi quelque chose qui pèse de manière non négligeable dans la balance. Le fait que je n'échange rien ou presque via le net, pourtant mon environnement de prédilection. Il faut noter que je n'envisage pas d'échanger avec des garçons, est-ce quelque chose de naturel ou doit-on y voir quelque chose psychologiquement ? Ce n'est pas tant ce vide qui pèse que le sentiment qu'il ne se comblera pas. Effectivement j'ai l'impression de ne pouvoir échanger des banalités, et comme il est difficile de refaire le monde tous les soirs pendant très longtemps... Même en rencontrant l'élue qui redoublerait d'originalité toutes les huit interventions, je ne suis sûr de rien.
Et puis ces détails quotidiens qui s'ajoutent l'air de rien. Cet appart qui devient de plus en plus inquiétant de part la façon dont je l'entretiens, cette incapacité à se décider d'acheter quoi que ce soit, ce comportement douteux voire effrayant de ne pas du tout gérer les entrées et sorties d'argent, etc.

13.8.08

Sociability

On dira ce qu'on veut sur ma prétendue nouvelle sociabilité mais quelque chose cloche et clochera toujours.
Des amis d'âges divers organisent une après-midi détente vacances chez l'un d'eux, genre piscine pétanque barbecue jeux. Il s'agit de gens que j'apprécie. Le plan est clean. Et pourtant de part la dimension sociale du truc je fais un blocage. Être avec des gens, discuter, se comporter, ça n'est plus le bout du monde comme ça pouvait l'être à une époque mais ça reste une idée difficile. Idem lorsque 2-3 amis (toujours cette sensation étrange en utilisant ce mot) m'invitent régulièrement pour des soirées pourtant en comité restreint et qui ont tendance à briser ma routine, mais l'éternelle sensation désagréable est toujours là.
Je parle ici "d'amis", je laisse imaginer les autres cas.


On parle souvent de la chance qu'on a. Par rapport à. C'est vrai que sur le plan de la nutrition et de la santé c'est indiscutable. C'est vrai que sur le plan du confort et de la variété des activités c'est notable. C'est vrai sur beaucoup d'autres points. C'est vrai que ceux qui ont plus de cinq semaines de congés par an ont de la chance même s'ils le méritent parfois. D'autres les méritent aussi sans les avoir, et avoir ce qu'on mérite c'est une chance, c'est vrai.
Je voudrais parler de la chance de pouvoir envisager des contacts avec autrui sans être mal à l'aise. Je voudrais dire que certains n'ont pas la chance de pouvoir trouver agréable l'idée de passer quelques heures en groupe, y compris avec des amis.
Je ne sais pas si c'est un caprice d'occidental gâté. Je ne suis pas sûr qu'il soit intolérable de mettre sur le même plan le souci d'avoir faim et le souci d'interagir avec autrui.

8.8.08

Admin*Me=2

Cela fait un bout de temps que je dois me rendre à la préfecture retirer un papier. En bon adorateur de démarches administratives que je suis, doublé d'un incorrigible procrastinateur, j'ai sans cesse reporté, ce qui a mené le retard à 4 mois. Cette semaine, étant relativement libre, je me suis promis d'y aller. Mercredi j'ai classiquement reporté à jeudi. Jeudi j'ai trouvé une excuse à demi valable pour reporter à vendredi. Ce vendredi donc le grand jour... C'est que de report en report, la formalité est finalement devenue un événement. Etant très patient mais détestant perdre du temps à attendre (j'ose croire que c'est cohérent) je décide de faire l'ouverture pour mettre toutes les chances de mon côté. Je me lève donc à l'aube, ou presque, lance même une lessive avant de partir (comme quoi un jour vraiment exceptionnel se profile), et me rends au centre de Lyon. Tout semble se passer à merveilles. Puis j'arrive à quelques mètres des bureaux et là c'est le drame. Deux files d'attente, à l'extérieur du bâtiment, d'une cinquantaine de personnes chacune. D'après le peu que j'ai pu apercevoir je miserais sur des personnes en irrégularité de séjour, peut-être qu'aujourd'hui c'est grande étude de régularisation... Ou pas du tout mais dans ce cas cela signifie que c'est la file d'attente normale !?? Ce qui serait bien plus inquiétant ! Oui bah oui j'ai passé mon chemin pratiquement sans l'ombre d'une hésitation. Oui j'aurais dû téléphoner mais il est vrai que lorsque tu appelles 3 fois et que tu tombes 3 fois sur "nos lignes sont actuellement encombrées" ça ne t'incite pas follement à rappeler, surtout moi. Oui j'aurais été téméraire j'aurais pu tenter de demander une fois sur place ce qu'il se passait mais d'une part ça ne m'aurait pas tellement avancé et d'autre part je fuis à la fois les administrations et les foules, or là il y avait les deux au même endroit. Il faut noter qu'il y avait une petite chance que ces files d'attente concernent autre chose et que je puisse entrer tout de même, chose qui ne m'est pas venue à l'esprit sur place. Cependant, eusse-je été au courant de cette possibilité que je ne l'aurais pas saisie.
Quand je vois comment ça s'est passé hier au garage ou aujourd'hui, je comprends encore mieux pourquoi je suis aussi récalcitrant aux formalités.

24.7.08

Suranalyse

C'est vraiment difficile de porter un regard si critique sur mes activités.
Je me demandais à quoi ça servirait de remettre cet appart en ordre dans la mesure où mon existence est en désordre complet. Désordre ce n'est que pour faire l'opposition avec ordre car ce n'est pas le mot adapté, j'aime suffisamment le désordre pour penser que si le seul inconvénient de mon existence était celui-ci tout irait pour le mieux. Mais je crois qu'elle est relativement creuse. C'était dans l'air mais je m'en suis rendu compte plus précisément hier. Ce n'est pas seulement la question de trouver des activités motivantes durant les jours de repos, c'est finalement un tout qui me ramène à la problématique d'il y a 5-6 ans.
On s'en rend compte quand on se demande de quels éléments est concrètement composée mon existence. Cette année a été de loin la plus chargée depuis 4 ans, j'ai eu assez peu de temps pour souffler, et à des moments cela m'a donné l'impression que je vivais (ou que mon existence était palpable). Mais avec le recul j'en doute. Quand la lucidité revient, que je ne suis plus dans le feu de l'action en quelque sorte, il semble que c'était nettement plus creux que je ne le croyais. Un souci aussi c'est que je finis toujours par tout replacer dans un contexte global, de poser la question du moyen ou long terme, de réévaluer la motivation, etc, ce qui remet systématiquement à peu près tout en cause. Dans ce cas précis, je me demande si ça pourra durer comme ça des années, en terme de motivation personnelle mais aussi par rapport à la réussite de l'activité, je me demande aussi quel impact ça a revenant ainsi à la question fondamentale des bienfaits du jeu d'échecs à l'école. Par rapport à ma motivation je reviens aussi naturellement sur le fait que j'ai fait ça avec une grande foi peut-être juste parce que cette passion est ce qui m'a sauvé et sans doute empêché de sombrer, pendant des années, et que je souhaite plus ou moins reproduire le schéma avec d'autres, plus ou moins inconsciemment. Après probablement que l'on ne peut pas toujours trouver des éléments rationnels pour faire les choses, d'ailleurs en l'occurrence il semble que l'élément émotionnel soit prépondérant même si l'élément rationnel (c'est un jeu très bénéfique sur plusieurs plans pour les enfants) a aussi une place importante. Et finalement le problème est bien celui-ci, comme d'habitude : surrationnalisation, surlucidité, suranalyse. Peut-être que peu de personnes peuvent se féliciter de leur existence en la suranalysant ainsi.
Je pensais écrire quelque chose de plus critique et moins nuancé, et j'avais écrit à l'avance ce paragraphe :
Et pourtant je ne pourrais pas obtenir mieux que cette activité, je le vois clairement quand je la compare avec celles de certains de mes amis (ça me fera toujours étrange d'utiliser ce mot). C'est la théorie qui dit que pour moi le maximum n'est pas encore assez; qu'une exploitation assez bonne des potentialités de la vie est encore insuffisante. C'est la théorie de 2002.

Finalement suite à l'analyse réalisée à priori plus complète et objective, il n'a plus qu'à moitié lieu d'être. Il n'empêche que je suranalyse, ça n'est pas nouveau et ça ne changera vraisemblablement jamais, et il faut faire avec, ce qui est délicat. La question de la motivation sur le moyen terme reste entière. La question du nombre d'éléments motivants dans mon existence reste elle aussi entière. Ce sont évidemment des problématiques primordiales puisqu'elles conditionneront sûrement mon existence dans les années à venir. Presque impossible donc de les occulter.

21.7.08

Time to slow

Tout de même un peu de volupté en ce bas monde. Ce n'est pas ce que je disais ce matin en me faisant réveiller par les travaux adjacents, ni à midi en cherchant vainement dans un frigo dévasté ce que j'allais bien pouvoir avaler avant d'aller bosser. Mais ce soir j'ai enfin eu l'impression d'être en vacances alors que dans les faits c'est déjà le cas depuis quelques temps. Une impression qui correspond plus ou moins à la réalité : ça a un côté rassurant.
L'élément est complexe. Quand je bosse je suis relativement débordé, un peu partout en même temps et en quelque sorte toujours en alerte. A un moment donné, après quelques semaines par exemple, j'éprouve un besoin d'arrêter. Parfois c'est possible, parfois non. Généralement à l'approche de l'été, les choses commencent à se calmer. On pourrait supposer que je vais profiter pleinement du retour de la tranquillité mais c'est là que les choses se compliquent. D'un côté j'en ai besoin et parfois j'arrive à savourer, mais d'un autre dès que je n'ai plus assez de choses à faire je retombe dans la situation dans laquelle j'étais quand je n'avais aucune activité, situation que j'arrive à gérer pour moitié en m'occupant et qui est délicate pour moitié puisque toutes les questions, les remises en cause du monde environnant, de mes motivations, ma surlucidité, etc, reviennent. Ça ressemble un peu à une double personnalité. Je ne renie aucune des deux. Je crois que j'ai même besoin de la seconde. Besoin de quelque chose qui par le passé m'a poussé à l'autodestruction, curieuse affirmation, mais c'est ainsi. A la limite je me sens plus proche du vrai moi lorsque je suis comme ceci asocial, que je reste 12h par jour devant l'écran sans voir la lumière du jour - à faire diverses choses sans que ça soit vraiment abrutissant, je précise -, que je me sens étranger au monde extérieur, que j'analyse mes perceptions et rédige quelques textes. J'ai réellement besoin de ces moments de liberté avec un minimum de contraintes où en quelque sorte je me détache du monde, retournant par la même occasion à mon essence si j'ose dire. Besoin c'est peu de le dire même si je me rends compte qu'il n'y a pas grand chose au dessus de ce terme.

J'avoue que près de 2 semaines de tournois sans contrainte m'ont rappelé les étés d'il y a quelques années : la passion pratiquement sans rien d'autre à penser, surtout se concentrer sur savourer. De ce côté là c'était vraiment bon. Maintenant on ne pourra pas faire taire cette petite voix, qui a raison elle aussi, qui indique que ce n'est pas forcément suffisant. On ressent tout de même l'usure, on ressent que ça ne durera pas des années et des années ou plutôt que l'intensité baisse forcément avec le temps, comme elle a d'ailleurs baissé depuis quelques années. Et on revient évidemment sur la question de la lassitude et la recherche d'un nouvel élan quelque part. Je sens que l'auto-analyse est bonne, bien que le problème des solutions soit toujours le même, exactement comme quelques années en arrière.

The girl in the cafe

De 2004 par David Yates et Richard Curtis.
Avec Bill Nighy et Kelly MacDonald.

C'est un film à moitié romance, à moitié politique. Un mélange qu'on ne croirait pas possible à priori. Et il m'a charmé. Il arrive à traiter en parallèle un problème politique mondial, récurrent et vital, et ce qu'on pourrait appeler une romance improbable faite notamment de morceaux de comédie et de tendresse. D'une certaine manière c'est simple, mais c'est réussi.

Extraits

- Il avait l'habitude de dormir en... vieux pyjamas rayés de chez Marks and Sparks... avec le bouton du haut fermé.
- Je ne fermerai jamais le bouton du haut.

- Je ne peux pas croire que je vous ai déjà dit le prénom de mon grand-père. Je ne dirais plus un mot jusqu'à la fin du dîner. Dorénavant c'est vous, vous, vous.

- Si je prenais le lit et vous le canapé je serai incapable de dormir. Je ne prendrai donc pas le lit.
- Si vous prenez le canapé je dormirai par terre à côté du canapé. Dans ce cas personne ne prendra le lit et ce sera ridicule.

- Quand je n'arrive pas à dormir j'imagine que je suis une figurante dans un film et qu'on me paie pour jouer les mortes, et qu'il y a une caméra qui me filme en gros plan. Je dois donc relâcher tous les muscles de mon visage, et je finis par m'endormir.
- Je vais essayer ça.
- Oui. Faites semblant d'être mort. C'est mon truc dans la vie.
(...)
- Vous dormez ?
- Non. Je fais semblant d'être mort depuis 1h du matin. Mais, hélas, je suis toujours en vie.

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19.6.08

It had to happen

C'était statistique. Il fallait bien que j'aie un accident à un moment ou à un autre. Circonstances très favorables : endroit inconnu, sortie difficile, un peu de fatigue, un peu trop de confiance accumulée en 4 ans. Un choc, des dégâts en apparence mineurs, transformés classiquement en devis à 600 euros par le carrossier. Perte du bonus mais qu'importe car qu'importe l'argent. Je me suis rendu compte que je ne vérifiais même pas si je recevais le bon nombre de bulletins de salaires (et chèques associés) dans l'année. C'est dire à quel point je méprise l'élément argent.
Franchement cet accident il fallait bien qu'il arrive. Les premiers mois après avoir eu le permis, je décrétais que je conduisais assez mal. Et finalement c'était bien étonnant - et chanceux sûrement - que je n'aie rien heurté jusque là.
La fatalité...

16.6.08

Divers

La même erreur commise à deux semaines d'intervalle, mais que fait mon cerveau ? L'erreur ? Me tromper de route en voiture. Pour gagner un peu de temps, je passe par une route inhabituelle, que je prends régulièrement mais pour aller ailleurs. Et bien sûr au moment de la bifurcation je vais précisément ailleurs. Une fois, passe encore. Mais deux fois c'est beaucoup...

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Laisser gagner les élèves dans les écoles. Quelque chose de naturel je suppose. J'ai pourtant tellement de mal. Disons qu'on cherche toujours l'équilibre : on dit aussi que c'est une preuve de respect de jouer à son niveau. Mais l'équilibre est difficile à trouver. Pourquoi j'ai du mal à laisser gagner ? Je dois trop être épris du jeu et du résultat. On pourrait pourtant s'attendre à un changement de comportement puisque changement de contexte. Mais je crois que c'est là qu'on voit que ce jeu me prend aux tripes...

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Vu Into the wild ce soir au ciné. Vaut le déplacement et évoque en plus deux problématiques qui me tiennent à cœur : tout plaquer pour être vraiment libre et la question de la solitude, dont je parlais encore aujourd'hui.

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Il faudra tout de même un jour psychanalyser le fait que lorsque je me rends en voiture dans un endroit inconnu, j'ai une tendance systématique - d'ailleurs ce n'est même plus une tendance mais une quasi certitude - à me garer avant. Exemple : je dois aller au numéro 45 d'une rue, je vois le 23 avec un parking en face, je me gare. Ou je sais que c'est en centre ville, j'aperçois l'église au loin je me gare. Ce qui ne manque pas d'entraîner très souvent des déplacements à pieds plus longs que prévus. L'attitude logique voudrait forcément que j'aille jusqu'à passer devant l'endroit exact où je dois me rendre puis aviser ensuite de l'emplacement où me garer, quitte à faire un demi-tour. D'ailleurs il y a parfois un parking à l'endroit même où je me rends.
Ça m'agace et j'aimerais savoir d'où ça vient.

6.6.08

Affect

J'étais encore devant Ce soir ou jamais hier et je persiste à dire que ceux qui ne sauront pas comment occuper leurs vacances (ou autres) peuvent passer du temps à visionner les émissions précédentes sur le net. Evidemment pas toutes en entier mais plutôt selon que les sujets les intéressent, et ça ne sera pas du temps perdu.
Hier donc, ça parlait du cerveau et de tout ce qui est lié, autrement dit forcément presque tout. De l'expérience de Milgram, des rêves, de l'hypnose, des transes, de l'inconscient, du fameux rapport entre le cerveau et l'affect, le mental, les émotions. Entre autres.
A un moment donné le débat s'est porté sur les êtres marginaux intelligents, parfois rejetés de la société, sur l'importance de faire partager son intelligence avec d'autres. Il fut dit que l'intelligence n'est pas grand chose si elle reste dans son coin, à ce sujet il fut évoqué le formidable outil qu'est Internet pour créer des collectifs qui associent les intelligences des membres. Ces derniers éléments m'ont bien sûr replongé dans ma connaissance de soi puisqu'on est vraiment pas loin de toucher du doigt le point vital. Etre intelligent ne rend pas un être heureux s'il ne partage pas cette intelligence avec d'autres êtres. Deux choses me viennent tout de suite simultanément quand j'écris cette phrase : 1) ça me choque d'écrire ça, 2) je connais cette problématique par coeur. En effet on revient sur l'élément fondamental : le besoin des autres, qu'il y ait difficultés à les supporter ou non.

Parce qu'on peut parler du jeu d'échecs. Cinquante ans plus tôt, on ne pouvait encore pas vraiment jouer sans partenaire. C'est à moitié faux au sens où depuis déjà plus d'un siècle, quantité de joueurs étudient le jeu seul à l'aide de livres, étudient les parties des champions, cherchent à résoudre des problèmes, etc. Mais à moitié vrai au sens où jouer reste essentiel et on revient à la question d'un partenaire. Maintenant il existe les ordinateurs. Maintenant on peut jouer seul contre lui et il est du niveau des meilleurs joueurs mondiaux. Il n'empêche que c'est vite lassant. Le lien social créé dans les tournois semble irremplaçable. Il est amusant de noter que je disais que ce que je préfère c'est les moments de jeu où il n'y a aucune parole et que je me sentais à nouveau mal dès que ça se terminait. Mon obsession de ne pas supporter les paroles d'autrui entre en compte bien sûr, il n'empêche que même sans qu'ils parlent, la seule présence d'autres êtres est un élement positif. De plus, maintenant je sais aussi apprécier une analyse postmortem, ce que j'ai d'ailleurs je crois toujours su. La seule chose c'est que tout doit rester centré sur le jeu. Je parle à moitié au passé et à moitié au présent.
N.B. Il y a aussi le jeu par internet, intermédiaire entre le jeu réel et le jeu seul.

Parce qu'on peut parler du scrabble. Avant l'arrivée des ordinateur, pratiquement impossible de jouer seul. Maintenant on peut passer des centaines d'heures à s'entraîner seul, aussi bien en ce qui concerne l'apprentissage de nouveaux mots que la technique de jeu sur la grille (je parle du duplicate). Et il y a aussi cet intermédiaire qu'est le serveur internet pour jouer avec d'autres personnes à distance. On peut passer des mois voire des années sans franchir la porte d'un club tout en étant assez content et assez stimulé intellectuellement. Il n'empêche qu'à un moment donné je suppose que ça va toujours en revenir au même : le besoin d'aller partager la passion de manière sociale. Disons, social prend un nouveau sens avec Internet, et c'est drôle mais je ne sais pas s'il existe un vrai qualificatif pour dire "en face en face", "dans la vraie vie". Je crois que les anglophones utilisent IRL (in real life) sur le net, ce qui n'est pas idéal sur le plan littéraire ! Bref et donc il y a je crois un besoin à un moment donné de partager les centaines d'heures d'entraînement, la passion, dans un "vrai" contexte.

L'autre fois, suite à quelques jours très chargés, contenant à la fois des événements échiquéens et scrabblesques, je me disais justement que j'avais une sorte de double vie. Et qu'il avait au moins fallu ça pour que j'atteigne une sorte d'équilibre. Je le vois quand mon activité diminue, je recommence à trop penser, donc à voir tous les défauts, à critiquer dans mon coin, à avoir des doutes, à perdre de l'intérêt, etc. Si je fais tout le temps quelque chose alors ça peut aller. A condition évidemment que j'y trouve de l'intérêt.

Multitalents

La question des multitalents est posée.
Dans chaque domaine on peut observer facilement que certains ont un réel talent, quelque chose qui les différenciera des autres champions quand ils seront en haut de la pyramide, à quantités et conditions d'entraînement égales. Ce petit truc qui nous fait dire qu'il est vraiment fait pour ça ou qu'il a ça dans le sang. On a même l'impression que certains n'existent que pour ça.
Ces personnes rares ont beaucoup de chance. Mais y aurait-il des personnes encore plus rares, qui auraient de tels talents dans plusieurs domaines ? Je n'irai pas jusqu'à demander si des personnes peuvent l'avoir dans tous les domaines, je n'y crois pas. Dans un c'est déjà exceptionnel, alors plus d'un ça serait l'exception parmi les exceptions. A ce stade je ne sais pas s'il existe un mot pour qualifier la personne. Multigénie ?
En tout cas il y a déjà quelque chose de nettement plus courant, ce sont les multipassionnés, qui font tout ce qu'ils font avec passion. C'est déjà une grande qualité.

Concrètement, j'en discutais avec ses parents pour G. . Multitalents je ne sais pas, je me posais la question d'après ce qu'ils me disaient, mais en fait ça doit plutôt être multipassionné et de mon côté je persiste à dire que son vrai talent est pour le jeu d'échecs. Du coup je voulais indiquer que c'était ce qui le passionnait le plus, mais c'est vrai que ce n'est pas forcément le cas, même si j'ai du mal à le croire. Pour moi qui suis quand même l'un des plus passionnés, il a ce jeu au plus profond de lui-même. Avec mon expérience actuelle - douze ans, un peu maigre peut-être - je ne peux pas citer quelqu'un que j'ai connu qui l'eut plus que lui. Est-ce qu'il est plus passionné que moi ? C'est difficile de comparer, de part la différence d'âge. Mais je dirais que ça se vaut. Par contre lui il a ça dans le sang, depuis la naissance on dirait, c'est quelque chose de pur, alors que moi je l'ai acquis plus tard et du coup c'est forcément moins bon.

27.5.08

Foule

Il faut tout de même que je décrive la scène surréaliste de l'autre soir. Le bus est à 100 mètres, les dernières personnes sont en train de monter. C'est le bus que je dois prendre et le suivant est seulement dans quinze minutes donc je serais forcément bien content de l'avoir. Mais je n'esquisse aucun geste. Une personne me double, une dame plutôt âgée je crois, qui a des difficultés à se mouvoir, mais elle veut avoir le bus alors elle lutte, elle claudique, elle s'arrache et finalement elle arrive à temps. De mon côté je n'ai toujours pas bougé, je me suis résigné en quelques sortes. J'aurais pu lui emboiter le pas hein, je l'aurais fatalement eu. Mais non. Et quelque part ça m'a choqué. Je me demande si ça aurait un rapport avec cette histoire de "c'est une attitude négative d'être pressé", ou encore si ça a un rapport avec ma phobie de la foule au sens où courir pour finalement me retrouver dans cette situation (chose que je fais presque tous les jours, on est bien d'accord) me semblerait un non-sens.
Ca fait revenir sur cet éternel mal être en présence des autres, sur cet éternel poids du regard des autres. L'autre jour également j'ai abandonné l'idée de prendre le tramway quand j'ai vu qu'il y avait autant de monde.
Et finalement on peut trouver tout un tas de petites choses comme celles-ci qui ont tendance à remettre en question le fait que je vive. Il y a le fait que je n'achète jamais rien, déjà évoqué je suppose, mais ça en devient grave au sens où même ce que j'aurais objectivement besoin. Je ne fais pas la démarche, parfois je connais à peine la démarche ou je ne veux pas en entendre parler. Il y a cette quasi absence de potentialité de couple. Il y a ces horaires complètement décalés, il y a ces contenus de repas si inconsistants, etc.
Mais en fait, c'est juste que je ne vis pas au sens où les gens l'entendent habituellement. Si j'existe comme j'osais le prétendre ou l'espérer, c'est selon ma définition. Et toutes ces choses qui peuvent donner l'impression que je ne sais pas vivre, c'est aussi ce qui me différencie des autres, c'est aussi ce que je cultive.
Pour le poids du regard des autres, qu'on peut associer à mes difficultés à supporter les conversations de base des autres, c'est un peu différent car c'est quand même quelque chose qui est lourd à porter et qui est néfaste. Le reste ce n'est pas si sûr.

9.5.08

Apnée et étau

Rush n'est même plus le mot, ça tend vers l'apnée. Je crois que les vacances estivales seront des plus bienvenues.
Revu "21 grammes" ce soir, un tout bon film à mon avis. Je sais : on a connu critique plus loquace. Mais au soir de ce 8 mai je suis fatigué, il faut dire que je m'en suis servi pour faire tout ce que je n'avais pas eu le temps de faire durant les jours non fériés (!).
Quelqu'un de fatigué peut-il avoir des choses intéressantes à écrire ? Je prétends que ça peut tout à fait être le cas. En l'occurrence on peut imaginer que si je trouve et prends enfin le temps d'écrire, c'est que ça doit être justifié. Et ce bien que j'avoue ne pas forcément avoir de thème précis en tête. Simplement j'arrive à être encore attaché au besoin d'écrire et tant mieux.
Je sais que j'ai déjà une petite série de thèmes griffonnés ces derniers mois.


Je voudrais parler de l'étau. L'étau dans lequel je suis enserré, dans lequel plusieurs d'entre nous sont sans doute enserrés. Il est composé d'un côté de la foi et de l'autre du désespoir. D'exister j'entends. Pour moi ils pourraient être symbolisés par mes notes du 5/6/07 d'un côté et du 1/3/08 de l'autre. Je suis trimbalé régulièrement de l'un à l'autre. Durant quelques temps j'acquiers de la motivation, de l'envie, j'ai foi dans les potentialités qui se présentent à moi, ce qui mène à vivre, avancer, exister. Et puis à un moment les éléments globalement cités dans la note du 10 mars*, qui étaient les raisons m'ayant pratiquement poussé à m'ôter la vie, me rattrapent fatalement et je ne crois alors plus en rien, les potentialités n'apparaissent plus alors que comme des mirages et le genre humain m'exaspère. J'allais ajouter "à nouveau" car c'est une sorte de cercle. Pourtant moi qui ai horreur du tout blanc/tout noir, ça y ressemble. Mais je ne sais pas si c'est aussi simple, il y a sûrement plusieurs nuances, pas forcément faciles à expliquer pour se faire comprendre. Voici l'étau que je voulais évoquer. On a connu pire, je ne dis pas que c'est nécessairement horrible. Il est évident que lorsque j'étais noyé sous sa seule partie négative la situation était, elle, critique. Par contre j'ai le sentiment que la partie positive peut disparaître à cause de la partie négative, mais pas le contraire. Et j'ai peur qu'un jour le désespoir l'emporte sur tout, que la rotation ne soit pas infinie et qu'un jour elle s'arrête en bas pour ne plus remonter. Est-ce simplement du pessimisme, à moitié séquelle de plusieurs années de calvaire ? Est-ce qu'il n'y a pas toujours de nouveaux espoirs qui viennent suppléer aux disparition des précédents ? Peut-être mais pour l'instant j'ai un doute sur les potentialités de la vie à en créer tandis que j'ai des certitudes quant à tous les éléments qui (me) mènent au désespoir. Je doute que ceci change, ou alors pas avant très longtemps.

Pour en venir au concret par rapport à cela, j'ai des espoirs et des satisfactions quand je vois un Gabriel au France jeunes, la réussite d'un tournoi scolaires ou même ma réussite personnelle à Vichy. Et j'ai des doutes quand je vois les difficultés à monter une école d'échecs, l'intérêt d'apprendre les règles en masse dans les écoles (de plus je me vois mal le faire des années et des années malgré ma foi inamovible dans le jeu) et les fragilités liées au facteur humain. Je ne suis pas mécontent de ne pas trouver plus de doutes (même si une relecture des notes précitées y pallierait sûrement...).

* Si je reprends "Je pensais que mon problème relationnel et la problématique d'effectuer des activités intéressantes pèseraient toujours trop lourd pour que j'arrive à exister." d'il y a 3 jours, je dois quand même noter que c'est incomplet. Il y avait aussi le problème de la lassitude, les souffrances par rapport à l'avidité générale d'émotions, de sensations, d'argent, par rapport au bas niveau intellectuel général, la pauvreté des conversations, par rapport au poids des apparences, du corps, etc.