24.11.16

DEMAIN ! DEMAIN !

Oh ! comme chaque jour qui passe est vide, morne et fastidieux ! Comme il laisse peu de traces ! Et que la course des heures est stupide !
Pourtant, l'homme est avide de vivre ; il y tient ; il a foi en lui-même, dans son existence, dans son avenir… Ô, combien d'espoirs il fonde sur demain !
Mais pourquoi s'imagine-t-il donc que le jour qui s'annonce ne ressemblera point à celui qu'il vient de vivre ?
Il n'y songe même pas. D'ailleurs, il n'aime pas réfléchir — et il fait bien.
« Demain, demain ! » se console-t-il jusqu'à ce que ce demain le jette dans la tombe.
Et, une fois qu'on y est, l'on ne réfléchit plus — qu'on le veuille ou non.

Mai 1879
Yvan Tourgueniev - Poèmes en prose (1879 - 1882)

3.10.16

Engagement, carences, émotionnel, trou noir

Mes pensées se heurtent aux quatre coins de mon esprit, telles une balle rebondissante.
Cela me fatigue mentalement et physiquement.
Je ne sais pas si je pourrai tenir longtemps dans cet état.
Je dors un peu moins bien ces temps, peut-être à cause de ça.

Je n'ai aucune envie de m'engager pour aider autrui.
J'ai cherché "association caritative" dans les pages jaunes, cela m'a repoussé, répugné.
Faut-il rappeler que je n'aime pas les êtres humains.
Je ne vois aucune raison valable de les aider.
Est-ce en faisant cela, en mendiant de l'estime, que l'on peut colmater mes carences affectives ? J'en doute.
Je n'ai même pas d'estime pour mes proches, et j'en aurais pour des inconnus en difficultés ?
Je n'ai aucune estime pour eux et je me moque de la leur.
Les gens en difficultés, je suis d'avis qu'ils feraient mieux de mourir. Moi compris.

Etre reconnaissant lorsque quelqu'un nous aide.
Et être content lorsqu'on a aidé quelqu'un.
Est-ce cela l'existence ?
Tout cela m'exaspère.

Mes carences affectives finalement c'est moi qui les ai voulues. En repoussant.
Et aujourd'hui encore. Je repousse mes proches, je m'isole.
Ils ne m'ont jamais rien fait de mal à proprement parler. C'est mon choix.
Ce choix doit comporter des raisons. Qui ne sont pas forcément mauvaises.

Je me suis éloigné de tout ce qui était émotionnel. Non sans raison.
Si je suis obligé de m'en rapprocher c'est problématique.
Car je n'en ai aucune envie.
Et la nécessité, si nécessité il y a, ne remplace pas l'envie.

Lorsque quelqu'un devient joyeux ou triste pour une broutille, par exemple un bouchon de stylo, ça me pose un problème.
Je ressens que je ne devrais pas habiter sur la même planète.
Et je n'ai, surtout, aucune envie de devenir ainsi, léger.

Je ne sais même pas si je souhaite aller mieux.
En général pour autrui c'est une évidence.
Pour moi il n'y a rien d'évident.
Il est possible que je le souhaite mais c'est tellement déconnecté d'une réalité plausible que c'est vain.
Et à la fin, à force de souhaiter quelque chose de vain, on cesse de souhaiter.

C'est une bonne transition vers le fait que l'on répète qu'il est très important, voire essentiel, d'y croire.
Alors c'est un très grand problème. Car je ne suis pas un être qui croit.
Croire relève de l'irrationnel. De l'émotionnel.
Je ne crois pas, j'évalue.
Et s'il faut absolument y croire pour aller mieux, alors je n'irai jamais mieux.

Monique de Kermadec, spécialiste du haut potentiel, écrit :
"En vérité, ce qui les fait souffrir (...) c’est leur difficulté à établir un lien avec les autres. Cette difficulté est d’autant plus insurmontable que les modèles de réussite et les conseils de cliniciens qui conviennent au plus grand nombre ne peuvent pas aider leur personnalité paradoxale. Bien au contraire : s’ils les suivent, ces prescriptions creusent l’abîme entre eux et le monde, puisqu’elles proposent une conformité aux modèles normaux auxquels ils échappent. Dès lors, dans sa tentative de s’y conformer, l’adulte à haut potentiel ne peut que rencontrer l’échec et, de cet échec, tirer un sentiment accru de souffrance.
(...)
Cette souffrance est due à ce sentiment de solitude et à la conviction d’être définitivement un étranger dans son monde. Dès lors, elle aboutit presque toujours à ce que l’adulte à haut potentiel adopte un réflexe identitaire : il se réfugie dans sa souffrance pour s’en faire une armure qui, pense-t- il, le protégera contre les agressions du monde.

"

Extrait d'un commentaire sur son dernier livre :
"Ensuite, on retrouve l'inévitable théorie (facilité psychanalytique) du masochisme : le surdoué s'accrocherait à sa souffrance pour exister, il se complairait dans ses "ruminations", dans une "victimisation", voire une "paranoïa". Cela concerne sans doute quelques personnes, mais... et si cette souffrance était parfois justifiée ? Et si les surdoués voyaient le monde tel qu'il devrait être dans l'idéal ? Et s'il avaient, contrairement à leurs contemporains, une empathie, une logique, une vision à long terme incompatibles avec le mouvement général, et donc avec le bonheur ? L'auteur enjoint à "abandonner sa souffrance" : et si c'était aussi impossible que pour un diabétique de contrôler son taux de sucre dans le sang par la seule pensée ? Et si sa souffrance était le prix à payer pour sa terrible lucidité ?"

J'ai l'impression d'être dans un trou noir. Quels que soient les événements qui viennent se greffer à mon existence, ils sont font happer par le trou noir, qui devient de plus en plus gros. Lorsque je vais consulter un psy, cette expérience ne fait qu'alimenter le trou noir. Si j'essaie une nouvelle activité, je la broie et elle alimente le trou noir. Alors qu'il paraît qu'il faut essayer toutes sortes de choses. C'est peut-être pour ça que je reste chez moi et que je n'essaie plus rien, pour ne pas agrandir le trou noir.

11.9.16

L'optimisme d'autrui

Je ne cesse de rencontrer des personnes optimistes pour moi. C'est étrange. Je crois qu'elles sont optimistes non pour une bonne raison, non par choix, mais par défaut, par peur, ou par nature. L'être humain qui n'est pas trop mécontent d'être en vie est finalement forcément optimiste.
C'est un optimisme qui ne s'appuie sur rien de concret. On me dit que ça va aller, que je vais aller mieux, que je m'en sortirai, mais ce n'est qu'un vœu pieu, une espérance, déconnectée de la réalité.
Il est plus humain de dire à quelqu'un qui va mal qu'il va s'en sortir, plutôt que le contraire. Mais ce n'est pas un avis objectif.
Objectivement, étant donné que cela fait maintenant vingt ans que je ne m'en sors pas, le plus probable, et de loin, est que je continue à ne pas m'en sortir. Pas le contraire. Les gens espèrent le contraire, mais ce n'est pas objectif. Je n'aime pas ce qui sous-tend l'existence des gens, ce qui leur plaît, ce qui les anime, ce qui les fait se sentir vivants. Cet état de fait, violent, demeurera, et il ne peut être combattu.

Je ne sais pas si je vais me préoccuper de mon alimentation. Cela me semble vain, cela me fatigue et je n'en ai pas envie.
Je ne sais pas si je vais refaire du sport. Cela me semble vain et je n'en ai pas envie.
Je ne sais pas si mon salon va rester rangé. Probablement pas.
Je ne sais pas si j'aime encore mon métier. Et c'est très inquiétant.
Non je n'aime pas la lumière. Elle me gonfle, la lumière. Autant que l'obscurité. Souvent même davantage.

Je continue à m'isoler. J'augmente même mon isolement. J'insulte les gens qui veulent m'aider. Parce qu'ils m'exaspèrent. Je les fais fuir.
Il y a une part d'auto-destruction. Parce que je préfère l'auto-destruction à la reconstruction. Je n'aspire à rien. Certainement pas à faire des efforts.
Décourager les personnes qui veulent m'aider est la meilleure façon de me tenir loin de ces efforts décourageants.

2.9.16

Rentrer

Dépression est là, tapie, guettant.
Solitude en est un terreau.
Voir du monde aussi.
Il faut de la joie pour vivre.
En manque.
Et ne puis en générer.
Société m'a broyé.
Êtres humains m'ont broyé.
Simplement en existant.

Est-ce ma faute ? Suis-je coupable ?
Ma perception du monde est-elle fausse ?
Ma perception d'autrui est-elle fausse ?
Une perception ne peut être fausse, elle est ce qu'elle est.
Je devrais percevoir les choses autrement ?
Je les perçois telles que je les perçois.

On répète à l'envi que le temps passe vite, qu'il ne faut pas le laisser filer.
Pour moi il passe bien trop lentement.
Je n'ai pas fait grand-chose de mon existence, mais que pouvais-je bien en faire ?
Que pouvais-je bien avoir envie d'en faire ?
Encore beaucoup d'années s'annoncent devant moi.
Beaucoup trop.
Et toujours cette vague survie ne ressemblant pas à grand-chose.
Désabusé et triste.

9.8.16

Elan, et puis

Hospitalisation n'aurait de toute façon probablement servi à rien.

Trouvé un bon élan fin juin, début juillet. Arrêté les anti-dépresseurs, recommencé le sport, rangé et nettoyé entièrement mon appartement pour la première fois depuis emménagement il y a trois ans, acheté des vêtements, des choses pour l'appart, réglé tout l'administratif, lavé la voiture pour la première fois depuis achat neuve il y a six ans. Puis me suis mis à tousser de manière moche pendant un mois, peut-être pour avoir couru deux fois par semaine partiellement dans la pollution urbaine. Très pénible. Médecin a dit qu'il n'y avait rien à faire, qu'attendre. Aurais préféré une maladie, curable ou non. Etais motivé pour bien jouer dans mes trois tournois prévus sur durée de trois semaines, me trouvais en situation psychologique positive. Résultat : ai joué de manière assez médiocre. Assez dépité. Retour dans appartement rangé avant prochain départ dans dix jours. Dépression recommence à m'assaillir. Pénible.

Que tous les prétendus professionnels de santé aillent se faire foutre.
Que tous ceux qui ont cru pouvoir m'aider aussi.

18.6.16

Hôpital

Mes deux psys m'ont recommandé l'hospitalisation. J'étais d'accord.
Mais après avoir entrepris les démarches, je me suis rendu compte que ma mutuelle ne prenait pas en charge la psychiatrie (125 euros par jour). Et que je ne peux pas changer de mutuelle avant janvier prochain. Génial.
Mon psy m'a passé de la paroxétine à la duloxétine, mais je doute que ça change grand-chose.
Je vais vraisemblablement demeurer avec mes problèmes.

12.6.16

Efforts

Je ressens de l'injustice lorsque l'on me dit que je n'ai pas fait assez d'efforts ou que je n'ai pas assez fait confiance.
C'est beaucoup d'efforts pour moi d'être allé consulter 7 professionnels différents en 2 ans, alors même que je n'y croyais plus, d'avoir fait les démarches pour, de leur avoir fait confiance justement, sur des durées que l'on peut estimer courtes mais qui pour moi sont déjà très longues. D'y avoir cru, sincèrement. De m'être investi à 100%.
En décembre j'ai écrit à mon ancien psy que je souhaitais que l'un de ses enfants meure. J'ai aussi pensé à incendier son cabinet. Pareil pour mon psy actuel. D'où peut venir cette haine, si ce n'est d'un sentiment d'avoir fait mon maximum pour être aidé, de m'être investi à 100%, d'avoir accordé ma confiance, d'avoir dépensé de l'argent, d'avoir eu de l'espoir, pour que tout cela aboutisse sur du vide ?

Est-ce que mes efforts ne se sont pas portés où il fallait ? Mais comment puis-je savoir où ? N'est-ce pas aux professionnels de m'orienter ?
Qui est en dépression ? Qui souffre ?
Mes torts, j'en ai certainement, mais qui sont les professionnels de santé ?

Faut-il me rapprocher du fonctionnement humain alors que j'ai passé ma vie à le fuir ? C'est une vraie question.
Par exemple faut-il me pousser vers le sport et/ou la sexualité, pour des questions chimiques ?
L'être humain est-il donc si esclave de la chimie ?
Faut-il simplement l'accepter sans pouvoir rien choisir ?

Pourquoi ai-je fui le fonctionnement humain ? Il doit y avoir des raisons. Il doit me déplaire, me répugner.
Comment puis-je aller mieux en m'en rapprochant ?
Je pose la question sincèrement.

Je consulte, consulte, mais je reste toujours avec mes questions.
Aujourd'hui ma question principale est : puis-je me faire aider ?
Ou suis-je simplement, c'est une possibilité, condamné à être dépressif chronique ?
La question est légitime.

20.5.16

Absence de choix, absence d'espoir

Je n'écris même plus. Joie.

Vais étudier mon sommeil. Doute fortement qu'il y ait un problème majeur.
Ce serait une bonne surprise.

5ème mois de re-nutrition. Résultats douteux.
5ème mois de thérapies multiples et variées. Résultats douteux.
6ème mois d'anti-dépresseurs. Résultats douteux.
Passé aux neuroleptiques depuis un mois. Scepticisme.

J'aurais fait le choix de vivre ?
Je n'ai strictement rien choisi. Je subis.
Je devrais me signifier que c'est mon choix ?
Je ne me mens pas facilement.
Je suis difficile à persuader de ce qui n'existe pas.

Des stratégies pour contourner les obstacles ?
J'en recherche depuis 20 ans.
Fuir les gens. Me fermer. Ne pas échanger. Vain.
Je ne vois pas comment oublier la médiocrité ambiante.
Ambiant est le mot qui correspond et on n'échappe pas à l'ambiant.
J'essaie d'y échapper, depuis 20 ans, sans succès.
L'école détruit la créativité de tout un chacun. C'est un fait.
L'école, et la société en général, détruisent les gens.
Il est vrai qu'il serait préférable de ne plus y penser.
Comment ne plus y penser ? C'est tellement énorme et déprimant.
Quels sont les motifs d'espoir ?
Je n'en vois pas.

Je ne comprends pas où les gens trouvent la force d'exister.

7.5.16

Traitement

Traitement pas du tout lourd :
  • Anti-dépresseurs
  • Neuroleptiques
  • Micro-nutrition
  • Etude du sommeil
  • Psy normal
  • Psy hpi
  • Psy hpi pour TCC

27.4.16

Lettre reçue

"Tu t'en fiches, des perfections, des qualités, des beautés inhérentes à chaque individu.
Tu ne fais rien pour changer quoi que ce soit. Tu ne votes pas, tu ne te révoltes pas, tu n'agis pas le moins du monde.
Tu te fiches de la collectivité et de l'ensemble. Tu les juges médiocres, ces autres, pour ne pas avoir à les connaître ni à les aider, pour alimenter ton propre désespoir.
N'importe qui d'autre ou presque se soucie plus d'eux que toi. Eux, au moins, ne les utilise pas comme un prétexte à un mal-être qu'ils n'ont pas voulu provoquer, ce serait la moindre des politesses.
Si l'humanité en est réellement à un stade pathétique et lamentable, tu en es responsable puisque tu en fais partie et que tu n'as rien essayé de changer.
La fille dénuée d'empathie, là, elle a aidé une trentaine de personnes en trois mois, de l'étudiant privé d'appartement à cause de son nom, au type qui allait être expulsé en laissant sur place sa femme et son bébé. Elle part du principe que tout être humain a une qualité et une valeur. Tu pars du principe qu'un être humain n'en a pas. Moi, j'ai l'avantage de pouvoir m'endormir en ayant le sentiment d'avoir été utile.
Au passage, j'ai vu après que tu n'avais jamais reçu mon dernier sms, que mon portable avait mystérieusement transformé en mms alors qu'il est incapable de les envoyer. Je te disais que c'était une bonne nouvelle que les anti-dépresseurs ne te rendent pas idiot car ils pourraient t'aider à réfléchir, à être lucide, en t'amenant peut-être à trouver une raison juste à tes problèmes et donc à les guérir.
Mais en fait, je crois que ton cas est désespéré. Tu es rempli de stéréotypes sur lesquels tu ne reviendras pas, impossible pour toi de te remettre en question. C'est tellement plus facile de penser que les autres sont médiocres.
Je n'attends aucune réponse à ce message. Si cela se produisait, je n'y répondrai pas. D'ailleurs, je vais essayer de ne plus jamais lire ton blog afin d'éviter de m'énerver inutilement. Je l'envoie en pensant qu'un jour peut-être, par vieillesse ou suite à une rencontre, tu auras enfin mûri.
J'espère sincèrement qu'avant ta mort, tu sauras l'enlever, cette poutre monumentale dans ton œil que tu es incapable de remarquer."

6.4.16

Désolation

La nature humaine m'afflige et je ne trouve pas consolation à hauteur de la désolation.

Quand on en a marre de tout, on n'a plus la force de rien.

Paraît-il que je devrais travailler sur mon ressenti face aux erreurs, imperfections, injustices, cruautés, médiocrités, etc. Je devrais réussir à les ignorer ? A ne plus les ressentir négativement ? C'est impossible.
Cela signifierait que je m'en fiche. Que je ne me préoccupe que de mon seul bien être, et pas du collectif, de l'ensemble. C'est ce que font les autres, sans doute. Et c'est pour ça que l'on en est là où on en est, c'est-à-dire à un stade pathétique et lamentable. Je ne peux réaliser ce que je reproche à autrui, je ne peux agir de telle sorte que je moi aussi je contribuerais ainsi à la médiocrité ambiante.

1.3.16

Non

Le désespoir est de nouveau sur moi.
C'est inexorable.
L'hostilité ambiante m'agresse.
La médiocrité m'exaspère.
L'inertie m'écrase.
La tristesse m'accable.

31.1.16

Up

Je. Vais. Mieux.
Je. Remonte. La. Pente.
Je réalimente mon cerveau adéquatement pour qu'il refonctionne correctement.
Je m'ouvre un peu plus.
Je reste, évidemment, méfiant. Trop connu de faux espoirs et de rechutes par le passé.
Mais il est possible que cette fois, enfin, je sois sur la bonne voie.