3.10.16

Engagement, carences, émotionnel, trou noir

Mes pensées se heurtent aux quatre coins de mon esprit, telles une balle rebondissante.
Cela me fatigue mentalement et physiquement.
Je ne sais pas si je pourrai tenir longtemps dans cet état.
Je dors un peu moins bien ces temps, peut-être à cause de ça.

Je n'ai aucune envie de m'engager pour aider autrui.
J'ai cherché "association caritative" dans les pages jaunes, cela m'a repoussé, répugné.
Faut-il rappeler que je n'aime pas les êtres humains.
Je ne vois aucune raison valable de les aider.
Est-ce en faisant cela, en mendiant de l'estime, que l'on peut colmater mes carences affectives ? J'en doute.
Je n'ai même pas d'estime pour mes proches, et j'en aurais pour des inconnus en difficultés ?
Je n'ai aucune estime pour eux et je me moque de la leur.
Les gens en difficultés, je suis d'avis qu'ils feraient mieux de mourir. Moi compris.

Etre reconnaissant lorsque quelqu'un nous aide.
Et être content lorsqu'on a aidé quelqu'un.
Est-ce cela l'existence ?
Tout cela m'exaspère.

Mes carences affectives finalement c'est moi qui les ai voulues. En repoussant.
Et aujourd'hui encore. Je repousse mes proches, je m'isole.
Ils ne m'ont jamais rien fait de mal à proprement parler. C'est mon choix.
Ce choix doit comporter des raisons. Qui ne sont pas forcément mauvaises.

Je me suis éloigné de tout ce qui était émotionnel. Non sans raison.
Si je suis obligé de m'en rapprocher c'est problématique.
Car je n'en ai aucune envie.
Et la nécessité, si nécessité il y a, ne remplace pas l'envie.

Lorsque quelqu'un devient joyeux ou triste pour une broutille, par exemple un bouchon de stylo, ça me pose un problème.
Je ressens que je ne devrais pas habiter sur la même planète.
Et je n'ai, surtout, aucune envie de devenir ainsi, léger.

Je ne sais même pas si je souhaite aller mieux.
En général pour autrui c'est une évidence.
Pour moi il n'y a rien d'évident.
Il est possible que je le souhaite mais c'est tellement déconnecté d'une réalité plausible que c'est vain.
Et à la fin, à force de souhaiter quelque chose de vain, on cesse de souhaiter.

C'est une bonne transition vers le fait que l'on répète qu'il est très important, voire essentiel, d'y croire.
Alors c'est un très grand problème. Car je ne suis pas un être qui croit.
Croire relève de l'irrationnel. De l'émotionnel.
Je ne crois pas, j'évalue.
Et s'il faut absolument y croire pour aller mieux, alors je n'irai jamais mieux.

Monique de Kermadec, spécialiste du haut potentiel, écrit :
"En vérité, ce qui les fait souffrir (...) c’est leur difficulté à établir un lien avec les autres. Cette difficulté est d’autant plus insurmontable que les modèles de réussite et les conseils de cliniciens qui conviennent au plus grand nombre ne peuvent pas aider leur personnalité paradoxale. Bien au contraire : s’ils les suivent, ces prescriptions creusent l’abîme entre eux et le monde, puisqu’elles proposent une conformité aux modèles normaux auxquels ils échappent. Dès lors, dans sa tentative de s’y conformer, l’adulte à haut potentiel ne peut que rencontrer l’échec et, de cet échec, tirer un sentiment accru de souffrance.
(...)
Cette souffrance est due à ce sentiment de solitude et à la conviction d’être définitivement un étranger dans son monde. Dès lors, elle aboutit presque toujours à ce que l’adulte à haut potentiel adopte un réflexe identitaire : il se réfugie dans sa souffrance pour s’en faire une armure qui, pense-t- il, le protégera contre les agressions du monde.

"

Extrait d'un commentaire sur son dernier livre :
"Ensuite, on retrouve l'inévitable théorie (facilité psychanalytique) du masochisme : le surdoué s'accrocherait à sa souffrance pour exister, il se complairait dans ses "ruminations", dans une "victimisation", voire une "paranoïa". Cela concerne sans doute quelques personnes, mais... et si cette souffrance était parfois justifiée ? Et si les surdoués voyaient le monde tel qu'il devrait être dans l'idéal ? Et s'il avaient, contrairement à leurs contemporains, une empathie, une logique, une vision à long terme incompatibles avec le mouvement général, et donc avec le bonheur ? L'auteur enjoint à "abandonner sa souffrance" : et si c'était aussi impossible que pour un diabétique de contrôler son taux de sucre dans le sang par la seule pensée ? Et si sa souffrance était le prix à payer pour sa terrible lucidité ?"

J'ai l'impression d'être dans un trou noir. Quels que soient les événements qui viennent se greffer à mon existence, ils sont font happer par le trou noir, qui devient de plus en plus gros. Lorsque je vais consulter un psy, cette expérience ne fait qu'alimenter le trou noir. Si j'essaie une nouvelle activité, je la broie et elle alimente le trou noir. Alors qu'il paraît qu'il faut essayer toutes sortes de choses. C'est peut-être pour ça que je reste chez moi et que je n'essaie plus rien, pour ne pas agrandir le trou noir.