4.8.19

Marche

Bonjour D.,

Je suis sorti marcher pour le troisième jour consécutif. 1h30 cette fois.
Je suis allé au centre commercial mais à pieds. Hélas le service après vente était fermé. J'ai quand même acheté une nouvelle batterie de téléphone et une bombe anti-moustiques.
Cependant la marche m'autodétruit. Mon esprit mouline dans tous les sens et alimente ma dépression. Je tourne en rond sur mes schémas, desquels ne se dégagent que des impasses et de la souffrance. J'utilise involontairement les éléments que je croise pour les alimenter : voitures, panneaux publicitaires, magasins, etc. C'est un processus qui me ramène à mon dégoût du monde et à mon incapacité à le tolérer. C'est un processus qui me broie. Dans les 10 dernières minutes de marche, j'étais particulièrement angoissé, j'avais du mal à respirer, j'avais la gorge serrée, j'avais envie qu'on me présente une bouton sur lequel appuyer pour mourir sur le champ.
La marche semblant donc être un processus qui accélère et aggrave mes affects dépressifs, je ne retournerai donc pas marcher.
Mon hypothèse est que chaque activité que j'essaierais de faire comporte ce risque.

S.

15.7.19

Nouvelles

 Bonjour D.,

Je ne résiste plus si bien. Aucun partage. Aucune perspective.

Je pense avoir identifié que j'utilise inconsciemment les échecs et le scrabble comme supports à ma confiance en soi. Et ça ne marche pas. Mais je n'ai rien d'autre.
Quand je joue à peu près correctement, je trouve ça normal. Quand je joue mal, je ressens de profondes blessures et je m'attaque.
Cela le fait même avec des parties amicales de quelques minutes sur internet.

Je suis dans une recherche permanente de contrôle total. C'est sans doute une des raisons qui font que j'évite de sortir de chez moi et d'interagir avec des gens.
Que je ne supporte pas les jeux faisant intervenir le hasard.
Et que je ne supporte pas le fonctionnement humain. Ses besoins d'être aimé, ses besoins primaires, sociaux, permanents. Sa dépendance au corps.

Je repense à Fanny Nusbaum qui me suggérait les électrochocs (à moins que ce ne fut moi qui lui suggérait et elle aura dit que c'était une possibilité). Quand une neuropsychologue réputée en vient à cette extrémité, n'est-elle pas vraiment désespérée ? Ou alors est-ce vraiment quelque chose qui peut donner des résultats ? Y a-t-il des risques d'effets secondaires ? Je ne m'en souviens plus.

J'ai très peu de souvenirs positifs de ma vie. Ils ne se fixent pas dans ma mémoire car je suppose qu'ils ont besoin d'émotions positives pour se fixer.
J'ai un certain nombre de souvenirs négatifs, mais il pourrait y en avoir beaucoup plus car j'ai sans doute mis en place des stratagèmes pour les vivre moins intensément et donc moins les fixer.

Je dois gérer beaucoup de choses du quotidien cette semaine, avant mon départ pour les championnats du monde. Cette gestion me stresse, comme d'habitude.
J'ai beaucoup de mal à l'appréhender. Je dois aller dans des magasins. Prendre rendez-vous chez le coiffeur. Faire mes comptes trimestriels pour les déclarer à l'urssaf et à la caf qui me les réclame depuis plus d'un mois.
Je ne sais pas comment je vais aller aux championnats et cela me stresse d'être potentiellement isolé sur place. Typiquement avec qui manger.
C'est peut-être aussi un peu pour ça que j'avais arrêté les compétitions.
En plus d'être durement affecté quand les résultats ne sont pas là.

Je remarquais qu'il y avait 730 repas par an, et je ne sais pas comment je résiste depuis si longtemps avec une absence d'entrain à manger.
Je remarquais que j'aurai 40 ans dans 4 ans et ça m'a attristé.
L'une de mes plus grandes sources de tristesse est d'être structurellement dépressif. Je croyais longtemps qu'en travaillant dessus quelques années, ça pourrait disparaître ou s'estomper suffisamment. Comprendre que cela m'affectera toute ma vie est une source infinie de tristesse.

S.

29.4.19

SMS

 (12h37)

On ne traite pas les gens comme des objets. On ne les jette pas au gré de notre humeur. On ne les considère pas comme de vulgaires déchets. Les déchets n'ont pas d'émotions. Il faudra bien un jour que les gens finissent par le comprendre, si on veut une société un peu plus apaisé et harmonieuse.

Bonjour,
J'ai épuré répertoire et messagerie ce lundi (et désinstallé WhatsApp). Aussi j'ignore quel expéditeur manifestement irréprochable m'adresse ce sms plein de griefs. Merci de m'indiquer un prénom si volonté que je comprenne ; sachant que mes actions sont rarement sans raison légitime, même si je demeure foutrement imparfaite.
L.

Avez-vous donc jeté tant de personnes comme des mouchoirs, du jour au lendemain, sans plus donner signe de vie, au cours des six derniers mois ?

Peut-être que n'ayant qu'une vie il ne faut guère s'en soucier. Et que ceux qui en pâtissent devraient se montrer plus robustes et moins rancuniers.

(J'avais oublié que votre prose était si agréable à lire)

Il m'arrive de couper les ponts, point. Rarement, mais ça se produit. Notamment quand je me sens mal à l'aise/indisposée par autrui, qu'il s'agisse de son comportement et/ou de ses propos.

Bref, j'ai demandé une identité et rien. Et je ne désire pas échanger avec un fantôme. Alors je souhaite à l'expéditeur inconnu de ces messages de tourner la page et une bonne continuation malgré tout, malgré ses multiples griefs.

L.

S.
Je vous espère en forme et épanouie. Comme je vous l'avais écrit en février.

J'espère que vous trouvez de la stimulation intellectuelle, et pas que. 
La coupure brutale me laisse encore un goût amer, mais elle n'a pas fait disparaitre les nombreux échanges plaisants et stimulants. Ils ne sont, pour ma part, pas faciles à reproduire.
Parfois il m'a même traversé l'esprit de vous les reproposer. Si tant est que vous répondiez, haha. Mais si vous en êtes déjà bien lotie je m'en réjouis.

(13h46)