Cette page reste aussi blanche que ma liste de choses à faire n'avance pas.
Une note qui se composerait de cette unique phrase aurait son charme.
On trouve charmant ce qu'on peut.
Une note qui se composerait de cette unique phrase aurait son charme.
On trouve charmant ce qu'on peut.
La différence c'est que la liste se fige parce que je n'ai plus goût à grand chose ces temps-ci, tandis que la page - virtuelle s'entend - se remplira bientôt, lentement mais sûrement, c'est juste que je ne sais pas par où commencer.
Je n'ai pas pour habitude d'utiliser ce "ces temps-ci". Pour moi aller bien ou mal n'a jamais correspondu à des périodes, je ne vois pas les choses en terme de sautes d'humeur mais d'une manière globale. Je vais mal d'une manière générale, depuis des années, et me le répète d'ailleurs assez souvent sous forme de constat. Vous savez, ces petites phrases qu'on se dit à soi-même, du genre "il faudrait que je fasse ceci", "il faudra que je veille à éviter de reproduire cela", "ma réaction n'a pas été très appropriée sur ce coup-là", etc. Moi souvent c'est "je vais mal", juste en constat froid comme ça. Constat qui s'appuie habituellement sur des éléments.
En cette journée quasi-vide, où je ne fais rien mais de manière très efficace, deux sms se sont greffés à mes méditations.
Le premier d'un ancien ami me souhaitant réussite et passion pour la nouvelle année. Saluons l'effort d'originalité. De plus cela fait effectivement partie des rares choses qui pourraient me faire du bien. Même si bien sûr les chances qu'elles arrivent restent faibles et qu'un souhait reste un souhait, avec ses défauts. Cela m'a donné l'idée de souhaiter des choses non pas pour la simple année à venir mais pour la décennie à venir. Initialement je me demandais comment j'avais pu ne pas avoir cette idée avant, mais c'est simplement dû aux années : 2010-2020 invite plus que 2007-2017. A la rigueur en 2000 ça aurait pu venir.
Cette pirouette qui accessoirement tend à me dispenser de la chose pour les dix prochaines années est caractéristique de ce que j'en pense. Passer d'un an à dix tend à transformer cet acte banal et futile en quelque chose de plus fort. Là cela commence à valoir le coup de se demander à qui on veut vraiment souhaiter quelque chose, quoi, comment, et par quel support. Un courrier semble notamment nettement plus adéquat. Bon, ça ne devient pas non plus un acte d'une grande valeur, car il est difficile de sublimer le médiocre, mais c'est déjà un peu mieux.
Le second de mon père indiquant qu'il a toujours été fier de moi et qu'il sera toujours là, aussi bien dans les bons moments que dans les mauvais.
Beaucoup à dire ! En le lisant pour la seconde fois quelques minutes plus tard je me suis demandé s'il venait d'apprendre être atteint d'une grave maladie. Car c'est finalement typiquement le genre de choses que l'on ne dit qu'en circonstances critiques. Cependant répondre "tes jours sont comptés ?" ne serait peut-être pas très élégant (que ça soit le cas ou non). De toute façon mon cynisme n'interfère pas tellement dans mes relations avec les autres. Il reste la plupart du temps avec ma solitude, tout comme mes états d'âme, mon mépris et mon dégoût.
Mais reprenons. Il faut déjà saluer l'initiative - s'il est en bonne santé. Mais s'il a toujours été fier de moi, il n'en a pratiquement jamais rien montré. Difficulté ancestrale de l'humanité, certes. Sera toujours là, sera toujours là, dont acte mais pour quoi faire ? Mes bons moments sont déjà réservés à être passés seul. J'écris ça et me rends bien compte que ça n'est pas entièrement vrai. Disons que c'est comme ça que je les savoure le plus, mais la plupart seront forcément en partie partagés, mais pas avec la famille. Dans mes mauvais moments il est évident que je ne veux voir personne. Même si pas plus tard que la semaine dernière j'étais surpris d'aller un peu mieux après avoir été rendre visite à de la famille. Il n'en reste pas moins que ça restera toujours une très lointaine priorité. Que ça soit mal ou pas.
Tout est relié à l'envie et à la lassitude. L'autre jour une instit qui me demande justement si je ne me lasse pas, précisément dans la période où je commence à me sentir oppressé de ce côté-là ! Relatant cela je me demande d'ailleurs si ça ne commence pas à se sentir dans mes présentations. Les deux premières années une grande énergie m'animait et c'est une des raisons qui ont fait que l'enthousiasme a succédé à mes interventions à peu près partout. Je remarquais justement ce midi-même - en faisant tomber une pâte de la passoire - qu'il m'arrivait auparavant - notons l'utilisation de ce mot pour une période qui date d'un ou deux ans an en arrière - d'employer l'expression "une pièce à la mer !" lorsqu'un enfant faisait tomber une pièce par terre, tandis que ça a maintenant été remplacé par un fade "attention à ne pas faire tomber des pièces". La vieillesse ? J'ai toujours pensé que le degré de vieillesse ne s'appréciait pas à l'âge mais au degré de lassitude. Cet exemple le prouve éminemment. Tout comme il y a quelques années entre 19 et 21 ans je me sentais extrêmement vieux. Plus que de le sentir, sûrement je l'étais.
Tout est relié à l'envie et à la lassitude. J'en discutais avec mes grand-parents, desquels je suis pourtant très différent - merci au petit malin qui demande de qui je ne suis pas différent de faire silence pour l'instant, les choses sont assez compliquées comme ça, je lui demanderais aussi de noter la présence du très - et ils abondaient sur l'importance de faire un métier qui nous plaise. Pour l'envie nous y sommes, et c'est tout de même là aussi une problématique ancestrale de l'humanité, pour la lassitude c'est un peu différent car certaines personnes se lassent plus vite que d'autres.
Depuis que j'ai commencé à travailler (l'expression n'est pas terrible mais entré dans la vie active est encore pire...) la lassitude s'est toujours montrée au bout de quelques temps (malgré mon activité incongrue, qu'est-ce que ça serait sinon...) et j'ai toujours essayé d'agir pour y remédier, en changeant de lieux de travail, de publics, et autres, selon des cycles de 1, 2 ou 3 ans. Là je suis dans la 3ème année d'un cycle et sans surprise, hélas, cela se sent.
Dès que les choses commencent à se répéter, les actions à devenir automatiques, l'intérêt décroît et cela devient également intellectuellement insatisfaisant. Je ressens un grand besoin de changement, de renouvellement, de stimulation intellectuelle, pour qu'envie et énergie reviennent. Cela peut passer par un projet déjà évoqué, un peu fou, de changer de pays, d'apprendre une nouvelle langue, une nouvelle culture.
Je supposais il y a quelques années qu'un changement de pays ne modifierait pas grand chose à mes soucis, les humains étant humains partout. C'était une position un peu radicale mais non dénuée d'une part de vérité - comme beaucoup d'analyses de l'époque. La découverte de nouvelles choses, notamment lieux, langue et culture, devraient tout de même présenter un intérêt et un challenge, maintenant c'est vrai qu'au point de vue humain ce serait une erreur de croire à un eldorado. Mais peut-être que les jeunes de certains pays valent tout de même mieux que les jeunes français, ce serait en tout cas rassurant pour l'humanité.
Dès que l'envie décroît la liste des choses à faire n'avance plus. Quand le moteur principal s'essouffle il n'y a plus guère de carburant pour les petites choses. Assurer l'essentiel - comme faire les courses, relever le courrier, nettoyer l'appart, rendre visite, par exemple - devient encore plus difficile et dénué d'intérêt qu'à l'habitude. Et même les petites choses annexes griffonnées à faire, parfois sympathiques, sont reportées.
Recherche nouvel élan, urgent.