1.2.08

Education et anti-individualisme

Je voulais soulever une question d'éducation scolaire. Enfin si ça s'appelle comme ça.
Je me demandais si on peut compter sur la responsabilité collective d'enfants de 8 ans. J'explique.
On sait que dans une classe, il y a toujours des groupes d'élèves : ceux qui participent régulièrement, ceux qui participent de temps en temps, et ceux qui ne participent jamais à moins d'y être contraints. Ok le schéma est basique et simplifiant mais il faut bien simplifier à un moment donné. On peut plus ou moins classer les enfants de chaque classe sur ce modèle. Parmi ceux qui ne participent jamais, on trouvera de tout, des bons élèves qui comprennent, des bons qui n'écoutent pas, des mauvais qui écoutent, des mauvais qui n'écoutent pas, etc.
Est-ce que si on force tout le monde à participer, chacun à son tour, et que par exemple on recommence à zéro dès qu'un se trompe, la classe se prend en charge elle-même, s'autogère ? Fixons qu'il faille 15 bonnes réponses consécutives pour passer à la suite. Imaginons cinq bonnes réponses consécutives puis on arrive à un élève qui se trompe, pour une raison ou pour une autre, soit il n'a rien écouté, soit il n'a rien compris. En gros soit il a des lacunes, soit il n'arrive pas à se concentrer (ou il n'essaye pas...). Si le formateur n'intervient pas et qu'il se contente de recommencer, au bout d'un moment le manège se reproduit, la chaîne est rompue par un élève qui se trompe (quand ça recommence, disons que les élèves sont interrogés depuis un autre endroit de la classe, dans l'ordre de leurs places), ceux qui donnaient des bonnes réponses lui en veulent, ils le font généralement savoir en lui faisant des remontrances, pas toujours élégantes (ils ont 8 ans). Ma question est : est-ce que ceux qui se trompent prennent conscience qu'ils bloquent toute la classe ? Est-ce qu'au bout d'un moment ils en ont marre de se faire huer et ça les force à suivre ? S'ils ne l'ont pas tout seul, est-ce que les autres les poussent à avoir ce comportement ? Je parle ici de ceux qui n'écoutaient pas et fatalement ne comprenaient pas à cause de cela. Il y a le cas de ceux qui écoutent mais ne comprennent pas, pour un problème de capacité (qui sont généralement moins nombreux que ceux qui ont les capacités mais n'écoutent pas, pour x raisons). Nouvelle question : est-ce que la classe arrive à comprendre qu'ils ont des difficultés malgré leur bonne volonté ? Est-ce que la classe peut se montrer tolérante, conciliante, aidante ? Ou est-ce que la classe ne fait pas de différence avec ceux qui n'écoutaient pas et considère juste qu'une erreur est une erreur ?
Je voudrais savoir jusqu'à quelle point une classe, et ça variera évidemment en fonction de l'âge, arriverait à s'autogérer. Je crois qu'il y a des programmes où des élèves handicapés sont intégrés dans des classes classiques et où ça se passe bien. On imagine que les enfants de ces classes auront un comportement solidaire envers les personnes handicapées, une fois à l'âge adulte. On imagine que si toutes les classes comportaient des élèves handicapés qui sont intégrés par la classe, la société deviendrait une société qui a intégré pleinement les handicapés, c'est-à-dire pratiquement plus de problème de regard de l'autre (au moins envers ces personnes) et beaucoup plus de systèmes adaptés (systèmes d'accès notamment mais bien d'autres choses).
J'imagine que lorsqu'ils sont trop jeunes, la classe n'arrive pas à s'autogérer correctement, prendre les bonnes décisions, etc. Mais qu'en est-il quand ils grandissent ? Est-ce utopique d'espérer une conscience de la responsabilité individuelle pour la collectivité ? Est-ce utopique d'espérer la création naturelle de solidarité, les bons aidant les moins bons ? Les attentifs, souhaitant avancer, attirant les inattentifs à le devenir, pour ne pas retarder l'ensemble.

J'ai l'impression de cibler une problématique importante : l'anti-individualisme, l'intégration de l'individu dans le collectif, la solidarité collective au secours de l'individualité en difficulté, etc. Ce problème se rencontre en masse dans la société adulte. Je ne vois pas de meilleure façon de le résoudre qu'en le prenant dès la source, dans l'éducation, dès l'école primaire. On me dira que si cet état d'esprit n'existe qu'à l'école, et pas ailleurs, pas dans les foyers, pas dans les entreprises, ça ne marchera pas. Je ne sais pas mais déjà il me semble clair que si on recommençait à zéro, c'est-à-dire un monde pas encore pourri par l'individualisme, et que tous ceux qui passent par l'école intègrent ces notions de conscience collective, etc, alors ça s'étendrait naturellement aux autres milieux, "neutres" jusque là. Maintenant je sais, on ne peut pas recommencer à zéro (à part peut-être dans certains régions du monde où les mentalités n'ont pas encore été pourries), alors ça serait la lutte entre l'école et le reste. Là, sûrement qu'on verrait dans quelle mesure l'éducation à l'école peut faire avancer les choses et les mentalités. Je ne sais pas la force que ça a mais si c'est bien réalisé je suppose que ça peut marcher, je l'espère en tout cas, sinon c'est ne plus croire dans l'école, dans l'éducation presque. Si on fait une grosse prévention dans les écoles sur le respect de la nature, de la planète, de cette branche sur laquelle nous sommes assis, on suppose qu'au bout d'une ou deux générations l'ensemble de la société sera vigilant sur tous les problèmes écologiques. C'est la même chose.

Si la société arrive à mettre ça en place et que ça fonctionne, est-ce qu'on ne résout pas tout d'un coup un très grand nombre de problèmes ? Si le sur-individualisme, généré et entretenu par le capitalisme exacerbé, l'incitation à la consommation, et sûrement nombre d'autres raisons que j'oublie présentement, est la source de ce qui mène la société à sa perte, à ses pertes si on préfère, alors en quelque sorte le grand inversement (conscience collective de chaque individu) devrait lui faire remonter la pente dans laquelle elle sombre actuellement.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord avec vous !
Je cherche des blogs ou autres sites avec le mot anti-individualisme, car trop c'est trop !
Je vois cela dans une perspective de féminisme et chez les lesbiennes, qui sont déjà une minorité écrasée invisibilisée et il faut le dire névrosée et manipulable, où c'est pas facile de se faire des amies, cet individualisme a tué tout mouvement et beaucoup d'espoir de trouver des relations amicales, sans parler des relations amoureuses, au sein même d'une communauté pauvre et opprimée, en relation avec une composante politique révolutionnaire globale (le féminisme) qui devrait donc s'efforcer de rester vigilante, et aurait les outils pour ne pas être autant touchée par cet individualisme mais qui malheureusement l'est de plein fouet.

Lesboseparatiste