27.5.08

Foule

Il faut tout de même que je décrive la scène surréaliste de l'autre soir. Le bus est à 100 mètres, les dernières personnes sont en train de monter. C'est le bus que je dois prendre et le suivant est seulement dans quinze minutes donc je serais forcément bien content de l'avoir. Mais je n'esquisse aucun geste. Une personne me double, une dame plutôt âgée je crois, qui a des difficultés à se mouvoir, mais elle veut avoir le bus alors elle lutte, elle claudique, elle s'arrache et finalement elle arrive à temps. De mon côté je n'ai toujours pas bougé, je me suis résigné en quelques sortes. J'aurais pu lui emboiter le pas hein, je l'aurais fatalement eu. Mais non. Et quelque part ça m'a choqué. Je me demande si ça aurait un rapport avec cette histoire de "c'est une attitude négative d'être pressé", ou encore si ça a un rapport avec ma phobie de la foule au sens où courir pour finalement me retrouver dans cette situation (chose que je fais presque tous les jours, on est bien d'accord) me semblerait un non-sens.
Ca fait revenir sur cet éternel mal être en présence des autres, sur cet éternel poids du regard des autres. L'autre jour également j'ai abandonné l'idée de prendre le tramway quand j'ai vu qu'il y avait autant de monde.
Et finalement on peut trouver tout un tas de petites choses comme celles-ci qui ont tendance à remettre en question le fait que je vive. Il y a le fait que je n'achète jamais rien, déjà évoqué je suppose, mais ça en devient grave au sens où même ce que j'aurais objectivement besoin. Je ne fais pas la démarche, parfois je connais à peine la démarche ou je ne veux pas en entendre parler. Il y a cette quasi absence de potentialité de couple. Il y a ces horaires complètement décalés, il y a ces contenus de repas si inconsistants, etc.
Mais en fait, c'est juste que je ne vis pas au sens où les gens l'entendent habituellement. Si j'existe comme j'osais le prétendre ou l'espérer, c'est selon ma définition. Et toutes ces choses qui peuvent donner l'impression que je ne sais pas vivre, c'est aussi ce qui me différencie des autres, c'est aussi ce que je cultive.
Pour le poids du regard des autres, qu'on peut associer à mes difficultés à supporter les conversations de base des autres, c'est un peu différent car c'est quand même quelque chose qui est lourd à porter et qui est néfaste. Le reste ce n'est pas si sûr.

9.5.08

Apnée et étau

Rush n'est même plus le mot, ça tend vers l'apnée. Je crois que les vacances estivales seront des plus bienvenues.
Revu "21 grammes" ce soir, un tout bon film à mon avis. Je sais : on a connu critique plus loquace. Mais au soir de ce 8 mai je suis fatigué, il faut dire que je m'en suis servi pour faire tout ce que je n'avais pas eu le temps de faire durant les jours non fériés (!).
Quelqu'un de fatigué peut-il avoir des choses intéressantes à écrire ? Je prétends que ça peut tout à fait être le cas. En l'occurrence on peut imaginer que si je trouve et prends enfin le temps d'écrire, c'est que ça doit être justifié. Et ce bien que j'avoue ne pas forcément avoir de thème précis en tête. Simplement j'arrive à être encore attaché au besoin d'écrire et tant mieux.
Je sais que j'ai déjà une petite série de thèmes griffonnés ces derniers mois.


Je voudrais parler de l'étau. L'étau dans lequel je suis enserré, dans lequel plusieurs d'entre nous sont sans doute enserrés. Il est composé d'un côté de la foi et de l'autre du désespoir. D'exister j'entends. Pour moi ils pourraient être symbolisés par mes notes du 5/6/07 d'un côté et du 1/3/08 de l'autre. Je suis trimbalé régulièrement de l'un à l'autre. Durant quelques temps j'acquiers de la motivation, de l'envie, j'ai foi dans les potentialités qui se présentent à moi, ce qui mène à vivre, avancer, exister. Et puis à un moment les éléments globalement cités dans la note du 10 mars*, qui étaient les raisons m'ayant pratiquement poussé à m'ôter la vie, me rattrapent fatalement et je ne crois alors plus en rien, les potentialités n'apparaissent plus alors que comme des mirages et le genre humain m'exaspère. J'allais ajouter "à nouveau" car c'est une sorte de cercle. Pourtant moi qui ai horreur du tout blanc/tout noir, ça y ressemble. Mais je ne sais pas si c'est aussi simple, il y a sûrement plusieurs nuances, pas forcément faciles à expliquer pour se faire comprendre. Voici l'étau que je voulais évoquer. On a connu pire, je ne dis pas que c'est nécessairement horrible. Il est évident que lorsque j'étais noyé sous sa seule partie négative la situation était, elle, critique. Par contre j'ai le sentiment que la partie positive peut disparaître à cause de la partie négative, mais pas le contraire. Et j'ai peur qu'un jour le désespoir l'emporte sur tout, que la rotation ne soit pas infinie et qu'un jour elle s'arrête en bas pour ne plus remonter. Est-ce simplement du pessimisme, à moitié séquelle de plusieurs années de calvaire ? Est-ce qu'il n'y a pas toujours de nouveaux espoirs qui viennent suppléer aux disparition des précédents ? Peut-être mais pour l'instant j'ai un doute sur les potentialités de la vie à en créer tandis que j'ai des certitudes quant à tous les éléments qui (me) mènent au désespoir. Je doute que ceci change, ou alors pas avant très longtemps.

Pour en venir au concret par rapport à cela, j'ai des espoirs et des satisfactions quand je vois un Gabriel au France jeunes, la réussite d'un tournoi scolaires ou même ma réussite personnelle à Vichy. Et j'ai des doutes quand je vois les difficultés à monter une école d'échecs, l'intérêt d'apprendre les règles en masse dans les écoles (de plus je me vois mal le faire des années et des années malgré ma foi inamovible dans le jeu) et les fragilités liées au facteur humain. Je ne suis pas mécontent de ne pas trouver plus de doutes (même si une relecture des notes précitées y pallierait sûrement...).

* Si je reprends "Je pensais que mon problème relationnel et la problématique d'effectuer des activités intéressantes pèseraient toujours trop lourd pour que j'arrive à exister." d'il y a 3 jours, je dois quand même noter que c'est incomplet. Il y avait aussi le problème de la lassitude, les souffrances par rapport à l'avidité générale d'émotions, de sensations, d'argent, par rapport au bas niveau intellectuel général, la pauvreté des conversations, par rapport au poids des apparences, du corps, etc.