19.1.09

"L'état du monde" en vidéo

Le Ce soir ou jamais du 14 janvier, avec trois philosophes et un historien.
Avec les quelques réserves que l'on peut habituellement faire sur Onfray et l'arrivée incongrue de Paul Auster à la fin bien que pas complètement hors sujet cependant.

http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/index-fr.php?page=emission&id_rubrique=515

14.1.09

Excès de CO2

"Pic de pollution, réduire vitesse 20km/h, contrôles".
Ah oui ? Le jour où je recevrai une contravention "pour cause de réchauffement climatique", l'Homme aura fait un grand pas pour sauver la planète...

1.1.09

1st

En de rares occasions, comme cette semaine, je ressens de plein fouet ma différence par rapport au reste du monde en général.
Il y a quelques jours à peine j'évoquais le fait que ce que je trouve de plus intéressant, je ne peux le faire partager aux gens en général. Je ne peux sonner à la porte de mon voisin pour lui dire ma joie d'avoir réussi à remettre des mots dans l'ordre en un temps record, ni lui faire partager la beauté d'un déplacement d'une pièce d'échecs. Je pourrais aussi employer le vocabulaire que j'emploie habituellement et qui serait parfaitement incompréhensible pour 99,99% de la population.
On peut dire que les gens n'ont pas les mêmes centres d'intérêt, que cela crée toujours certaines barrières, mais quand les intérêts ne concernent que des toutes petites minorités les barrières ont tendance à devenir des gouffres. Écouter une chanson, même s'il existe quantité de musiques différentes, lire un livre, même s'il existe quantité de genres différents, regarder un film, même s'il en existe quantité de différents, cela parle à tout le monde, c'est quelque chose qui relève tout de même de l'expérience commune, et les gens peuvent communiquer, se comprendre ou essayer de comprendre, partager. Même si les gens ne lisent plus tellement.

Je peux reprendre quelques thèmes griffonnés qui s'imbriquent bien dans cette problématique de la différence.
Je voulais parler de ce mépris et de cette condescendance qui me prennent aux tripes quand je commence à entendre une conversation dans la rue ou dans les transports en commun. Entendre ces morceaux de vie des autres crée en moi ce malaise quasi immédiat, qui m'oppresse progressivement de plus en plus, au fur et à mesure que la conversation avance. Comme si j'étais confronté à quelque chose de malsain et de gênant. Rendons nous compte qu'on parle ici de la vie sous sa plus simple forme. Je sais que c'est quelque chose qui peut être complètement incompréhensible, au point même sûrement qu'on pense que je l'invente, que ce sont des histoires de pseudo écrivain.
Je voulais parler de la prise de recul. Parfois déjà évoquée mais ça revient tellement. Comment dire ça sans être immédiatement accusé de complexe de supériorité ? J'ai si souvent l'impression que les gens ne voient pas les choses de manière globale, qu'ils ne regardent pas les différents aspects d'une question. Quand je suis confronté à quelque chose je vois maintenant de plus en plus vite les différentes pièces du puzzle, les différentes implications, obtenant une vision générale assez rapidement. Je suis là en plein cœur du problème d'annoncer des choses flatteuses, ça met tout de suite mal à l'aise et on se voit même mal le dire ou le publier. C'est quand même embêtant car à un moment donné il faut bien trouver des mots pour exprimer une réalité. Et celle-ci en l'occurrence est quand même un des éléments à la source de mon profond mal être. J'avais parlé de l'exemple des personnes qui se fâchent gravement, récemment j'ai passé du temps sur le rapport entre les banques et les particuliers, je suis souvent confronté à des situations où la question de l'éducation se pose, où des développements d'activités sont discutés, j'aperçois aussi cette tendance à ne voir qu'un côté de la pièce dans les commentaires d'articles sur le net, etc.

Concrètement mon rapport à l'argent, mon rapport à l'amitié, mon rapport à la famille, mon rapport avec mes sentiments, mon rapport au corps, presque à tout finalement. Sans oublier mon rapport à la mort puisque je pensais encore il y a quelque jours que mon suicide se produira lorsque je sentirai que je n'ai plus assez d'énergie pour avancer, peut-être que ça sera vers 40 ans ou un peu plus. Même si dans ce domaine en particulier, penser est une chose...


Finissons par revenir sur cette sombre histoire du changement d'année. Comment expliquer cette joie béate d'une majorité écrasante à continuer de célébrer ce non événement annuel ? C'est là que je me dis à nouveau que les gens ont besoin de fêter, même si le prétexte est insignifiant. Fêter pour fêter. Pour se retrouver aussi sûrement. Un élément que j'ai sûrement sous-estimé ces dernières années dans le phénomène de fête. Se retrouver. Je ne devais pas encore avoir assez de recul, pour moi c'est détestable donc j'ai dû l'occulter de manière naturelle, occulter la possibilité que ça puisse être un moteur chez tant d'autres, j'étais trop enfermé dans ma vision. La prise de recul je ne l'ai pas dit tout à l'heure mais ce n'est bien sûr pas inné, ça s'acquiert avec le temps et les expériences, j'imagine. Puisque j'évoque la question de l'inné et de l'acquis, comme ça en passant j'ai l'impression que la qualité des acquisitions dépend pour une part non négligeable de la qualité de l'inné. Certaines qualités, dont l'intelligence forcément, favorisent les acquisitions, la vitesse et l'efficacité à laquelle elles sont réalisées.
Donc la nouvelle année. Je cherche encore à comprendre. Si tant est qu'il y ait quelque chose à comprendre. Fêtons-nous Fêtent-ils l'invention du temps ? L'invention de ce découpage par l'homme. Je ne suis pas sûr que nous puissions nous en réjouir. Le capitalisme peut revenir sur la table. La chronométrie des vies des gens aussi. Désinventons le temps. Oui doux rêve, évidemment. Mais pendant quelques secondes quelques instants. Le monde ne se détend-il pas tout d'un coup ? Se relâcher, pas jusqu'à l'inertie mais juste pour se désétrangler.
Est-ce juste une tradition ? J'ai bien aimé les mots d'Edgar Morin l'autre soir, aujourd'hui on a peur de l'avenir, l'angoisse, l'incertitude, donc on se retourne vers le passé. Les traditions en font partie, ça pourrait être une des explications de leur force. Bon, prenons un peu de recul - encore une fois - et observons à quel point l'Homme en est en ce premier jour de 2009. Peut-on en être satisfait ? Voyons si notre grand respect historique des traditions a été satisfaisant. Ce n'est peut-être pas ce qui est à la source de nos plus grands problèmes, je l'accorde, cependant ne doit-on pas se poser les questions de ce que l'on fait ? Faire les choses par pure tradition, est-ce l'attitude d'une civilisation qui veut progresser ?
J'imagine que ce discours me pose en grand donneur de leçons. J'assume. Qui vaut-il mieux être ? Celui qui essaie de voir ce qu'il se passe et de suggérer des choses ou ceux qui hurlent Bonne aannéééééée tous les ans le 1er janvier à minuit ? Ah oui je vois déjà l'argument de l'amusement qui arrive. Je ne renie pas qu'il soit nécessaire. De toute façon on se heurte finalement sur ce point précis à une autre différence majeure, le besoin de fête. Mais j'assume tout. C'est aussi une des choses qui me fait tenir, de savoir ce que je suis et d'en être plutôt satisfait, même si je ne sais pas comment formuler cela. Parfois je me dis qu'une des rares choses positives c'est de pouvoir écrire comme ça de temps en temps.
Allons.

[Édit: la nuit porte conseil. C'est tout de même un phénomène surprenant que les vœux se poursuivent pendant les premières semaines de janvier, cela montre la force que cela a. En fait je crois que j'ai encore négligé un élément capital : les vœux c'est de l'attention portée aux autres. Comme les cadeaux. Ça n'est pas quelque chose de rationnel, c'est sentimental. Ca doit aussi être pour ça que j'y comprends rien. L'attention aux autres c'est comme se retrouver, ça me dépasse assez. Maintenant d'un point de vue plus général n'est-ce pas finalement une bonne chose qu'au moins une fois par an les gens se prêtent autant d'attention ? Il y a quelques temps j'avais dénigré le fait que ça soit imposé à telle date et une seule fois dans l'année, et je crois que quelque part j'étais dans le vrai, si la société allait bien, si elle avait assez progressé, peut-être que les gens n'auraient pas besoin qu'on leur dise quand est-ce qu'il faut prêter de l'attention aux autres, ils le feraient d'eux-mêmes régulièrement. Mais j'idéalise sûrement trop. En attendant admettons que les gens soient encore des enfants et qu'il leur faille des points de repère pour savoir quand c'est : anniversaires, noël, nouvelle année. La fête des mères en pointillé parce qu'il faut quand même célébrer la reproduction de l'espèce. Même si c'est une espèce qui progresse si lentement...
Tout ceci me laisse fort dubitatif.]