22.1.10

Source vitale d'énergie

Cette page reste aussi blanche que ma liste de choses à faire n'avance pas.
Une note qui se composerait de cette unique phrase aurait son charme.
On trouve charmant ce qu'on peut.

La différence c'est que la liste se fige parce que je n'ai plus goût à grand chose ces temps-ci, tandis que la page - virtuelle s'entend - se remplira bientôt, lentement mais sûrement, c'est juste que je ne sais pas par où commencer.
Je n'ai pas pour habitude d'utiliser ce "ces temps-ci". Pour moi aller bien ou mal n'a jamais correspondu à des périodes, je ne vois pas les choses en terme de sautes d'humeur mais d'une manière globale. Je vais mal d'une manière générale, depuis des années, et me le répète d'ailleurs assez souvent sous forme de constat. Vous savez, ces petites phrases qu'on se dit à soi-même, du genre "il faudrait que je fasse ceci", "il faudra que je veille à éviter de reproduire cela", "ma réaction n'a pas été très appropriée sur ce coup-là", etc. Moi souvent c'est "je vais mal", juste en constat froid comme ça. Constat qui s'appuie habituellement sur des éléments.

En cette journée quasi-vide, où je ne fais rien mais de manière très efficace, deux sms se sont greffés à mes méditations.
Le premier d'un ancien ami me souhaitant réussite et passion pour la nouvelle année. Saluons l'effort d'originalité. De plus cela fait effectivement partie des rares choses qui pourraient me faire du bien. Même si bien sûr les chances qu'elles arrivent restent faibles et qu'un souhait reste un souhait, avec ses défauts. Cela m'a donné l'idée de souhaiter des choses non pas pour la simple année à venir mais pour la décennie à venir. Initialement je me demandais comment j'avais pu ne pas avoir cette idée avant, mais c'est simplement dû aux années : 2010-2020 invite plus que 2007-2017. A la rigueur en 2000 ça aurait pu venir.
Cette pirouette qui accessoirement tend à me dispenser de la chose pour les dix prochaines années est caractéristique de ce que j'en pense. Passer d'un an à dix tend à transformer cet acte banal et futile en quelque chose de plus fort. Là cela commence à valoir le coup de se demander à qui on veut vraiment souhaiter quelque chose, quoi, comment, et par quel support. Un courrier semble notamment nettement plus adéquat. Bon, ça ne devient pas non plus un acte d'une grande valeur, car il est difficile de sublimer le médiocre, mais c'est déjà un peu mieux.

Le second de mon père indiquant qu'il a toujours été fier de moi et qu'il sera toujours là, aussi bien dans les bons moments que dans les mauvais.
Beaucoup à dire ! En le lisant pour la seconde fois quelques minutes plus tard je me suis demandé s'il venait d'apprendre être atteint d'une grave maladie. Car c'est finalement typiquement le genre de choses que l'on ne dit qu'en circonstances critiques. Cependant répondre "tes jours sont comptés ?" ne serait peut-être pas très élégant (que ça soit le cas ou non). De toute façon mon cynisme n'interfère pas tellement dans mes relations avec les autres. Il reste la plupart du temps avec ma solitude, tout comme mes états d'âme, mon mépris et mon dégoût.
Mais reprenons. Il faut déjà saluer l'initiative - s'il est en bonne santé. Mais s'il a toujours été fier de moi, il n'en a pratiquement jamais rien montré. Difficulté ancestrale de l'humanité, certes. Sera toujours là, sera toujours là, dont acte mais pour quoi faire ? Mes bons moments sont déjà réservés à être passés seul. J'écris ça et me rends bien compte que ça n'est pas entièrement vrai. Disons que c'est comme ça que je les savoure le plus, mais la plupart seront forcément en partie partagés, mais pas avec la famille. Dans mes mauvais moments il est évident que je ne veux voir personne. Même si pas plus tard que la semaine dernière j'étais surpris d'aller un peu mieux après avoir été rendre visite à de la famille. Il n'en reste pas moins que ça restera toujours une très lointaine priorité. Que ça soit mal ou pas.


Tout est relié à l'envie et à la lassitude. L'autre jour une instit qui me demande justement si je ne me lasse pas, précisément dans la période où je commence à me sentir oppressé de ce côté-là ! Relatant cela je me demande d'ailleurs si ça ne commence pas à se sentir dans mes présentations. Les deux premières années une grande énergie m'animait et c'est une des raisons qui ont fait que l'enthousiasme a succédé à mes interventions à peu près partout. Je remarquais justement ce midi-même - en faisant tomber une pâte de la passoire - qu'il m'arrivait auparavant - notons l'utilisation de ce mot pour une période qui date d'un ou deux ans an en arrière - d'employer l'expression "une pièce à la mer !" lorsqu'un enfant faisait tomber une pièce par terre, tandis que ça a maintenant été remplacé par un fade "attention à ne pas faire tomber des pièces". La vieillesse ? J'ai toujours pensé que le degré de vieillesse ne s'appréciait pas à l'âge mais au degré de lassitude. Cet exemple le prouve éminemment. Tout comme il y a quelques années entre 19 et 21 ans je me sentais extrêmement vieux. Plus que de le sentir, sûrement je l'étais.

Tout est relié à l'envie et à la lassitude. J'en discutais avec mes grand-parents, desquels je suis pourtant très différent - merci au petit malin qui demande de qui je ne suis pas différent de faire silence pour l'instant, les choses sont assez compliquées comme ça, je lui demanderais aussi de noter la présence du très - et ils abondaient sur l'importance de faire un métier qui nous plaise. Pour l'envie nous y sommes, et c'est tout de même là aussi une problématique ancestrale de l'humanité, pour la lassitude c'est un peu différent car certaines personnes se lassent plus vite que d'autres.
Depuis que j'ai commencé à travailler (l'expression n'est pas terrible mais entré dans la vie active est encore pire...) la lassitude s'est toujours montrée au bout de quelques temps (malgré mon activité incongrue, qu'est-ce que ça serait sinon...) et j'ai toujours essayé d'agir pour y remédier, en changeant de lieux de travail, de publics, et autres, selon des cycles de 1, 2 ou 3 ans. Là je suis dans la 3ème année d'un cycle et sans surprise, hélas, cela se sent.

Dès que les choses commencent à se répéter, les actions à devenir automatiques, l'intérêt décroît et cela devient également intellectuellement insatisfaisant. Je ressens un grand besoin de changement, de renouvellement, de stimulation intellectuelle, pour qu'envie et énergie reviennent. Cela peut passer par un projet déjà évoqué, un peu fou, de changer de pays, d'apprendre une nouvelle langue, une nouvelle culture.
Je supposais il y a quelques années qu'un changement de pays ne modifierait pas grand chose à mes soucis, les humains étant humains partout. C'était une position un peu radicale mais non dénuée d'une part de vérité - comme beaucoup d'analyses de l'époque. La découverte de nouvelles choses, notamment lieux, langue et culture, devraient tout de même présenter un intérêt et un challenge, maintenant c'est vrai qu'au point de vue humain ce serait une erreur de croire à un eldorado. Mais peut-être que les jeunes de certains pays valent tout de même mieux que les jeunes français, ce serait en tout cas rassurant pour l'humanité.

Dès que l'envie décroît la liste des choses à faire n'avance plus. Quand le moteur principal s'essouffle il n'y a plus guère de carburant pour les petites choses. Assurer l'essentiel - comme faire les courses, relever le courrier, nettoyer l'appart, rendre visite, par exemple - devient encore plus difficile et dénué d'intérêt qu'à l'habitude. Et même les petites choses annexes griffonnées à faire, parfois sympathiques, sont reportées.
Recherche nouvel élan, urgent.

10.1.10

Snowing and snowing

Je me suis rendu compte que j'aimais bien la neige. Il faut dire aussi que notre dérèglement du climat l'a faite tellement rare ces dernières années sur Lyon que je n'avais pas vraiment eu le temps ou les occasions d'en prendre conscience.
Pas pour les sports de neige. Ni pour sa beauté ou pour son aspect parfois lisse et immaculé. Mais très probablement pour sa faculté à étouffer les bruits et à dégager une impression générale de calme. Sûrement aussi pour le petit côté traditionnel et naturel, loin des folies de la surconsommation, et surtout de la course effrénée permanente. Une certaine épaisseur de neige pousse les gens à parler moins, à marcher moins vite, à rouler moins vite, à être plus posé, à rester chez eux.
C'est éphémère certes, mais c'est déjà ça. Et cela me fait repenser qu'il faudra vraiment que j'essaie d'habiter un temps en Scandinavie.

1.1.10

What is your life made of ?

Aimer sentimentalement ne fait pas vraiment partie de mon vocabulaire. Je ne prends habituellement pas de nouvelles de mes proches, n'offre pas de cadeau, ne souhaite à peu près rien à personne.
Si j'aimais des personnes au sens affectif du terme, j'imagine que je ferais ces choses.

Le changement d'année a le chic pour me rendre acariâtre. Au moins cette année n'ai-je pas eu droit au voisin hurlant à pleins poumons sur le palier entre 0h00 et 0h10. Il a déménagé depuis. Anecdote mise à part je supprime aussi vite que possible tous les sms et mails de vœux. Je veux me couper de cette niaiserie intersidérale, y penser le moins possible et rapidement la faire appartenir au passé. Un message m'a demandé ce que j'avais prévu en ce premier jour de l'année, "j'ai prévu qu'on me fiche la paix". Il y a quelques jours c'était une question orale un peu naïve "tu n'aimes pas Noël ?", "Non". Grâce à un contexte favorable c'est la première année que je réussis à faire tomber le nombre de repas dits de famille à zéro, et c'est heureux. Avoir attendu autant d'années avant d'y parvenir est un peu désespérant.

De plus cette période me rappelle forcément celle précédant l'année de mes 20 ans et où le suicide était la priorité absolue. Pas assez absolue il faut croire. Même si j'avais de toute façon déjà horreur de la période des fêtes bien avant cela. C'est juste une connotation supplémentaire.

Je voulais écrire sur le chaos total régnant dans mon appartement et dans ma gestion globale des choses quotidiennes. Chose qui a encore plus été mise en abîme lorsque je suis tombé malade quelques jours. C'est difficile à décrire. Quand je regarde autour de moi je trouve juste cela normal, et ce qui est normal ne mérite pas d'être décrit. Sauf que le fait que je trouve cela normal signifie tout sauf que ça l'est.
Le désordre est permanent et total. Lorsqu'il arrive que je décide de ranger, le terme n'est pas exact, en fait je fais juste de la place pour pouvoir marcher et me déplacer de manière pas trop incommodante. L'ensemble est relativement poussiéreux. Luxe de célibataire s'empressera de déclamer la société. Mais je ne vois pas exactement ce qui est reproché à la poussière, c'est un élément peu nocif, calme et facile à faire disparaître au besoin. Le nombre de personnes qui ne supportent pas d'une part le désordre, et d'autre part la poussière, me fait froid dans le dos. N'y a-t-il pas plus utile à faire que de mener des luttes permanentes contre ces deux éléments inoffensifs ?

L'inertie est à n'en pas douter le mot le plus adapté à ma gestion des choses matérielles et administratives. Mon alimentation est très limitée et peu variée. Ma garde-robe évolue environ à la vitesse moyenne de l'érosion des falaises par la mer. Je n'ai acheté aucun meuble à ce jour. Tout comme je n'ai jamais acheté aucun CD ou DVD d'ailleurs (non, je ne pirate pas non plus), parmi des dizaines d'autres exemples similaires. Je relève mon courrier une à trois fois par mois environ, ce qui me vaut parfois quelques mauvaises surprises, certes, mais rien de grave jusque là. Je consulte mes comptes et pose les chèques à encaisser qui s'empilent à une fréquence similaire, un peu moins peut-être. Luxe de personne gagnant bien sa vie s'empressera de supposer le quidam. On ne peut pas dire non, mais luxe de personne qui n'achète jamais rien, ça oui.

La valeur que j'accorde à ce qui est matériel, ménager, administratif, financier, est à peu près nulle, ou au minimum que je puisse la situer. Finalement je n'accorde de l'importance qu'à certaines choses abstraites, un ou deux jeux d'une richesse infinie, certaines valeurs et une poignée d'idéaux; je crois. Noyé (volontairement) dans le chaos précédemment décrit, je passe le plus clair de mon temps libre dans un monde abstrait, à étudier des stratégies échiquéennes, préparer des cours correspondants, et pour lutter contre l'effet de lassitude à essayer - en résumé - de m'approcher du niveau de l'ordinateur au scrabble. Somme - réduite - de choses dont le commun des mortels ne peut se figurer quelle espèce d'intérêt cela peut avoir. Dans l'absolu il faut bien avouer que ça n'en a pas tellement, mais en pratique c'est ce qui compose et porte mon existence toute entière.

Le jeu d'échecs est sûrement le jeu auquel il est accordé le plus grand respect. Mais qui veut entendre parler de s'y pencher sérieusement ? Et quel est l'avenir d'un jeu intellectuel, fusse-t-il le plus respecté d'entre eux, dans le monde dans lequel nous vivons ?
Tout le monde connaît le scrabble mais étant donné que c'est le loisir familial par excellence, qui veut entendre parler de s'y pencher sérieusement ?

Prenons cela. Prenons ce qui a essayé d'être décrit plus haut, notamment quant à ma façon de vivre. Et maintenant je peux reposer la question : suis-je seulement différent comme dans la phrase "Nous sommes tous différents" ?

Subterfuge anti-routine

Aller travailler est fade. Même si on a par exemple un travail passionnant, l'action d'aller travailler en elle-même s'avère généralement d'une grande fadeur.

Très longtemps je me suis réveillé aussitôt que mon réveil avait sonné. J'avais même quelque peine à comprendre ceux qui disaient l'éteindre plusieurs fois pour dormir quelques minutes supplémentaires. Je suppose qu'ils ne le réglaient pas sur l'horaire optimal.
Maintenant c'est un peu différent. Je règle toujours aussi court, mais il devient fréquent que je ne me lève pas tout de suite. Les chances que je me rendorme sont minimes mais je suis éveillé et reste allongé, parfois pendant 10 à 20 minutes, ce qui a tendance à me mettre plutôt en retard. Sauf que je ne peux pas me permettre d'arriver vraiment en retard dans les écoles, dès lors je dois tout faire en accéléré, y compris le trajet en voiture, pour espérer arriver à temps (chose que j'ai toujours réussie jusque là). Je réfléchissais l'autre jour à ce phénomène et je me demande si ce n'est pas pour pimenter l'action d'aller au travail. Cette action d'une fadeur et d'une routine extrême devient tout de même plus excitante lorsqu'il y a un compte-à-rebours. C'est peut-être mon inconscient qui m'a poussé à faire cela.
Que mon inconscient doive trouver des subterfuges de ce genre pour que mon conscient s'ennuie moins, c'est à la fois touchant et triste.