Bonjour D.,
4.8.19
Marche
15.7.19
Nouvelles
Bonjour D.,
Je ne résiste plus si bien. Aucun partage. Aucune perspective.
Je
pense avoir identifié que j'utilise inconsciemment les échecs et le
scrabble comme supports à ma confiance en soi. Et ça ne marche pas. Mais
je n'ai rien d'autre.
Quand je joue à peu près correctement, je
trouve ça normal. Quand je joue mal, je ressens de profondes blessures
et je m'attaque.
Cela le fait même avec des parties amicales de quelques minutes sur internet.
Je
suis dans une recherche permanente de contrôle total. C'est sans doute
une des raisons qui font que j'évite de sortir de chez moi et
d'interagir avec des gens.
Que je ne supporte pas les jeux faisant
intervenir le hasard.
Et que je ne supporte pas le fonctionnement
humain. Ses besoins d'être aimé, ses besoins primaires, sociaux,
permanents. Sa dépendance au corps.
Je repense à Fanny Nusbaum
qui me suggérait les électrochocs (à moins que ce ne fut moi qui lui
suggérait et elle aura dit que c'était une possibilité). Quand une
neuropsychologue réputée en vient à cette extrémité, n'est-elle pas
vraiment désespérée ? Ou alors est-ce vraiment quelque chose qui peut
donner des résultats ? Y a-t-il des risques d'effets secondaires ? Je ne
m'en souviens plus.
J'ai très peu de souvenirs positifs de ma
vie. Ils ne se fixent pas dans ma mémoire car je suppose qu'ils ont
besoin d'émotions positives pour se fixer.
J'ai un certain nombre de
souvenirs négatifs, mais il pourrait y en avoir beaucoup plus car j'ai
sans doute mis en place des stratagèmes pour les vivre moins intensément
et donc moins les fixer.
Je dois gérer beaucoup de choses du
quotidien cette semaine, avant mon départ pour les championnats du monde. Cette gestion me stresse, comme d'habitude.
J'ai
beaucoup de mal à l'appréhender. Je dois aller dans des magasins.
Prendre rendez-vous chez le coiffeur. Faire mes comptes trimestriels
pour les déclarer à l'urssaf et à la caf qui me les réclame depuis plus
d'un mois.
Je ne sais pas comment je vais aller aux championnats et
cela me stresse d'être potentiellement isolé sur place. Typiquement avec
qui manger.
C'est peut-être aussi un peu pour ça que j'avais arrêté
les compétitions.
En plus d'être durement affecté quand les résultats ne sont pas là.
Je
remarquais qu'il y avait 730 repas par an, et je ne sais pas comment je
résiste depuis si longtemps avec une absence d'entrain à manger.
Je remarquais que j'aurai 40 ans dans 4 ans et ça m'a attristé.
L'une
de mes plus grandes sources de tristesse est d'être structurellement
dépressif. Je croyais longtemps qu'en travaillant dessus quelques
années, ça pourrait disparaître ou s'estomper suffisamment. Comprendre
que cela m'affectera toute ma vie est une source infinie de tristesse.
29.4.19
SMS
(12h37)
On ne traite pas les gens comme des objets. On ne les jette pas au gré de notre humeur. On ne les considère pas comme de vulgaires déchets. Les déchets n'ont pas d'émotions. Il faudra bien un jour que les gens finissent par le comprendre, si on veut une société un peu plus apaisé et harmonieuse.