29.8.11

Redite

Je vais écrire cette phrase pour la énième fois : je vais mal.

Rien de nouveau, certes.

Mais si on réfléchit bien, les gens disent toujours un peu la même chose, alors qu'il n'y a rien de vraiment nouveau.
Les journaux publient toujours un peu la même chose, alors qu'il n'y a rien de vraiment nouveau.
Donc j'ai bien le droit d'écrire que je vais mal, même si on le sait déjà depuis longtemps, non ?

Je ne sais même plus par quel bout commencer ! En fait j'ai tellement déjà tout écrit... Et lorsqu'il n'y a rien de nouveau, finalement le plus logique serait de se taire. Alors certes, si les journaux se taisaient, si les gens se taisaient, cela deviendrait un peu triste. Mais bon. On peut également penser qu'il est triste qu'ils disent toujours la même chose. Cela me semble tout aussi légitime.

Alors quoi, vais-je répéter que mon existence est vide ? Que je n'aime pas vivre ? Que je me lasse trop vite des choses ? Que j'ai trop peu de centres d'intérêt ? Que je supporte mal les conversations d'autrui ? Les aspirations d'autrui ? Etc, etc. ?
A quoi bon répéter tout cela ? Pour prouver que la magie n'existe pas ? Pour prouver que ces choses sont tellement réelles et fondées qu'elles ne peuvent pas disparaître miraculeusement avec le temps ?

Je pourrais dire un mot sur cette phrase qui fleurit un peu partout sur le web, "Connectez vous avec votre compte facebook.", qui commence à me sortir par les yeux.
Je pourrais parler de mon sourire en coin à voir les marchés boursiers s'effondrer et ses acteurs paniquer et pleurnicher, qui n'a d'égal que mon incompréhension et mon dégoût du système quasi-virtuel en question.
Mais à quoi bon ?

Dans le temps je terminais ce genre de notes en évoquant le suicide. Mais ça n'a pas de sens puisque je n'ai de toute façon pas la certitude que ça soit la meilleure option, ni la force de procéder.

A un moment donné j'écrivais qu'écrire restait l'une des dernières choses importantes de mon existence. Visiblement pour l'instant elle a plus ou moins disparu. Il semblerait que je n'aie plus rien à dire. Voilà qui est triste. Même si j'ai un peu écrit par mails plutôt qu'ici ces derniers mois. Mais ce n'est pas censé être incompatible...

Lorsque j'indique que je ne vais pas au mieux - belle formulation minimisante - on me répond parfois qu'on espère que j'irai rapidement mieux. C'est gentil, mais c'est confondre avec un cafard temporaire lié à un événement en particulier. Cela fait une dizaine d'années que cette situation perdure, sans être liée à rien de précis autre que mon rapport à l'existence. La manière relativement froide avec laquelle je relate la situation contraste avec un style passionné qui pourrait être utilisé en cas d'événement ponctuel particulièrement décevant ou marquant.
Il est vrai qu'il est difficile d'intégrer qu'une personne puisse ne pas aimer vivre, de manière continue, sans que cela soit lié à un événement et sans qu'il soit possible d'y faire quoi que ce soit. Peut-être que c'est juste trop triste pour le tempérament naturel de l'être humain, comportant généralement beaucoup d'espoir.