3.1.14

Des nouvelles pas nouvelles

"De toute façon je vais mal" est une phrase que je prononce régulièrement, me parlant à moi-même, depuis plusieurs années, et en ce moment un peu plus souvent que d'habitude. Je me suis resservi un fond de porto - bouteille reçue à noël, il ne me viendrait pas à l'idée d'en acheter, surtout que je ne reçois jamais personne et que, le cas échéant, ce serait un peu idiot "qu'est-ce que je vous propose, un petit porto ? Non ? Ah bah il n'y a rien d'autre" - et j'ai relancé le broadcast "Piano et instrumental" de l'addictif GrooveShark, que j'avais coupé exaspéré il y a une heure.

J'ai adoré comment j'ai failli traverser la période des fêtes de manière anodine et indolore. Cela tenait du miracle et les miracles ne durent jamais bien longtemps. L'enchaînement 31/12-01/01-02/01 s'est avéré trop délicat, même si ce n'est pas particulièrement de sa faute cette fois-ci. Le changement d'année est toujours un passage rude pour moi, d'une part parce que le monde entier le fête et d'autre part parce que cela me rappelle de mauvais souvenirs. Et le deux c'est la date de naissance d'un père paranoïaque, encombrant, inutile, avec qui je n'ai jamais rien partagé et qui ne m'a pas transmis grand chose à part peut-être une poignée de choses négatives. S'il était né un autre jour je pense que j'aurais réussi à oublier la date, mais là non.

J'ai relu ma note de juillet et c'est définitivement mauvais signe d'écrire aussi peu. Mon existence doit vraiment être vide. Et elle l'est. Il est toujours possible de se faire croire le contraire. Mais je ne suis pas facile à duper, et encore moins par moi-même. D'un point de vue extérieur, et peut-être même d'un point de vue objectif, 2013 n'a pas été un mauvais cru pour moi. Mais les éléments censés être positifs n'ont pas particulièrement débouché sur des choses positives, ou en tout cas je ne les ai pas ressenties ainsi.

Et je crois que je n'écris pas très bien.

La case départ. Ma case départ préférée - ou abhorrée plutôt. Mon existence est redevenue névrosée et déséquilibrée, stade qu'elle avait occasionnellement quitté par moments, mais qui n'était cependant jamais très loin. Je suis devant mon écran, comme 99% du temps où je suis chez moi éveillé, avec du chocolat dans la bouche et du piano qui résonne doucement dans les enceintes de l'ordi. Je ne sais pas où je vais, je n'ai pas d'aspirations et je ne suis pas sûr qu'il reste des choses qui me fassent vibrer. Ou tout du moins, car il y en aura vraisemblablement toujours deux - ma fascination pour le Jeu d'échecs et les émotions positives ressenties devant de grands exploits sportifs -, ne compensent-elles pas suffisamment le vide intersidéral qui les entoure. Le vide donc.

Je ne serais sûrement pas aussi désespéré - et désespérant ? - si je n'étais pas toujours aussi misanthrope. Si les gens étaient moins absurdes aussi... Oui toujours à me placer ainsi au dessus d'eux à me lamenter en donnant des leçons de morale, mais il n'y a aucun rôle ici, seulement moi-même et mon ressenti.

Je vois qu'il n'y a pas grand chose qui a changé depuis la note du 14 juin 2012, il y a déjà dix-huit mois. Ou depuis 2009 d'ailleurs. Ou depuis la nuit des temps d'ailleurs.

Il faudrait qu'il se passe quelque chose. Typiquement qu'un ange apparaisse. Je ne vois pas bien comment autre chose pourrait faire l'affaire. Quant à la probabilité que cela se produise... Je sais que je me trouve dans une impasse et cela explique ma situation, et accessoirement cette note.

Le temps passe et on pense que les choses changent. C'est faux. La plupart du temps rien ne change.