31.12.10

Billet d'humeur

C'est marrant comme à force de ne rien faire on a tendance à oublier qu'on n'est pas adapté au monde qui nous entoure. Et comme quelques formalités consécutives vous le rappellent avec fracas.
J'en ai assez, j'en ai assez, j'en ai assez. Mes inadéquations avec le monde ne disparaissent évidemment pas. Aller faire réparer sa voiture. Aller au guichet de sa banque. Faire des comptes. Choisir quelque chose au restaurant. Envoyer des mails enthousiastes sans recevoir de réponse. Ne toujours pas savoir pourquoi se lever le matin. Finir par se lasser de manger systématiquement la même chose. Comprendre que le futur est encore bien plus compromis qu'on ne le croit car la majorité des parents ne savent plus éduquer leurs enfants. Comprendre que les gens vont de plus en plus mal mais qu'ils s'en rendent de moins en moins compte parce qu'il existe de plus en plus de substituts / artifices / divertissements pour leur faire oublier. Être désespéré, à juste titre.

P.S. Et dire que certaines personnes se font passer pour asociales. C'est amusant. Qu'elles commencent par vérifier qu'elles n'offrent aucun cadeau de Noël et ne souhaitent aucun voeux. On verra ensuite combien restent en lice.

29.12.10

Economie et inégalités

Comment peut-on encore s'étonner de l'accroissement des inégalités ? Le système économique tout entier contient tous les vices pour cela. A commencer par l'une des bases du système : les intérêts bancaires. Ceux-ci sont proportionnels aux sommes. Ainsi ceux qui ont beaucoup d'argent en banque voient cet argent augmenter tout seul de manière sensible tandis que ceux qui en ont peu ne voient que de petites augmentations.
Oh on peut dire que j'énonce là des évidences, tout le monde sait cela. Oui mais de nos jours les gens savent beaucoup plus de choses qu'il y a quelques siècles, même qu'il y a quelques décennies, mais ça ne suffit pas forcément. En effet savoir des choses isolées ne suffit pas à les voir dans leur ensemble et à avoir une vue globale. C'est une chose difficile et souvent les gens ne s'en rendent pas compte. Ils ont l'impression de savoir parce qu'ils savent comment fonctionnent les choses isolément mais c'est d'un intérêt limité si on ne comprend pas comment elles s'agencent entre elles et fonctionnent dans le système global.

Ce que je veux pointer ici c'est que l'un des fondements du système économique est l'un des fondements de l'accroissement - dramatique - des inégalités. Et je veux attirer l'attention sur ce point car on entend trop souvent des personnes dire que "les banques ne sont pas responsables des problèmes" ou encore que "le capitalisme n'est pas responsable de l'accroissement des inégalités", bêtise sans nom s'il en est.
Pour revenir aux intérêts il est important de prendre conscience de la puissance du phénomène. Notamment parce qu'il fonctionne dans les deux sens : ceux qui épargnent plus touchent plus, certes, mais il y a aussi l'autre côté : ceux qui mettent plus longtemps à rembourser paient d'autant plus cher en intérêts.
Ce n'est pas plus étonnant que cela car le capitalisme et le système bancaire ont érigé l'argent en toute première valeur, c'est néanmoins catastrophique. La notion de valeur est essentielle... Il faut s'en rendre compte, il faut voir à la fois les choses positives et les choses négatives. Et il ne suffit pas de dire "qu'est-ce que vous proposez à la place" pour, en l'absence de réponse satisfaisante, en conclure que nous devons en rester là où nous en sommes, c'est une erreur fréquente et insupportable ! Mettre le changement de tout le système sur le même plan que des aménagements au système existant est une hérésie.

Qui souhaite que les inégalités augmentent ? Personne ne l'affirme, même si certains le pensent peut-être. Mais il faut sans cesse se poser la question en terme de progression globale de la société, de l'humanité. Donc : pour la progression globale est-il souhaitable que les inégalités augmentent ? La réponse semble évidente.
Donc, au risque de faire hurler les économistes (ça ne serait pas très grave !), si on veut réduire les inégalités il faudrait inverser le système des intérêts :
- les intérêts seraient d'autant plus élevés que les sommes sont petites
- les intérêts seraient d'autant moins élevés que les sommes sont grandes
- pour les emprunts les intérêts à rembourser doivent s'adapter aux revenus
(concernant les emprunts, rappelons que le prix Nobel de la paix 2006 est Muhammad Yunus du Bangladesh, considéré comme l'inventeur du microcrédit, idée qu'il a eue en 1974)
Je verrais bien des intérêts à 10-15% pour ceux qui ont moins de 2000 € sur leur compte, intérêts qui baissent ensuite de 5 à 10% par exemple pour les sommes de 2000 à 5000, puis de 3 à 5 jusqu'à 15 000, puis 2 jusqu'à 100 000 puis 1 au dessus. Par exemple, pour donner une idée. Évidemment il conviendrait de s'assurer que personne ne tente de contourner le système en abritant de grosses sommes sur d'autres comptes, etc.
Cela ferait s'écrouler le système ? A voir ! Ça ne serait pas très grave de le faire s'écrouler et de recommencer à zéro d'ailleurs... Cela diminuerait les bénéfices des banques ? Oh quelle chose grave...

Cela pousserait surtout à mener une grande réflexion sur la place de l'argent, sur la place qu'on aimerait qu'elle ait pour une société souhaitable et équitable, sur les inégalités et les failles béantes du système actuel.

Quand le peuple n'a plus confiance

Quand un pays ne croit plus en sa justice c'est qu'il va très mal.
a dit Aubry il y a peu il me semble. Peu importe qui le dit d'ailleurs, c'est le concept général qui compte : lorsque le peuple n'a plus confiance dans ses élites, le pays va très mal. Car on peut placer la justice dans les élites, tout comme la politique, et beaucoup d'autres domaines.
Quand le peuple réclame à outrance de la transparence à ses dirigeants, c'est que la confiance est rompue. En effet on ne demande pas de la transparence ou des explications lorsqu'il y a un climat de confiance, les choses se font alors naturellement.
Or actuellement en France (et ailleurs) le doute est quasi omniprésent, et cela se traduit de plus en plus par une demande permanente de transparence. Les affaires mondiales récentes sur WikiLeaks nous ont amené à nous intéresser à cette question de la transparence. Il s'avère qu'une transparence totale ne serait pas non plus une bonne solution pour permettre aux personnes de travailler sereinement.
Et la simple exigence de transparence rend mal à l'aise même les personnes qui n'ont rien à se reprocher.

Entre opacité et transparence il y a un équilibre à trouver. Un équilibre qui se trouve aisément lorsque la confiance est présente. Mais actuellement elle est rompue et comme c'est une chose fragile qui met beaucoup de temps pour se mettre en place la situation est vouée à rester chaotique un certain temps entre le peuple et ses élites...

28.12.10

De la crise économique au ciment de la société

La crise économique a-t-elle une influence réelle sur nos existences ? A part les frais qui augmentent, on n'en a peut-être pas tellement l'impression. Pourtant ça pourrait rapidement prendre une autre dimension.

Le pouvoir d'achat qui baisse, d'accord c'est désagréable, mais tant que le peuple ne se retrouve pas complètement étouffé on n'aura pas droit à un nouveau 1789. Et tant qu'il n'y a pas étouffement et soulèvement on aimerait espérer que l'argent ne soit pas un élément prépondérant dans l'existence de nos concitoyens. L'un des ciments majeurs de la société, en particulier en France, réside dans les associations. Les gens tendent à oublier leurs soucis financiers (leurs soucis tout court d'ailleurs) lorsqu'ils peuvent pratiquer régulièrement une activité associative. Or ils ont plus que l'embarras du choix et en sont généralement friands.

Ce ciment-là est-il invulnérable ? On pourrait le croire mais c'est loin d'être le cas. La crise économique peut venir le fissurer progressivement. Explications.

Qui dit crise économique dit baisse des subventions publiques, et ce malgré l'augmentation des impôts et taxes diverses. En 2010 les subventions publiques ont commencé à baisser sensiblement et c'est amené à continuer. Qui dit baisse des subventions dit manque à gagner pour les associations (incluant les clubs), qui n'ont généralement pas tellement d'autre option que de compenser par une augmentation des cotisations. Il y a aussi une alternative qui consiste à rafler les subventions au détriments des associations "concurrentes". Le risque est réel qu'il s'installe ainsi un climat délétère aux antipodes de l'esprit associatif. Si les subventions baissent trop dramatiquement, c'est la survie des associations qui entre en jeu et qui dit survie dit généralement "tous les moyens sont bons", dont écraser les autres associations donc. Notamment par différents stratagèmes subtils comme proposer des fusions, piquer des membres aux autres association, lancer des rumeurs calomnieuses, etc.
L'ambiance deviendra de plus en plus pesante, de moins en moins conviviale. Des associations disparaîtront. Ce serait l'effondrement du sport, de la culture, des associations d'entraide, etc. Chose autrement plus inquiétante que quelques augmentations de taxes...

C'est le danger qui nous guette. Ce n'est pas une fiction improbable, les subventions publiques ont déjà commencé à baisser et ça n'est pas près de s'arrêter. Il est encore temps de prendre conscience du phénomène, d'alerter et d'agir avant qu'il ne soit trop tard.

12.12.10

La fête, la fête

La fête des Lumières. 4 millions de visiteurs en quelques jours. Me laisse de marbre glacé. Comme toutes les autres fêtes qui existent.

Au départ c'était le 8 décembre et point. Mais vous savez comment ça se passe. C'est un peu comme le 14 juillet, on ne sait plus trop bien si le feu d'artifice doit avoir lieu le 13 ou le 14, du coup il y en a les deux jours. Fête des lumières même combat : pourquoi pas le 7 au soir finalement, pour fêter le 8. Puis le 8 dans la foulée. Non mais attends, si le 8 tombe un samedi, ça serait quand même idiot de ne pas faire le dimanche 9 dans la foulée. Attends attends, si le 8 tombe un vendredi, autant commencer les festivités le jeudi soir et les finir le dimanche hein. Tant qu'à faire. Qu'on s'amuse un peu tant qu'on y est. Et voilà comment on transforme 1 jour en 4-5 jours. Et priez pour ceux qui n'aiment pas fêter.
Et commercialisation à outrance. Et de la foule à ne plus savoir quoi en faire, avec tous les profils possibles et imaginables. De la foule moutonnesque qui veut tout voir sans en perdre une miette. Foule à vomir, foule écoeurante. Et toujours ce besoin humain de fêter qui suinte à travers cette foule, par les pores de tous les gens réunis. Comme la semaine dernière pour le téléthon d'ailleurs.

Ce besoin très français, de fêter si souvent et le plus possible, confirme les quantités astronomiques d'anti-dépresseur consommées dans l'hexagone : les Français vont mal, très mal.