26.8.09

Types de touristes

Il existe deux catégories de personnes réagissant de manière différente au "tourisme".
  • Première catégorie
Le guide : "A votre droite le Danube, 2ème plus long cours d'eau d'Europe, avec une longueur de plus de 3000 km".
Touriste 1 : "Wow, génial".
Touriste 1 cinq minutes plus tard : "Wow, génial".
Touriste 1 le soir-même : "Wow, le Danube aujourd'hui, génial".
Touriste 1 trois semaines plus tard : "Wow, le Danube il y a 3 semaines, génial".
Touriste 1 cinq ans plus tard (pour les plus endurants) : "Wow, le Danube il y a 5 ans, génial".
  • Deuxième catégorie
Le guide : "A votre droite le Danube, 2ème plus long cours d'eau d'Europe, avec une longueur de plus de 3000 km".
Touriste 2 : "Wow, génial".
Touriste 2 cinq minutes plus tard : "Bon ok, c'est un cours d'eau on a compris, la suite ?".
Touriste 2 le soir-même et par la suite : "Oui je l'ai vu, d'autres questions ?"

Le touriste 1 aura une tendance à se faire photographier aux endroits qu'il visite, histoire de pouvoir prouver à qui aurait un doute (on ne sait jamais...) et voudra bien l'entendre qu'il y était bel et bien en chair et en os. Le touriste 2 ne voit habituellement aucun intérêt à cette pratique. Etc.

J'imagine qu'au delà de cela, ces caractéristiques reflètent un mode de vie, une façon d'être et d'aborder les choses.
Analyser puis globaliser étant mes hobbys préférés, je dirais donc que d'une manière générale les personnes de la 1ère catégorie auront tendance à résister à la lassitude. En effet comment pourrait-il en être autrement pour une personne qui parvient à s'extasier plus d'une minute sur une seule et même chose, fusse-t-elle l'une des sept merveilles du monde, sans compter que ce n'est généralement pas le cas évidemment.

Comme je pressens que ces propos peuvent m'amener à être fustigé, je vais me pencher un peu plus sur la question : on conviendra qu'il faut être idiot pour s'extasier sur une chose ne comportant aucune profondeur (bien que l'être humain semble s'en être fait une spécialité : nombre de nos concitoyens ne se montrent aucunement dérangés de baver des minutes ou des heures durant devant des choses seulement belles). Supprimons donc les idiots (si seulement...) et admettons donc que les bons clients touristes 1 trouvent de la profondeur dans les choses. Ils s'intéresseront à la largeur du Danube, à son débit, aux pays qu'il traverse, à sa faune et sa flore, à son histoire, à son taux de pollution, à ses utilisations économiques, etc, etc. Bien. Parfait. Mais tout ceci a-t-il vraiment un intérêt ? Ok, la culture générale a-t-elle un intérêt ? Le seul enrichissement personnel ? L'intérêt de l'enrichissement personnel ? En faire profiter très occasionnellement d'autres personnes ? On y arrive ! Ces personnes devront fatalement appartenir eux aussi à la catégorie touristes 1. Autre élément important sous-jacent depuis quelques lignes : aimer les autres et les échanges avec les autres. Mais il y a aussi des touristes 1 qui ne partageront strictement rien, eux font ça pour le pur et simple enrichissement personnel : c'est très beau. A moins que ça ne soit que pour tromper l'ennui. Quel ennui de n'avoir trouvé que cela.

La vraie question c'est comment des touristes 2 peuvent cohabiter avec des touristes 1 ? Même quand ils ne font pas de tourisme puisqu'on aura compris que c'est toute leur façon d'être qui diffère.

4.8.09

Débriefing

Bien.
Il est certain que la note précédente est le fruit de la part de tristesse, de mélancolie, d'idéalisme. Le résultat est dur, mais sans doute plus proche de la réalité que si une part rêveuse s'était exprimée. Je suis relativement convaincu de toute façon que les analyses objectives de la réalité mènent plus souvent à des tableaux noirs ou peu reluisants que le contraire. L'humain est finalement un rêveur plein d'espoirs, et c'est heureux pour lui car sinon la réalité serait trop hostile. L'humain oui, moi non, ou tellement moins.
Quand tu t'aperçois à douze ans que tu n'as pas le gène de l'espoir, et que tu commences à sentir poindre l'hostilité de la réalité, il est naturel d'envisager le suicide. Refaire un point quinze ans plus tard, cinq-cent points plus tard, et retomber sur une conclusion similaire bien que des parenthèses passionnées anesthésiantes soient passées par là, et évidemment bien que l'analyse soit autrement plus complète et s'appuyant sur quinze ans de vécu supplémentaires, n'a rien non plus de surprenant. Car les gènes n'apparaissent pas par miracle.

Bien sûr je peux essayer de tenir un discours optimiste. Ce mot étant forcément bémolisé avec force si on l'associe à moi. Mais le nombre de fois que j'ai essayé est très restreint, pour la bonne raison que cela va juste contre ma nature. Bien sûr je pourrais tenter de m'appuyer sur ce qui m'a fait avancer jusqu'ici - mais ai-je seulement avancé ? N'ai-je pas simplement traversé le temps ? -. J'imagine qu'il y a une part quelque part en moi qui est chargée d'entretenir un simulacre d'espoir - simulacre puisque le gène est absent -, pauvre part, je ne sais comment elle procède. J'imagine bien que je vais continuer à avancer - ou plutôt non, plutôt mettre un pied devant l'autre pour ne pas tomber parce qu'on perd l'équilibre vers l'avant. Je ne sais pas bien comment je vais faire pour supporter tout ce qu'il y a à supporter, probablement que je ferai juste comme j'ai fait jusque là, c'est-à-dire que je n'en ai aucune idée; la fatalité fera que ça continuera à fonctionner, parce que quand on y pense c'est quand même très difficile de rater de supporter des choses. L'illusion se poursuivra donc. Et puis un point, un énième, sera fait à un moment donné, et peut-être qu'au bout d'un moment le besoin de changement sera trop fort et des décisions seront prises. En attendant..., je ne sais pas..., tant pis.

3.8.09

-

Ça n'a duré que quelques secondes. La tristesse a transpiré de mon corps tout d'un coup et très vite.
Peut-être que c'était la conjonction de deux choses, un néant d'envie impressionnant et la prise de conscience violente des mes incapacités.
Le manque d'envie a toujours été là, parfois au tout premier plan, parfois simplement sous-jacent. Peut-être me raccrochais-je à la croyance ou l'espérance de posséder certaines capacités. Cela dit il faut bien regarder les choses en face à un moment donné.
Peut-être serais-je éventuellement, avec de la chance et de la persévérance, capable de n'écrire pas trop mal, mais comme je n'ai aucune idée de quoi écrire ça ne sert strictement à rien.
Je suis trop prétentieux. Je ne cesse de me poser la question mais la réponse n'est pas tellement difficile, étant donné que je crois posséder des capacités hors normes alors que ça n'est aucunement le cas, c'est donc que je suis très prétentieux.
Je ne crois pas avoir ces capacités dans les deux domaines que j'étudie depuis des années. Au contraire, c'est assez honteux que j'atteigne deux niveaux aussi bas dans les deux domaines après autant d'efforts. Il pourrait être temps d'arrêter. D'autant que l'étude poussée aussi bien de l'un que de l'autre, n'est d'à peu près aucune utilité dans l'absolu. Il y a quelques rares personnes qui avaient de grandes capacités pour l'un ou l'autre et qui ont décidé d'arrêter, ce qui est assez remarquable en terme d'intelligence. Je ne peux que les admirer : je n'atteindrai jamais leur niveau et en plus il est vraisemblable que je n'aurai même pas la sagesse d'arrêter.
Ce qui est compréhensible - et ceci va permettre de boucler la boucle - car je ne sais au final pratiquement rien faire d'autre.
Parfois des conclusions limpides viennent clore un sujet, comme ici. Je souffre d'un manque d'envie, je ne sais faire que deux choses, et encore pas très bien.
De plus, en passant, mais c'est tout de même très important, les gens et leurs aspirations me dépriment profondément.
Je peux gigoter et essayer de faire illusion, principalement à cause de ma peur de la mort d'ailleurs, mais ça ne changera pas les choses.
Il ne reste que deux interrogations. Quand la mascarade prendra-t-elle fin ? Et comment ?