1.7.21

Nouvelles

Bonjour D.,

Tout d'abord merci d'être encore là, de ne pas avoir disparu dans la nature...

Toujours seul au monde. Impression persistante de mal jouer. Tout le monde a envie de profiter des tournois qui reprennent, moi pas. En général peu de perspectives. Administratif en retard. Été peu palpitant à venir. Époque nauséabonde. Lu quelques livres, quelques films, bof. Sorties marche pendant 1 an, bof. Toujours autant de mal avec la dimension matérielle, y compris la mienne. Et quasiment personne à qui me confier. Et pas d'idée pour y remédier.
Déconfinement doublé de la période de mon anniversaire n'aident sûrement pas non plus.

Comme je vous l'avais dit, coupure de contact fin décembre avec mon ex et supposée amie, aucun contact depuis six mois. Je pense qu'elle m'a également bloquée sur facebook, super.
Il me reste deux amies. La première ne donne actuellement plus signe de vie. Son dernier sms date du 1er mai. Je lui en ai envoyé 4 entre le 19 et le 26 juin. Peut-être répondra-t-elle ou peut-être en a-t-elle marre.
La deuxième et dernière n'a jamais été beaucoup présente mais au moins fidèle et présentant des déboires similaires aux miens. Elle vient de rencontrer quelqu'un, de manière relativement inespérée. Je suis content pour elle mais elle est encore moins disponible du coup.
Et puis quand des gens rencontrent quelqu'un alors qu'on pouvait imaginer que ça n'arriverait pas de si tôt, parce que ça ne leur arrivait pas depuis plusieurs années, je me dis "ah oui donc même cette personne rencontre quelqu'un, par contre moi non"...
C'est fou d'avoir autant presque rien créé en 7 ans de présence sur des sites de rencontres. Et le sentiment que ça pourrait continuer ainsi éternellement.
Je conserve un vague contact distendu par mail avec une personne qui m'avait contacté l'an dernier pour des échanges par mail.
En conclusion cela ressemble à encore plus de solitude à venir.

Vous avez relevé un paradoxe entre ma prétendue acceptation de moi-même et ma préoccupation de ne pas forcément être assez dans la norme. J'imagine tout simplement qu'il n'y a aucun paradoxe, juste que je ne m'accepte pas comme je suis. Je ne sais d'ailleurs même pas si je sais comment je suis, et encore moins comment je voudrais être.

Je vous écris aussi pour ça : je crois que je vous l'avais dit, je suis perdu. C'est, j'imagine, aussi ce qui crée mon trouble actuel.
Vous avez raison de me demander de fixer des critères de progression, des choses concrètes, de définir ce que c'est qu'une avancée, ou ce que je voudrais que ça soit. Mon problème, et je l'avais quand on a commencé à travailler ensemble en 2016, c'est que je n'ai pas d'idée claire de ce que je veux être, ni atteindre.

Vous dites que c'est ok de ne pas avancer parfois. Sur le principe je suis d'accord. Mais c'est ok de ne jamais avancer ? Je ne sais pas, peut-être, mais je ne trouve pas ça très ok. Alors oui probablement j'ai avancé sur des points depuis cinq ans. Mais c'est pas si facile de dire exactement lesquels et à quel point. Et puis si c'est pour revenir en arrière régulièrement, sans garantie de produire vraiment des avancées, c'est préoccupant.
Assurez-moi que j'ai avancé et sur quoi. Je pense qu'il y a des choses mais si je ne les rematérialise pas, je crois que j'ai tôt fait de les occulter... Jusqu'à douter qu'elles aient existé.

Quand je vous ai parlé de coaching, vous sembliez emballée mais je ne sais pas pourquoi : est-ce que c'est juste par le principe ou est-ce que ça vous a fait penser à des choses concrètes ?
Moi je ne sais pas, là encore, si ça pourrait me convenir. Il y a un côté qui me répugne et je ne sais pas si je pourrais le surmonter. Et encore une fois je n'ai aucune idée de ce que je veux fixer comme objectif. Aimer ma tête ? C'est un objectif que l'on peut se fixer ça ? Je ne suis même pas sûr de pourquoi le fixer.
Comme je ne sais pas ce que je veux chercher à obtenir, je n'ai aucune idée de dans quelle direction chercher, et j'imagine que ça ne vous aide pas non plus beaucoup...
Idem pour la question que vous m'avez posée sur, je crois, le type d'accompagnement / de thérapie. C'est la même chose, vous me connaissez, même si je suis frileux vis-à-vis de certaines choses, sur le principe je ne suis pas fermé. Mais pour quel objectif, ça reste mon problème.

Et donc voilà, je me sens dans un vide. Je ne sais pas quels critères fixer, je ne sais pas définir ce que serait une avancée, je ne sais pas où je veux aller, ce que je voudrais être, ce que je voudrais travailler, les objectifs que je voudrais atteindre. Et je ne sais pas comment quiconque peut travailler avec quelqu'un comme ça.

Est-ce que je voudrais me faire des amis pour être moins seul ? Peut-être mais je n'en ai pas l'assurance, je n'ai aucune idée de ce que ça pourrait donner et aucune idée de comment procéder.
Est-ce que je voudrais rencontrer quelqu'un ?  Peut-être mais je n'en ai pas l'assurance, je n'ai aucune idée de ce que ça pourrait donner et aucune idée de comment procéder.

Je suis sorti marcher 118 fois en 1 an. Super. Mais je le fais mécaniquement. Comme vous m'aviez dit en fait. Je ne trouve pas de plaisir. Je ne sais même plus pourquoi vous m'avez conseillé de le faire... Peut-être que c'est bien pour moi mais pourquoi en fait ? Qu'est-ce que ça m'a apporté ? Qu'est-ce que je peux faire de ce que ça m'aurait apporté ?

Depuis octobre je note chaque jour sur un carnet ce que je dois faire et je coche. J'imagine que ça m'aide à avancer mais honnêtement je ne suis pas sûr de ce que ça m'apporte exactement et de l'influence sur mon existence.

Je me suis inscrit à un tournoi, j'ai pas du tout envie de jouer, parfois je me dis que je ferais mieux de me désinscrire. On m'en propose d'autres, je réponds que je joue beaucoup trop mal et que je n'ai en conséquence pas du tout envie de jouer, ce qui est vrai.
Je lis des livres, je vois des films, mais rien ne m'emballe.

Voilà où j'en suis et j'ai l'impression que c'est à peu près nulle part...

On m'a demandé ce qui avait déclenché mon état. Mais il n'y a pas vraiment de déclencheurs chez moi et je dois quand même dire que je suis fatigué de le répéter depuis 25 ans et que les gens ne le comprennent pas.

Il y a 7 ans j'ai entamé les démarches pour rechercher une aide auprès de professionnels. Les 2 premières années étaient à vomir. Il y a bientôt 5 ans j'ai entamé un suivi satisfaisant. Mais j'ai l'impression que cela ne finira jamais, ce qui a un effet décourageant et broyant particulièrement puissant.

Merci,

S.