5.9.09

Si ça va ??

Sms de mon père, à qui je donne un minimum de nouvelles depuis quelques mois : "Ça va ?".
Réponse : "Cela fait plus de 10 ans que je ne réponds plus sérieusement à cette question. Donc je vais continuer : Ça va."
Un peu plus tard sur msn : "Y a un truc qui va pas ???". Comment il peut oser me poser cette question. Il est complètement déconnecté. Il fait comme s'il ne s'était rien passé il y a 7 ans, d'ailleurs il n'est pas le seul, c'est sûr que c'est arrangeant. Mais ce n'est même pas volontaire en général, c'est l'inconscient qui fait un bon job, parce que c'est vrai : c'est tellement mieux comme ça. Faire comme si j'étais normal ou comme si c'était une parenthèse qui s'est refermée, ou comme si c'était une crise d'ado par exemple. C'est plus facile, je comprends. Mais quand même, enfin je ne sais pas...

Finalement mon existence est un enchevêtrement de prouesses.
Prouesse de réussir à faire croire que je suis sociable alors que je suis asocial.
Prouesse de réussir à faire croire que je vis alors qu'il n'en est rien.
Prouesse de survivre mentalement dans un environnement à l'opposé de ce que je suis (environnement basé sur les relations humaines, l'argent, les apparences, le bruit, les émotions et les sensations, entre autres).

Mais les prouesses me font une belle jambe. Moi j'aurais juste aimé bien aimer la vie, et c'est juste pas le cas.
Parfois une énorme vague de chagrin s'abat sur moi, en particulier lorsque je pense à mon appréciation globale de la vie, et que j'envisage que tout ce qui me fait avancer n'a pas de sens et n'est finalement que du vide. Possibilité pas du tout saugrenue, sauf qu'évidemment je suis bien obligé d'essayer de ne pas y penser.
Tout à l'heure il y a eu une terrible deuxième vague, quand dans un flash j'ai corrélé deux faits bien connus : celui que je ne vive pas (archi connu même) et celui que je fasse toutes les choses normales seulement à moitié (comme respirer, manger, entretenir, acheter, etc.). J'étais bien au courant de ces deux éléments mais je ne sais pas pourquoi, leur association m'a assené un énorme coup (comme une sorte de confirmation flagrante : bah oui regarde, tu n'arrives même pas à faire ça en entier).

Derniers jours à pouvoir végéter, après je ne devrais plus en avoir trop le temps. Cette réalité est assez tragique. C'est : fait quelque chose, n'importe quoi mais quelque chose, pour ne plus avoir le temps de penser que ta vie est du vide. Mais je crois savoir pertinemment que le vide finit toujours par nous rattraper. C'est pour ça que j'essaie en permanence de changer ce que je fais, même sans que ça soit radical, c'est pour leurrer le vide. Mais je sens quand il commence à se rapprocher et à comprendre mon petit jeu. Et là ça commence. Et je ne sais pas bien ce que je vais pouvoir changer.