6.10.11

Travaux publics

Des travaux partout dans la ville. Un peu dans toutes les villes de toute façon non ?
Mais c'est assez occidental comme phénomène non ? Est-ce que les sociétés d'abord préoccupées par la survie de leurs habitants passent leur temps à refaire leurs espaces publics ?

Et ils refont l'avenue. Tu ne sais même pas exactement pourquoi.
Et ils refont le trottoir. Pour que les piétons se sentent plus à l'aise sûrement...
Et ils refont le rond-point. Pour une question d'esthétique a priori...
Et ils refont la place. Pour qu'elle soit plus jolie qu'avant.
Et ils ajoutent un parking. Parce que les gens n'ont pas encore pris l'habitude de covoiturer sûrement.

Mais est-ce que tout cela sert vraiment à quelque chose ? Je veux dire, à part pour l'équipe municipale en place à se faire réélire ?
Est-ce que ça sert d'avoir une plus jolie place ? Est-ce que ça influence vraiment le bien-être des habitants ? Est-ce que cette variation de bien-être doit coûter autant d'argent et être ainsi placée dans la liste des priorités ?
A la limite, qu'ils mettent un trottoir là où il n'y en a pas, si ça correspond à un réel besoin au niveau du passage des piétons, je dis pourquoi pas. Mais refaire un trottoir existant pour qu'il fasse 20cm de plus et qu'il ait l'air plus moderne, cela me laisse sceptique...
Qu'ils aménagent une partie de route parce que la chaussée est pleine de trous ou totalement difforme, là encore ça peut se justifier. Mais refaire une avenue entière de quelques kilomètres, pour un coût forcément astronomique, et alors que la chaussée était raisonnable, quelque chose doit m'échapper...

Parce qu'au delà des nuisances engendrées, souvent longues et pénibles, ces travaux publics sont quand même financés par les recettes publiques. Est-ce vraiment ce que veulent les riverains ? En théorie ils sont représentés au conseil municipal. Mais ces décisions relèvent-elles vraiment du conseil municipal ? Et si oui les membres de ce dernier s'ennuient-ils à ce point pour décider de faire tant de travaux qui ne servent pas à grand chose ? Et ce faisant se font-ils vraiment l'écho des préoccupations de leurs concitoyens ?
A-t-on vraiment rien trouvé de mieux pour dépenser l'argent public que de refaire et embellir les routes, places et autres trottoirs ? Avec ces sommes astronomiques, n'y a-t-il rien de plus constructif à réaliser ?

Au moins cela a le mérite de générer de l'emploi, ou tout du moins du travail et donc d'éviter les suppressions d'emploi en quelque sorte. Mais à mon humble avis, placer cet élément en priorité c'est prendre le problème à l'envers. Parce qu'à ce compte, autant dépenser l'argent public de manière totalement extravagante en créant des emplois totalement inutiles et embaucher à tout va des gens qui ne serviront strictement à rien, mais qui auront un emploi...

Peut-être ne s'agit-il là que de l'un des nombreux (et ennuyeux) travers du capitalisme. Ce dernier génère en effet quantité d'emplois qui ont une utilité très limitée pour la société. Mais c'est tout de même très différent : difficile de comparer le coeur du système capitaliste, qui peut effectivement générer des emplois inutiles mais si cela permet à des gens d'avoir un emploi et qu'en face il y a de la demande, on comprend son existence, avec le fonctionnement d'une municipalité ! Cette dernière utilise l'argent public de ses habitants, elle n'est pas censée trouver n'importe quel prétexte pour justifier de le dépenser. Sous couvert d'embellir la ville, cela ne révélerait-il pas un vrai manque d'idées ?

29.8.11

Redite

Je vais écrire cette phrase pour la énième fois : je vais mal.

Rien de nouveau, certes.

Mais si on réfléchit bien, les gens disent toujours un peu la même chose, alors qu'il n'y a rien de vraiment nouveau.
Les journaux publient toujours un peu la même chose, alors qu'il n'y a rien de vraiment nouveau.
Donc j'ai bien le droit d'écrire que je vais mal, même si on le sait déjà depuis longtemps, non ?

Je ne sais même plus par quel bout commencer ! En fait j'ai tellement déjà tout écrit... Et lorsqu'il n'y a rien de nouveau, finalement le plus logique serait de se taire. Alors certes, si les journaux se taisaient, si les gens se taisaient, cela deviendrait un peu triste. Mais bon. On peut également penser qu'il est triste qu'ils disent toujours la même chose. Cela me semble tout aussi légitime.

Alors quoi, vais-je répéter que mon existence est vide ? Que je n'aime pas vivre ? Que je me lasse trop vite des choses ? Que j'ai trop peu de centres d'intérêt ? Que je supporte mal les conversations d'autrui ? Les aspirations d'autrui ? Etc, etc. ?
A quoi bon répéter tout cela ? Pour prouver que la magie n'existe pas ? Pour prouver que ces choses sont tellement réelles et fondées qu'elles ne peuvent pas disparaître miraculeusement avec le temps ?

Je pourrais dire un mot sur cette phrase qui fleurit un peu partout sur le web, "Connectez vous avec votre compte facebook.", qui commence à me sortir par les yeux.
Je pourrais parler de mon sourire en coin à voir les marchés boursiers s'effondrer et ses acteurs paniquer et pleurnicher, qui n'a d'égal que mon incompréhension et mon dégoût du système quasi-virtuel en question.
Mais à quoi bon ?

Dans le temps je terminais ce genre de notes en évoquant le suicide. Mais ça n'a pas de sens puisque je n'ai de toute façon pas la certitude que ça soit la meilleure option, ni la force de procéder.

A un moment donné j'écrivais qu'écrire restait l'une des dernières choses importantes de mon existence. Visiblement pour l'instant elle a plus ou moins disparu. Il semblerait que je n'aie plus rien à dire. Voilà qui est triste. Même si j'ai un peu écrit par mails plutôt qu'ici ces derniers mois. Mais ce n'est pas censé être incompatible...

Lorsque j'indique que je ne vais pas au mieux - belle formulation minimisante - on me répond parfois qu'on espère que j'irai rapidement mieux. C'est gentil, mais c'est confondre avec un cafard temporaire lié à un événement en particulier. Cela fait une dizaine d'années que cette situation perdure, sans être liée à rien de précis autre que mon rapport à l'existence. La manière relativement froide avec laquelle je relate la situation contraste avec un style passionné qui pourrait être utilisé en cas d'événement ponctuel particulièrement décevant ou marquant.
Il est vrai qu'il est difficile d'intégrer qu'une personne puisse ne pas aimer vivre, de manière continue, sans que cela soit lié à un événement et sans qu'il soit possible d'y faire quoi que ce soit. Peut-être que c'est juste trop triste pour le tempérament naturel de l'être humain, comportant généralement beaucoup d'espoir.

4.4.11

Humanité où vas-tu donc ?

Pas écrit ici depuis début janvier, une éternité...
Un certain nombre de choses à dire, à dénoncer, à déplorer, pourtant. Mais ça doit faire trop : à un moment donné tu ne sais même plus par où commencer et tu te désespères tellement que tu ne trouves plus la force ou l'intérêt.


Vu un reportage sur l'obsolescence programmée. C'est-à-dire l'art pour les entreprises de faire exprès de vendre des appareils à durée de vie volontairement limitée pour forcer les consommateurs à en racheter régulièrement. Dans un phénomène approchant il y a aussi celles qui ne cherchent surtout pas à faire des recherches pour faire durer ce qu'elles vendent pour les mêmes raisons.
Le pire c'est qu'il s'agit d'une des clefs de voûte du système : si on allait à son encontre beaucoup d'emplois disparaîtraient très probablement.
Pourtant si la seule raison est économique c'est insuffisant. L'économie ne doit pas primer sur le reste. Notre civilisation doit dépasser ce stade arriéré.
Il se trouve que l'obsolescence programmée est une chose négative intellectuellement et écologiquement. Cela va même presque à l'encontre du progrès. Il faut lutter contre ce non-sens.

Vu un reportage sur la composition de nourritures industrielles. Qui se retrouvent dans nos assiettes. C'est juste effrayant et là encore c'est l'économie et le besoin de vendre, de réaliser des profits, qui prime sur tout le reste, au détriment de nombreuses choses à commencer par la santé publique.
Notre civilisation en est au stade où elle fait primer l'économie sur la santé. Il faudra qu'elle se réveille et passe au stade suivant...

Les événements naturels viennent au secours de nos pauvres gouvernants à l'esprit sclérosés par la nécessité de faire tourner au mieux l'économie : un séisme d'une force rare provoque un tsunami meurtrier au Japon et crée surtout un accident nucléaire grave. 25 ans après la catastrophe de Tchernobyl les citoyens des pays nucléarisés se rendent compte que leurs responsables politiques les ont bien manipulés...
Problème de priorité de l'économie sur la santé publique là encore, mais aussi sur l'écologie. Nous devons en prendre conscience.

L'économie est à ce point devant tout le reste qu'elle passe aussi largement devant le respect des Droits de l'homme, y compris dans nos civilisations occidentales. De nombreux peuples du monde arabe se soulèvent et nous obtenons une nouvelle mise en lumière de la complaisance de nos dirigeants envers des dictatures. Lorsqu'il faut vendre des avions, des armes ou des centrales, nos dirigeants ne regardent plus du côté des Droits de l'homme ni de quoi que ce soit d'autre.
Nous croyions avoir bien avancé sur ce point mais il nous reste beaucoup de progrès à faire...

Dans cette note d'il y a 2 ans (que le temps passe !) j'écrivais que "le XXIème siècle pourrait être pour l'Homme celui de la conscience, de la prise de conscience. (le XXème ayant surtout été marqué par sa déraison)".
De nombreux événements récents l'y poussent avec force !
Peut-on forcer quelqu'un à devenir raisonnable ? Espérons !
On dirait que ça commence lentement à venir. Internet peut s'avérer un formidable terreau de réflexion. Le fait qu'il serve de support aux révolutions arabes est révélateur.
Dans l'ensemble les gens ont du mal à penser autrement mais un petit nombre d'entre eux déploient une grande énergie à tenter de faire comprendre un certain nombre de choses et à réveiller les consciences. Et parfois une contamination positive se produit.
D'une manière générale j'ai rarement eu foi en l'Humanité. Mais tout de même j'aurais du mal à croire qu'avec les moyens dont on dispose on restera éternellement à ce stade aberrant où la consommation surabonde sur la réflexion, où l'économie prime sur la santé et l'écologie, où l'individualisme écrase la progression collective.

6.1.11

Conscience collective

Est-ce normal qu'il faille lutter ?
Ah.
Mais à ce point ? Et contre autant de personnes et d'organismes ?

Les hommes préhistoriques devaient lutter, et autrement plus, et dans des situations autrement plus inégalitaires ? Bof, au moins c'était la loi du plus fort, les règles étaient relativement simples.
Et on pourrait espérer qu'en 2011 on a dépassé le stade de l'homme préhistorique...

Il faut se battre contre tous ceux qui nous fournissent quelque chose parce qu'ils veulent simplement nous soutirer de l'argent, parce que c'est la base du capitalisme.
Ne pourrait-on pas imaginer un système où l'argent ne serait pas le moteur ? Les valeurs et la progression globale, c'est quand même préférable comme moteur non ?
Aujourd'hui généralement chacun ne pense qu'à lui. Parce que les gens sont acculés par le système capitaliste. Ils doivent lutter à ne pas se faire dévorer, dans tous les domaines, dans la moindre négociation. Lutter contre son propriétaire, contre son fournisseur d'accès, contre sa banque, contre son opérateur téléphonique, contre son concessionnaire, contre ses assureurs, contre les vendeurs, vérifier systématiquement toutes les factures, systématiquement ses comptes, etc, etc. Et mener des batailles interminables et insupportables lorsqu'un problème survient.

Et lorsqu'une bataille est gagnée, que croyez-vous que les gens fassent ? Ils soufflent, ils sont soulagés, occasionnellement satisfaits, et ils passent à la bataille suivante. Pourtant avoir remporté une bataille n'est que de peu de poids et n'ébranle en rien le système. Cela le renforce presque ! Car les gens passent à autre chose, et c'est difficile de leur en vouloir. Ce faisant ils n'envisagent pas les choses sous le bon angle : ils devraient penser à la collectivité, aux prochaines personnes qui vont rencontrer exactement le même problème et qui devront livrer exactement la même bataille. Car c'est trop facile pour un organisme ou une entreprise de ne faire des gestes que pour ceux qui réclament. Alors que si c'est justifié ça devrait devenir la norme plutôt que l'exception ! Quelle est l'importance que Monsieur Machin ait eu gain de cause si ça ne débouche sur rien d'autre ?? Une importance très limitée.

Le pire c'est qu'il faut une crise pour que la prise de conscience commence un chouia.

Ma banque me facture des frais que je considère anormaux. Je dois prendre un rendez-vous, lutter pour qu'ils les effacent, ce qu'ils finissent par faire. Et quoi, je devrais être content en sortant ? Non ! Je ne devrais l'être que si j'ai également obtenu l'assurance que la prochaine personne à qui il allait arriver exactement la même chose n'allait pas être obligée de faire exactement la même démarche que moi pour résoudre exactement le même problème, sinon ça n'a aucun sens ! Sinon l'humanité ne progresse qu'à une vitesse proche de l'inertie.

Le capitalisme a des avantages. Mais il a des défauts criants et graves. Dont l'un est d'avoir fait perdre aux gens le peu de conscience collective qu'ils pouvaient avoir. Cela tend à figer la progression collective, chose gravissime.