30.5.10

Oser

J'ai un poste quasi idéal. En terme de relations de travail, d'autonomie, d'emploi du temps, de vacances, de salaire. Je suis apprécié et tout se passe bien.
Pourtant je vais démissionner. A cause d'un début de lassitude et d'érosion de ma motivation personnelle.
Je n'ai aucune idée de ce que je vais faire à la place. C'est risqué financièrement. Cela peut sembler étrange d'abandonner un endroit où j'étais reconnu et apprécié, sans problème particulier.
Mais je ne veux pas vivre au rabais.
Je ne peux me contenter de reconnaissance. Je laisse cela aux autres.
Je ne peux me contenter d'un emploi du temps plaisant, de la sécurité de l'emploi, de la sécurité financière. Cela aussi je le laisse aux autres, je sais qu'ils adorent ça.
J'ai besoin de savoir pourquoi je fais les choses, d'être porté par une envie d'avancer, d'être motivé par mes actions. Je ne peux me contenter de répéter et de stagner. J'ai besoin de m'assurer que ce que je fais et ce pourquoi je vis correspondent à ce que je suis.

17.5.10

Où arna se heurte au capitalisme

La construction automobile, un des symboles du capitalisme.
J'ai pour la première fois acheté une voiture neuve. Plusieurs de mes connaissances n'avaient pas manqué de me sous-entendre l'importance de l'instant.
J'en ai fait acquisition la semaine dernière. Pour ceux qui se posent la question : oui elle roule. Et je devrais maintenant à chaque fois que je monte dedans me réjouir de monter dans une voiture neuve, c'est cela ? Et je devrais retirer un plaisir certain à la conduire ? Et je devrais anxieusement guetter la moindre trace de rayure ? Et quoi d'autre encore ? Et pendant combien de temps ? Pendant tant qu'elle a toujours l'air d'une voiture neuve ?
J'ai pu mesurer une nouvelle fois l'immensité de la différence entre mon appréciation de l'acquisition de biens matériels et celle de l'ensemble de la population en moyenne.

Au delà de mon cas personnel, cela pose tout de même une question pertinente : en quoi avoir érigé la (sur)consommation comme un pilier de la société est-il un progrès pour l'humanité ?

Si l'ensemble de la population parvient à se réjouir pendant des semaines de toute nouvelle acquisition d'un bien matériel, alors peut-être en effet est-ce bénéfique. Mais bordel, en quoi le fait de se réjouir de cela fait-il progresser l'humanité ?
Que l'invention de la voiture soit un progrès pour l'humanité, il est difficile d'en douter, mais peut-on m'expliquer pourquoi il existe des centaines voire des milliers de modèles différents ? Peut-on m'expliquer quelle est l'essence de la réjouissance de l'acquisition d'une nouvelle voiture ? Et comment peut-elle durer plus de quelques jours ? Et en quoi l'humanité tire le moindre profit de l'existence de tout cela ?
Et ces questions ne se posent-elles pas avec encore plus de force concernant quantité d'autres objets de consommation ?

On va sans doute m'éclairer sur les bases du capitalisme. Sûrement va-t-on m'indiquer que plus il y a d'objets de consommations et plus les gens se réjouissent de leur acquisition, plus d'emplois sont créés, plus la croissance augmente. Non mais d'accord mais je veux aller au bout des choses : en quoi est-ce un progrès pour l'humanité ? En quoi le fait que plein de personnes puissent avoir des emplois est bénéfique ? Si ces emplois ne servent qu'à produire des objets de consommations qui ne sont que superflus, en quoi cela nous fait-il progresser ? Et si l'Etat s'enrichit du fait de la croissance, dans quoi réinvestit-il cette richesse ? Dans des choses qui nous font progresser ?
Je veux bien croire que la société occidentale soit plus proche d'un certain "idéal" que d'autres sociétés des pays en développement, au niveau du confort, de la santé, des services, des divertissements, etc. Mais au niveau de la spiritualité ? Au niveau des qualitiés humaines ? Je ne nie pas que le capitalisme a des avantages mais pourquoi être obligé de le pousser à l'extrême et ce pendant des décennies avant de pouvoir enfin se rendre compte de ses limites ?

Revenons à un sujet autrement moins important : moi. Je suis déconnecté de la réalité. Incapable de choisir un lot parmi des dizaines. Complètement déprimé, à un point tel de me noyer dans l'alcool, moi qui n'en bois presque jamais. Mais je trouve que le vin a tellement mauvais goût (même un vin de qualité, tous les vins sont dégueulasses avant que le palais n'ait eu le temps de s'y habituer à hauteur de dizaines de dizaines de fois, ce qui est juste débile en soi puisque ça veut dire qu'on force le corps à s'habituer à quelque chose de dégueulasse) que je n'y recherche que l'absorption d'alcool. C'est comme avec tout le reste : je ne recherche que l'essence. Woody Allen a déclaré ces derniers jours (et probablement aussi auparavant) : "Des gens très intelligents l'ont dit, comme Freud, Nietzsche : il faut vivre dans l'illusion pour pouvoir vivre". Comment suis-je censé procéder, moi qui recherche toujours la vérité et l'essence ? Mais il y a là une bonne partie de la source de mes difficultés.