12.12.14

Point lumineux

Sur le conseil, sans doute avisé, de A., je vais essayer de poster des éclaircies lorsque j'en rencontre.

J'ai commencé à travailler avec une personne spécialisée dans le haut potentiel. Nous n'avons fait que deux séances à ce jour, mais j'ai déjà plus avancé qu'au cours de toutes les séances précédentes avec des psys non spécialisés.
Evidemment, s'il y a bien une personne, au monde, qui ne va pas s'emballer, c'est moi. Evidemment, le chemin, si chemin il y a, s'annonce long, chaotique, difficile ; et accessoirement coûteux. Il est évident qu'il ne faut pas compter sur moi pour sortir les trompettes. Je doute même de les sortir un jour, même en cas d'amélioration substantielle, mais cela ne voudra pas dire que je ne sais pas l'apprécier à sa juste valeur.
Je pourrais fournir quantité de détails, mais je les garde dans mes notes privées.
Oui, c'est un point lumineux. Etant donné la masse d'obscurité, je ne serais pas très surpris qu'il s'y noie, je ne suis pas trop fan, je crois, des miracles - je suis un être rationnel. Mais, hé, il est là, ce point, et il va faire ce qu'il pourra, comme moi.

Merci à A. qui a téléphoné à ma place, après que mon troisième courriel ne reçut - lui - pas de réponse. Même si on ne sait pas ce qui adviendra, ce remerciement-là, lui, est légitime et ne disparaîtra pas.

9.12.14

Impasse - Impasse - Impasse - Impasse

7/12
(...)
J'ai tellement l'impression d'être dans une impasse. Je ne vois vraiment pas d'issues. J'ai tellement envie de rien. Je crois que je n'ai même pas envie de comprendre. Je me demande même si j'ai envie d'aller mieux, ce qui est fou comme phrase, mais cela donne une idée du désespoir dans lequel je me trouve. Oui j'ai envie de mourir. Tout s'arrêtera. Le monde tourne d'une manière qui est beaucoup trop insupportable pour moi. Il m'est impensable, impossible, de le considérer de manière sereine. La médiocrité est ambiante et je ne vois aucune réalité, aucune construction de la réalité, où je pourrais la supporter.
(...)
Je suis la destruction. Je suis le vide. Je suis la négation. Je suis le désespoir. Que l'on ne m'approche pas. Et que l'on souhaite ma mort, si ça peut aider à ce qu'elle se produise.

9/12
Je vais mal, très mal. Je ne cesse de prononcer "j'en ai assez de vivre". Je pourrais la prononcer cent fois de suite sans me lasser. Ces dernières 48h j'ai dormi 24h. Hier je me suis réveillé à 13h00, après 11h de sommeil, puis je suis retourné me coucher à 14h00.
Je m'en fous de tout. Tout. Tout dans son sens le plus vaste.

Je ne suis pas sûr de pouvoir échanger avec une personne qui aime manger.
Je ne suis pas sûr de pouvoir échanger avec une personne qui aime les gens.
Je ne suis pas sûr de pouvoir échanger avec une personne qui aime vivre.

Je ne sais pas comment les gens peuvent aller bien.

J'en ai marre d'être en vie et je ne vois pas pourquoi ça changerait.

Des raisons valables de me suicider, j'en vois 10 par jour. Ou par heure, je ne sais plus.
Il y a des gens qui fument. Des millions de gens. Je ne comprends pas.
La médiocrité ambiante. L'incroyable médiocrité ambiante.
Nous sommes en 2014. Regardons l'état de l'humanité. Et osons dire que cela ne mérite pas de se suicider.
Les gens ont besoin de reconnaissance. C'est une très bonne raison de se suicider. Ils ne devraient pas en avoir besoin. Mais ils n'ont besoin que de ça, ils en crèvent quand il n'en ont pas. Qu'ils se suicident, ils n'en auront plus besoin.
Je vois les décorations lumineuses dans les rues, cela me donne envie de gerber. Si j'entends quelqu'un s'extasier devant ces décorations, cela me donne envie de mourir.
Quand je suis en voiture, je me demande si quelqu'un va traverser sous mes roues et mourir sur le coup. Si cela arrive, eh bien cela arrive, ce ne sera sûrement pas une grande perte. Si c'est moi qui étais à sa place, ce serait même une bonne nouvelle.
Il paraît que le plaisir est ce qu'il y a de plus important. Putain mais ça sert à quoi au juste le plaisir ? C'est quoi le sens ? Je recherche du sens mais il n'y en a pas. Nulle part. Le plaisir ça sert à ce que les gens aiment vivre ? Mais cela leur sert à quoi, d'aimer vivre ? A pouvoir s'adonner à leur activité préférée, la médiocrité ?

Je ne suis pas meilleur que la médiocrité que je dénonce et abhorre.

Aller mal j'ai l'habitude, je sais ce que ça veut dire, ce que ça signifie, ce que ça engendre. Mais je crois que je suis rarement allé aussi mal qu'en ce moment.

3.11.14

Humeur en passant - Rien de spécial - Rien ne change

Une semaine de tournoi dans l'ouest. C'est censé être la chose que je préfère. Pas sûr que ça le soit encore. Peut-être est-ce devenu celle qui me déplaît le moins... De retour chez moi, la déprime post-tournoi habituelle. Mais sachant que la semaine écoulée ne m'a pas plu plus que ça, ce n'est sans doute pas qu'une conséquence, c'est forcément général.

Vraiment, je n'ai aucune envie d'être en vie. Je vois la somme de choses dont je dois m'occuper, que cela me concerne juste moi, ou les autres, et cela me désespère. On s'acquitte de ses obligations lorsque l'on a un moteur de vie (ou plusieurs !), mais quand on n'en a pas... ?

Mon corps (matière organique) se délite et je n'en ai cure. Certaines décrépitudes durent depuis plusieurs années et, ne faisant rien pour m'en occuper, elles s'aggravent. Ce qu'il faudra(it) entreprendre plus tard pour revenir à l'état normal me fatigue et me décourage d'avance.
Mon appartement (matière) se délite et cela ne me fait ni chaud ni froid. Une grande fatigue s'abat sur moi lorsque je songe à ce que je devrais entreprendre pour y remédier.
Je ne supporte pas davantage qu'avant de voir comment le monde tourne, comment les gens se comportent. Ce ne sont là que des sources de désespoir (intellect).
Les échanges avec A. sont peut-être les seuls éléments me motivant réellement depuis un mois, ou ceux dont je retire vraiment quelque chose. Mais un peu de lucidité ne nuit pas : comme je l'ai déjà souvent analysé avec d'autres éléments, une seule chose, aussi plaisante soit-elle (et sachant que c'est de toute façon un état forcément temporaire...), ne peut compenser tout le reste, c'est une évidence.
D'ailleurs c'est sans doute encore "pire" que ça : le fait que ça soit le seul élément entraîne un rapport malsain à cet élément, un rapport déséquilibré, excessif, subjectif, etc. Je crois que cela le gâche partiellement, et le met en danger.

J'en ai assez d'être en vie.
Et j'en ai marre d'avoir prononcé cette phrase à autant de reprises dans mon existence.

28.7.14

Routine. Critique. Routine. QI. Routine. Suicide. Routine.

28/07/14
(14 c'est la moitié de 28, et 7 c'est la moitié de 14)

Cette nuit j'ai cauchemardé que je m'adaptais au monde.

J'ai passé des mois de mai et juin vraiment très difficiles. Cela a même pesé sur mon travail, chose totalement inhabituelle. Récemment je suis allé voir une psy 3 séances, avant d'abandonner de dégoût et de désespoir.

En général je vais toujours aussi mal. Je pensais à l'instant que les critiques de films (ou de livres, ou autres) étaient de simples gâcheurs de plaisir. J'ai tellement besoin de plaisir que je crois que je ne supporte plus qu'on me le gâche. A l'avance ou après. Ce faisant je me faisais la réflexion que j'étais moi-même un très grand gâcheur de plaisir d'autrui, puisque je critique toujours à peu près tout. Et ? Cela devrait m'enjoindre à ne plus rien critiquer ? Impossible. Me satisfaire du médiocre ? Impossible. Je veux bien faire des efforts en me taisant au maximum pour ne pas faire souffrir les gens ni trop gâcher leurs bons moments, mais c'est bien le maximum que je pourrais faire. Et cela ne voudra certainement pas dire que je pense autre chose. Or, ne pas exprimer ce qu'on pense, c'est négatif et source de frustration non ? Bah, nous nous contentons de retomber ici sur un schéma bien connu, à savoir qu'aucune option n'est satisfaisante, il n'y a que du médiocre ou du moyen.

Oui sans doute dois-je m'en contenter. Me réjouir de faire la chose la moins pire que je puisse faire. Me réjouir que je ne sois pas dans une situation pire. Pire, cela pourrait l'être, sans doute, en effet. En général j'ai toujours refusé d'apprécier cela, d'apprécier de me comparer à quelqu'un ou quelque chose de pire. La relativité. Comme si c'était magique. Cela n'a pas de sens. Mais ok, je comprends que je n'ai pas d'autre possibilité et que, là aussi, c'est le moins pire que je puisse faire ! Démoralisant.
Mon cerveau se ramollit assurément. Et je n'ai aucune envie particulière d'éviter ce dépérissement. C'est presque le contraire, je souhaite pratiquement ce dépérissement, et cela fait penser à "Comment je suis devenu stupide". Si seulement je pouvais hein.
C'est fou comme les gens aiment la vie. Juste fou. Totalement incompréhensible. A moins qu'ils ne fassent semblant, je ne sais pas. Si c'est le cas ils sont doués car ça fait très authentique.

J'ai zéro piste d'amélioration de ma situation. Mais ce n'est pas nouveau du tout. Je n'ai cessé de survivre, ça continuera, hélas. Joie.
Je deviens de plus en plus médiocre moi-même. Après avoir passé un test WAIS qui a confirmé que j'avais un score supérieur à 98% des gens, je ne crois plus que ça soit véritablement le cas. Quel paradoxe !! Avant d'y aller, je pensais que c'était le cas, le test le confirme, et je n'y crois plus. Juste génial ! Je crois que je suis un gros débile surtout. Je ne sais pas si j'ai des aptitudes verbales et de mémoire supérieures à la moyenne, peut-être mais qu'est-ce qu'on s'en tape ? Qu'est-ce que je vais bien pouvoir en foutre ? Cela n'aide pas à appréhender le monde, à appréhender autrui. Encore moins à apprécier le monde, à apprécier autrui. Apprécier, que dis-je, on va commencer par "supporter". Cela sera déjà beau. Et c'est bien utopique.

La pendaison est très certainement l'acte le plus intelligent que je pourrais réaliser. Mais n'ayez crainte, cela n'arrivera pas. Comme je l'ai dit je suis trop idiot pour réaliser un acte intelligent. Ne craignez rien, personne ne finira en pleurs, les yeux rougis par mon suicide. Personne ne souffrira, ne vous en faites pas. Souffrance absurde puisque lorsqu'un être médiocre quitte l'existence, il faut s'en réjouir plutôt que de regretter, c'est évident. Si je trouve l'intelligence de me suicider un jour, réjouissez-vous comme je m'en serais réjouis si j'étais encore là pour le constater. Souriez franchement, car ça signifiera que je ne serai plus là pour gâcher le plaisir des autres ni souffrir de ce que je suis. Vous n'aurez aucune raison valable de vous attrister. Que des non valables. Du style sentiments que vous ne pouvez pas contrôler. Soyez un peu raisonnable alors, et réjouissez-vous, car ce sera réjouissant pour tout le monde.

1.4.14

Phrases prononcées à soi-même et temps qui ne passe pas vraiment

Regardons les choses en face :
- d'une manière générale je n'aime pas les gens
- d'une manière générale je n'aime pas ma famille
- d'une manière générale je n'aime pas mes amis
- d'une manière générale je n'aime pas voyager
- d'une manière générale je n'aime pas manger
- d'une manière générale je ne perçois pas de beauté dans les choses
Ok, je pourrais continuer, mais ça devrait suffire.
Bien sûr il y a des exceptions. Mais ce sont des exceptions.

Voici les 4 phrases que je me prononce à moi-même, seul chez moi, généralement à voix haute :
- "de toute façon j'en ai marre d'exister..."
- "qu'est-ce que je vais mal..."
- "qu'est-ce que tu veux que je te dise..."
- "je n'existe pas..."

De temps en temps je crois qu'il y a aussi "laissez-moi mourir en paix".

Parfois je tremble.

Parfois je plaque les paumes de mes mains sur mes yeux, et je désespère.

Si j'avais l'habitude de boire ou de me droguer je pense que j'en ferais bon usage en sombrant dans l'excès.

Haut les cœurs.

--

P.S. Ok mais je ne vois pas la différence avec mes notes de 2004. Une décennie s'est écoulée, mais à part ça je ne vois pas.
P.P.S. Quand on s'ennuie on peut jouer avec les chiffres. La date du jour est 01/04/2014, et ne contient que des 0, 1, 2 et 4, ce qui relève d'une certaine harmonie, même si 1 est impair. La somme de ces 8 chiffres est (0+1+0+4+2+0+1+4)=12. Soit encore les mêmes chiffres. Et, en effet, cela n'a aucun intérêt.

23.3.14

La force incroyable de l'inertie

Écrire une fois par mois ici serait un bon minimum.

"Je connais les gens", disait ce clown de Jean-Jacques Rousseau dans ses Confessions. Ce qui peut être considéré comme la prétention ultime. Personnellement je pourrais presque dire la même chose, et donc être aussi ultimement prétentieux, mais je me contente de "Je n'aime pas les gens". Ce qui, si on y réfléchit, est proche, mais différent néanmoins.

Les gens me tuent et, de temps en temps, je le leur rends bien. Pourquoi j'aime Le Fléau de Stephen King ? Sans doute parce que 99,9% de la population a été décimée. C'est 99,9% de gagné.
Oui je préfère vraisemblablement les choses inertes que les choses vivantes. Ce n'est sûrement pas un hasard si je passe le plus clair de mon temps à étudier les déplacements de bouts de bois inertes. Vous savez ce que j'apprécie dans une salle de tournoi ? Que pendant 5h il n'y a aucun bruit. Les gens se déplacent mais très peu. On n'entend pas parler et c'est un bonheur.

Ma mère va devenir grand-mère et je n'avais pas compris que j'allais devenir oncle. Soupir.
Cela devait arriver un jour j'imagine.

Je ne vois pas dans quelle dimension je pourrais avoir envie d'avoir un enfant. Dans quelle dimension je pourrais avoir l'indécence d'avoir un enfant, pourrais-je dire. Nonobstant tout le temps que ça (oui "ça") prendrait les premières années - le temps et le reste - ma plus grande préoccupation, clairement, serait qu'il me demande un jour "Mais papa, qu'y a-t-il de beau ou d'intéressant à vivre ?". Car alors je serais totalement incapable de lui répondre quoi que ce soit. Alors il pourra me reprocher d'avoir contribué à l'enfanter, et il aura définitivement raison. Il n'y aura aucun contre-argument valable à opposer. Il serait aussi insensé qu'illogique de prendre le risque de placer quelqu'un dans la situation même où je me trouve et que je déplore.

(faisons également preuve d'un minimum de logique : pourquoi créer une personne quand on n'aime pas les gens ? Cela n'aurait aucun sens)

En vérité chaque personne qui prend cette décision - d'enfanter - prend ce risque que l'enfant n'aime pas vivre. Oui c'est un sujet à aborder qui est un terrain très glissant. Mais on a le choix, fuir la réalité, se cacher, ou l'affronter de plein front. J'ai toujours fait ce dernier choix, même si c'est peut-être simplement une erreur, une mauvaise façon d'approcher l'existence. Alors quoi, plus personne ne devrait se reproduire sous prétexte qu'il y a un risque que la personne n'aime pas vivre ? A moins de compter sur les statistiques, je serais tenté de répondre "en effet". Il est vrai que pour moi, d'un point de vue théorique, l'extinction de l'humanité n'est pas spécialement une grande perte. De toute façon soyons un minimum pragmatique et réaliste : elle n'aura pas lieu. Pas de cette façon-là en tout cas. D'une manière générale il sera très difficile de faire disparaître notre espèce. Joie.

Bah, cela donne juste une vague idée de mon état d'esprit. A dire vrai cela fait maintenant quelques mois que c'est ainsi. Oui, on pourrait pousser jusqu'à quelques années - ha ha - mais ce serait cependant un petit peu exagéré.

Pendant que j'y pense : vous êtes déjà resté dans un bain qui se vide jusqu'à ce qu'il se soit entièrement vidé ? Personnellement j'ai l'impression que ça donne un avant-goût de la mort... Du coup je vous le conseille moyennement.

Vous imaginez à combien d'années lumière je suis des élections municipales... De toute façon cela fait 8 ans et 2 déménagements qu'en théorie j'aurais dû mettre à jour ma carte d'électeur avec la bonne commune. Je doute de le faire un jour.

Je me plains de manquer de connexions avec des gens intéressants. Mais c'est vraiment toujours la même chose, toujours : l'existence de telles connexions soulagerait peut-être mon ressenti, elle ne modifierait pas fondamentalement ce que je suis ni mon appréciation globale des choses. Je crois. Qu'un revirement incroyable se produise dans ma vie, franchement on peut toujours rêver. Mais voilà, cela ne relève de rien d'autre que du rêve, d'une douce utopie.
Je ne sais pas si cet espoir insensé est présent tout au fond de moi, si c'est ce qui me fait continuer. Honnêtement j'en doute. Je pense que je continue juste par inertie, la force de l'inertie. Cette incroyable force.

P.S. Ne vous pendez pas. Profitez de votre existence, si vous y arrivez. Et ne laissez pas ceux qui n'y parviennent pas vous en empêcher.

20.2.14

Le corps, l'alcool, l'écriture, le liant et le désespoir

Enveloppé d'un certain désespoir je reprends mon clavier 48 jours après la dernière fois et en un sens c'est déjà beau. La beauté, valeur ultime...

On pourra se demander ce qu'il y a de réjouissant à être désespéré. Rien. C'est juste de réécrire. Mais est-il suffisant de réécrire pour se réjouir ? Sans doute pas. C'est comme de se réjouir de lire alors qu'on lit un mauvais livre. Voyez comme ceux qui vous disent que ce que vous appréciez est mauvais vous nuisent. On devrait toujours s'abstenir, ou au moins avec ceux qui se désespèrent facilement. Avec ceux qui n'apprécient pas grand chose. Considérons à sa juste valeur la rareté du fait qu'ils apprécient quelque chose, et abstenons-nous de gâcher leur trop rare plaisir. Évidemment on n'ira pas jusqu'à louer la chose appréciée en question si on ne peut y voir aucun intérêt soi-même, on s'abstiendra simplement et ça sera déjà louable.

Il y a une dizaine d'année, je réclamais de n'être qu'un esprit, pas un corps. Rien n'a tellement changé. Ce corps m'embarrasse tellement. Il m'est tellement inutile. Bien sûr on ne peut sans doute s'empêcher de penser à un délire adolescent, dénué de sens, tellement éloigné de la réalité. C'est l'expression juste me caractérisant plutôt bien : tellement éloigné de la réalité. Justement. Que je puisse encore considérer à ce point que mon corps m'embarrasse, alors qu'objectivement il ne présente aucun défaut catastrophique, rédhibitoire ou que sais-je dans ce style, est révélateur. Du retour de l'accablante lassitude sans doute, entre autres.

Je me faisais la réflexion que le vin c'était particulièrement "vivant". Je peux mettre la bière dans la même catégorie. Il n'y a rien de très étonnant, finalement, à ce que ces breuvages soient aussi appréciés. Les gens vivants aiment les choses vivantes. Cela doit être pour ça que je n'aime ni la bière ni le vin. En ce moment c'est un rhum qu'on m'a offert qui m'aide à surmonter ma tristesse. Si on peut dire, car je doute qu'il m'aide en quoi que ce soit. Je ne le bois que pur et il n'a pas de réelle consistance physique. Lorsqu'il n'y en aura plus j'achèterai peut-être une bouteille de vodka. Même concept de mélange un peu abstrait sans consistance, presque sans existence matérielle. Les gens vivants aiment les choses vivantes, ceux qui se contentent de survivre se contentent de ce qui n'existe presque pas.

Le désespoir ne vient pas de nulle part non plus. Il vient en bonne partie de ma tentative de me rouvrir au monde. Oh, oui, c'est vrai, c'était tellement prévisible, je vous l'accorde aisément et instantanément. Comme je l'écrivais c'est vraiment ça : "se rouvrir au monde ? Risqué. Ne pas le faire ? Tellement peu ambitieux". Je devrais peut-être enterrer mon ambition tout de suite et définitivement. Je l'envisage. Cela aurait du sens. Davantage que le suicide par exemple. Tout a plus de sens que le suicide non ? Pratiquement.

Ma gorge me brûle du rhum ingurgité et en un sens c'est bon. Car brûler de quelque chose c'est déjà ça. Généralement je manque cruellement de la moindre brûlure. Ce serait plutôt une froide inertie, plutôt glaçante qu'autre chose.
Le chaud, le froid, sans doute des métaphores de collégiens. En plus j'ai tellement horreur des collégiens. J'allais dire que c'est Legardinier qui déteint sur moi mais ce serait trop facile, je me souviens que je faisais déjà ce genre de métaphores avant. Après on me prétendra que j'ai confiance en moi. Si je dois avoir confiance dans un domaine, ce serait peut-être l'écriture pourtant. Je crois que tout est dit dans ce paragraphe. Que je sois légèrement alcoolisé ou non. Car je doute de perdre tellement en lucidité.

"Brûler de quelque chose", franchement c'est déjà positif, dans tous les cas. En un sens c'est un peu comme ressentir une émotion négative, au moins c'est ressentir une émotion. Je ne crois pas qu'il y ait pire que ne rien ressentir du tout. Pourtant c'est une vraie question, et autrefois j'étais d'avis que le vide était préférable au négatif. Aujourd'hui je ne suis même pas certain d'avoir un avis tranché sur la question. S'il faut avoir confiance en soi pour être attractif, ce n'est vraiment pas gagné. Peut-être même est-ce simplement déjà définitivement perdu. Oui j'aime bien utiliser le mot définitivement. Peut-être un rapport avec ma manie d'évoquer le suicide.

Il est amusant que j'utilise toujours autant ce mot. Enfin "amusant", je me comprends. Seule une personne l'ayant utilisé et considéré à de nombreuses reprises est sans doute capable de trouver ça drôle. Je me rappelle du rapport quasi amical que j'ai avec la mort et en un sens cela me rassure et rompt partiellement mon désespoir. Oui c'est un peu ironique, mais néanmoins. Rappelons que la peur est sans doute l'un des sentiments les plus négatifs et destructeurs. Oui il est, là encore, extrêmement ironique que j'aie toujours eu peur du suicide mais jamais de la mort. Soit il y a du sens derrière tout cela, soit j'écris vraiment n'importe quoi, au choix. La deuxième possibilité n'est certainement pas à négliger. La confiance en soi toujours, oui...

Écrire, est-ce si réjouissant ? J'y reviens. Et en effet ce n'est vraiment pas si clair. Exutoire ? A voir. On peut toujours se le faire croire. Je me le faisais assurément croire quand j'étais plus jeune. Aujourd'hui franchement je me pose la question. Il est deux heures du matin, un peu comme à l'habitude, et je suis pour le moins sceptique sur le fait qu'écrire ce texte me soulage en quoi que ce soit. Cela ne le fait peut-être simplement en rien du tout. C'est une hypothèse parfaitement recevable il me semble.
Suis-je doué pour créer du vide, du désespoir ? Dans ce cas je serais au moins doué pour quelque chose. Non d'accord cette fois c'est beaucoup trop facile et ça fait vraiment trop collégien. Même s'il me semble que ça donne, une énième fois, une idée de mon degré de confiance en moi.

Je voulais aussi parler des éléments "qui donnent du liant". Je les avais évoqués dans une note, il faudra que je la retrouve. C'était une des rares fois où j'avais partiellement réussi - je crois - à expliquer pourquoi j'éprouvais autant de difficultés à vivre. J'évoquais tous les petits éléments qui aidaient les gens à vivre, ces petits éléments qui font passer d'une chose à une autre, de manière relativement plaisante. Discuter. Manger. Voir. Entendre. Sentir. Ressentir. Apprécier. Aimer. Aspirer à. Se laisser bercer par. Ce genre de choses. En général ces éléments aident. Moi la plupart du temps ils me nuisent. C'est la différence. C'est une différence considérable. Et elle n'est pas là une fois de temps en temps, elle est tout le temps présente. Chaque minute, presque chaque seconde. Dans l'ensemble je dois lutter contre ces éléments, alors qu'ils sont censés porter quelque peu, soutenir. Et si globalement je parviens plus ou moins à les oublier, fruit d'une grande habitude, il est tout à fait chronique que j'en vienne à capituler. Alors le désespoir s'abat. Il n'était jamais très loin mais il se faisait un peu oublier. Façon de parler. On ne peut jamais l'ignorer totalement. C'est lui qui m'a poussé à écrire. J'ai commencé cette note par lui, et je la termine par lui.

3.1.14

Des nouvelles pas nouvelles

"De toute façon je vais mal" est une phrase que je prononce régulièrement, me parlant à moi-même, depuis plusieurs années, et en ce moment un peu plus souvent que d'habitude. Je me suis resservi un fond de porto - bouteille reçue à noël, il ne me viendrait pas à l'idée d'en acheter, surtout que je ne reçois jamais personne et que, le cas échéant, ce serait un peu idiot "qu'est-ce que je vous propose, un petit porto ? Non ? Ah bah il n'y a rien d'autre" - et j'ai relancé le broadcast "Piano et instrumental" de l'addictif GrooveShark, que j'avais coupé exaspéré il y a une heure.

J'ai adoré comment j'ai failli traverser la période des fêtes de manière anodine et indolore. Cela tenait du miracle et les miracles ne durent jamais bien longtemps. L'enchaînement 31/12-01/01-02/01 s'est avéré trop délicat, même si ce n'est pas particulièrement de sa faute cette fois-ci. Le changement d'année est toujours un passage rude pour moi, d'une part parce que le monde entier le fête et d'autre part parce que cela me rappelle de mauvais souvenirs. Et le deux c'est la date de naissance d'un père paranoïaque, encombrant, inutile, avec qui je n'ai jamais rien partagé et qui ne m'a pas transmis grand chose à part peut-être une poignée de choses négatives. S'il était né un autre jour je pense que j'aurais réussi à oublier la date, mais là non.

J'ai relu ma note de juillet et c'est définitivement mauvais signe d'écrire aussi peu. Mon existence doit vraiment être vide. Et elle l'est. Il est toujours possible de se faire croire le contraire. Mais je ne suis pas facile à duper, et encore moins par moi-même. D'un point de vue extérieur, et peut-être même d'un point de vue objectif, 2013 n'a pas été un mauvais cru pour moi. Mais les éléments censés être positifs n'ont pas particulièrement débouché sur des choses positives, ou en tout cas je ne les ai pas ressenties ainsi.

Et je crois que je n'écris pas très bien.

La case départ. Ma case départ préférée - ou abhorrée plutôt. Mon existence est redevenue névrosée et déséquilibrée, stade qu'elle avait occasionnellement quitté par moments, mais qui n'était cependant jamais très loin. Je suis devant mon écran, comme 99% du temps où je suis chez moi éveillé, avec du chocolat dans la bouche et du piano qui résonne doucement dans les enceintes de l'ordi. Je ne sais pas où je vais, je n'ai pas d'aspirations et je ne suis pas sûr qu'il reste des choses qui me fassent vibrer. Ou tout du moins, car il y en aura vraisemblablement toujours deux - ma fascination pour le Jeu d'échecs et les émotions positives ressenties devant de grands exploits sportifs -, ne compensent-elles pas suffisamment le vide intersidéral qui les entoure. Le vide donc.

Je ne serais sûrement pas aussi désespéré - et désespérant ? - si je n'étais pas toujours aussi misanthrope. Si les gens étaient moins absurdes aussi... Oui toujours à me placer ainsi au dessus d'eux à me lamenter en donnant des leçons de morale, mais il n'y a aucun rôle ici, seulement moi-même et mon ressenti.

Je vois qu'il n'y a pas grand chose qui a changé depuis la note du 14 juin 2012, il y a déjà dix-huit mois. Ou depuis 2009 d'ailleurs. Ou depuis la nuit des temps d'ailleurs.

Il faudrait qu'il se passe quelque chose. Typiquement qu'un ange apparaisse. Je ne vois pas bien comment autre chose pourrait faire l'affaire. Quant à la probabilité que cela se produise... Je sais que je me trouve dans une impasse et cela explique ma situation, et accessoirement cette note.

Le temps passe et on pense que les choses changent. C'est faux. La plupart du temps rien ne change.