12.7.22

Suite

Mes deux mails suivants à cette même psy.

7/07/2022

A deux doigts de me dire que je suis une personne nuisible, ce que vous devez penser, mais j'imagine qu'un sursaut professionnel vous en a empêché.

Je vous laisserai faire lire votre mail à votre référent psy, si vous en avez un, ou à une collègue, qui appréciera sûrement.

Vous avez fait votre maximum, j'ai fait mon maximum, et voilà où on en est arrivés : voilà à quoi ressemble mon monde.

12/07/2022

"De mon côté je ne peux vous proposer que de changer votre fonctionnement, vous ouvrir à une autre vision du monde, dans laquelle d'autres relations sont possibles."
Vous savez très bien que c'est impossible Amélie. Mais vous l'écrivez quand même, pour la forme.

Qu'est-ce qu'on a fait pendant 16 séances, Amélie ? Vraiment.

Si vous me disiez "allez on essaie quelque chose", je vous dirais "allez on y va, on essaie quelque chose".
Mais vous savez très bien que ça n'ira nulle part. Vous le savez aussi bien que moi.
Et cela ne vient pas de ma volonté, mais de ce que je suis.
Et la fable du "si on veut on peut", on va soigneusement la laisser aux naïfs.

J'ai fait du mieux que je pouvais Amélie :
Vous m'avez proposé 2 séances par semaine, j'ai accepté malgré mes réticences.

("ce qui m'embête c'est la perspective que tout ça soit dans le vide et n'aboutisse à rien. Mais je dois me donner toutes les chances.")

Vous m'avez dit d'aller faire du sport, je n'ai pas réussi à aller faire de la natation mais j'ai remplacé par de la course à pied.

J'ai lu un Tinoco.

J'ai posté une annonce sur un site de voisins.

Vous m'avez dit de noter le positif de chacune de mes journées, je l'ai fait.

Vous m'avez dit d'essayer des ateliers avec votre collègue sophrologue, je l'ai fait, malgré mes réticences.

J'ai fait des compte-rendu fleuves de ce que je vivais, de ce que j'en pensais, mes émotions, mes questionnements, etc. Plus de 100 mails, sans aucune retenue. Plus de 100 mails, bon sang...

J'ai marché régulièrement pendant 1 an et demi. Impact inconnu et non mesurable.
J'ai essayé la méditation pleine conscience, ça m'a rendu fou.

On m'a dit d'aller chez un acupuncteur, j'y suis allé, ça m'a rendu fou.

Je me suis inscrit sur des sites de rencontres pendant 8 ans. Désespérant.

Je m'inscris sur de nouveaux sites en ce moment. Des dizaines. Plus que désespérant.

Mais oui, à part ça, je ne fais rien. Je ne dépasse jamais mes réticences.
Mais non voyons, le problème ça doit être la façon dont je les fais. Bah oui, c'est forcément de ma faute, de toute façon...

Relire mon PDF du 18 octobre 2021 à 2h44 est instructif.

"Il me semble donc plus pertinent et plus bénéfique pour vous de vous dire que je ne pourrais rien de plus"
Voilà, ça, c'est exact. Mais ce n'est pas la peine de me faire croire ni le contraire, ni que c'est de ma faute ou de mon manque de volonté. C'est mentir.
Cela correspond certainement à la façon dont vous voyez votre métier, mais ça ne correspond pas à ma situation Amélie. Et j'aimerais qu'un jour des gens comprennent que les schémas dont ils ont l'habitude, et qui fonctionnent pour 99% des gens, et même sûrement 90% des haut potentiels, ne fonctionnent pas dans mon cas. Comme Delphine l'a compris, par exemple.

4.7.22

Le changement

 "

Bonjour ***,

Il m'a fallu un peu de temps pour savoir quoi vous répondre. Je ne peux que constater au fil des mois votre habilité, je dirais même votre force, à ne surtout rien changer de votre fonctionnement profond. Vous vivez effectivement dans un monde où " tout le monde fait de son mieux mais cela n'aboutit qu'à du vide et à des personnes impuissantes". Il ne s'agit pas du monde en général mais de votre monde pour lequel vous mobilisez une énergie énorme pour qu'il ne change surtout pas et que chaque relation, chaque rencontre vienne confirmer la vision que vous en avez.

De mon côté je ne peux vous proposer que de changer votre fonctionnement, vous ouvrir à une autre vision du monde, dans laquelle d'autres relations sont possibles. Vous ne pouvez pas y accéder puisque tout en vous se concentre à ne surtout rien changer depuis toutes ces années. Il me semble donc plus pertinent et plus bénéfique pour vous de vous dire que je ne pourrais rien de plus, mes objectifs professionnels allant à l'encontre de votre conception du monde et de la vie.

Je vous souhaite donc une bonne continuation et j'espère que vous apprendrez à vivre un peu plus sereinement avec ce monde dans lequel tout est voué à l'échec.

Bien à vous,

Amélie ***
Psychologue clinicienne

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Bonjour Amélie,

Comme je l'ai écrit à Delphine, que je vois demain à son cabinet, je me disais que non seulement vous ne m'aviez pas aidé, mais qu'en plus vous ne me répondiez même plus, et que ça me rendait fou.
Maintenant je reçois une réponse digne d'une personne prise au hasard dans la population, identique à des réponses que des personnes non formées m'ont faites par le passé. C'est génial !

Évidemment qu'il s'agit de mon monde. On parle de moi, de ce que je vis et de la façon dont je le ressens.
Notons que je vois quand même très souvent la même chose chez les autres. Biais de confirmation, sûrement. Comme d'habitude. C'est pratique d'accuser le biais de confirmation, ça évite de se poser les bonnes questions.


"Vous ne pouvez pas y accéder puisque tout en vous se concentre à ne surtout rien changer depuis toutes ces années."
Je croyais, naïvement sûrement, que c'était précisément une des parts les plus fondamentales du travail de psy que de faire évoluer la vision du patient. Or j'ai été accompagné, parfois même par 2 ou 3 psys simultanément. S'il s'avère que ma vision n'a pas évolué, alors est-ce plutôt de ma faute, ou plutôt celle des professionnels qui m'accompagnaient et dont c'est précisément le métier ?

Vous savez à quel point une personne en dépression va facilement avoir tendance à mettre la faute sur elle. Facilement et quasiment systématiquement. Eh bien vous savez quoi Amélie ? Pour une fois je ne vais pas mettre la faute sur moi.

Qu'est-ce qu'on a fait pendant 16 séances Amélie ? Vous le savez, vous ? Mais ce doit être de ma faute.

Vous croyez que Delphine a encore des leviers après 60-70-80 séances ? Je ne sais pas si vous avez un avis sur la question. Je ne sais pas si dans votre monde où tout est possible, la réponse est oui.
Si vous, vous n'en aviez plus après nos 16 séances, alors la réponse est non pour les deux situations et le "tout est possible quand on change des choses" est un mensonge.

Je vous l'avais déjà dit, j'ai fait énormément d'efforts. Je ne vois juste pas comment j'aurais pu faire plus. C'est assez dingue le nombre de trucs que j'ai essayés, le nombre de professionnels que j'ai vus, les cliniques où je suis passé, le nombre de vidéos vues, de livres lus, de tests que j'ai remplis, les centaines de mails que j'ai envoyés, souvent longs, le nombre de sites que je suis allé voir, le nombre de forums où je me suis inscrit, le nombre de conversations que j'ai entamées, etc. Vous n'en avez qu'une vague idée Amélie, n'est-ce pas ? Et pourtant vous écrivez ce que vous écrivez.

Le changement, je l'ai cherché. J'ai fait le maximum.
PARCE QUE QUAND TU ES DÉSESPÉRÉ, QUE TU AS ENVIE DE MOURIR 200 JOURS PAR AN PENDANT 15 ANS, ÉVIDEMMENT QUE TU FAIS TON MAXIMUM.
Est-il possible de faire plus que son maximum ? Non.
Et le tout, en étant accompagné par des professionnels en parallèle.
Donc on fait quoi Amélie ?

Vous ne m'avez pas dit si vous étiez formée à la double dépression. Cela dit, ça n'est peut-être même pas le problème puisque le problème c'est juste moi et mon fonctionnement, qui semble-t-il n'apparaît dans aucun putain de manuel.

Voilà, je suis très content. Je me sens très récompensé de mes efforts. De tout le temps que j'ai dédié, de tout l'argent que j'ai dépensé, de tous les espoirs que j'ai fondés.

Je me suis toujours dit au pire moi j'essuie les plâtres mais au moins les professionnels que j'ai vus sauront comment aider les prochaines personnes comme moi. Bah non, même pas, cela n'aura même pas servi à ça. Échec sur toute la ligne.

Bon bah je ne sais pas si je dois vous remercier ou non Amélie hein. Il ne reste que de la colère et de la tristesse.