Janvier 2024
J'ai été content de l'année 2023 puisque j'ai réussi à tenir ma dépression globalement éloignée, ce qui n'est quasiment arrivé aucune année depuis quinze ans, et est donc appréciable à cette hauteur-là. J'espère que cela continuera ainsi, même si je sais que ça peut changer à tout moment.
Mars 2024
Hélas, sans surprise, la dépression est de retour depuis fin janvier. J'essaie de trouver des ressources extérieures (amicales notamment, pour me décentrer) mais ça ne donne rien.
J'ai été content de l'année 2023 puisque j'ai réussi à tenir ma dépression globalement éloignée, ce qui n'est quasiment arrivé aucune année depuis quinze ans, et est donc appréciable à cette hauteur-là. J'espère que cela continuera ainsi, même si je sais que ça peut changer à tout moment.
Mars 2024
Hélas, sans surprise, la dépression est de retour depuis fin janvier. J'essaie de trouver des ressources extérieures (amicales notamment, pour me décentrer) mais ça ne donne rien.
Ma meilleure amie, qui a historiquement été un soutien précieux, préfère à présent limiter les conversations avec moi car j'écris trop de choses négatives et elle est dans une nouvelle phase de sa vie avec un emploi prenant. Je la comprends. Elle m'a écouté pendant des années. Merci à elle du fond du cœur pour tout ça. Je n'aurais jamais tenu un dixième de ce qu'elle a tenu. Et elle va bien au niveau personnel et professionnel, je suis content pour elle.
J'ai commencé plusieurs conversations et rencontré deux personnes en mars. Mais difficile d'en retirer du positif.
Je conserve quelques conversations qui m'aident un peu, mais c'est insuffisant.
J'essaie de sortir marcher de temps en temps, mais c'est insuffisant. On m'a toujours dit qu'aller marcher une demi-heure au soleil faisait du bien aux êtres humains. Je l'ai souvent fait, je ne crois pas jamais en avoir ressenti des effets positifs. Je continue par inertie, probablement principalement pour ne pas devenir fou.
Je suis en contact quotidien avec quelques amis, mais c'est insuffisant.
Cela fait donc la 29e année consécutive que je subis une dépression chronique, de façon plus ou moins virulente. Et je n'ai pas d'idées pour lutter contre ça. Juste attendre que cela passe, peut-être dans quelques mois ou, espérons, quelques semaines.
Au fil des années, j'ai vu une quinzaine de professionnels de la santé mentale, et fait plus de 150 séances psy. Principalement en vain.
Tout le monde m'a toujours dit que la dépression ça se soignait, et même souvent "très bien". Vingt-neuf ans plus tard, je vois ça...
J'ai été choqué d'apprendre en 2021 les facteurs déterminant la réussite d'une thérapie et la faible part des compétences du praticien (https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-psychologie-2015-3-page-237.htm?contenu=article). Si je relis bien, les techniques spécifiques n'entrent en jeu qu'à hauteur de 15% de la réussite du suivi. En conséquence, je peux essayer 100 thérapeutes différents, le résultat final sera vraisemblablement plus ou moins le même que par le passé. J'ai pourtant toujours essayé d'être le plus collaboratif possible, mettant toute mon énergie, et le plus ouvert à la nouveauté. Et cela me rend très en colère.
Il me semble que tout le monde aime espérer. Espérer que l'on trouvera une solution. J'imagine que cela rassure de voir la dépression comme un problème pour lequel il existe forcément des solutions et que si on continue de chercher, que l'on change de thérapeute, alors forcément un jour on va trouver une solution. Cela fonctionne pour certaines personnes et c'est heureux. Je crois aussi que ça ne fonctionne pas pour d'autres, dont je fais partie.
Je me disais précisément aujourd'hui que je ne suis pas une personne qui a une dépression au sens où il s'agit d'une maladie, que l'on pourrait donc espérer soigner (ou pas), mais que c'est ma personnalité qui est dépressive, et qu'une personnalité ça ne se soigne pas.
J'ai eu l'impression que les professionnels que j'ai vus n'étaient pas formés à la dépression longue. Seule ma psychologue historique a évoqué le sujet. Un jour elle m'a dit que j'étais probablement "structurellement dépressif". Cela a été l'un des jours les plus tristes de ma vie mais, d'un autre côté, j'entendais enfin quelque chose qui ressemblait à la réalité de mon existence depuis 1995 (et probablement avant, dans une mesure moindre).
C'est très difficile ici de voir que cela revient encore et toujours et que je n'ai aucune piste d'amélioration, ni même l'envie d'en chercher : je l'ai fait de toutes mes forces pendant 8 ans, en vain. Cela m'a épuisé psychologiquement, et m'a convaincu par la même occasion que je cherchais quelque chose qui n'existe pas. D'ailleurs - et j'allais dire "ironiquement" mais finalement le mot adapté est plutôt "logiquement" - historiquement c'est à chaque fois que j'ai arrêté un suivi, arrêté de chercher, que je suis allé mieux. Cela a commencé en 1995, puis en 2003, puis en 2015, et plusieurs fois encore ensuite, et en 2022. Tandis que quasiment chaque suivi a été une longue souffrance n'aboutissant à rien. Par la faute de l'espoir. Un espoir insensé, irrationnel, humain.