3.11.09

Paradoxes permanents

La médiocrité ambiante finit systématiquement par me rattraper. Je parle de médiocrité, je parle de moi, c'est sûr c'est très prétentieux et égocentrique. Faudrait-il que je ne pense qu'à compatir, à aider les gens à être moins médiocre, et m'oublier totalement ? Est-ce là la façon habituelle dont se comportent les gens ? Passent-ils leur temps à se concentrer sur aider leur prochain et ne pas se préoccuper d'eux-mêmes ?
Mais même en admettant qu'ils ne souffrent pas de la médiocrité (la médiocrité a rarement conscience qu'elle est médiocre) et qu'ils ne soient pas en mesure d'améliorer les choses, est-ce bien normal que les désagréments et obligations retombent sur les moins médiocres ? Pourquoi ces derniers se verraient accablés du fardeau de devoir se montrer exemplaire ?

Nombre de paradoxes à gérer.
Être incapable de se montrer impoli, discourtois, antipathique, en contact réel, et ensuite pester, se désespérer, ressentir du dégoût et du mépris.
Être désactivé émotionnellement et sentimentalement, se montrer froid, rationnel, et être par ailleurs très sensible à l'essence de la vie en général.
Être profondément asocial, solitaire, presque agoraphobe, mépriser les gens, et ressentir une empathie aussi profonde qu'inexplicable.
Vouloir être coupé du monde, surtout des autres, et en avoir viscéralement, involontairement et inévitablement besoin.
Savoir que je ne suis pas capable de vraies relations humaines, que ce que je suis (mais rien d'apparent !) les voue vraisemblablement à l'échec, et inexplicablement toujours espérer, vainement sûrement.
Être contre des modifications de la façon de penser, de se comporter, suite à l'ingestion de substances extérieures, et pourtant bien être obligé de supposer que ça peut aussi s'avérer positif.

Alain Badiou dit à l'instant que la vie sans amour est bien désertique, qu'il donne à la vie son intensité et sa signification.
Qu'il débute par un hasard, tisse un nouveau monde, une nouvelle existence, crée une nécessité.
Que c'est voir apparaître un nouveau monde, comme une nouvelle naissance.

Comment me situer par rapport à cela. Cela confirme juste aussi que je vis dans un monde parallèle. Mais comment laisser le soin au hasard et aux sentiments de créer de nouvelles choses, des choses qui portent, qui donnent du sens ? Et comment espérer pouvoir dépasser ma surlucidité au point de faire confiance à une personne, de communier, d'oublier ?
Il y a juste comme une évidence que tout ce dont je suis constitué, tout ce que je suis, s'y oppose. Ou alors, comme je l'ai déjà évoqué, brièvement espéré, car l'espoir est finalement un défaut permanent tout autant qu'il est évidemment un moteur majeur, ou alors donc par un miracle pur et simple; mais comment se figurer cela, comment les évidences, les faits, les choses même, pourraient être balayés par un miracle ?
Il y a cette opposition qu'on retrouve régulièrement : j'accorde plus d'importance aux faits, aux analyses et à la logique, qu'au hasard, à l'espoir et aux miracles. D'autres, et plus nombreux on dirait, font le contraire.