31.8.15

Ecriture post-estivale

Il me semble que l'été a été bon. Si l'on se fie à mon exigence habituelle et à mes appréciations des étés précédents, cette constatation est assez remarquable. C'est possiblement d'autant plus inattendu que l'année écoulée fut rude. Les tout premiers jours ont certes été chaotiques, mais la suite s'est déroulée sans accroc, et même avec une poignée de satisfactions. L'une des récurrentes a été celle du travail bien fait. Il y eut peu de jours de repos, une dizaine tout au plus, mais c'est finalement l'une des clefs. Il est vrai que je ne suis pas forcément au meilleur de ma forme pour la rentrée, mais ce n'est pas si grave car elle devrait être assez progressive.

J'ai relu mes notes précédentes. Si leur sincérité ne peut être mise en doute, une impression amère en ressort. Ce n'est pas surprenant concernant celles qui précèdent avril, étant donnés la difficulté et les tourments de la période. Cela l'est davantage concernant la dernière qui ponctuait une douzaine de semaines à tendance positive. Même si elle contenait également son lot d'observations favorables. Cela me chagrine partiellement car l'une de mes préoccupations depuis quelques temps est de me montrer positif avec autrui. Certainement devrais-je essayer de procéder davantage ainsi avec moi-même. Cela ne me ferait pas de mal.

Il est certes compréhensible que je me montre pour le moins prudent et peu optimiste étant donné ce que j'ai expérimenté par le passé. Pourtant ce n'est pas comme si je m'étais souvent emballé pour ensuite être déçu. Et entre l'emballement et l'amertume il doit y avoir quelques intermédiaires. Il faudrait donc que je me montre plus positif. Et il convient d'apprécier de laisser, même temporairement, la période noire derrière soi. Savourer n'est pas l'action à laquelle je suis le plus habitué ni celle dans laquelle j'excelle le plus. Il y a deux jours j'écrivais que j'essayais de savourer les vingt-deux jours écoulés en regardant le paysage défiler par les fenêtres du TGV, de la musique dans les oreilles, mais je ne sais pas si j'y parvenais. Ne pas réussir à savourer est sans doute l'une de mes caractéristiques principales. Ce n'est pas un constat positif mais simplement la réalité. La faute ne me revient pas si celle-ci n'est pas joyeuse. Devrais-je ne pas en faire état ? Devrais-je ne pas faire état de mes caractéristiques ? Ce serait plus riant mais un peu étrange et hypocrite.

Je me rends compte que je peine à mettre en œuvre les résolutions du deuxième paragraphe. Qu'y puis-je ? Sans doute faut-il encore que je m'entraîne. J'ai envie d'être positif et d'apporter. Je crois que je me suis fortement amélioré dans ce domaine en ce qui concerne mon rapport aux autres. C'est déjà réjouissant. L'appliquer à moi-même est une étape autrement difficile, car c'est combattre mon fonctionnement naturel. Depuis toujours je passe mon temps - sans même m'en rendre compte - à m'auto-critiquer afin - j'imagine - de m'améliorer. Ce mois-ci, au contact d'autrui, j'ai néanmoins compris que le mieux pouvait être l'ennemi du bien. Je me suis également rendu compte du taux ultra élevé de dispersion dans lequel je travaille ; pensée en arborescence, etc. J'essaie toujours de tout faire en même temps, ce qui est déjà en soi réellement ardu, le tout en recherchant systématiquement le mieux. Cela donne une quête pratiquement impensable et impossible de complétude et de perfection, qui aboutit fatalement à de la frustration. C'est assez édifiant. Je n'étais pratiquement pas au courant que je fonctionnais ainsi, et à un point tel. Il pourrait être bon de viser à faire une chose à la fois, bien plutôt que mieux, avant de passer à la suivante et de passer au mieux. Il est certes bien utopique de croire que je peux procéder ainsi, mais savoir que c'est une voie à suivre ne pourra cependant qu'avoir des conséquences bénéfiques.

Tout récemment J. m'a fait découvrir 88 constellations. Ai été marqué par la plume impressionnante et inspirante de son auteure au prénom prédestinant. Et frappé par cette vidéo. Elle aussi a un spectre d'observation d'une largeur océane, mais elle fait ressortir le bon sans s'attarder sur le moins bon. Je ferais bien d'essayer de m'en inspirer...

"Je n'existe jamais aussi fort que dans la retranscription exacte de mes souvenirs les plus intenses."
"C'est que mes jours prennent un air de fiction lorsqu'ils passent sous mes yeux avides d'émerveillement. Un filtre bien ajusté qui s'empresse de ne noter que le beau pour laisser la noirceur de côté."
"Je ne suis, pour être honnête, jamais si inspirée que dans mes périodes d'extrême tristesse. Mais là encore, lorsque tout est sombre, c'est ce qui en ressort d'admirable et d'esthétique qui me tient la tête hors de l'eau. Les détails à relever pour, enfin, se redresser."