6.12.09

Amour (ir)raisonné

L'amour est censé ne répondre à aucune logique, aucune raison. C'est une des raisons de la fascination qu'il crée.
Le sentiment amoureux en particulier a pour réputation de pouvoir survenir à tout moment, comme par magie, et cela crée du rêve. Mais lorsqu'il est ensuite question de construire une relation, un dilemme survient puisque cette construction devrait se baser sur des critères logiques et réfléchis, si elle se veut solide et durable.
Comment peut s'effectuer cette transformation des sentiments amoureux vers des bases raisonnées ? Cela m'échappe totalement.

Est-il si surprenant que des relations construites à l'encontre de toute réflexion se terminent mal ?
Mais comment peut-il y avoir une flamme durable dans une relation qui se construirait sans réels sentiments ?
Vu sous cet angle, aucune relation n'a la moindre garantie de durer. C'est juste exactement la réalité.

Mais la frontière entre le sentiment amoureux et la raison doit être beaucoup plus fine et floue que cela. La raison fait sûrement des efforts pour trouver des éléments raisonnables venant justifier des sentiments qui ne le sont pas du tout. Notre raison, parfois (souvent ?) fort perturbée par les sentiments d'ailleurs, va se démener pour trouver des arguments légitimant la construction de la relation.

Sûrement plein de personnes qui me liraient se demanderaient de quoi je suis en train de parler. "Que pourraient être de bonnes raisons de construire une relation avec une personne ? L'amour ne suffit-il pas ?"
Si on construit sans réfléchir, sans chercher à comprendre, construire pour construire, alors je suppose en effet que l'amour ne suffit pas. L'évolution de la société semble le prouver.

Je ne sais pas si des constructions plus réfléchies basées sur certains critères (personnels) engendreraient de meilleurs résultats. Plusieurs autres éléments entrent sûrement en ligne de compte plus tard quant à la durée et l'issue de la relation.
De toute façon il est juste évident que les gens continueront à se baser sur leurs sentiments plus que sur quoi que ce soit d'autre.
Personne n'a de recette magique pour qu'une relation dure à coup sûr, c'est juste le schéma de la société qui se transforme complètement et l'ensemble doit être repensé en fonction de cela. La logique veut maintenant que la majorité des personnes construisent plusieurs relations au cours de leur existence. La gestion (et la question) des enfants mettra du temps avant de s'adapter, de s'affiner. Les prochaines générations d'enfants devront savoir vivre dans des environnements complexes faits de plusieurs parents, plusieurs lieux d'habitation, plusieurs réseaux sociaux différents, sans qu'ils les ressentent comme le chaos.


P.S. Un mot pour reparler du fait que je ne connaisse pas pour l'instant l'incertitude du sentiment amoureux. Je me suis en effet rendu compte quelques années après que tous les sentiments amoureux que je croyais avoir éprouvés avaient en fait été des décisions réfléchies créées par ma (sur)raison à mon insu. Je ne sais pas si ça le fait à beaucoup de monde.

2.12.09

Lettre au cas où

Mademoiselle Y.,

J'espère que vous êtes aussi honorée de recevoir cette lettre que je ne le suis de l'écrire. L'infime que je sais de vous m'a l'air très sympathique, là n'est pas la question. Je me dois juste de réaliser un ajustement dans votre perception des choses, c'est dans l'ordre des choses je n'y peux rien et m'en excuse par avance.

Votre monde ne se compose pas majoritairement de deux éléments, L. et vous, mais de trois : L., vous et la passion de L. . D'accord on sent le déséquilibre poindre : je ne suis pas contre l'ajout d'un quatrième élément qui serait votre passion. Mais en avez-vous seulement une ? Ce n'est pas une question banale, et il y a quantité de personne qui n'en ont point, il n'y a rien de honteux à cela. Mieux vaut le concéder qu'en inventer une. De toute façon ce serait bien vite démasqué, une fausse passion ne faisant pas illusion longtemps. Certains considèrent également leur amour comme leur passion, peut-être finalement est-ce votre cas ?
Nous voici donc à trois ou quatre éléments principaux. Chacun d'eux doit tenir un rôle important.

Quel rôle a tenu la passion de L. ces dernières années ? Je vous le demande. Mais c'est que l'équilibre global s'en retrouve incertain... Rééquilibrage n'est pas un très joli mot, néanmoins il semble s'imposer ici.
Il faut partager. Pourquoi sa passion tiendrait-elle un rôle si mineur ? Mineur n'est pas du tout adéquat. Je n'ose penser que c'est votre incertitude de la durée et de l'avenir qui vous ferait dévorer ce qui reste du présent. Même si vous avez une très grande foi dans votre relation, je suis bien d'accord pour dire qu'elle a toutefois nettement moins de chances de durer à vie que celle qui unit L. à sa passion, bon bon mais nous n'y pouvons rien, ce n'est pas à mon sens un argument recevable pour noyer cette concurrente déloyale (qui ne devrait d'ailleurs pas être vue comme ça) et la restreindre ainsi. Car cela influe juste négativement sur L. (qui n'a pas besoin de cela dans le contexte, nous en conviendrons tous deux aisément), est-ce bien là ce que vous souhaitez ? Je suis sûr que non !

La réciproque vaut bien sûr pour L. concernant votre quatrième élément potentiel.

L'essentiel est là, je souhaitais simplement procéder à ce petit éclairage et je voudrais juste qu'il soit bénéfique. Et je n'écris pas cela pour que ça profite à L., mais pour que ça profite à vous deux.

Le ton est prétentieux, c'est vrai, il convient de ne prendre que l'utile et de jeter le reste.

Très amicalement.

3.11.09

Paradoxes permanents

La médiocrité ambiante finit systématiquement par me rattraper. Je parle de médiocrité, je parle de moi, c'est sûr c'est très prétentieux et égocentrique. Faudrait-il que je ne pense qu'à compatir, à aider les gens à être moins médiocre, et m'oublier totalement ? Est-ce là la façon habituelle dont se comportent les gens ? Passent-ils leur temps à se concentrer sur aider leur prochain et ne pas se préoccuper d'eux-mêmes ?
Mais même en admettant qu'ils ne souffrent pas de la médiocrité (la médiocrité a rarement conscience qu'elle est médiocre) et qu'ils ne soient pas en mesure d'améliorer les choses, est-ce bien normal que les désagréments et obligations retombent sur les moins médiocres ? Pourquoi ces derniers se verraient accablés du fardeau de devoir se montrer exemplaire ?

Nombre de paradoxes à gérer.
Être incapable de se montrer impoli, discourtois, antipathique, en contact réel, et ensuite pester, se désespérer, ressentir du dégoût et du mépris.
Être désactivé émotionnellement et sentimentalement, se montrer froid, rationnel, et être par ailleurs très sensible à l'essence de la vie en général.
Être profondément asocial, solitaire, presque agoraphobe, mépriser les gens, et ressentir une empathie aussi profonde qu'inexplicable.
Vouloir être coupé du monde, surtout des autres, et en avoir viscéralement, involontairement et inévitablement besoin.
Savoir que je ne suis pas capable de vraies relations humaines, que ce que je suis (mais rien d'apparent !) les voue vraisemblablement à l'échec, et inexplicablement toujours espérer, vainement sûrement.
Être contre des modifications de la façon de penser, de se comporter, suite à l'ingestion de substances extérieures, et pourtant bien être obligé de supposer que ça peut aussi s'avérer positif.

Alain Badiou dit à l'instant que la vie sans amour est bien désertique, qu'il donne à la vie son intensité et sa signification.
Qu'il débute par un hasard, tisse un nouveau monde, une nouvelle existence, crée une nécessité.
Que c'est voir apparaître un nouveau monde, comme une nouvelle naissance.

Comment me situer par rapport à cela. Cela confirme juste aussi que je vis dans un monde parallèle. Mais comment laisser le soin au hasard et aux sentiments de créer de nouvelles choses, des choses qui portent, qui donnent du sens ? Et comment espérer pouvoir dépasser ma surlucidité au point de faire confiance à une personne, de communier, d'oublier ?
Il y a juste comme une évidence que tout ce dont je suis constitué, tout ce que je suis, s'y oppose. Ou alors, comme je l'ai déjà évoqué, brièvement espéré, car l'espoir est finalement un défaut permanent tout autant qu'il est évidemment un moteur majeur, ou alors donc par un miracle pur et simple; mais comment se figurer cela, comment les évidences, les faits, les choses même, pourraient être balayés par un miracle ?
Il y a cette opposition qu'on retrouve régulièrement : j'accorde plus d'importance aux faits, aux analyses et à la logique, qu'au hasard, à l'espoir et aux miracles. D'autres, et plus nombreux on dirait, font le contraire.

28.10.09

Nuisances dues aux travaux

Monsieur le conseiller municipal,

Ces derniers mois j'ai alerté différents responsables sur la question des nuisances sonores subies par les riverains habitant à proximité de travaux. Dans l'ensemble, tous fuient leurs responsabilités, considèrent les choses comme normales, ou ne se projettent pas à un niveau plus global.

La loi actuelle sur les plages horaires des nuisances sonores semble très insuffisante :
- on oublie les personnes exerçant une activité professionnelle de nuit (que penser par exemple du sommeil du boulanger qui pendant 2 ans doit subir des nuisances sonores durant quantité de jours ouvrés ?)
- on oublie les personnes qui travaillent à domicile, partiellement ou à temps plein (comment effectuer un travail correct dans des conditions sonores difficiles ?)
- on oublie les personnes en recherche d'emploi (certaines n'ont pas d'emploi, pas d'indémnités et maintenant on leur ajoute des nuisances)
- on oublie les étudiants dont une à deux années de cursus sont rendues plus difficiles par l'ensemble des nuisances)
- on oublie les personnes qui prennent leurs congés, souhaitant pouvoir souffler de rythmes de travail de plus en plus élevés,
etc.
Il est facile de penser que ces catégories, prises une par une, ne représentent pas une grande partie de la population, mais lorsqu'on les regroupe on n'a plus du tout affaire à un pourcentage négligeable.

Certaines personnes déménagent à cause des travaux (c'est le cas dans mon immeuble, et dans bien d'autres probablement). La gêne occasionnée ne peut être considérée comme négligeable ou mineure.

Dans le cadre d'immeubles privés, les sociétés immobilières à l'origine de ces constructions ne sont généralement pas les sociétés les plus à plaindre d'un point de vue financier. Est-ce si utopique d'envisager que la loi les enjoigne à verser des indemnités aux riverains subissant les nuisances ? Même chose pour la Mairie dans le cadre de constructions publiques. Car on aura compris que j'évoque ici une problématique générale : le cas de M. *** au **, rue ** n'est pas grand chose, l'important est que des milliers de personnes sont dans cette situation continuellement en France. C'est de loi qu'il s'agit donc.
C'est de problématique de société qu'il s'agit. Que l'on cesse de fuir nos responsabilités : le problème existe, il n'est pas mineur, il faut le soumettre à des débats et le traiter d'une manière ou d'une autre. N'est-ce pas ainsi qu'une société est censée progresser ?

Je compte donc sur votre sens de la responsabilité pour faire remonter ce problème. Et s'il doit remonter jusqu'à l'assemblée nationale, qu'il remonte, mais que l'on cesse de fuir.

Je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de mes salutations distinguées.

18.10.09

Confidents modernes

Et pourquoi pas la notion de confident inconnu durable ?

Quand Internet n'existait pas, et qu'on ne trouvait pas la bonne personne pour se confier, et qu'on savait un minimum écrire, le journal intime était une bonne solution. Bien sûr l'inconvénient du journal intime c'est qu'il ne répond pas, ne conseille pas, ne compatit ni ne complimente.
Un jour les blogs sont nés. Certains s'en sont servis de journal intime. Quel paradoxe puisqu'il s'agit d'exposer potentiellement les informations au monde entier ! L'antithèse du journal intime finalement. C'est vrai que si ce sont de purs inconnus, ça fait un peu comme si c'était personne. Mais au final il reste quand même quelque chose qui ne va pas, la plupart ne peuvent simplement pas exposer des choses trop personnelles ainsi à autant de personnes, même inconnues.

Un intermédiaire serait donc la personne confidente inconnue. Bien sûr elle devra être choisie avec soin, avec le temps, mais une fois qu'on a trouvé la bonne, ça peut marcher. Bien sûr le statut d'inconnue se désagrègera petit à petit au fil du temps, mais il restera une part forte au sens où on décidera de ne jamais la rencontrer. Des mails, des messages instantanés, au maximum le téléphone. La situation conservera ceci de particulier que la personne ne fera qu'à moitié partie de notre vie puisqu'on ne l'aura jamais vue. Il n'y aura pas d'autre lien entre ces deux vies que des échanges principalement écrits. Une sorte de journal intime qui répond, avec tous les avantages que cela peut comporter. Dans ce contexte je prétends qu'on pourrait être amené à évoquer des éléments plus personnels avec cette personne qu'on ne l'aurait fait avec un confident ami classique faisant partie de notre vie.

Message formel et poli ?

"Merci de votre compréhension."
On lit souvent ce message. Quand il y a des travaux, des annulations, des temps d'attente anormalement longs, etc.
On n'y fait presque plus attention, on se dit que c'est un message poli. Mais on ne se rend pas compte qu'il est juste agressif.
En effet penchons-y nous un peu. On nous remercie de notre compréhension... On croit rêver ! On subit un désagrément, on n'a pas le choix, on ne peut s'y soustraire, et on apprend en plus que, sans le savoir, on fait preuve de compréhension. Première nouvelle ! On nous en remercie même déjà, avant même qu'on ait eu le début du commencement de l'intention de se montrer compréhensif. Ne serait-ce pas là le flagrant délit d'une vicieuse façon de nous forcer la main ?!
C'est sûr que les gens dégoulinent de compréhension lorsqu'ils doivent attendre 20 minutes au téléphone que le service technique leur réponde alors qu'ils ont déjà appelé à hauteur de 1h12 jusque là, à un tarif sympathique. C'est sûr qu'on peut les remercier qu'ils ne fassent pas de scandale parce que la grêve a annulé leur avion de la plus haute importance pour Moscou. C'est sûr que l'être humain est vraiment très compréhensif d'une manière générale lorsqu'on lui cause de sévères désagréments. C'est sûr.

7.10.09

Arna social

Je viens seulement de me rendre compte que je n'avais pas installé MSN sur mon ordinateur depuis le formatage de... juin dernier. Un signe de ma vie sociale trépidante !
Je n'ai pas de véritable vie sociale non plus. J'ai des collègues de travail, des collègues de loisir, des membres de ma famille que je vois très épisodiquement.
Et pourtant je n'ai pas de temps libre en trop. Je ne vois pas bien comment je pourrais avoir une vie sociale, ni même une petite amie. Ou il faudrait que je change radicalement la répartition de mon temps, ce qui me laisse sceptique.
Mon travail et mes loisirs occupent tout l'espace et c'est principalement par choix. Tout ce qui est volontairement social tend désespérément à me désespérer.

25.9.09

Coup de vent

1h du matin, et le chaos dans mon simulacre de vie. Je n'ai pas dîné. Avalé 12 chips et 3 barres de chocolat. Rien fait de constructif en 4 heures. Lever dans 6 heures. Mon appart dans le chaos, des chèques à poser depuis des lustres, une to do list qui stagne désespérément. Un rhume persistant. Et moi quelque part au milieu, comme une erreur, noyé.

5.9.09

Si ça va ??

Sms de mon père, à qui je donne un minimum de nouvelles depuis quelques mois : "Ça va ?".
Réponse : "Cela fait plus de 10 ans que je ne réponds plus sérieusement à cette question. Donc je vais continuer : Ça va."
Un peu plus tard sur msn : "Y a un truc qui va pas ???". Comment il peut oser me poser cette question. Il est complètement déconnecté. Il fait comme s'il ne s'était rien passé il y a 7 ans, d'ailleurs il n'est pas le seul, c'est sûr que c'est arrangeant. Mais ce n'est même pas volontaire en général, c'est l'inconscient qui fait un bon job, parce que c'est vrai : c'est tellement mieux comme ça. Faire comme si j'étais normal ou comme si c'était une parenthèse qui s'est refermée, ou comme si c'était une crise d'ado par exemple. C'est plus facile, je comprends. Mais quand même, enfin je ne sais pas...

Finalement mon existence est un enchevêtrement de prouesses.
Prouesse de réussir à faire croire que je suis sociable alors que je suis asocial.
Prouesse de réussir à faire croire que je vis alors qu'il n'en est rien.
Prouesse de survivre mentalement dans un environnement à l'opposé de ce que je suis (environnement basé sur les relations humaines, l'argent, les apparences, le bruit, les émotions et les sensations, entre autres).

Mais les prouesses me font une belle jambe. Moi j'aurais juste aimé bien aimer la vie, et c'est juste pas le cas.
Parfois une énorme vague de chagrin s'abat sur moi, en particulier lorsque je pense à mon appréciation globale de la vie, et que j'envisage que tout ce qui me fait avancer n'a pas de sens et n'est finalement que du vide. Possibilité pas du tout saugrenue, sauf qu'évidemment je suis bien obligé d'essayer de ne pas y penser.
Tout à l'heure il y a eu une terrible deuxième vague, quand dans un flash j'ai corrélé deux faits bien connus : celui que je ne vive pas (archi connu même) et celui que je fasse toutes les choses normales seulement à moitié (comme respirer, manger, entretenir, acheter, etc.). J'étais bien au courant de ces deux éléments mais je ne sais pas pourquoi, leur association m'a assené un énorme coup (comme une sorte de confirmation flagrante : bah oui regarde, tu n'arrives même pas à faire ça en entier).

Derniers jours à pouvoir végéter, après je ne devrais plus en avoir trop le temps. Cette réalité est assez tragique. C'est : fait quelque chose, n'importe quoi mais quelque chose, pour ne plus avoir le temps de penser que ta vie est du vide. Mais je crois savoir pertinemment que le vide finit toujours par nous rattraper. C'est pour ça que j'essaie en permanence de changer ce que je fais, même sans que ça soit radical, c'est pour leurrer le vide. Mais je sens quand il commence à se rapprocher et à comprendre mon petit jeu. Et là ça commence. Et je ne sais pas bien ce que je vais pouvoir changer.

26.8.09

Types de touristes

Il existe deux catégories de personnes réagissant de manière différente au "tourisme".
  • Première catégorie
Le guide : "A votre droite le Danube, 2ème plus long cours d'eau d'Europe, avec une longueur de plus de 3000 km".
Touriste 1 : "Wow, génial".
Touriste 1 cinq minutes plus tard : "Wow, génial".
Touriste 1 le soir-même : "Wow, le Danube aujourd'hui, génial".
Touriste 1 trois semaines plus tard : "Wow, le Danube il y a 3 semaines, génial".
Touriste 1 cinq ans plus tard (pour les plus endurants) : "Wow, le Danube il y a 5 ans, génial".
  • Deuxième catégorie
Le guide : "A votre droite le Danube, 2ème plus long cours d'eau d'Europe, avec une longueur de plus de 3000 km".
Touriste 2 : "Wow, génial".
Touriste 2 cinq minutes plus tard : "Bon ok, c'est un cours d'eau on a compris, la suite ?".
Touriste 2 le soir-même et par la suite : "Oui je l'ai vu, d'autres questions ?"

Le touriste 1 aura une tendance à se faire photographier aux endroits qu'il visite, histoire de pouvoir prouver à qui aurait un doute (on ne sait jamais...) et voudra bien l'entendre qu'il y était bel et bien en chair et en os. Le touriste 2 ne voit habituellement aucun intérêt à cette pratique. Etc.

J'imagine qu'au delà de cela, ces caractéristiques reflètent un mode de vie, une façon d'être et d'aborder les choses.
Analyser puis globaliser étant mes hobbys préférés, je dirais donc que d'une manière générale les personnes de la 1ère catégorie auront tendance à résister à la lassitude. En effet comment pourrait-il en être autrement pour une personne qui parvient à s'extasier plus d'une minute sur une seule et même chose, fusse-t-elle l'une des sept merveilles du monde, sans compter que ce n'est généralement pas le cas évidemment.

Comme je pressens que ces propos peuvent m'amener à être fustigé, je vais me pencher un peu plus sur la question : on conviendra qu'il faut être idiot pour s'extasier sur une chose ne comportant aucune profondeur (bien que l'être humain semble s'en être fait une spécialité : nombre de nos concitoyens ne se montrent aucunement dérangés de baver des minutes ou des heures durant devant des choses seulement belles). Supprimons donc les idiots (si seulement...) et admettons donc que les bons clients touristes 1 trouvent de la profondeur dans les choses. Ils s'intéresseront à la largeur du Danube, à son débit, aux pays qu'il traverse, à sa faune et sa flore, à son histoire, à son taux de pollution, à ses utilisations économiques, etc, etc. Bien. Parfait. Mais tout ceci a-t-il vraiment un intérêt ? Ok, la culture générale a-t-elle un intérêt ? Le seul enrichissement personnel ? L'intérêt de l'enrichissement personnel ? En faire profiter très occasionnellement d'autres personnes ? On y arrive ! Ces personnes devront fatalement appartenir eux aussi à la catégorie touristes 1. Autre élément important sous-jacent depuis quelques lignes : aimer les autres et les échanges avec les autres. Mais il y a aussi des touristes 1 qui ne partageront strictement rien, eux font ça pour le pur et simple enrichissement personnel : c'est très beau. A moins que ça ne soit que pour tromper l'ennui. Quel ennui de n'avoir trouvé que cela.

La vraie question c'est comment des touristes 2 peuvent cohabiter avec des touristes 1 ? Même quand ils ne font pas de tourisme puisqu'on aura compris que c'est toute leur façon d'être qui diffère.

4.8.09

Débriefing

Bien.
Il est certain que la note précédente est le fruit de la part de tristesse, de mélancolie, d'idéalisme. Le résultat est dur, mais sans doute plus proche de la réalité que si une part rêveuse s'était exprimée. Je suis relativement convaincu de toute façon que les analyses objectives de la réalité mènent plus souvent à des tableaux noirs ou peu reluisants que le contraire. L'humain est finalement un rêveur plein d'espoirs, et c'est heureux pour lui car sinon la réalité serait trop hostile. L'humain oui, moi non, ou tellement moins.
Quand tu t'aperçois à douze ans que tu n'as pas le gène de l'espoir, et que tu commences à sentir poindre l'hostilité de la réalité, il est naturel d'envisager le suicide. Refaire un point quinze ans plus tard, cinq-cent points plus tard, et retomber sur une conclusion similaire bien que des parenthèses passionnées anesthésiantes soient passées par là, et évidemment bien que l'analyse soit autrement plus complète et s'appuyant sur quinze ans de vécu supplémentaires, n'a rien non plus de surprenant. Car les gènes n'apparaissent pas par miracle.

Bien sûr je peux essayer de tenir un discours optimiste. Ce mot étant forcément bémolisé avec force si on l'associe à moi. Mais le nombre de fois que j'ai essayé est très restreint, pour la bonne raison que cela va juste contre ma nature. Bien sûr je pourrais tenter de m'appuyer sur ce qui m'a fait avancer jusqu'ici - mais ai-je seulement avancé ? N'ai-je pas simplement traversé le temps ? -. J'imagine qu'il y a une part quelque part en moi qui est chargée d'entretenir un simulacre d'espoir - simulacre puisque le gène est absent -, pauvre part, je ne sais comment elle procède. J'imagine bien que je vais continuer à avancer - ou plutôt non, plutôt mettre un pied devant l'autre pour ne pas tomber parce qu'on perd l'équilibre vers l'avant. Je ne sais pas bien comment je vais faire pour supporter tout ce qu'il y a à supporter, probablement que je ferai juste comme j'ai fait jusque là, c'est-à-dire que je n'en ai aucune idée; la fatalité fera que ça continuera à fonctionner, parce que quand on y pense c'est quand même très difficile de rater de supporter des choses. L'illusion se poursuivra donc. Et puis un point, un énième, sera fait à un moment donné, et peut-être qu'au bout d'un moment le besoin de changement sera trop fort et des décisions seront prises. En attendant..., je ne sais pas..., tant pis.

3.8.09

-

Ça n'a duré que quelques secondes. La tristesse a transpiré de mon corps tout d'un coup et très vite.
Peut-être que c'était la conjonction de deux choses, un néant d'envie impressionnant et la prise de conscience violente des mes incapacités.
Le manque d'envie a toujours été là, parfois au tout premier plan, parfois simplement sous-jacent. Peut-être me raccrochais-je à la croyance ou l'espérance de posséder certaines capacités. Cela dit il faut bien regarder les choses en face à un moment donné.
Peut-être serais-je éventuellement, avec de la chance et de la persévérance, capable de n'écrire pas trop mal, mais comme je n'ai aucune idée de quoi écrire ça ne sert strictement à rien.
Je suis trop prétentieux. Je ne cesse de me poser la question mais la réponse n'est pas tellement difficile, étant donné que je crois posséder des capacités hors normes alors que ça n'est aucunement le cas, c'est donc que je suis très prétentieux.
Je ne crois pas avoir ces capacités dans les deux domaines que j'étudie depuis des années. Au contraire, c'est assez honteux que j'atteigne deux niveaux aussi bas dans les deux domaines après autant d'efforts. Il pourrait être temps d'arrêter. D'autant que l'étude poussée aussi bien de l'un que de l'autre, n'est d'à peu près aucune utilité dans l'absolu. Il y a quelques rares personnes qui avaient de grandes capacités pour l'un ou l'autre et qui ont décidé d'arrêter, ce qui est assez remarquable en terme d'intelligence. Je ne peux que les admirer : je n'atteindrai jamais leur niveau et en plus il est vraisemblable que je n'aurai même pas la sagesse d'arrêter.
Ce qui est compréhensible - et ceci va permettre de boucler la boucle - car je ne sais au final pratiquement rien faire d'autre.
Parfois des conclusions limpides viennent clore un sujet, comme ici. Je souffre d'un manque d'envie, je ne sais faire que deux choses, et encore pas très bien.
De plus, en passant, mais c'est tout de même très important, les gens et leurs aspirations me dépriment profondément.
Je peux gigoter et essayer de faire illusion, principalement à cause de ma peur de la mort d'ailleurs, mais ça ne changera pas les choses.
Il ne reste que deux interrogations. Quand la mascarade prendra-t-elle fin ? Et comment ?

29.7.09

Time to think

Bien. Tentons d'utiliser ces deux semaines sans contraintes pour faire le point et analyser précisément la situation. J'ai par ailleurs une quantité impressionnante de choses à faire, même si pratiquement aucune n'est urgente. Rien que réussir à les lister sans en oublier serait une performance.
J'ai peine à croire que la moitié de mes vacances se soit écoulée - un mois. Je vais devoir être très efficace dans le temps restant.

Trois mini-thèmes pour cette fois-ci.

Comment se fait-il que les espagnols, phénomène que l'on peut élargir à beaucoup de pays hispanophones, parlent si peu anglais ? Et comment se fait-il que les guichetiers d'une gare aussi majeure que Barcelone, ne parlent pour certains qu'espagnol ? Ceci serait totalement impensable en France où le recrutement filtrerait immédiatement. Les hispanophones considèrent-ils, parlant une langue majeure, que ce n'est pas à eux de faire des efforts ?

Comment expliquer cette sur-économie que je réalise sur ce qui est alimentaire, sans que ça soit volontaire ? Pourquoi je réalise un trajet de 13h, en partie par une chaleur accablante, en avalant seulement un sandwich peu consistant et moins d'un litre d'eau ? Mais de la même manière, pourquoi je n'utilise presque jamais les barres de céréales que j'emporte lors de journées ou d'après-midi ?
Ces refus inconscients de tenir compte du corps physique, associés au fait que ses besoins soient naturellement amoindris, sont assez appréciables d'un point de vue intellectuel et philosophique.

La bêtise humaine peut atteindre un point où elle dégouline abondamment.
TGV quasi vide, de l'ordre de 90% de places inoccupées. Une mère et son ado de fille en quête de leurs numéros de places, qu'elles recherchent comme si c'étaient les deux dernières places libres, trouvent finalement, et s'y installent précautionneusement. Il reste plusieurs places plus confortables - les blocs de 4 avec tables au milieu - mais non, il faut absolument qu'elles soient à leurs places réservées. Et on ne me fera pas croire qu'elles méprisent le confort...

17.7.09

Routine... et révolution

Mes forces me quittent, aussi bien physiquement que mentalement. Physiquement ça n'est pas très étonnant étant donné que je ne mange pas grand chose et qu'il fait une chaleur accablante, sans compter que le mental influe sur le physique. Mentalement je me retrouve dans un état que je connais bien. Je me dis plusieurs fois par jour, parfois à haute voix, que je vais mal. L'expression savoir pourquoi se lever le matin prend tout son sens quand je mets un temps fou à me lever. Je repère la moindre imprécision se trouvant autour de moi et en conclut systématiquement quelque chose quant à sa cause et les défauts de l'humanité. Ne parlons donc pas des erreurs ou absurdités, qui ont le don de me rendre acariâtre en un temps record.

Je dois représenter une certaine exception au sens où je n'attaque pas vraiment les personnes directement, je transfère toujours au final sur leur humanité. Je pourrais par exemple féliciter quelqu'un d'un côté tout en mettant en exergue l'un de ses défauts humains par ailleurs. Cela vient probablement du fait que ça n'est pas de leur faute s'ils sont humains.
Deux choses très prisées en ce monde ne m'intéressent absolument pas : les attaques de personnes et l'argent.
Il arrivera que je m'en prenne de manière virulente à une personne, mais sauf cas rare je ne lui en voudrais pas personnellement, c'est simplement à travers elle que je m'attaquerai au défaut dans son ensemble, et d'ailleurs ça expliquera en bonne partie pourquoi j'y mets autant d'énergie.

Je songe sérieusement à émigrer. Tout recommencer à zéro, retrouver de l'envie.
Si on nait aléatoirement dans un pays du monde, la France à n'en point douter est l'un des préférables. Oui, cela vient principalement du retard considérable de l'humanité à harmoniser les conditions de vies sur l'ensemble de la planète. Mais une fois qu'on a parlé de cela, je pense bien que la France n'apparaît pas non plus dans les tout premiers. On peut se demander où a disparu notre glorieux passé. Parce que pays des lumières et des libertés, c'est tout de même surtout pour les livres d'Histoire maintenant. Sans parler du reste.
Quantité de raisons m'amènent à envisager un départ. Les pays plus chauds sont à exclure, le soleil et la chaleur ont une tendance naturelle à me déprimer, et ne sont pas très propices au travail intellectuel (on rigole mais ne serait-ce pas l'une des raisons du retard de l'Afrique ????). Il faut chercher du côté du Nord et de l'Est. Je n'irai pas jusqu'en Russie parce que vivre en dictature serait insupportable. La démocratie française, malgré ses graves penchants autoritaires, reste préférable de ce côté-là (pour l'instant; l'évolution depuis quelques années est en effet assez inquiétante). L'Islande et la Scandinavie me tentent bien. Je dois étudier ces pistes.

15.7.09

Rechute

Étant donné que ce doit être à peu près la 2ème fois en de nombreuses années que je bois assez d'alcool pour que ça me monte à la tête, on peut dire sans risque de se tromper que les choses vont mal.
A dire vrai, ou à vrai dire, je ne saurais dire ce qui va.
Pendant que j'y pense : comme le dit l'un des personnages de Dostoïevski, cela fait parfois du bien de se rendre justice à soi-même. Ça n'a juste aucun rapport mais c'est pour ne pas oublier.

Tu peux courir. Tu peux agir, tu peux remplir ton emploi du temps pendant 10 mois, tu peux avoir choisi ce qui te plaît le plus, tu peux avoir fait le maximum pour rendre ton existence plus proche de ce que tu estimes le meilleur pour toi, ou plus loin de ce que tu estimes le pire, puisque finalement il s'agit souvent de cela, particulièrement de nos jours, même s'il apparaît bien difficile de dire que c'était mieux avant, et pratiquement encore moins que ça sera mieux demain, mais au final il s'avère que quelle que soit la vitesse à laquelle tu coures, quels que soient tes efforts, la réalité te rattrapera toujours. Et ma réalité est d'une simplicité infantile, c'est que je ne suis pas compatible avec l'existence. Tu peux tourner le problème en tous sens, tu peux essayer de te convaincre que finalement, peut-être, qui sait, et pourquoi pas, mais en fait c'est inévitablement non.
Bien que la tête me tourne et que ça soit rare, j'ai rarement été aussi lucide.
Tu crois que tu as réussi, tu crois que les choses se sont ordonnées d'une manière pas trop incorrecte, et puis tout d'un coup tu regardes autour de toi et tu vois un chaos pas possible. Ce n'est pas vraiment comme si tu y croyais (à l'ordre, à la magie), mais c'est que tu ne faisais plus attention, sans t'en rendre compte. Et tous comptes faits je crois bien que j'y croyais, ou vraiment pas loin. Quelle naïveté !!
Coupable de naïveté c'est quand même la pire des réquisitions que je puisse recevoir sur la tête. Je plaide l'inconscience. Ah, quelle ironie ! Le surconscient plaide l'inconscience ! J'ai comme l'impression que cela risque de s'avérer irrecevable !
C'est vrai que c'est étrange. D'un autre côté, tout comme je n'y croyais pas vraiment, ne l'ai-je pas également toujours sue (la vérité) ?

Pour commencer il est certain que ça ne sont pas mes achats inattendus qui vont me rassurer.
Ni le chaos incroyable régnant dans mon appart, bien que j'y sois surhabitué.
Ni les invitations incessantes à facebook que je reçois. Ni le fait, effrayant, que j'envisage à hauteur de 30% de m'inscrire.
Ni le fait que je sois bien obligé d'acquiescer à la phrase "la chair est faible", grande honte pour quelqu'un qui prône la supériorité de l'esprit sur le reste. Il n'empêche qu'il faudra bien que j'écrive quelques mots sur ces deux soirées où cette midinette m'a à peu près autant enivré que le cognac ingurgité ce soir. Bon, un peu moins, chimie oblige, mais tout de même. Ce fut tout aussi inattendu, qu'agréable émotionnellement et/ou physiquement, voire mentalement, je n'en sais trop rien, c'est un sujet que je ne maîtrise absolument pas, que désagréable d'un point de vue philosophique, si je puis dire. Je ne renie rien mais je ne comprends pas tout. Chose rare.

Trois verres à dix-sept et il n'y a plus personne, bravo belle résistance ! Même pas la peine d'en servir un quatrième, la coupe est pleine.
Ni le loyer trop cher que je paye pour ce que j'ai. Ni les travaux à 10m qui commencent à l'aube alors que bordel c'est les vacances je veux dormir.
Ni mes gros doutes sur mon envie de poursuivre professionnellement dans ce que je fais.
Ni surtout sur ma prise de conscience permanente du fait que je sois plus intelligent que la moyenne. Je sais que j'enfonce le clou par rapport à la note précédente, mais je n'y peux absolument rien. Je pensais l'autre fois à tous les cas où des évidences ne sautent pas aux yeux de ceux avec qui je suis. A tous les cas où je viens de faire une allusion assez explicite qui n'a pas été saisie par mon ou mes interlocuteurs. Est-ce normal de devoir expliquer ce qui était censé être explicite ? N'est-ce pas désespérant* ? N'est-ce pas tout simplement une assez bonne raison pour se suicider ? Oui oui j'ai bu, mais tout de même, la question ne mérite pas moins qu'on s'y arrête sérieusement.
Une question simple : comment font les gens intelligents qui ne sont pas intéressés par l'argent et qui supportent mal les gens normaux ? Doivent-ils tout arrêter tout de suite ?

Plusieurs sujets à traiter le seront bientôt. Pour l'heure s'arrêter là semble plus sage.

* Edit : Ah oui au fait, on pourrait m'interpeller que je pourrais éventuellement aussi me retrouver dans le rôle opposé, le con de quelqu'un si on veut faire parlant. Ok pourquoi pas en effet, et pour quelle raison cela ne me désespérerait-il pas de la même manière ? Je serais tout aussi affligé de ne pas avoir conscience de ne pas comprendre tout ce que dit mon interlocuteur ! Et tout aussi déçu pour lui.

3.7.09

Avant départ

En un jour, Arna a acheté plus de choses qu'il ne l'a jamais fait ces 5 dernières années. Et ça suffira sûrement en grande partie pour les 5 années à venir. Il n'a jamais été aussi bien équipé : ordi, livres, vêtements. Il peut partir sereinement une semaine à l'étranger; dommage qu'il n'ait trouvé personne pour l'accompagner.
Ok, le connaissant on ne peut pas non plus dire que ça soit un désagrément majeur.

Penser est-il un privilège du non nécessiteux ? Du non nécessiteux intelligent ? Mais le simple fait de ne pas avoir à se préoccuper d'argent a tendance à pousser à la culture. Chose connue lorsqu'on compare les capacités des enfants de moins de 15 ans en fonction de leur milieu familial.

29.6.09

Tout part à vau-l'eau

Je viens d'envoyer un email incendiaire au service technique du site de la SNCF car il regorge de problèmes techniques. Entre autres je n'ai même pas pu commander un billet avec ma carte de réduction (le truc de base normalement...) après plusieurs heures de tentatives, ce à une semaine d'intervalle. Le service technique m'a répondu sur ce point (car mon email en comportait plusieurs autres) et la façon de procéder pour que ça fonctionne est aberrante et anti-intuitive.

Ces temps-ci je tombe presque systématiquement sur des personnes (ou des systèmes) ayant des comportements stupides, aberrants ou incompétents. Il y a aussi les avis déplacés et les compréhensions trop lentes.
Il est difficile d'évoluer dans cet environnement. Mais de toute façon j'en reviens au point de départ : les analyses réalisées il y a 6-7 ans se basaient dans l'ensemble sur des constats justes, et nombre d'entre elles ont été corroborées au fil des années depuis.

Comprendre avant les autres et avoir une vision globale n'est pas toujours un plaisir. C'est même plutôt le contraire. A la longue cela s'avère assez insupportable; et j'imagine que certains se sont déjà suicidés pour ça, tout comme je n'en étais pas si loin.
Et encore, je suis d'une nature très patiente. Pour en arriver à un tel point d'exaspération générale, c'est donc que les autres ont poussé la bêtise et l'incompétence très loin.
Évidemment, lorsqu'on est dans une telle situation, et si on a assez de lucidité, on en vient aussi naturellement à se poser la question de la prétention, de l'enorgueillissement, de la suffisance. Mais comment nier la réalité ? Impossible d'aller contre les constats. Alors après je ne sais pas exactement à partir de quel point on parle de vanité, même si je me suis déjà posé la question à maintes reprises. J'avais dû conclure quelque chose du genre "c'est à partir du moment où on met ses réussites en avant". Là j'écris tout de même dans mon coin, même si je le blogue.
Mais bon je ne sais pas, c'est l'éternelle question que je me pose, est-ce que constater que je suis plus intelligent est mal ? Mais j'en reviens à ce qui est écrit juste au-dessus : je ne peux pas non plus aller contre les faits.

27.6.09

Arrive-t-il encore seulement à écrire ?

Passé ma journée d'anniv enfermé chez moi. Appelé personne, reçu aucun appel. Juste un mail et un sms. Parfait, le non événement est presque passé inaperçu. Le lendemain soir message de ma grand-mère (même date d'anniv) sur mon répondeur "j'attendais que tu appelles". Ça m'a vaguement traversé l'esprit mais pas très longtemps. Je suis relativement contre les fêtes, les souhaits et les cadeaux. Plus loin j'en suis mieux je me porte.

Période pré-estivale avec pas mal de temps libre. Comme à l'habitude je tente de l'utiliser pour faire ce que je n'avais jamais le temps de faire le reste de l'année. Et comme à l'habitude les questions existentielles reviennent, critiques acerbes de la société, des êtres, de moi-même aussi. Ce qui est tout aussi inévitable, que parfois déplaisant, que rassurant.

Il est me semble évident qu'à activité égale je me pose beaucoup plus de questions et j'analyse beaucoup plus que la moyenne des gens, et beaucoup plus fréquemment. Cela dit, j'imagine bien que les autres le font aussi, même en quantités moindres. J'imagine que ces analyses - celles de n'importe qui - font petit à petit progresser l'ensemble de l'humanité, même si ça n'est pas comparable avec des textes des grands philosophes.
Cela dit je suis convaincu que si l'autoréflexion était plus développée, les hommes progresseraient plus vite. Cela m'a amené à considérer la marge de progression de l'humanité, qui apparaît donc forcément assez grande !

Un mot sur la perception du positif et du négatif. Il est extrêmement souvent fait allusion au fait que le positif n'existe que parce que le négatif existe. Et par conséquent que supprimer les choses négatives rendrait forcément les choses positives moins positives.
NB : il y a certaines choses qui ne peuvent être considérées comme positive ou négative dans le consensus général. Elles sont évidemment exclues. Ne restent ici que celles qui sont relativement universellement perçues comme telles.
Déjà je crois qu'il ne faut pas oublier une troisième partie, la partie neutre. Ensuite voyons ce qu'il se passe si on parvient à éliminer tout le négatif (doux rêve). Le positif devient neutre et il ne reste que du neutre, aboutissant à une fade situation ? Pas du tout ! Il y a ré-agencement de la pyramide : le neutre devient le négatif, la partie basse du positif devient le neutre, la partie haute le positif. (en fait ça dépend des quantités, la nouvelle partie neutre peut aussi être composée d'une part de l'ancienne partie neutre et d'une part plus petite de l'ancienne partie positive) N'est-il pas évident que si cela arrivait, l'humanité aurait progressé ? De toute façon c'est forcément en partie ce qui s'est passé au cours des derniers siècles. Simplement la vitesse de progression me semble extrêmement lente (même si elle s'est très sensiblement accrue au XXème) et comme j'y ai fait allusion il y a quelques temps, il est maintenant temps de se pencher sur la progression spirituelle et les prises de conscience. Dans ce cadre l'autoréflexion est un élément fondamental.

17.6.09

News préestivales

Pouah, obligé d'aller rouler 30 minutes en ville, me suis heurté de plein fouet à l'activité humaine. Sortie de bulle désagréable, bien que temporaire.
Déjà il y a des travaux partout. Je veux dire encore plus que d'habitude hein. Un classique à l'aube de l'été. Ça n'arrange pas les conditions de circulation, déjà limites en temps normal. Des gyrophares de pompiers, ambulances, polices, à différents endroits; pas rassurant. Les marchés des mercredis, toujours des ovnis pour moi (au même titre que ceux des dimanches hein, pas de discrimination sur le jour). Ovni c'est bien le terme parce que voir autant de gens les fréquenter, pour moi c'est comme si je visitais une autre planète. Et toujours l'activité classique : les camions de livraison qui bloquent des rues, les camions de poubelles qui atteignent un résultat approchant, tous les gens qui se mettent en double file sur des rues à 2 ou 3 voies.

Par ailleurs, je commence à en avoir vraiment par dessus la tête de la nuisance des travaux de la construction de l'immeuble adjacent au mien. Alors que l'immeuble de l'autre côté de la rue s'est construit en 6-8 mois et que des emménagements devraient bientôt y avoir lieu, ce chantier traîne depuis maintenant 18 mois et on dirait qu'ils ne vont jamais le terminer. Je suis systématiquement dérangé par le bruit des perceuses, marteaux et autres camions, ce qui à la longue est psychologiquement usant. Parfois c'est à peine si je peux sortir de la cour en voiture, même si y parvenir est toujours une bonne nouvelle puisque c'est s'enfuir.

Par ailleurs je songe sérieusement à dénoncer la voisine. Voisine ne correspond pas tellement comme mot d'ailleurs car elle n'habite pas l'appartement, elle s'en sert pour héberger... des chats. Elle vient juste les nourrir tous les jours. Seulement voilà, des odeurs nauséabondes envahissent le hall de l'immeuble depuis plusieurs mois maintenant. Quand elle vient elle diffuse un désodorisant, ce qui forme un mélange guère plus agréable.
Je crois que c'est une connaissance des propriétaires de plusieurs appartements de l'immeuble, mais il y a des limites. C'est très généreux de recueillir des animaux abandonnés mais il faudrait peut-être pas déconner, un appartement réservé tandis que des gens dorment dans la rue, en plus des nuisances, j'ai beau habituellement m'occuper seulement de mes affaires, là le vase déborde.

Grandes satisfactions ces dernières semaines d'un point de vue des résultats. Grandes interrogations par contre concernant mes jobs.

Il devient urgent que j'achète plusieurs choses. Il devient souhaitable que je sache me déscotcher de l'écran. Et que j'écrive et lise plus.

27.5.09

Loi

Le soleil tape comme au plein coeur de l'été et on comprend une nouvelle fois que l'homme a déréglé les saisons.

Révélation ce matin en conduisant.
Embouteillage en centre ville. Jusque là rien que du très classique. A un moment donné il est évident (une évidence) que je dois griller un feu pour alléger le trafic et ainsi dénouer, même légèrement, la situation. Sur quoi je me dis : il y a des fois où l'intelligence doit être placée au dessus de la loi. (sans qu'on parle là de haute intelligence, le fruit d'une réflexion sommaire suffit)
La loi : série d'articles inventés par un bataillon de personnes intelligentes (ou censées l'être) pour essayer de gérer les problèmes de tout le monde (y compris les moins intelligents).
Mais toute loi est trop générique et ne peut s'adapter à toute situation.

Là j'ai compris qu'une grande partie du tragique de l'Histoire c'était ça :
Les gens bêtes ont mis des siècles avant de comprendre qu'il fallait écouter les gens intelligents. Rien d'étonnant à cela étant donné :
- qu'ils étaient bêtes
- qu'ils étaient majoritaires
Or quand on est bête on est souvent amené à croire qu'on a raison.
Encore pire quand on est majoritaire.
Alors les deux ensembles...

Le problème quand on édicte des lois, c'est qu'elles doivent être compréhensibles par tout le monde, donc elles ne peuvent pas être trop complexes. Le problème si ça ne peut pas être trop complexe, c'est que ça ne peut pas traiter au mieux la complexité de la réalité. Ainsi les personnes les plus intelligentes, celles qui peuvent sentir la façon dont les choses pourraient être mieux agencées et organisées, seront forcément toujours frustrées, voire désespérées, par les lois.
J'ai l'impression de mettre le doigt sur un des exemples démontrant que la cohabitation entre personnes d'intelligences variées est au minimum très délicate, si ce n'est ingérable.

Même si ces réflexions sont sûrement en partie une conséquence de ma trop grande considération pour l'intelligence.

18.5.09

The small red light was right : he's still alive

Enfin un peu d'énergie de retour. J'ai bien l'impression que ce fut à la fois physique et mental. J'avais décidé d'être très efficace ce dimanche. C'est loin d'être la première fois que je décide ça, dimanche ou pas, mais j'ai souvent du mal à m'y tenir.
Il y a notamment cette incroyable puissance de procrastination, si je puis m'exprimer ainsi. J'utilise le mot puissance parce qu'il faut le voir pour le croire. C'est comme un virus implacable, pourtant ô combien détecté, mais indésinfectable, qui multiplie les ruses et les astuces pour trouver sans cesse de nouvelles raisons au report de différentes tâches.
"L'appart n'a pas été rangé depuis 1 mois ? Cela développe ta créativité et cultive ton sentiment de liberté"
"Téléphoner ce matin ? Plutôt pas, on ne sait jamais tu pourrais les réveiller. Le midi alors ? Plutôt pas, tu pourrais tomber en plein milieu du repas. L'après-midi ? Risque de sieste... En début de soirée ? Risque de déranger, et puis s'ils mangent tôt ? En soirée ? Et s'ils sont captivés par la télé ou qu'ils se couchent tôt ? Non crois-moi, tu appelleras demain, tu n'es pas à un jour près."
Et évidemment c'est suite à ces petits jeux que le jour se transforme parfois en semaine. Et c'est comme ça pour quantité de choses. D'un côté je me félicite d'être à contre-courant d'une société pressée, d'approcher le rapport au temps d'un moine bouddhiste, de l'autre je n'en reviens pas et m'interroge tout de même quelque peu.

L'énergie donc. Peut-être ai-je enfin récupéré de mon marathon de plusieurs semaines sans vrais congés, ponctué par un double crash de mon ordi, la chose qui soutient mon existence de la manière la plus vitale après les battements de mon cœur - ou pas loin.
Peut-être était-ce aussi la perspective d'avoir 2 lettres à écrire. Car j'aime définitivement en écrire, de toutes sortes.
Peut-être aussi la perspective de stopper une partie de l'incroyable inertie régnant dans cette appart, même à hauteur de 15%.
Et probablement en bonne partie le sentiment d'un mini changement de cycle, ouvrant quelques nouvelles perspectives et potentiels. Avec simultanément la conviction profonde de faire ce pourquoi je suis fait.
Oui ça se tient, c'est cohérent.

Il ne me reste plus qu'à me décider à acheter certaines choses et il se pourrait que je sois prêt à aborder l'été avec sérénité. Certaines personnes ne peuvent exister sans acheter. La plupart d'ailleurs, seules les fréquences changent. Moi c'est le contraire quelque part : je ne peux exister si j'achète. C'est comme un point d'honneur à rester en dehors - mais c'est même pire que ça, c'est le plus loin possible - du cercle de la consommation. Et quelque chose comme une fois par an mon espace temps se retourne totalement, à peine le temps de quelques heures, je réalise une série d'achats, puis tout se remet en place exactement comme avant, jusqu'à la fois suivante.

For now it's time to hope.

29.4.09

Expiration

Le mois d'avril aura bientôt disparu, j'ai à peine eu le temps de l'apercevoir. Encore moins celui d'écrire un peu.

Mon père me demande des nouvelles. Je lui réponds que je vieillis. Il ne comprend pas le sens de ce mot et me parle de ses 53 ans et des 77 de ses parents. Le vieillissement ne se mesure pas au nombre des années mais à la quantité et la force des envies.
Quelques satisfactions, quelques challenges à relever, mais en filigrane une sensation de lassitude globale. Qui m'use comme le va-et-vient de la marée sur la roche.

Regardé hier une émission de débat sur les licenciements et les patrons séquestrés pendant la crise. Ai distinctement pu observer l'existence de 2 mondes différents, d'un côté patronat, dirigeants, actionnaires, de l'autre salariés, syndicalistes, manifestants. Ai clairement vu qu'entre les deux le dialogue ne pouvait se nouer, comme s'ils étaient bien trop loin pour s'entendre. Le discours des politiques déconnectés de la réalité, des patrons, de ceux qui touchent les dividendes, est vraiment gerbant. Quand j'étais petit j'avais posé la question naïve "comment environ une personne sur deux peut être de droite alors que c'est vouloir que les riches restent riches et les pauvres pauvres ?". En fait je peux la reposer aujourd'hui.
Il risque vraiment de se passer des choses dans ce pays dans les mois et années à venir. Peut-être enfin quelque chose qui ressemblera, même de loin, à une deuxième révolution, 220 ans après.

Perso c'est physique dégringolant. Appart dégringolant. Argent s'empilant en attendant. Même si on ne sait pas en attendant quoi. Fatigue régulière. Envie bringueballante. Ne lis ni n'écris presque plus. On dirait une comète ou une étoile qui commence à se désintégrer quelque part on ne sait où dans l'univers.

25.3.09

Becoming old

Vraiment le sentiment de devenir vieux. Encroûtement, routine, manque d'énergie. Mon envie d'être actif, de découvrir des choses, de me révolter, de lire, d'écrire, de créer, de croire en des potentiels, semble s'évaporer tout comme une jeunesse s'évapore. J'ai tendance à faire les choses par habitude, par inertie, avec indifférence, avec fatalité. Comme si j'attendais la fin, comme si j'avais 92 ans, alors que dans 3 mois j'en aurai 26. C'est aussi embêtant qu'effrayant.

22.3.09

En passant

(pour une fois)

Si tous ceux qui reçoivent une critique, pour peu qu'elle soit un minimum justifiée, parvenaient à comprendre qu'elle peut les faire progresser, au lieu de ne penser qu'à s'en offusquer, j'imagine que tout irait déjà nettement mieux.

Et si tous ceux qui font des critiques le faisaient en s'informant mieux et en pesant mieux les éléments, elles seraient déjà plus fondées et justifiées, et permettraient donc à ceux qui les reçoivent de s'en enrichir encore plus.



Ma tendance à la procrastination atteint son paroxysme lorsqu'il s'agit de ma santé, de la gestion de mon argent, ou de ma consommation.

18.3.09

Empathie, misanthropie et équilibre

Cela fait un temps fou que j'envisage d'écrire sur ce thème, mais ces derniers temps quelques éléments m'y ont définitivement poussé.
Il s'agit de cette étrange dualité : en privé, en pensée, dans mes écrits, je suis pour le moins misanthrope, assez dur avec les gens, plutôt donneur de leçons je dois dire. Tandis que face aux gens je suis presque toujours gentil, avenant, même concerné par le sort de mon prochain. On pourrait tout à fait dire que ce moi-là a en lui une profonde empathie. Comment diable est-ce possible dans la mesure où cet autre moi méprise à un tel point le genre humain et ses innombrables défauts, pas du tout compensés - selon lui - par ses (trop) rares qualités ?

Je ne suis pas schizophrène - enfin je ne crois pas. Justement, pendant la période où j'étais au plus mal, je me félicitais (plus ou moins) de conserver une lucidité à toute épreuve (tout en me demandant quand est-ce que ça allait craquer, ce qui semblait bien plausible), qui évitait que je ne sombre dans la folie. Ceci demeure aujourd'hui, je suis lucide sur toutes les facettes de ma personnalités, en tout cas j'en ai l'impression, mais reste à expliquer ce paradoxe.

On peut commencer par une évidence : il ne serait pas vraiment possible de vivre en adoptant un comportement en adéquation avec mes pensées misanthropiques. Voire vraiment pas possible. Si je disais ce que je pense à tout le monde, au delà des problèmes pratiques que cela poserait, tout le monde me rejetterait. A l'époque susmentionnée j'envisageais la possibilité de me retirer en ermite dans un endroit isolé, ce qui est cohérent. Sauf que c'est resté au stade de la possibilité un peu folle.
Sauf que les choses ne sont pas si simples : quand je suis en face d'une personne ce que je pense se déforme par rapport à ce que je pensais quand j'étais ailleurs. Ou a une tendance à se déformer, à muer. Le deuxième moi entre en pleine contradiction avec le premier et prend quelque part le contrôle. Ce moi-là semble aimer profondément les gens, et je dois dire que je ne sais pas comment c'est possible.
Cela me fait penser à La part des ténèbres de Stephen King. Thème forcément traité à plusieurs reprises dans le cinéma et la littérature. Sauf que là ça n'est plus tellement du divertissement (quoi qu'on puisse se poser la question de savoir si sa propre personne puisse parfois être un divertissement... de l'auto-divertissement somme toute...). Je ne sais pas si c'est une double personnalité, je ne sais pas ce que c'est.
D'où vient-elle ? Est-ce juste la conséquence naturelle de l'évidence mentionnée plus haut ? Ou bien est-ce parce que chaque être humain a dans ses gènes l'empathie pour son prochain ? Dans ce cas cette facette, que j'avais forcément en moi jusqu'à l'âge de 11-12 ans, et qui s'est ensuite progressivement désagrégée (ou éteinte), serait toujours enfouie quelque part, et guiderait mon comportement dès que je suis en présence de quelqu'un, même inconnu. Évidemment sans que j'aie mon mot à dire là-dessus. De toute façon que dirais-je ? J'ai l'impression de ne pas être à la hauteur pour juger de cela !

Est-ce que cette empathie naturelle pour l'autre peut disparaître complètement ? Est-ce dans ces cas-là que l'on considère que l'être sombre dans la folie ou dépasse la limite ? Lors de guerres, les soldats qui donnent la mort ont généralement un dilemme personnel à résoudre. Les tueurs en série peuvent-ils tous être considérés comme fous ?
Je prend l'exemple de ceux qui tuent parce que c'est le plus opposé à l'empathie pour son prochain.

Est-ce que ça ne serait pas aussi une question d'équilibre ? Pour faire simple, mépriser tout le monde (même sans que ça ne se traduise en comportements directs), si ce n'est pas compensé par quelque chose, mènerait à un trop grand déséquilibre. Se montrer plus particulièrement avenant, attentif, enjoué, serviable, etc, serait une façon de compenser mes écrits d'une rare dureté et mon grand mépris du genre humain, pas comme se dédouaner mais pour équilibrer, sans que ça soit volontaire. D'ailleurs en parlant de genre humain, on voit bien que c'est différent d'une personne. C'est comme quand on dit "tout le monde" et qu'on se rend ensuite compte que personne que l'on ne connaisse n'est finalement concerné.
Pourtant je ne peux en aucun cas dire que mes écrits, mes reproches, mes effarements, sont théoriques. Au contraire d'ailleurs, j'ai toujours essayé de me baser sur du concret. Il s'agit d'ailleurs là de l'un des arguments principaux que j'ai utilisé pour répondre à ceux qui prétendaient que mon mal-être serait imaginaire. Lorsque je suis avec des gens j'ai indiqué que mes pensées avaient une tendance à changer, mais ce n'est pas non plus systématique, il y a des cas où elles restent les mêmes en plein cœur d'une situation ou d'une conversation, généralement même renforcées par ce qui se passe. Comment donc généraliser puisqu'il s'agit d'un mélange insondable et changeant ? On peut difficilement dire que je suis un moi plutôt que l'autre, c'est plutôt un véritable sac de nœuds, qui pourtant s'est stabilisé ces dernières années pour atteindre un assez bon équilibre.

Tout comme je pensais l'autre jour à cet autre équilibre qui s'est mis à composer mon existence : mon épanouissement personnel passe - en bonne partie - par mon activité professionnelle qui consiste principalement à me consacrer, dans une certaine mesure, à l'épanouissement des autres, en l'occurrence de centaines d'enfants.

A l'époque où j'allais très mal je considérais comme fausse la théorie de l'équilibre dans le monde (le yin et le yang, le bien et le mal, etc). Je ne voyais pas pourquoi le nombre de choses positives serait toujours proportionnel au nombre de choses négatives, et j'en avais d'ailleurs un contre-exemple effrayant en la personne de moi-même. Mon point de vue est inchangé, il suffit d'observer le monde dans lequel on vit pour se rendre compte que c'est insensé, mais je crois avoir compris ce que cela signifie, ou ce que cela devrait signifier en tout cas : les choses iraient mieux, bien, voire au mieux, s'il y avait respect de l'équilibre, des équilibres; ce serait une sorte d'idéal à atteindre. Dans la quête de la connaissance de soi et de l'épanouissement personnel, trouver un équilibre semble être un fil rouge.
A l'échelle de la planète la tâche semble insurmontable, mais essayer de s'en approcher doit s'avérer un objectif majeur. On parle des incroyables inégalités, les réduire serait se rapprocher de l'égalité, de l'équilibre donc. Le mot répartition a aussi tout à voir avec le mot équilibre.

La bonne gestion des équilibres et déséquilibres, que ce soit au niveau personnel ou au niveau mondial, semble être l'une des clefs de la progression des êtres et du genre humain.
(phrase pompeuse mais en rapport avec la note précédente et qui a le mérite de conclure celle-ci)

8.3.09

Progrès de l'humanité

Le XXIème siècle pourrait être pour l'Homme celui de la conscience, de la prise de conscience.

Il faut bien dire que le XXème fut plutôt marqué par sa déraison :
  • 2 guerres mondiales
  • fascisme et nazisme
  • dictatures un peu partout dans le Monde, bafouant les droits de l'homme et ses libertés
  • guerres (ex-Yougoslavie, Israël, Afrique, décolonisations...)
  • génocides
  • racisme
  • terrorisme mondial, culminant par le 11 septembre
  • violence urbaine
  • exploitation des hommes
  • destruction de la biodiversité et de la planète
  • déchets radioactifs, déchets tout court
  • surconsommation
  • "hormonalisme"
  • prépondérance de la bourse et crises financières
  • augmentation des inégalités
  • surpopulation mondiale
Événements plus nuancés :
  • chute de la culture ? Au sens où les gens seraient de moins en moins cultivés alors que dans le même temps les arts se sont énormément développés et diversifiés (création de mouvements musicaux, littéraires, picturaux, etc)
  • baisse des religions ? J'ai tout de même l'impression que le nombre de croyants mondial a baissé de manière substantielle au cours du XXème. Je n'ai pas de chiffres, mais si c'est effectivement le cas c'est tout de même un soulagement. Cette immense charlatanerie... J'ai failli le mettre dans les points positifs mais je sais bien que le succès des religions au cours de l'Histoire a correspondu à un besoin profond de l'être humain. Je ne sais pas si ce besoin disparaîtra un jour ou s'il restera toujours. S'il reste, les religions resteront, et seront peut-être progressivement remplacées par d'autres choses permettant de combler ce besoin d'une autre façon, si c'est possible.
  • décolonisation ? Nuancé car la libération d'un peuple semble une bonne chose en soi mais elle ne se fait pas sans douleur : d'une part les guerres de décolonisation ont souvent été meurtrières, et d'autre part les nouveaux régimes mettent et mettront des dizaines d'années à se stabiliser, tout comme ce qui s'est passé dans les pays occidentaux au cours des siècles, engendrant de nombreuses violences et de nombreuses infractions à la liberté. Mais quelle autre solution existait-il ? Conserver la colonisation ?!? Évidemment non et évidemment c'est là qu'on comprend l'ampleur de l'erreur d'avoir colonisé.
  • capitalisme progressant de manière exponentielle ? Je l'avais initialement mis dans les points négatifs mais ce doit être plus complexe que cela. Je ne saurais les mettre en lumière facilement mais j'imagine bien que le capitalisme comporte des avantages. Personnellement j'ai un doute sur le fait que ces derniers compensent les inconvénients, dont cette course frénétique à l'argent qui a plus ou moins contaminé une grande partie du monde et dont l'homme mettra sûrement un temps fou à se libérer. Entraînant des conséquences humaines, sociales et écologiques désastreuses.
Heureusement dans le XXème on trouve aussi les prémices de la prise de conscience de l'être humain :
  • chute du mur de Berlin. Symbole historique important en terme de paix et de liberté.
  • mai 68. Je cite : "vaste révolte spontanée, de nature à la fois culturelle, sociale et politique, voire philosophique dirigée entre autres contre la société traditionnelle, le capitalisme, l'impérialisme.". Même si contrairement à la révolution française mai 68 n'a abouti ni à la guerre civile ni à un coup d'État, les hommes auront encore besoin de révolutions pour faire avancer les choses, les courants de pensée, les idéologies.
  • fin de l'apartheid. Suite à quoi l'homme commence (seulement) à comprendre (petit à petit), et il lui faudra encore un temps fou, que la couleur de la peau ne préjuge de rien.
  • début de l'écologie. Quand les premiers écologistes sont arrivés (en France) dans les années 70-80, il faut bien dire qu'on ne trouvait pas grand monde pour les écouter et ils étaient souvent raillés. 30 ans plus tard tout le monde s'en mord les doigts et on se demande s'il est encore temps de faire marche arrière concernant l'autodestruction de notre propre planète. Je le mets en prise de conscience mais elle était finalement forcée et peut-être déjà trop tardive, donc je ne sais pas si on peut dire que c'est une bonne chose finalement.
  • congés payés et 35h. Quelque part des contre-poids des affres du capitalisme. L'arrivée des congés payés (1936 en France, 1992 en Chine..., pas encore obligatoire aux États-Unis...) puis leur augmentation en nombre de semaines marque tout de même une prise de conscience importante : comme le dit Besancenot nos vies valent mieux que leur profit, en comprenant que le travail n'est pas tout l'homme progresse d'un grand pas... La réforme des 35h de l'an 2000 va, dans l'esprit, dans ce sens, même si en pratique tout n'est pas rose. Ce qui compte c'est l'esprit, l'idée, on trouvera bien comment les appliquer avec le temps.
  • parité. La France peut se vanter d'être le pays des lumières, de l'égalité et de la liberté si elle en a envie mais le droit de vote des femmes n'arrive qu'en 1944, tandis qu'il a été mis en place plus tôt dans plus d'une trentaine de pays, dont à partir de 1776 au New Jersey par exemple... Quoi qu'il en soit le fait que l'homme commence à comprendre, là encore petit à petit et il faudra encore du temps, que les femmes peuvent elles aussi penser, est un soulagement, mais c'est une hérésie qu'il ait mis aussi longtemps pour cela.
  • aides sociales. Un vrai progrès social, même s'il faudra étudier de plus près la façon dont elles sont appliquées, sans quoi les incitations à la fraude sont trop grandes. De plus c'est un véritable gouffre financier (ce qui est une bonne chose mais pas à ce point-là !).
  • aides aux SDF. En France l'Abbé Pierre puis les restos du cœur ont beaucoup aidé à la prise de conscience. En terme de respect de son prochain et de solidarité, l'homme a d'immenses progrès à accomplir et j'ai l'impression que cela se fera toujours au ralenti. Quand on aura bien intégré que certains de nos semblables sont en train de mourir de froid ou de faim à quelques mètres de notre frigo rempli de notre appartement chauffé, l'homme aura atteint un niveau intéressant de spiritualité.
  • aides humanitaires. Un peu la même idée mais au niveau mondial. La lutte contre les inégalités planétaires, à commencer par les domaines de la nutrition et de la médecine, est un très vaste chantier que l'homme devra mener à bien s'il veut montrer qu'il a vraiment une conscience.

Le XXème aura été marqué par de considérables progrès techniques et scientifiques. N'aboutissant pas forcément à de grands progrès spirituels pour l'homme, comme je l'ai déjà évoqué, inspiré par cette note de l'aporie. Au delà du Progrès, l'Homme progresse-t-il ?

D'un côté nous pouvons nous dire, lorsque l'on voit la liste des atrocités du XXème, que le XXIème ne pourra pas être pire, d'autant qu'en théorie l'Homme apprend de ses erreurs, même si ça reste trop souvent théorique. Le bon sens voudrait que plus les siècles passent, plus cela a tout de même tendance à devenir vrai. (Il est étonnant de voir que le bon sens et l'Homme sont si souvent opposés)
L'Histoire donne pourtant un grand coup de main à l'homme en ce début de XXIème :
  • événements du 11 septembre 2001, qui lui donnent de quoi méditer et analyser.
  • alertes écologiques fondamentales qui doivent lui faire comprendre qu'étant donné que pour l'instant les avancées scientifiques en astronautique ne permettent pas d'avoir un plan raisonnable d'évacuation sur une autre planète, il devrait penser à éviter de détruire la seule dont il dispose...
  • crise financière internationale "sans précédent" remettant le capitalisme, et dans une certaine mesure l'occidentalisme, en question, remettant aussi la course frénétique à l'argent en question.

N.B. : merci de m'indiquer si j'oublie des choses fondamentales, ou autres.
N.B. : en ces temps où je me lamentais de ne plus écrire, allant même jusqu'à me demander si j'arrivais à penser autant qu'avant, ce modeste article me remonte un peu le moral.

4.3.09

Instruction

Entendu dans le métro le dernier jour de février 2009 entre deux jeunes d'une vingtaine d'années qui se connaissent.
- On est le combien ?
- ...
- On est le 29 ou le 30 ?
- ...
- Je veux dire plutôt on est le 30 ou le 31 ?
- On est février, guignol.
- Va te faire foutre (NDR: c'est amical, je suppose). Bon, on est le 28 ou le 29 ?
- 29 je crois, j'sais pas.

Où va la France ?
C'est au programme de l'école primaire. L'instruction est obligatoire depuis 1882.
Je cherche à comprendre. Ils ont oublié ??
Je préfère ne pas savoir le pourcentage de gens qui ne savent pas ça.
Ce n'est qu'un exemple. Mais je crains hélas qu'il soit représentatif de certaines vérités.

J'ai assez halluciné. Je veux dire par là que l'on sait que les gens sont ignorants, mais on n'imagine généralement pas à quel point.

De: arna A: CAF

Bonjour,

Je vous avais envoyé un mail l'an dernier pour demander comment les situations se mettaient à jour pour le recalcul annuel des prestations. C'est à peu près en même temps qu'une réforme devait vous permettre de prendre connaissance automatiquement des revenus des allocataires (la même que celle des impôts).
Un an plus tard je vois que le calcul de mes APL n'a pas changé. Cela fait maintenant plus d'un an et demi que je travaille non plus à mi-temps mais à plein temps et j'imagine bien que mes APL ne devraient donc plus être les mêmes.
Je commence à mieux comprendre pourquoi la dette de la France se creuse autant.

Cordialement.

23.2.09

Old words

Il fait froid. Enfin froid plutôt. Et dire qu'il y en a encore qui croient réellement qu'on ne détériore pas le climat. Sans remonter aux années 50, je crois qu'il n'y a que 5 ou 10 ans, les saisons étaient lisibles et respectées.
C'est rassurant qu'il fasse enfin froid, car pas de froid en octobre, en novembre, ni en décembre, ça en finit par être inquiétant. C'est comme si les enfants devenaient tout à coup silencieux, comme si les gens recevaient soudain la capacité de ne parler qu'à bon escient, comme si subitement la société ne faisait plus attention à l'apparence, comme si du jour au lendemain les gens arrêtaient de fêter les anniversaires et de fêter tout court, comme si d'un coup les gens arrêtaient de se ressembler, bref que des choses utopiques et qui seraient pourtant si géniales.
Oh oui... si seulement l'hiver pouvait se dérouler en entier sans froid, alors peut-être que je commencerais à parfois sourire sans raison, à ressentir plus qu'une fois par an des frissons d'agréabilité, et sans doute encore plein de choses dont je n'ai pas idée puisqu'elles ne m'arrivent pas.
Alors finalement oui, continuez de dérégler le climat. Et vive les Américains.

[Décembre 06]

18.2.09

Old words

Pourquoi j'habite dans le même appart que des personnes hystériques, bavardes et attardées ? Pourquoi j'ai un problème de dos alors que j'ai 23 ans ? Pourquoi le lustre entier a disjoncté quand j'ai allumé tout à l'heure ? Pourquoi je ne touche que 60% du revenu moyen national alors que je fais partie des 3% les plus intelligents ? Pourquoi ça fera bientôt un mois que je traîne cette toux à la noix ? Pourquoi suis-je atteint d'un mal de tête en arrière plan depuis le double ? Et d'une manière générale pourquoi j'ai l'impression de ne pas avoir un organisme mieux en point que le petit vieux moyen de 70 ans ? Pourquoi les gens ne comprennent généralement pas que parler, parler, parler, au delà d'être nuisible, ne rime à rien, ne mène à rien ? Ou alors ils le comprennent et ne veulent aller nulle part. Mais dans ce cas, s'ils ne veulent aller nulle part, pourquoi courent-ils tous comme ça ? Pourquoi les enfants, qui ôtés de tout contexte semblent parfois de belles promesses, sont-ils obligés de passer par un système scolaire absurde et gangrené ? Pourquoi aucune perspective d'avenir ne me semble de couleur chaude ? Pourquoi ne pas remplacer tous ces "Pourquoi" par des "N'est-ce pas désespérant que" ?
Enfin voilà quoi, j'ai toutes les raisons d'être résigné à longueur de temps, temps qui s'échappe souvent je ne sais trop où d'ailleurs, et à la fois toutes et aucune de me révolter, mais je ne sais pas pourquoi, c'est toujours l'inaction qui l'emporte.
Faire quelque chose par inertie. Moi c'est vivre par inertie.

[Mars 06]

12.2.09

22

L'autre matin j'ai le bonheur de traverser Lyon en voiture sur le coup de 8h, avec l'habituelle circulation affolante. Ajoutons la nuit qui se dissipe à peine et un peu de pluie. Je suis sur un passage un peu rapide à 2 voies, sur celle de gauche. J'aperçois une moto derrière moi et je pourrais me rabattre sur la voie de droite mais j'hésite car j'ai quantité de raisons de ne pas le faire : je suis à la limitation de vitesse, je ne suis pas sûr de la visibilité (dû aux conditions indiquées), les changements de voie sont sources de bouchons supplémentaires et je devrais me replacer sur celle-ci dans quelques centaines de mètres. On avance jusqu'au prochain feu et là l'agent de police qui était sur la moto se place à ma droite et me demande de baisser la fenêtre. Là il me demande si je suis au courant que dans le code de la route il faut se rabattre sur la voie de droite. Je commence par répondre platement que oui, en m'excusant à demi-mot, mais bien vite j'entreprends de lui fournir mes explications, que je ne peux que bredouiller lamentablement, faute d'avoir pu formuler les phrases clairement dans mon esprit avant - progrès à l'oral ou non, la timidité finit toujours par te rattraper dans les moments critiques -, explications mentionnées plus haut. Là monsieur prend la mouche et me dit qu'il va me verbaliser pour me faire mieux comprendre... Ah, ce besoin d'autorité, c'est fou tout de même. Ce besoin de s'accrocher à un règlement et un uniforme pour faire montre de sa supériorité, sans jamais tenir compte des conditions, du contexte, des êtres.

La question de la répression et de l'application des lois est épineuse et l'Homme devra encore beaucoup progresser avant de réussir à la traiter mieux que ça dans un premier temps et au mieux dans un deuxième temps. S'il y parvient jamais...

19.1.09

"L'état du monde" en vidéo

Le Ce soir ou jamais du 14 janvier, avec trois philosophes et un historien.
Avec les quelques réserves que l'on peut habituellement faire sur Onfray et l'arrivée incongrue de Paul Auster à la fin bien que pas complètement hors sujet cependant.

http://ce-soir-ou-jamais.france3.fr/index-fr.php?page=emission&id_rubrique=515

14.1.09

Excès de CO2

"Pic de pollution, réduire vitesse 20km/h, contrôles".
Ah oui ? Le jour où je recevrai une contravention "pour cause de réchauffement climatique", l'Homme aura fait un grand pas pour sauver la planète...

1.1.09

1st

En de rares occasions, comme cette semaine, je ressens de plein fouet ma différence par rapport au reste du monde en général.
Il y a quelques jours à peine j'évoquais le fait que ce que je trouve de plus intéressant, je ne peux le faire partager aux gens en général. Je ne peux sonner à la porte de mon voisin pour lui dire ma joie d'avoir réussi à remettre des mots dans l'ordre en un temps record, ni lui faire partager la beauté d'un déplacement d'une pièce d'échecs. Je pourrais aussi employer le vocabulaire que j'emploie habituellement et qui serait parfaitement incompréhensible pour 99,99% de la population.
On peut dire que les gens n'ont pas les mêmes centres d'intérêt, que cela crée toujours certaines barrières, mais quand les intérêts ne concernent que des toutes petites minorités les barrières ont tendance à devenir des gouffres. Écouter une chanson, même s'il existe quantité de musiques différentes, lire un livre, même s'il existe quantité de genres différents, regarder un film, même s'il en existe quantité de différents, cela parle à tout le monde, c'est quelque chose qui relève tout de même de l'expérience commune, et les gens peuvent communiquer, se comprendre ou essayer de comprendre, partager. Même si les gens ne lisent plus tellement.

Je peux reprendre quelques thèmes griffonnés qui s'imbriquent bien dans cette problématique de la différence.
Je voulais parler de ce mépris et de cette condescendance qui me prennent aux tripes quand je commence à entendre une conversation dans la rue ou dans les transports en commun. Entendre ces morceaux de vie des autres crée en moi ce malaise quasi immédiat, qui m'oppresse progressivement de plus en plus, au fur et à mesure que la conversation avance. Comme si j'étais confronté à quelque chose de malsain et de gênant. Rendons nous compte qu'on parle ici de la vie sous sa plus simple forme. Je sais que c'est quelque chose qui peut être complètement incompréhensible, au point même sûrement qu'on pense que je l'invente, que ce sont des histoires de pseudo écrivain.
Je voulais parler de la prise de recul. Parfois déjà évoquée mais ça revient tellement. Comment dire ça sans être immédiatement accusé de complexe de supériorité ? J'ai si souvent l'impression que les gens ne voient pas les choses de manière globale, qu'ils ne regardent pas les différents aspects d'une question. Quand je suis confronté à quelque chose je vois maintenant de plus en plus vite les différentes pièces du puzzle, les différentes implications, obtenant une vision générale assez rapidement. Je suis là en plein cœur du problème d'annoncer des choses flatteuses, ça met tout de suite mal à l'aise et on se voit même mal le dire ou le publier. C'est quand même embêtant car à un moment donné il faut bien trouver des mots pour exprimer une réalité. Et celle-ci en l'occurrence est quand même un des éléments à la source de mon profond mal être. J'avais parlé de l'exemple des personnes qui se fâchent gravement, récemment j'ai passé du temps sur le rapport entre les banques et les particuliers, je suis souvent confronté à des situations où la question de l'éducation se pose, où des développements d'activités sont discutés, j'aperçois aussi cette tendance à ne voir qu'un côté de la pièce dans les commentaires d'articles sur le net, etc.

Concrètement mon rapport à l'argent, mon rapport à l'amitié, mon rapport à la famille, mon rapport avec mes sentiments, mon rapport au corps, presque à tout finalement. Sans oublier mon rapport à la mort puisque je pensais encore il y a quelque jours que mon suicide se produira lorsque je sentirai que je n'ai plus assez d'énergie pour avancer, peut-être que ça sera vers 40 ans ou un peu plus. Même si dans ce domaine en particulier, penser est une chose...


Finissons par revenir sur cette sombre histoire du changement d'année. Comment expliquer cette joie béate d'une majorité écrasante à continuer de célébrer ce non événement annuel ? C'est là que je me dis à nouveau que les gens ont besoin de fêter, même si le prétexte est insignifiant. Fêter pour fêter. Pour se retrouver aussi sûrement. Un élément que j'ai sûrement sous-estimé ces dernières années dans le phénomène de fête. Se retrouver. Je ne devais pas encore avoir assez de recul, pour moi c'est détestable donc j'ai dû l'occulter de manière naturelle, occulter la possibilité que ça puisse être un moteur chez tant d'autres, j'étais trop enfermé dans ma vision. La prise de recul je ne l'ai pas dit tout à l'heure mais ce n'est bien sûr pas inné, ça s'acquiert avec le temps et les expériences, j'imagine. Puisque j'évoque la question de l'inné et de l'acquis, comme ça en passant j'ai l'impression que la qualité des acquisitions dépend pour une part non négligeable de la qualité de l'inné. Certaines qualités, dont l'intelligence forcément, favorisent les acquisitions, la vitesse et l'efficacité à laquelle elles sont réalisées.
Donc la nouvelle année. Je cherche encore à comprendre. Si tant est qu'il y ait quelque chose à comprendre. Fêtons-nous Fêtent-ils l'invention du temps ? L'invention de ce découpage par l'homme. Je ne suis pas sûr que nous puissions nous en réjouir. Le capitalisme peut revenir sur la table. La chronométrie des vies des gens aussi. Désinventons le temps. Oui doux rêve, évidemment. Mais pendant quelques secondes quelques instants. Le monde ne se détend-il pas tout d'un coup ? Se relâcher, pas jusqu'à l'inertie mais juste pour se désétrangler.
Est-ce juste une tradition ? J'ai bien aimé les mots d'Edgar Morin l'autre soir, aujourd'hui on a peur de l'avenir, l'angoisse, l'incertitude, donc on se retourne vers le passé. Les traditions en font partie, ça pourrait être une des explications de leur force. Bon, prenons un peu de recul - encore une fois - et observons à quel point l'Homme en est en ce premier jour de 2009. Peut-on en être satisfait ? Voyons si notre grand respect historique des traditions a été satisfaisant. Ce n'est peut-être pas ce qui est à la source de nos plus grands problèmes, je l'accorde, cependant ne doit-on pas se poser les questions de ce que l'on fait ? Faire les choses par pure tradition, est-ce l'attitude d'une civilisation qui veut progresser ?
J'imagine que ce discours me pose en grand donneur de leçons. J'assume. Qui vaut-il mieux être ? Celui qui essaie de voir ce qu'il se passe et de suggérer des choses ou ceux qui hurlent Bonne aannéééééée tous les ans le 1er janvier à minuit ? Ah oui je vois déjà l'argument de l'amusement qui arrive. Je ne renie pas qu'il soit nécessaire. De toute façon on se heurte finalement sur ce point précis à une autre différence majeure, le besoin de fête. Mais j'assume tout. C'est aussi une des choses qui me fait tenir, de savoir ce que je suis et d'en être plutôt satisfait, même si je ne sais pas comment formuler cela. Parfois je me dis qu'une des rares choses positives c'est de pouvoir écrire comme ça de temps en temps.
Allons.

[Édit: la nuit porte conseil. C'est tout de même un phénomène surprenant que les vœux se poursuivent pendant les premières semaines de janvier, cela montre la force que cela a. En fait je crois que j'ai encore négligé un élément capital : les vœux c'est de l'attention portée aux autres. Comme les cadeaux. Ça n'est pas quelque chose de rationnel, c'est sentimental. Ca doit aussi être pour ça que j'y comprends rien. L'attention aux autres c'est comme se retrouver, ça me dépasse assez. Maintenant d'un point de vue plus général n'est-ce pas finalement une bonne chose qu'au moins une fois par an les gens se prêtent autant d'attention ? Il y a quelques temps j'avais dénigré le fait que ça soit imposé à telle date et une seule fois dans l'année, et je crois que quelque part j'étais dans le vrai, si la société allait bien, si elle avait assez progressé, peut-être que les gens n'auraient pas besoin qu'on leur dise quand est-ce qu'il faut prêter de l'attention aux autres, ils le feraient d'eux-mêmes régulièrement. Mais j'idéalise sûrement trop. En attendant admettons que les gens soient encore des enfants et qu'il leur faille des points de repère pour savoir quand c'est : anniversaires, noël, nouvelle année. La fête des mères en pointillé parce qu'il faut quand même célébrer la reproduction de l'espèce. Même si c'est une espèce qui progresse si lentement...
Tout ceci me laisse fort dubitatif.]