15.7.09

Rechute

Étant donné que ce doit être à peu près la 2ème fois en de nombreuses années que je bois assez d'alcool pour que ça me monte à la tête, on peut dire sans risque de se tromper que les choses vont mal.
A dire vrai, ou à vrai dire, je ne saurais dire ce qui va.
Pendant que j'y pense : comme le dit l'un des personnages de Dostoïevski, cela fait parfois du bien de se rendre justice à soi-même. Ça n'a juste aucun rapport mais c'est pour ne pas oublier.

Tu peux courir. Tu peux agir, tu peux remplir ton emploi du temps pendant 10 mois, tu peux avoir choisi ce qui te plaît le plus, tu peux avoir fait le maximum pour rendre ton existence plus proche de ce que tu estimes le meilleur pour toi, ou plus loin de ce que tu estimes le pire, puisque finalement il s'agit souvent de cela, particulièrement de nos jours, même s'il apparaît bien difficile de dire que c'était mieux avant, et pratiquement encore moins que ça sera mieux demain, mais au final il s'avère que quelle que soit la vitesse à laquelle tu coures, quels que soient tes efforts, la réalité te rattrapera toujours. Et ma réalité est d'une simplicité infantile, c'est que je ne suis pas compatible avec l'existence. Tu peux tourner le problème en tous sens, tu peux essayer de te convaincre que finalement, peut-être, qui sait, et pourquoi pas, mais en fait c'est inévitablement non.
Bien que la tête me tourne et que ça soit rare, j'ai rarement été aussi lucide.
Tu crois que tu as réussi, tu crois que les choses se sont ordonnées d'une manière pas trop incorrecte, et puis tout d'un coup tu regardes autour de toi et tu vois un chaos pas possible. Ce n'est pas vraiment comme si tu y croyais (à l'ordre, à la magie), mais c'est que tu ne faisais plus attention, sans t'en rendre compte. Et tous comptes faits je crois bien que j'y croyais, ou vraiment pas loin. Quelle naïveté !!
Coupable de naïveté c'est quand même la pire des réquisitions que je puisse recevoir sur la tête. Je plaide l'inconscience. Ah, quelle ironie ! Le surconscient plaide l'inconscience ! J'ai comme l'impression que cela risque de s'avérer irrecevable !
C'est vrai que c'est étrange. D'un autre côté, tout comme je n'y croyais pas vraiment, ne l'ai-je pas également toujours sue (la vérité) ?

Pour commencer il est certain que ça ne sont pas mes achats inattendus qui vont me rassurer.
Ni le chaos incroyable régnant dans mon appart, bien que j'y sois surhabitué.
Ni les invitations incessantes à facebook que je reçois. Ni le fait, effrayant, que j'envisage à hauteur de 30% de m'inscrire.
Ni le fait que je sois bien obligé d'acquiescer à la phrase "la chair est faible", grande honte pour quelqu'un qui prône la supériorité de l'esprit sur le reste. Il n'empêche qu'il faudra bien que j'écrive quelques mots sur ces deux soirées où cette midinette m'a à peu près autant enivré que le cognac ingurgité ce soir. Bon, un peu moins, chimie oblige, mais tout de même. Ce fut tout aussi inattendu, qu'agréable émotionnellement et/ou physiquement, voire mentalement, je n'en sais trop rien, c'est un sujet que je ne maîtrise absolument pas, que désagréable d'un point de vue philosophique, si je puis dire. Je ne renie rien mais je ne comprends pas tout. Chose rare.

Trois verres à dix-sept et il n'y a plus personne, bravo belle résistance ! Même pas la peine d'en servir un quatrième, la coupe est pleine.
Ni le loyer trop cher que je paye pour ce que j'ai. Ni les travaux à 10m qui commencent à l'aube alors que bordel c'est les vacances je veux dormir.
Ni mes gros doutes sur mon envie de poursuivre professionnellement dans ce que je fais.
Ni surtout sur ma prise de conscience permanente du fait que je sois plus intelligent que la moyenne. Je sais que j'enfonce le clou par rapport à la note précédente, mais je n'y peux absolument rien. Je pensais l'autre fois à tous les cas où des évidences ne sautent pas aux yeux de ceux avec qui je suis. A tous les cas où je viens de faire une allusion assez explicite qui n'a pas été saisie par mon ou mes interlocuteurs. Est-ce normal de devoir expliquer ce qui était censé être explicite ? N'est-ce pas désespérant* ? N'est-ce pas tout simplement une assez bonne raison pour se suicider ? Oui oui j'ai bu, mais tout de même, la question ne mérite pas moins qu'on s'y arrête sérieusement.
Une question simple : comment font les gens intelligents qui ne sont pas intéressés par l'argent et qui supportent mal les gens normaux ? Doivent-ils tout arrêter tout de suite ?

Plusieurs sujets à traiter le seront bientôt. Pour l'heure s'arrêter là semble plus sage.

* Edit : Ah oui au fait, on pourrait m'interpeller que je pourrais éventuellement aussi me retrouver dans le rôle opposé, le con de quelqu'un si on veut faire parlant. Ok pourquoi pas en effet, et pour quelle raison cela ne me désespérerait-il pas de la même manière ? Je serais tout aussi affligé de ne pas avoir conscience de ne pas comprendre tout ce que dit mon interlocuteur ! Et tout aussi déçu pour lui.