15.8.07

Extraits de Le loup des steppes de Hermann Hesse (2/2)

"Je vis alors se profiler, de plus en plus proche, de plus en plus précis, un spectre effrayant. Celui du retour au foyer, du retour dans ma mansarde, de la soumission forcée au désespoir ! Je n'y échapperais pas, même si j'errais encore plusieurs heures durant. Je n'échapperais pas à l'instant où je me retrouverais devant ma porte d'entrée, devant ma table recouverte de livres, devant mon divan surmonté du portrait de ma bien-aimée ; je n'échapperais pas à l'instant où je serais contraint d'ouvrir mon rasoir et de me trancher la gorge. Cette image se dessinait de plus en plus nettement devant mes yeux. Je sentais aussi de plus en plus nettement monter en moi une angoisse absolue qui faisait battre mon coeur de manière frénétique : l'angoisse de la mort ! Oui, j'avais une peur affreuse de la mort. Même si je n'apercevais pas d'autre issue ; même si j'étais prisonnier d'un sentiment grandissant de dégoût, de souffrance et de désespoir ; même si plus rien n'avait le pouvoir de m'attirer, de m'inspirer de la joie et de l'espoir, j'éprouvais une indicible crainte à la perspective de mon exécution, à la perspective du dernier instant, à la perspective de l'entaille glacée et béante que je ferais dans ma propre chair !
Je ne savais comment me soustraire au destin que je redoutais. La lâcheté triompherait peut-être aujourd'hui encore dans la lutte qui l'opposait au désespoir. Mais demain, comme tous les jours qui suivraient, je serais de nouveau confronté à ce sentiment, et celui-ci se verrait renforcé par le mépris que j'éprouvais envers moi-même.
(...)

J'avais invité la belle et étonnante jeune fille de l'autre fois pour le mardi soir et eus bien de la peine à tuer le temps jusque là. Lorsque enfin ce jour arriva, l'importance de ma relation avec cette inconnue m'apparut de façon si évidente que j'en fus effrayé. Je ne pensais qu'à elle ; j'attendais tout d'elle ; j'étais prêt à lui sacrifier tout ce que j'avais et à le déposer à ses pieds, sans pour autant être le moins du monde amoureux. Il me suffisait d'imaginer qu'elle pût rompre ou oublier notre accord, pour apercevoir clairement l'état dans lequel je me trouverais. Le vide envahirait alors de nouveau le monde ; les journées se succéderaient, aussi grises et insignifiantes les unes que les autres ; je serais de nouveau plongé dans une atmosphère de silence et d'engourdissement total, atroce, et n'aurais d'autre possibilité que de recourir au rasoir pour échapper à cet enfer muet. Or, au cours de ces derniers jours, le rasoir ne m'était pas devenu plus sympathique ; il n'avait rien perdu de son aspect terrifiant. C'était précisément en cela que ma situation me semblait détestable. (...) Je me rendais compte de mon état avec une lucidité absolue, brutale ; je me rendais compte que cette tension insupportable entre mon incapacité à vivre et mon incapacité à mourir était à l'origine de l'attachement particulier que j'éprouvais pour l'inconnue, pour la ravissante petite danseuse. Elle représentait la petite lucarne, la minuscule ouverture qui éclairait l'antre sombre de mon angoisse. Elle représentait la délivrance, la voie de la liberté.
(...)
Personne ne veut épargner à soi-même et à ses enfants le prochain massacre de millions d'hommes, si c'est au prix d'un tel effort. Réfléchir une heure : rentrer en soi-même pendant un moment et se demander quelle part on prend personnellement au règne du désordre et de la méchanceté dans le monde, quel est le poids de notre responsabilité ; cela, vois-tu, personne n'en a envie ! Voilà pourquoi tout continuera comme avant ; voilà pourquoi, jour après jour, des milliers et des milliers d'hommes préparent avec zèle la prochaine guerre. (...) Cela n'a pas de sens de penser, de dire, d'écrire quoi que ce soit d'humain ; cela n'a pas de sens d'agiter dans son esprit des idées généreuses. Pour deux ou trois personnes qui le font, il y a des milliers de journaux, de revues, de discours, de réunions publiques et secrètes qui, jour après jour, tendent vers le but contraire et l'atteignent.
(...)

Crois-tu que je sois incapable de comprendre ta crainte de danser ; ton horreur des bars et des dancings ; ta répugnance face à la musique et à tout ce bric-à-brac ? Je ne les comprends que trop bien, tout comme ton dégoût de la politique ; ton découragement face aux bavardages et aux gesticulations irresponsables des partis, de la presse ; ton désespoir face à la guerre, face à celle qui vient de s'achever, face à celle qui approche, face à la manière dont l'époque contemporaine pense, lit, construit, fait de la musique, festoie, se préoccupe de culture ! Tu as raison, Loup de steppes, mille fois raison, et pourtant, tu dois disparaître. Tu es bien trop exigeant et affamé pour ce monde simple et indolent, qui se satisfait de si peu. Il t'exècre ; tu as pour lui une dimension de trop. Celui qui désire vivre aujourd'hui en se sentant pleinement heureux n'a pas le droit d'être comme toi ou moi. Celui qui réclame de la musique et non des mélodies de pacotille ; de la joie et non des plaisirs passagers ; de l'âme et non de l'argent ; un travail véritable et non une agitation perpétuelle ; des passions véritables et non des passe-temps amusants, n'est pas chez lui dans ce monde ravissant... (...) - Toujours comme aujourd'hui ? Le monde a-t-il toujours été fait pour les politiciens, les profiteurs, les garçons de café et les viveurs, ne laissant aucun espace de liberté aux êtres humains ? (...) Ce qu'on appelle dans les écoles "l'histoire universelle" et que l'on est obligé d'apprendre par coeur, avec tous ces héros, ces génies, ces exploits et ces sentiments pleins de grandeur, n'est qu'un mensonge inventé par les maîtres, à des fins éducatives et pour occuper les enfants durant leur scolarité obligatoire. L'époque et le monde, l'argent et le pouvoir, appartiennent aux êtres médiocres et fades. Quant aux autres, aux êtres véritables, ils ne possèdent rien, si ce n'est la liberté de mourir. Il en fut ainsi de tout temps et il en sera ainsi pour toujours.
(...)
Je savais que j'avais dans ma poche les centaines de milliers de figurines du jeu de l'existence dont je pressentais la signification avec une profonde émotion. J'étais disposé à le reprendre, à éprouver une nouvelle fois ses souffrances, à frémir d'horreur devant son absurdité, à parcourir encore et encore l'enfer que je cachais au fond de moi. Un jour, je jouerais mieux ; un jour, j'apprendrais à rire."


N.B. Si je partage la plupart des points de vue et ressentis cités jusque là dans ces 6 notes, ce dernier passage où le personnage principal éprouve de l'espoir, si on peut appeler ça ainsi, fait exception. Il est situé vers la fin de l'ouvrage et est un peu à l'image de la dernière partie du livre, j'ai du mal à le comprendre et trouve qu'il manque de cohérence avec le reste. Comme évoqué, cela m'a désappointé comme la fin du Cosmonaute, les deux personnages ont ceci de commun, pour simplifier, qu'ils sont plutôt désespérés par leur existence, mais ils décident de continuer. En fait ils ont plus de points communs avec moi que je ne le croyais de prime abord, eux non plus n'ont pas vraiment de situation alternative. Le héros de Jaenada est prisonnier de l'amour, et il préfère encore que ça continue à lui pourrir l'existence que d'y renoncer, parce qu'il ne voit pas vers quoi de mieux il pourrait tendre. J'avoue que ça m'a complètement dépassé, cette victoire totale du sentiment sur la raison. Je sais bien que c'est une tendance du monde actuel, mais peut-être bien que j'espérais que ce roman y échapperait. Alors quelle autre fin ? L'auteur a choisi de faire triompher le sentiment, l'amour, peut-être que c'est ce qu'il ressent au fond de lui. Ou alors il pouvait faire triompher la raison, où le héros tenterait le changement, malgré le fait qu'il se soit habitué dans une certaine mesure au calvaire de son ancienne existence. Et quid du Loup des steppes et de moi-même ? Finalement nous nous ressemblons assez, nous craignons tous deux de mettre fin à nos jours et nous connaissons nos souffrances liées au fait de vivre : ici il n'y a pas d'alternative. Le plus raisonnable est d'essayer d'organiser notre survie tant bien que mal. Mais comme indiqué dans un extrait, et comme je l'avais moi-même écrit avant, je pense que le suicide reste notre fin la plus probable. Quant à essayer de définir quand, cela semble bien impossible.

Extraits de Le loup des steppes de Hermann Hesse (1/2)

(1927)
En introduction, je mentionnerais que ce grand auteur allemand avait déjà senti que la seconde guerre mondiale se préparait, 12 ans avant qu'elle n'éclate. Par ailleurs, à plusieurs reprises j'ai trouvé écho de ma propre existence et de mes propres sentiments et réflexions, malgré le fait que ça soit écrit plus de 80 ans plus tôt. Souvent mieux exprimés d'ailleurs. Pour moi la dernière partie du livre reste mystérieuse et la fin décevante.
Je trouvais important de citer les extraits qui m'ont le plus parlé.
(...) avec saut de ligne = un certain nombre de pages s'écoulent. L'extrait suivant peut donc être en rapport avec le précédent, ou pas.
(...) sans saut de ligne : quelques phrases s'écoulent, mais jugées moins pertinentes.



"Dans sa jeunesse, alors qu'il était encore pauvre et gagnait difficilement de quoi vivre, il préféra continuer d'avoir faim et de porter des vêtements déchirés pour pouvoir préserver une petite parcelle de cette liberté. Jamais il ne se vendit, ni pour de l'argent et du confort ni à des femmes ou à des puissants. Cent fois il rejeta et refusa ce que tous considéraient comme un avantage et une chance, afin de ne dépendre de personne. Rien ne lui semblait plus détestable et effrayant que de devenir un employé, que de devoir respecter un emploi du temps journalier, annuel, et obéir à d'autres. Un bureau, une étude, un service administratif lui inspiraient autant d'horreur que la mort et rien ne pouvait lui arriver de plus terrible en rêve que d'être enfermé dans une entreprise.
(...)
Il faisait également partie des êtres suicidaires. Il faut préciser ici qu'il est erroné d'appeler suicidaires les seules personnes qui se suppriment vraiment. (...) Beaucoup se donnent la mort sans pour autant appartenir au type des suicidaires par leurs traits de caractère et leur tempérament général. A l'opposé, parmi ceux qui, par essence, font partie des suicidaires, beaucoup, peut-être même la majorité, n'attentent jamais véritablement à leurs jours. (...) Dans leur cas le suicide apparaît comme le type de mort le plus probable, tout du moins c'est ce qu'ils se figurent.
(...)
Expliquer une personnalité aussi contrastée que celle de Harry en la divisant de façon naïve en 2 parties représente une tentative désespérement candide. Il ne se compose pas de deux êtres, mais de cent, de mille.(...) L'être humain ne dispose pas d'une grande capacité de penser; même le plus cultivé et le plus intellectuel des hommes voit le monde et sa propre personne à travers un prisme de formules très naïves, simplificatrices, qui travestissent la réalité.
(...)

Devais-je vraiment revivre tout cela : cette torture, cette détresse insensée, ces confrontations successives avec la bassesse et l'inanité de mon propre moi, cette angoisse terrible de succomber, cette crainte de la mort ? N'était-il pas plus sage et plus aisé de prévenir le retour de tant de souffrances en s'éclipsant ? Cela l'était assurément. (...) mais personne ne pouvait m'interdire la satisfaction d'échapper, grâce à l'oxyde de carbone, à un rasoir ou à un pistolet, à la répétition d'un processus dont j'avais désormais assez souvent et assez profondément éprouvé l'amère douleur. Non, par tous les diables, aucun pouvoir au monde ne pouvait exiger que j'endurasse l'épreuve d'une nouvelle confrontation avec moi-même et du frisson de la mort qu'elle provoque ; l'épreuve d'une nouvelle métamorphose, d'une nouvelle réincarnation. Je savais bien que le but de tout cela n'était pas la paix et la tranquillité, mais seulement une autodestruction perpétuelle, une recontruction perpétuelle. Le suicide pouvait apparaître comme absurde, lâche et mesquin, comme une issue de secours peu glorieuse et honteuse. Néanmoins cela m'importait peu. Ce qui permettait d'échapper au broiement provoqué par ces souffrances, même le moyen le plus déshonorant, demeurait ardemment souhaitable. Il ne s'agissait plus ici de faire montre de noblesse et d'héroïsme. Je me trouvais confronté à un choix simple entre une douleur minime, passagère, et la brûlure inimaginable d'une souffrance infinie.
(...)
Déçu je poursuivis mon chemin sans savoir où j'allais. Je n'avais ni buts ni aspirations, ni obligations. L'existence avait un affreux goût d'amertume. Je sentais l'écoeurement qui montait en moi atteindre désormais son paroxysme. J'avais l'impression d'être exclu, rejeté par la vie. Pris de rage, je me mis à courir à travers la ville grise où partout semblait flotter une odeur de terre humide et d'enterrement.
(...)

(Harry rencontre un vieil ami)
J'ajoutai que je ne me sentais pas très bien, sans quoi je lui aurais naturellement rendu visite. Mais lorsqu'il m'invita chaudement à passer tout de même la soirée en sa compagnie, j'acceptai avec gratitude et le priai de saluer son épouse de ma part. Tandis que je déployais avec zèle tous ces discours et ces sourires, je sentais la douleur crisper mes joues qui n'étaient plus habituées à ce genre d'effirts. Moi, Harry Haller, je me tenais donc là, pris au dépourvu et flatté, poli et empressé, souriant à cet homme aimable dont le visage de myope était plein de bonté. A mes côtés, se tenait l'autre Harry, ricanant lui aussi. L'air sarcastique, il se demandait quelle sorte de frère j'étais donc, bizarre, fou et menteur. Deux minutes auparavant je montrais les dents avec fureur à la terre entière que je maudissais ; et voilà que maintenant je répondais avec émotion et empressement à la première invitation, au premier salut anodin d'un brave homme respectable, me vautrant comme un porcelet dans les délices que m'inspirait cette petite manifestation de bienveillance, de considération et d'amabilité. Il y avait ainsi deux Harry, deux personnages extraordinairement antipathiques face au gentil professeur. Ils se raillaient mutuellement, s'observaient, crachaient devant eux en signe de dédain réciproque. Comme toujours dans de telles situations, ils se demandaient si cet égoïsme sentimental, cette absence de caractère, ces sentiments impurs et contradictoires constituaient uniquement des signes de bêtise et de faiblesse humain, un lot réservé à l'humanité entière, ou s'ils étaient simplement l'apanage personnel de Harry. Si cet avilissement touchait les hommes en général, eh bien, cela permettait à mon mépris universel de se jeter sur lui avec une énergie renouvelée ; s'il ne représentait qu'une faiblesse personnelle, cela me donnait l'occasion de me livrer à une débauche de mépris envers moi-même.
La querelle qui opposait les deux Harry m'avait presque fait oublier le professeur. Tout à coup, sa présence me devint à nouveau pénible et je me dépêchai de me débarasser de lui. (...) je dus reconnaître que j'étais tombé dans le piège. Je m'étais mis sur les bras une invitation à dîner pour sept heures et demie, avec toutes les obligations que cela entraînait : les politesses, les bavardages scientifiques et la contemplation du bonheur familial d'autrui. Irrité, je rentrai chez moi. (...)(Harry se prépare au dîner) J'ignorais totalement pourquoi je faisais tout cela ; en effet, je n'éprouvais pas la moindre envie de me rendre à cette invitation. Cependant, une part de Harry jouait de nouveau la comédie. Elle qualifiait le professeur de type sympathique, aspirait à retrouver, l'espace d'un moment, une atmosphère humaine, les conversations et la compagnie des autres. Elle se souvenait de la ravissante épouse du professeur et trouvait au fond extrêmement réjouissante la perspective d'une soirée passée chez des hôtes aimables. Elle me donna la force de m'habiller, de nouer une cravate convenable et me dissuada en douceur d'obéir à mon désir véritable de rester chez moi. Je songeais en même temps : cette façon que j'ai à présent de m'habiller et de sortir pour me rendre chez le professeur, pour aller échanger avec lui des amabilités plus ou moins hypocrites sans rien avoir vraiment voulu, ne m'est pas propre. La plupart des hommes agissent, vivent et se comportent ainsi jour après jour, heure après heure, par nécessité, sans rien désirer vraiment. Ils font des visites, s'entretiennent de choses et d'autres, s'acquittent de leurs heures de service dans les bureaux par obligation, machinalement, sans le vouloir. Cela pourrait aussi bien être accompli par des machines ou ne pas se passer. C'est précisément cette mécanique ininterrompue qui les empêche de porter, comme moi, un regard critique sur leur existence, de voir et de sentir sa stupidité et sa fadeur, le rictus atroce de son ambiguïté, sa tristesse et sa solitude sans espoir. Oh, néanmoins, ces hommes ont raison, infiniment raison de vivre ainsi. Ils jouent à leurs petits jeux et courent après ce qui leur semble important, au lieu de se défendre contre cette mécanique accablante et de fixer le vide avec désespoir, comme je le fais, moi qui ai quitté le droit chemin. Ainsi, s'il m'arrive parfois dans ces pages de mépriser, de railler les hommes, cela ne doit inciter personne à penser que je voudrais rejeter la faute sur eux, que je voudrais les accuser, les rendre responsables de mon malheur personnel ! Quant à moi qui suis allé si loin, qui ait atteint les limites où l'existence sombre dans des ténèbres sans fond, je me trompe et je mens en essayant de persuader les autres et moi-même que cette mécanique peut également continuer de fonctionner dans mon cas, que j'appartiens encore, moi aussi, au gracieux univers enfantin des jeux éternels !
(...) (Harry est chez le professeur) Si mon hôte était entré à cet instant, j'aurais peut-être réussi à effectuer un repli en trouvant des prétextes plausibles. Mais ce fut sa femme qui se présenta et je me soumis à la fatalité, malgré un mauvais préssentiment. Nous nous saluâmes et nombre de fausses notes ne tardèrent pas à suivre la première. La dame me félicita pour ma forme resplendissante, or je savais pertinemment que j'avais beaucoup vieilli depuis la dernière fois. La douleur que sa poignée de main éveilla dans mes doigts atteints par la goutte me l'avait déjà rappelé de façon désagréable.
(...)(Ils sont en train de dîner) Tandis que je m'efforçais de tenir des propos et de poser des questions de nature anodine (...). Mon Dieu, pensais-je continuellement, pourquoi nous donnons nous tant de peine ? (...) Ils me posaient uniquement des questions auxquelles je ne pouvais répondre sincèrement. Aussi me retrouvais-je très vite totalement empêtré dans mes mensonges, luttant contre le dégoût que m'inspirait chacune de mes paroles. (...) Mes traits d'humour produisaient un effet déplorable et le fossé qui nous séparait s'agrandissait progressivement. (...) Si bien qu'au dessert nous étions devenus tous les trois absolument silencieux."

Suite