27.12.08

Crédit immobilier : chiffres et philosophie

J'ai rendez-vous à la banque cette semaine, il survient suite à la fin de mon livret jeune, c'est mon premier rendez-vous sérieux. Au début je me suis dit que j'allais esquiver ce rendez-vous étant donné que je vais simplement transférer l'argent sur un autre livret. Sauf qu'évidemment la banque voudrait profiter de cette échéance pour me proposer différentes choses. C'est bien pour ça que je voulais l'esquiver d'ailleurs, et c'est bien pour ça qu'au téléphone ils ont insisté, même si c'était de manière subtile.
On sait bien que ceux qui s'en sortent le mieux dans ce pays ce sont les banques, les compagnies d'assurance et les agences immobilières. Quand un magasin disparaît il est souvent remplacé par l'une des ces 3 agences. J'en ai eu une explication flagrante il y a quelques années, épisode qui vaut d'être relaté ici.

Je venais de me faire voler un ordinateur portable et un autoradio dans la voiture. La compagnie d'assurance indique que ce n'est pas pris en charge dans le contrat souscrit par mes parents, j'insiste et demande un rendez-vous, que j'obtiens. Une fois sur place ça a été terrible. Je commence à négocier en disant que cela fait 15 ans qu'on est dans cette compagnie, que tout n'était pas clair au moment de la signature du contrat, qu'ils pourraient faire un geste, etc. J'avais tous les arguments et il m'aurait vraiment semblé logique qu'ils fassent un minimum. Mais en une minute tout a été balayé, s'appuyant sur le simple fait que le contrat ne couvrait pas ce vol, et ensuite la situation s'est même inversée puisque l'agent, voyant mon âge, commence à me demander si je ne projette pas bientôt de louer un appartement, d'acheter une voiture, et que surtout si c'est le cas je commence à lui en parler en prévision de la future assurance de ces biens ! Vraiment le piège qui se referme ! Sur le coup j'ai été trop surpris par le processus pour m'en dépêtrer, ce n'est qu'après que j'ai pu l'analyser et me rendre compte de tout son vice, du total manque de considération pour les êtres humains, du règne de l'argent. Ce jour-là j'ai compris pourquoi les compagnies d'assurance étaient toutes riches.

Fort de cette expérience mon attitude envers ces organismes est maintenant ultraméfiante, j'irai à ce rendez-vous en connaissance de cause car j'imagine bien qu'il y ressemblera. Et je vais maintenant même prendre un malin plaisir à inverser la situation, à leur montrer leur vice en flagrant délit si on peut dire, à les mettre devant leurs méthodes, etc.
J'avais déjà prévu de faire quelque chose de semblable lorsqu'un fournisseur de téléphonie mobile m'avait appelé à dix reprises dans la même journée pour me démarcher, j'avais dans l'idée de retourner la situation et de demander à la jeune opératrice si elle avait conscience de ce qu'elle faisait, dans le contexte économique actuel, si elle ne pensait pas qu'il valait mieux faire n'importe quoi d'autre pour gagner un peu d'argent, si elle avait la moindre idée des bénéfices mirobolants que se font l'entreprise qui la mandate et ses actionnaires, notamment grâce aux actions qu'elle entreprend actuellement, payée un salaire de misère. Le démarché qui pose les questions et l'opératrice qui doit répondre. Hélas à partir du moment où j'avais bouclé mon argumentaire ils n'ont plus rappelé. Je le garde sous le coude...

Depuis qu'un collègue m'a montré rapidement la ruine que représentait un emprunt à long terme pour l'achat d'un appartement, j'ai dans l'idée d'appeler un banquier pour lui mettre cette honte, dont il est parfaitement au courant, sous les yeux, et lui demander s'il trouve ça normal. Ce jour-là d'ailleurs j'ai mieux compris pourquoi les banques (ou autres organismes de crédits) étaient toutes riches. Une idée subsidiaire est d'enregistrer la conversation.
Mais finalement ce rendez-vous avec une conseillère va être l'occasion de cette petite confrontation. Je vais entamer une discussion sur un emprunt éventuel en vue d'un achat immobilier. Si elle connaît son travail elle sera trop ravi que je m'aventure sur ce terrain et là on risque de commencer à rigoler.
Faisons simple. Imaginons que je veuille acquérir un appartement à 110 000 €, avec un apport de 15 000 €. Le taux du crédit sera environ de 5%. Si on part sur environ 600 € par mois à rembourser, cela donne environ une durée d'emprunt de 22 ans. Disons un emprunt sur 20 ans, ce qui donne des mensualités de 627 €. Avez-vous une idée de combien aura coûté le crédit ? C'est-à-dire combien d'intérêts vous aurez versé à la banque pour avoir le droit qu'elle vous prête 95 000 € ? Réponse : 55 480 €. Je l'écris en français : on a donné 55 480 euros à la banque pour qu'elle nous prête 95 000 euros. C'est comme si l'appartement avait coûté 1,5 fois son prix : 165 480 €. Le pire dans cette histoire c'est peut-être la différence entre les riches et les pauvres, les riches pouvant faire des apports beaucoup plus importants et rembourser plus par mois, le coût du crédit pour eux peut s'avérer 2, 3, 4 fois moindre. Là on comprend un peu mieux pourquoi le fossé se creuse sans cesse.
Bref, je vais demander à ma conseillère si elle trouve normal de devoir payer plus de la moitié de la somme qu'on souhaite emprunter pour pouvoir l'emprunter. C'est vrai que le taux est de 5% par an mais au bout de 15, 20 ou 25 ans, c'est comme si on avait contracté un emprunt sur un an à 40, 50 ou 60 % ! Et les gens acceptent cela ! La société accepte cela ! A moins qu'elle ne soit pas au courant. Ou à moins qu'elle n'ait pas le choix. Le débat va rapidement venir sur la société, comptez sur moi. Je vais dévier sur l'intérêt d'acheter un appartement. Quel intérêt ? Ne plus payer de loyer au bout de 20-25 ans et posséder un bien qu'on peut vendre ou dont les enfants hériteront. Voyons les inconvénients : assignation géographique, coût du crédit, questions en cas de divorce.


Poursuite de l'étude et conclusions

Comparaison entre un achat (emprunt sur 20 ans, exemple précité) et une location (400€/mois).
Après 20 ans
Achat : coût 165 000 Epargne 0 + bien
Location : coût 96 000 Epargne 54 000 (225/mois)
Après 30 ans
Achat : Epargne 75 000 + bien
Location : Epargne 81 000
Après 40 ans
Achat : Epargne 150 000* + bien *sauf si retraite entamée
Location : coût 192 000 Epargne 108 000*
Après 50 ans
Achat : coût 165 000
Location : coût 240 000

Je viens de faire les calculs et je dois dire que j'étais prêt à démontrer le manque d'intérêt de l'achat mais en fait pour des personnes normales c'est financièrement intéressant, à partir de 25-30 ans après le début de l'emprunt cependant. Quelqu'un qui se contente de louer aura mis plus d'argent de côté pendant 20-25 ans (sans tenir compte du bien vendable). C'est donc vraiment une vision à long terme qui est nécessaire ici. Nous y arrivons... Comment demander une vision sur 30 ans à des personnes qui ont une trentaine d'années, qui n'ont pas la sécurité de l'emploi ni la sécurité du couple ? Et qui en plus savent qu'ils vont engraisser la banque ?

Le contexte économique est difficile et incertain, et il semblerait que ça va durer. C'est amusant car si on regarde le passé, avec la crise précédent la seconde guerre mondiale, puis les 30 glorieuses, on peut se dire que ça va ça vient, mais pourtant aujourd'hui c'est comme si on savait que ça va rester difficile, on ne voit pas d'où pourrait venir un mystérieux salut qui relancerait tout. On entend parfois dire sous forme de boutade "il faudrait une bonne guerre et ça repartirait", et finalement c'est ça, à part ça qui n'est évidemment ni souhaitable ni provocable, on voit mal un changement majeur survenir.
Le contexte matrimonial est difficile. Les personnes mariées représentent environ 50% de la population de plus de 15 ans. Entre 40 et 50% des mariages se terminent par un divorce (source Insee). L'incertitude de la durée et de l'issue du mariage représente probablement un frein à l'achat.
Dans ces deux contextes difficiles, s'assigner un lieu géographique "à vie" (bien qu'on puisse toujours vendre puis racheter, je ne sais pas s'il existe des statistiques sur le sujet) ou en tout cas durant la durée de remboursement de l'emprunt peut sembler risqué ou délicat.

Un élément clef en terme de motivation pour l'achat d'un bien immobilier est que cela sert à mieux profiter de la retraite. D'un point de vue individuel c'est probablement la motivation principale.
L'autre élément important serait l'héritage des enfants. Ah nous y revoilà, sacro-saints-enfants !
Des gens sont donc prêts à engraisser des banques, notamment, pour un peu de confort supplémentaire à leurs enfants, voire leurs proches, ainsi qu'une retraite plus confortable.
A propos des retraites d'ailleurs, ne répète-t-on pas qu'on n'aura pas de retraites ? Dans ce contexte j'imagine que c'est un argument supplémentaire pour pousser à l'achat, car si la retraite est déjà difficile mieux vaut ne pas en plus avoir à payer un loyer ! Vu sous cet angle c'est sûr... Mieux vaut aussi avoir pu épargner un peu plus. Bien qu'on se rende compte dans le petit tableau susmentionné que la différence n'est pas énorme, la retraite survenant plus ou moins entre 30 et 40 ans après le début de l'emprunt. La différence principale réside donc dans la possession de ce bien. Concrètement à quoi cela correspond-il ??

Le dernier point à soulever est bien entendu l'importance de l'argent, même si c'est un autre débat. Quand on se pose cette question majeure de l'achat, on présuppose déjà qu'on accorde une certaine importance à l'argent.

[Édit: Reparlons des banques. Ce n'est pas que sur les crédits immobiliers qu'ils gagnent de l'argent, c'est sur tous les crédits tout court.
Un argument pour expliquer cela serait "mais les gens ne peuvent pas réaliser leurs projets sans nous, si nous ne leur avançons pas l'argent". Terrible argument ! En effet il s'agit donc d'une gigantesque prise d'otage ! Les gens sont forcés de souscrire aux taux qu'on leur impose, ils n'ont pas le choix. C'est une des raisons qui expliquent que ça ne choque pas plus que ça qu'un crédit sur 20 ans coûte autant : pas le choix !!
Lors des crédits immobiliers, les banques se font de l'argent sur le dos de l'enfermement des gens, puisqu'acheter un appartement ou une maison c'est s'enfermer géographiquement. Les gens aiment historiquement beaucoup s'enfermer : par la propriété, par le travail, par la famille. Enfin, de nos jours, ils commencent à comprendre la valeur de la liberté et ils s'enferment moins : ils déménagent de plus en plus, divorcent (et se remarient) de plus en plus, changent de plus en plus de travail (bien qu'ils n'aient pas toujours le choix), etc.

Les gens ne se sont pas assez placés des 2 côtés pour accepter une telle relation déséquilibrée avec les banques. Rendons-nous compte qu'un simple crédit immobilier sur un appartement moyen rapporte sur 20 ans autour de 75 000 euros à la banque. Combien les gens réussissent-ils à épargner en moyenne en 20 ans ? J'ai l'impression que ça se joue dans ces eaux-là, que ça serait même plutôt bien... Sauf qu'évidemment une banque souscrit de nombreux crédits immobiliers, et crédits tout court, d'où leur monstrueuse plus value.
On me parlera des intérêts de l'épargne, l'argent fructifiant annuellement, une bonne chose non ? Hum, parlons des taux. Citons aussi le fait que les gens doivent parfois utiliser une partie de l'argent épargné pour des achats nécessaires, ou facultatifs. ]

Un siècle de changements

Notes prises en revisionnant le Ce soir ou jamais du 17 décembre 2008

Le regard des centenaires sur le monde
Avec Jean-Marcel Jeanneney (98 ans), ancien ministre. Jenny Alpha (98 ans), comédienne. Edgar Morin (97 ans), sociologue et philosophe. Olivier Todd (79 ans), écrivain et journaliste.

Marqués par :
Révolution technologique, les moyens de communications en particulier, avec leurs conséquences sociales.
Le fait qu'en 2008 tous les gens ne mangent pas encore à leur faim.
L'accroissement de la vie. L'importance de la télévision.
Mai 68, rapport Khrouchtchev qui dénonce les crimes de Staline, l'effondrement de l'union soviétique, plus récemment la crise financière de 2008, l'élection de Obama. "Il faut continuer à s'attendre à l'inattendu".

Amusés par :
Variations des politiques des 2 côtés, relations entre les journalistes et les politiques (gênant et divertissant).
Le fait qu'il y ait encore de magnifiques écrivains malgré les nouveaux moyens de communication.
Évolution du roman français : de plus en plus nombrilique.
"Il y a tant de problèmes qu'on ne voit plus trop ce qui est amusant"
Les amuseurs !

Le monde est de plus en plus tragique, il l'a toujours été mais la tragédie est maintenant plus accessible. Il y a maintenant une tragédie à l'échelle de l'humanité puisque la planète entière est menacée.

Culture de masse : télé, radio, journaux. Cherche à plaire, au plus grand nombre. Recherche du public maximum (femmes, hommes, jeunes, vieux, toutes les classes, etc)
Ce qui a changé vers la fin des années 60 : fin de l'optimisme partout, on montre la réalité et les problèmes et on propose des solutions.
De nos jours beaucoup de divertissement. Après une journée fatigante, chronométrée, d'un travail souvent abrutissant, besoin de se détendre.

Heureux pour des raisons familiales, enfants, carrière où il était intéressé, passionné.

Avant 89, le monde était gouverné par l'affrontement est-ouest, communisme/libéralisme alors que depuis ce sont des déferlements ethniques, nationalistes, religieux.

Avant on avait la foi dans le futur, on croyait que le progrès était la loi de l'histoire, que demain serait toujours mieux. Tout ceci est remplacé par l'angoisse du futur ou au minimum l'incertitude. Quand le présent est également angoissant, il n'y a plus que le refuge dans le passé, dans les racines, nationales, religieuses, etc.
La vision des idéologies, des religions a beaucoup changé.

En Europe, l'angoisse de la guerre, du fascisme, aujourd'hui l'Europe est en paix.
Niveau de vie moyen largement supérieur. Augmentation des biens de consommations, si on parle de pouvoir d'achat c'est aussi parce qu'il y a pléthore de choses à acheter.

Angoisse du chômage n'existait pas entre 1950 et la fin des années 80.

Beaucoup de grands progrès ont été payés par des pertes. Augmentation du niveau de vie oui mais augmentation de la qualité de la vie ? Comment mesurer la qualité de la vie ? Est-ce que dans le bien-être matériel on ne voit pas surgir un mal-être psychologique et moral ? N'a-t-on pas créé grâce à la publicité de nouveau besoins qui n'existaient pas ? N'y a-t-il pas une intoxication automobile (NDR je ne sais pas s'il parle du nombre de modèles ou du nombre de voitures et le CO2 associé).
De nombreux aspects néfastes de plus en plus importants.
L'individualisme, un progrès important, se paie par l'égocentrisme et la destruction des anciennes solidarités.
La technique, si merveilleuse pour nous libérer des énergies, nous asservit par l'automatisation et la chronométrie de la vie. Il faut voir à chaque fois les deux aspects.

Attention à ne pas se contenter de la vision occidentale, la surconsommation, la sur-importance de la télé, ne sont pas des problèmes rencontrés partout dans le monde.
L'un des changements du XXème siècle est la possibilité pour tous de voyager.
Il faut noter que des pays qu'on appelle aujourd'hui émergents ont connus de grands progrès depuis quelques dizaines d'années.

Population mondiale : 2 milliards en 1910, 6,5 en 2008. Part du monde blanc occidental privilégié passée de 25% à 18%. L'Asie représente 60% de la population mondiale, l'Afrique autant que l'Europe.

L'Homme a-t-il pris la bonne direction ? Fin des colonialismes, fin de la domination de l'homme blanc. Améliorations des conditions aussi en Amérique latine.

Quand on voit les combats déséquilibrés de Gandhi, Martin Luther King, l'abbé Pierre, Mère Thérèsa, Sœur Emmanuelle, etc, on se dit tout de même que la méchanceté est plus forte que la bonté.

Pourquoi cela a-t-il mal tourné dans beaucoup d'Etats devenus indépendants ? Ce doit être en partie dû au fait qu'ils aient souhaité se gouverner eux-mêmes. On oublie qu'il est extrêmement difficile de gouverner un peuple. Il faut avoir une vieille culture politique. En France ça a commencé à la révolution et il a fallu plus d'un siècle pour que cela commence à se tenir. Même de nos jours ça n'est pas si adéquat que cela ! C'est extrêmement long.

La France est devenue complètement multiraciale.
Disparition du service militaire.
L'irrationnel n'est pas pris en compte.
La question du protectionnisme reste entière.
Droit de vote aux femmes.
Américanisation (positive et négative).

Les sociologues ont la tâche de nous expliquer ce qu'il en est, pas seulement les cas extrêmes mais l'ensemble des choses.

26.12.08

Fascinés par l'enfant

Le jour de Noël j'ai vu évoluer un enfant de 2 ans et demi pendant quelques heures autour d'une famille d'une quinzaine de personnes adultes. En gros il s'agit de la branche d'une famille depuis les arrière-grand-parents de cet enfant jusqu'à lui en passant par les deux générations intermédiaires. J'ai vu la force d'attraction de l'enfant. J'ai mieux compris cette fascination perpétuelle qu'éprouvent les gens pour les enfants. C'est paradoxal car j'en côtoie des centaines par an, même s'ils ont entre 5 et 15 ans, mais le schéma était inversé, au lieu que ça soit un ou deux adultes pour une vingtaine d'enfants c'était le contraire, ce qui a tout changé.
Il y a comme une énergie qui se dégage de l'enfant, les gens y voient probablement aussi des espoirs, du rêve, le miracle de la vie, je ne sais pas, mais cela dégage une grande force d'attraction. Moi-même, moins humain parmi les humains, j'ai ressenti cette attraction. Elle me semble au delà de toute raison. Qu'est-ce qui concrètement dans cet enfant - en l'occurrence plutôt en retard en plus - crée une foi en la vie ? D'une certaine manière, bien que ça soit très beau, c'est aussi effrayant. Je ne sais même plus trop quoi en penser ou en déduire !
Cela aurait presque tendance à remettre en question mon point de vue sur ma potentialité à avoir des enfants (aurait=conditionnel + presque + tendance = on n'en est pas encore là). Mes convictions qui sont que c'est une mauvaise idée restent fortes mais je l'écris presque pour me rassurer. C'est dangereux cette histoire ! Je sais que ça engendre sûrement des sourires mais moi ça ne me fait vraiment pas rire !

Voici donc les 3 éléments qui pérennisent le genre humain pour l'éternité : les progrès de la médecine, les hormones humaines insatiables, et cette mystérieuse fascination des enfants. La seule chose qui semble pouvoir mettre fin à cette explosion démographique est l'inconscience capitaliste qui détruit la planète.
Dans la famille constat difficile à entendre je peux ajouter : heureusement qu'il y a des famines, des épidémies et des guerres, conséquences de bêtises humaines ayant engendré un développement planétaire inégal, sinon on aurait déjà dépassé les 10 milliards. C'est bien le seul point positif, je suis d'accord, et cela fait de la peine de voir un tel développement global de l'être humain à l'aube du 3ème millénaire.

Bribes d'auto-analyse

A propos du fait que je n'ai presque rien fait de constructif durant mes 3 premiers jours de vacances. Commençons par dire clairement que j'avais vraiment besoin de vraies vacances puisque j'ai dû enchainer environ 3 mois quasi non-stop, avec pas plus d'un jour de congé "consécutif". (une parenthèse pour indiquer que lorsque tu annonces que tu as vraiment besoin de repos survient tout de suite une certaine suspicion de fainéantise assez malsaine) Ça peut en partie expliquer mon laisser-aller, même si cette explication ne me satisfait guère. En fait je crois aussi que je n'ai rien fait parce que je ne vais pas très bien, si ça avait été le cas j'aurais plus avancé dans la liste de mes projets. Et finalement je ne suis pas tant déçu par le fait de n'avoir rien fait que par la découverte de sa probable signification. Peut-être d'ailleurs était-ce un phénomène inconscient, si c'est le cas je suis content d'avoir fait la lumière dessus.

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Si quelqu'un pouvait voir mon existence dans son ensemble, de l'extérieur, il serait quand même assez abasourdi. Une de ses premières réactions pourrait être "mais qu'est-ce qu'il fait ce bonhomme ? qu'est-ce qu'il fabrique ?". C'est un peu ce que je me dis quand j'essaie de me placer à l'extérieur en essayant d'avoir un œil extérieur.
Effectivement c'est une sorte de chaos difficilement descriptible. La plupart des codes sont bousculés, les aspects matériels passent au second plan, l'agencement de l'appartement est surréaliste, l'inertie a une place importante, les relations avec les personnes prennent une tournure différente, etc.

Conflits graves

A propos des conflits graves entre personnes, particulièrement entre proches, ceux qui engendrent qu'elles ne se parlent plus pendant des années, parfois plus jamais. Mon impression première et prépondérante est que c'est une des plus belles (ou pires, c'est selon) illustrations de la bêtise humaine, puisqu'à partir du moment où chacun parvient à analyser la situation de manière objective et donc à reconnaître ses torts, le conflit a forcément tendance à s'adoucir voire à se dénouer. C'est donc qu'au moins une des deux personnes ne parvient pas à faire cela. Bien sûr, chacune des deux parties aura a cœur de démontrer que c'est l'autre, phénomène faisant un peu penser au "c'est lui qui a commencé" des enfants. Sont assez souvent à l'origine de ces conflits : l'orgueil, la cupidité.
Ces conflits me choquent et me dégoûtent passablement.

Chagrin familial

Je pensais au chagrin provoqué par la mort d'un proche. Un amour lie naturellement les personnes de la même famille. J'imagine que cet amour ne peut jamais être complètement réduit à néant, qu'il en reste toujours un minimum. J'imagine aussi qu'il peut augmenter, dans les cas de connivence particulière. Je m'interrogeais sur ce qui peut faire décroître cet amour. Probablement les longues absences et les conflits. En effet, si un père n'a plus vu son fils ces 30 dernières années et qu'il apprend son décès, j'imagine que son chagrin sera forcément moindre, son amour ayant diminué petit à petit année après année, non ? L'autre cas typique est celui où les deux personnes se sont fâchées à l'extrême, mais là encore il faut une intervention du temps car si la mort survient trop peu de temps après le conflit amenant la séparation, l'amour n'a pas dû avoir le temps de beaucoup décroître.
Quand je me vois en train d'écrire cela, je me dis qu'on doit me prendre pour une sorte de chirurgien des sentiments, les triturant et les analysant de manière froide et réfléchie; une différence étant que je n'essaie pas toujours de réparer.
Ce thème m'est venu en pensant à mon éventuel suicide, corrélé au fait que je vois maintenant très peu souvent mes proches familiaux. Je me disais que si c'est dans 5 ans (je parle comme si c'était programmé mais indéterminé, chose qui devient de plus en plus incertaine) leur amour naturel aura déjà décru dans une certaine mesure.

Presents

On se fait aussi une idée de ma spécificité en observant mon rapport aux cadeaux. J'ai l'impression de n'être fait ni pour en offrir, ni pour en recevoir. Et on peut dire que depuis une dizaine d'années je n'en offre pas. Pour moi c'est comme si les anniversaires n'existaient pas, j'ai décidé de n'aller pratiquement à aucun, autant que possible, et je ne fête pas le mien. C'est un choix et ça ne me manque pas. Mes proches continuent de m'offrir des cadeaux à Noël mais c'est plus pour le symbole car ils ne peuvent pas vraiment être considérés comme tels dans la mesure où ce sont toujours les mêmes. Et ça me va bien.
Il est évident que nul ne peut savoir mieux ce qui lui ferait plaisir que la personne elle-même. Lui demander pour lui offrir me semble relever de l'absurde. L'absurde des relations humaines sûrement.
Je disais que j'étais moins sujet aux émotions et sentiments que la moyenne, je crois que ça se vérifie sur ce thème des cadeaux.

[Edit : Ce qui se rapproche des quelques lignes écrites il y a 3 ans. Je vois que j'ai tout de même maintenant plus de recul sur les choses car j'observe qu'il y a un élément oublié, c'est la force habituelle des rapports entre les gens. Que ça soit au niveau des cadeaux ou des vœux, dans l'ensemble les personnes sont sincères et se préoccupent réellement des autres. J'ai relativement éludé ce phénomène ces dernières années ou n'en ai pas assez pris conscience, dans la mesure où je suis extérieur à cela, mais maintenant je m'en rends bien compte. La force des préoccupations mutuelles, la force des sentiments mutuels. Cela m'amène forcément à adoucir mes propos durs sur ces questions (cadeaux, vœux, anniversaires, etc). Les gens sont gouvernés par leurs sentiments, leurs relations avec leurs proches, c'est difficile de leur jeter la pierre d'agir de manière candide, naïve ou déraisonnable.
La façon dont je suis passé à côté, consciemment ou inconsciemment, est en partie révélatrice de ce que je suis.]

24.12.08

La question de l'autorité

Notes que j'ai prises en revisionnant le Ce soir ou jamais du 9 décembre 2008. Parmi les intervenants je me suis contenté de rapporter les propos qui me semblaient mériter intérêt.

Intro
Sarkozy parlait dans sa campagne de réhabiliter l'autorité (ainsi que le travail, la morale, le respect, le mérite). L'autorité dans la justice, l'éducation, l'économie.

Intervenants
Daniel Sibony, psychanalyste. "L'enjeu d'exister"
Thierry Levy, avocat.
Clémentine Autain, femme politique.
Matthieu Grimpret, professeur d'histoire et écrivain.
André Varinard, professeur de droit pénal.

Commission présidée par André Varinard, demandée par le gouvernement, sur le système judiciaire pour les mineurs.
Présomption de discernement à partir de 12 ans (responsabilité pénale).
Incarcération désormais impossible avant 14 ans (107 incarcérations entre 13 et 14 ans en 2008).
En 5 ans le nombre de mineurs emprisonnés par an est passé de 8000 à 4200.


Autain
Ambiance sécuritaire, amenée par Sarkozy.
Autorité à l'ancienne = sanction, le dialogue n'existe pas.
De plus en plus de condamnations. Répression.

Sibony
Si on sanctionne à 10 ans, 9 ans, 7 ans, est-ce qu'on est plus autoritaire ? Plus sourd ? Plus répressif ?

Étymologie d'autorité : vient du mot auteur. L'autorité normalement doit correspondre à quelque chose.
La personne qui se prétend d'une autorité est-elle simplement là pour appliquer un règlement ou a-t-elle un message à faire passer, en rapport avec la vie ?
L'autorité normalement ce n'est pas une substance, quelque chose qu'on peut durcir ou relâcher, mais une relation à 3 : le jeune, l'éducateur, et autre chose qui est comme la transmission de la vie.
Quand les jeunes provoquent des adultes, ce n'est généralement pas par perversité pour le plaisir de voir l'adulte se débattre, c'est parce qu'ils veulent voir comment il fonctionne quand il n'a plus le mode d'emploi, quand ce n'est plus une mécanique, une simple application.

Lorsqu'ils sont jeunes, les enfants respectent totalement leurs parents (qui sont leurs auteurs !), l'autorité est naturelle, la transmission de savoirs étant le 3ème élément. Plus l'enfant grandit plus il cherche à savoir ce qu'il y a derrière, il veut en savoir toujours plus. Lorsque les parents n'ont plus rien à leur offrir, l'angoisse se crée, angoisse qui peut se traduire en actes de violence.
Phénomène nouveau ? On se questionne sur de quoi est faite l'autorité, c'est ce qui est nouveau. C'est une très bonne chose car on voit que la société se dirige vers une autorité complètement abstraite où des personnes représentent une autorité mais en appliquant au nom de la loi, du bon fonctionnement, cas où il n'y a personne derrière l'autorité.
Les personnes passionnées seraient plus respectées puisque les enfants perçoivent qu'il y a quelque chose derrière, le 3ème élément est clairement perceptible. Cas contraire : professeur réduit à sa fonction de professorat sans apprécier ce qu'il transmet, le manque de respect guette.


Autain
Question du sens et de la légitimité de l'autorité.
"Faire autorité", quelqu'un qui est respecté, admiré.
La société perd la notion d'autorité pour tomber dans la répression, l'imposition.

Mai 68 a bousculé les conceptions de l'époque. Mais c'est comme si on avait voulu faire disparaître l'autorité. Avant de se rendre compte qu'il en fallait bien une. Mais laquelle, sous quelle forme ?

De nos jours dans plein de domaines, il y a explosion des rapports d'autorité.

Sibony
Structures d'accueil des enfants, des familles, débordées car trop de problèmes.
Mais dans toutes les sphères.
Exemple : autrefois les gens allaient chez le médecin et s'inclinaient devant son "autorité médicale". De nos jours des personnes y vont en s'étant déjà renseignés sur internet et c'est tout juste s'ils ne leur dictent pas l'ordonnance.
Démocratisation des connaissances, bénéfique. Mais interpellation du médecin sur son apport réel. Il doit faire preuve de son authenticité, de son utilité.
C'est la crise de l'autorité. Ce qui est bénéfique en soi.

On demande à celui qui exerce l'autorité si la loi qu'il doit appliquer n'est pas réduite à sa propre envie de faire appliquer une loi. Personne n'est prêt à supporter la jouissance de celui qui est en face, déguisée au titre de la loi. On demande ce qu'il y a derrière.

C'est pas réclamer d'être à égalité. Si les parents ou les profs se mettent à égalité des enfants, c'est démoralisant, il n'y a plus de parent, plus de prof. Ce n'est pas du tout ça l'autorité.

Grimpret
Celui qui exerce l'autorité est là pour faire en sorte que celui sur qui il l'exerce puisse se développer et s'épanouir.
L'élève doit sentir ses limites et le professeur également.


Autain
Rapports de pouvoirs.
L'autorité ne dois pas confiner à l'abus de pouvoir
Totalitarisme = l'autorité devient une fin en elle-même.

Le gouvernement a tendance a confondre l'autorité et l'autoritarisme.

Souvent la justice est prise à partie pour régler des questions de domination, des cas par cas.

Levy
L'autorité ça ne se décrète pas, c'est pas quelque chose qui est décidable. C'est un comportement, si c'est admis ça a de la valeur, si c'est rejeté ça en perd.
On assiste aujourd'hui à des décrets d'autorité, de la part de gens qui reconnaissent implicitement qu'ils ont perdu toute autorité.
Exemple du chef de l'Etat flagrant, qui se montre familier avec "le peuple" qui ne fait pas partie comme lui de l'Elite. Il perd son autorité et il devient de plus en plus autoritaire. C'est une gesticulation de l'autorité qui perd encore en valeur.

Grimpret
3/4 des parents d'élèves viennent me dire qu'ils sont dépassés. L'autorité a disparu.

Sibony
Allusion à un texte de 2003 où l'Etat demandait aux parents d'être plus autoritaires, de faire preuve de plus d'autorité.
C'était très touchant puisque l'Etat disait aux parents qu'ils doivent exercer leur autorité car s'ils ne le font pas, la société est débordée.

Paradoxe de l'autorité : si vous exercez une autorité sur des personnes, si vous n'êtes qu'un exécutant, un robot de cette autorité, pour qu'ils l'admettent vous devrez vous raidir et vous perdrez encore de la légitimité. C'est ce qui se passe avec les parents : ça déborde, ils se raidissent, il y a perte de légitimité, c'est le cercle vicieux.
Le danger c'est que la société tende vers une succession de règlements, une autorité abstraite, où les exécutants ne s'impliquent pas. Peur des responsabilités donc se cacher derrières des textes. Problème qui va s'étendre.

Autain
L'Etat contrairement à son discours ne cesse de déréguler l'économie, d'augmenter les effets du capitalisme, et compense par de l'autoritarisme (sécuritarisme, fichiers de données personnelles, surveillance, etc).

Sibony
La crise économique est un élément supplémentaire dans la crise de l'autorité car l'argent était censé être géré par des personnes compétentes contribuant au développement général, or toute cette belle mécanique s'est grippée, faisant perdre une énorme légitimité à tout le secteur.
Lutte de pouvoir, l'Etat s'est porté garant de x milliards.
C'est le procès de l'autorité au nom de la compétence. Même la compétence va avoir du mal à faire prendre des positions autoritaires.

Levy
Crise de gens qui voient un pouvoir leur échapper et qui essaient de remplacer cette perte par des affirmations spectaculaires, qui ne font finalement que réduire la liberté et la responsabilité.

22.12.08

Répétion de l'humour

"C'était le duel du week-end ! Hier, TF1 programmait Les Bronzés font du ski face au Père Noël est une ordure sur France 2. Victoire pour la bande de copains en vacances à Val D'Isère : 10,4 millions de fans ont ri aux vannes de Gigi, Jean-Claude et Popeye (37%). Un score incroyable pour un film multidiffusé à l'extrême. Thérèse, Pierre et Zézette ont quant à eux fédéré à peine 4 millions de fans. Zone Interdite sur M6 (3,4 millions de téléspectateurs) et Le Temps des Secrets sur France 3 (2,7 millions) ferment la marche."

Incroyable en effet. Ce n'est pas tant le fait que TF1 batte France 2 à ce point, puisque les 2 films ont à peu près autant été multidiffusés, mais c'est qu'à eux 2 ils fassent 51% de part de marché et près de 15 millions de téléspectateurs. Combien parmi ces 15 avaient déjà vu le film ? 13 ? 14 ?
Ceci m'a amené à 2 réflexions principales.
Comment se fait-il que les gens ne se lassent pas ? Comment peut-on ne pas se lasser des mêmes histoires, des mêmes vannes, des mêmes chutes, encore et encore ? Confineraient-elles à ce point au sublime ? Bien que ces films soient bien réussis cela semble tout de même difficile d'utiliser ce mot ! Ou est-ce simplement que c'est ce qu'il y a de mieux dans ce domaine ces vingt dernières années et que donc les gens s'y noient fatalement ?
Probablement aussi que le contexte économique y est pour quelque chose, et je m'étais déjà fait cette réflexion il y a quelques temps, en hallucinant devant le nombre de personnes qui se réunissaient dans la ville pour faire la fête. De les voir tant à avoir tant besoin de ça, besoin de s'amuser finalement, je crois que ça en dit long sur le mal-être moyen qu'ils éprouvent en général, enfin j'ai l'impression.
Oui les gens ont naturellement besoin de s'amuser, ils aiment de manière naturelle faire la fête, côtoyer d'autres gens, en masse même parfois, ou se poiler devant des comédies, c'est en eux, mais on dirait que ce phénomène est accentué par le contexte actuel, et celui de ces dernières années en général d'ailleurs.

L'autre chose qui m'est rapidement venue à l'esprit c'est bien sûr la comparaison avec moi-même. Concrètement il est déjà difficile de m'arracher un rire, disons que grosso modo ce qui provoque en moyenne un rire chez les autres provoquera un sourire chez moi, et ce qui provoque habituellement un sourire aura une influence relativement imperceptible sur mon visage. Il y a quelques années je m'étais déjà penché sur la question de ma réactivité à l'humour et indiqué que j'étais nettement moins réceptif que la moyenne. Alors ici on parle de répétition, de revoir les mêmes films ou les mêmes spectacles, la différence s'accentue donc encore plus car je ne dévoilerai pas un scoop en répétant que je me lasse généralement très vite des choses. Pour moi à partir du 2-3ème visionnage ça sera quelques sourires au maximum, et je m'étonne forcément de voir qu'en moyenne les gens peuvent toujours autant rire à la énième diffusion, répéter et entendre les mêmes blagues encore et encore, et toujours trouver ça drôle. Même si je sais pertinemment que nous n'avons pas la même résistance à la répétition, pas la même vitesse de lassitude, il n'empêche que ça me surprend tout de même.

(Depuis quelques années j'ai pris l'habitude que suite à la lecture de paragraphes du genre de ce dernier certaines personnes ont l'impression que c'est une marque de mépris de ma part, ou d'un complexe de supériorité. Je me répèterais donc : 1)j'ai pourtant généralement l'impression de me cantonner à des constats 2)n'est-il pas visiblement plus agréable d'être dans leur situation que dans la mienne ? et 3)n'est-il pas toujours plus facile de faire partie de la majorité ?)

12.12.08

Old words

Un souci est qu'actuellement dans cette société, on préfère ceux qui font attention à leur apparence sans réfléchir que ceux qui réfléchissent sans faire attention à leur apparence.
[Oct. 2005]