24.7.08

Suranalyse

C'est vraiment difficile de porter un regard si critique sur mes activités.
Je me demandais à quoi ça servirait de remettre cet appart en ordre dans la mesure où mon existence est en désordre complet. Désordre ce n'est que pour faire l'opposition avec ordre car ce n'est pas le mot adapté, j'aime suffisamment le désordre pour penser que si le seul inconvénient de mon existence était celui-ci tout irait pour le mieux. Mais je crois qu'elle est relativement creuse. C'était dans l'air mais je m'en suis rendu compte plus précisément hier. Ce n'est pas seulement la question de trouver des activités motivantes durant les jours de repos, c'est finalement un tout qui me ramène à la problématique d'il y a 5-6 ans.
On s'en rend compte quand on se demande de quels éléments est concrètement composée mon existence. Cette année a été de loin la plus chargée depuis 4 ans, j'ai eu assez peu de temps pour souffler, et à des moments cela m'a donné l'impression que je vivais (ou que mon existence était palpable). Mais avec le recul j'en doute. Quand la lucidité revient, que je ne suis plus dans le feu de l'action en quelque sorte, il semble que c'était nettement plus creux que je ne le croyais. Un souci aussi c'est que je finis toujours par tout replacer dans un contexte global, de poser la question du moyen ou long terme, de réévaluer la motivation, etc, ce qui remet systématiquement à peu près tout en cause. Dans ce cas précis, je me demande si ça pourra durer comme ça des années, en terme de motivation personnelle mais aussi par rapport à la réussite de l'activité, je me demande aussi quel impact ça a revenant ainsi à la question fondamentale des bienfaits du jeu d'échecs à l'école. Par rapport à ma motivation je reviens aussi naturellement sur le fait que j'ai fait ça avec une grande foi peut-être juste parce que cette passion est ce qui m'a sauvé et sans doute empêché de sombrer, pendant des années, et que je souhaite plus ou moins reproduire le schéma avec d'autres, plus ou moins inconsciemment. Après probablement que l'on ne peut pas toujours trouver des éléments rationnels pour faire les choses, d'ailleurs en l'occurrence il semble que l'élément émotionnel soit prépondérant même si l'élément rationnel (c'est un jeu très bénéfique sur plusieurs plans pour les enfants) a aussi une place importante. Et finalement le problème est bien celui-ci, comme d'habitude : surrationnalisation, surlucidité, suranalyse. Peut-être que peu de personnes peuvent se féliciter de leur existence en la suranalysant ainsi.
Je pensais écrire quelque chose de plus critique et moins nuancé, et j'avais écrit à l'avance ce paragraphe :
Et pourtant je ne pourrais pas obtenir mieux que cette activité, je le vois clairement quand je la compare avec celles de certains de mes amis (ça me fera toujours étrange d'utiliser ce mot). C'est la théorie qui dit que pour moi le maximum n'est pas encore assez; qu'une exploitation assez bonne des potentialités de la vie est encore insuffisante. C'est la théorie de 2002.

Finalement suite à l'analyse réalisée à priori plus complète et objective, il n'a plus qu'à moitié lieu d'être. Il n'empêche que je suranalyse, ça n'est pas nouveau et ça ne changera vraisemblablement jamais, et il faut faire avec, ce qui est délicat. La question de la motivation sur le moyen terme reste entière. La question du nombre d'éléments motivants dans mon existence reste elle aussi entière. Ce sont évidemment des problématiques primordiales puisqu'elles conditionneront sûrement mon existence dans les années à venir. Presque impossible donc de les occulter.

21.7.08

Time to slow

Tout de même un peu de volupté en ce bas monde. Ce n'est pas ce que je disais ce matin en me faisant réveiller par les travaux adjacents, ni à midi en cherchant vainement dans un frigo dévasté ce que j'allais bien pouvoir avaler avant d'aller bosser. Mais ce soir j'ai enfin eu l'impression d'être en vacances alors que dans les faits c'est déjà le cas depuis quelques temps. Une impression qui correspond plus ou moins à la réalité : ça a un côté rassurant.
L'élément est complexe. Quand je bosse je suis relativement débordé, un peu partout en même temps et en quelque sorte toujours en alerte. A un moment donné, après quelques semaines par exemple, j'éprouve un besoin d'arrêter. Parfois c'est possible, parfois non. Généralement à l'approche de l'été, les choses commencent à se calmer. On pourrait supposer que je vais profiter pleinement du retour de la tranquillité mais c'est là que les choses se compliquent. D'un côté j'en ai besoin et parfois j'arrive à savourer, mais d'un autre dès que je n'ai plus assez de choses à faire je retombe dans la situation dans laquelle j'étais quand je n'avais aucune activité, situation que j'arrive à gérer pour moitié en m'occupant et qui est délicate pour moitié puisque toutes les questions, les remises en cause du monde environnant, de mes motivations, ma surlucidité, etc, reviennent. Ça ressemble un peu à une double personnalité. Je ne renie aucune des deux. Je crois que j'ai même besoin de la seconde. Besoin de quelque chose qui par le passé m'a poussé à l'autodestruction, curieuse affirmation, mais c'est ainsi. A la limite je me sens plus proche du vrai moi lorsque je suis comme ceci asocial, que je reste 12h par jour devant l'écran sans voir la lumière du jour - à faire diverses choses sans que ça soit vraiment abrutissant, je précise -, que je me sens étranger au monde extérieur, que j'analyse mes perceptions et rédige quelques textes. J'ai réellement besoin de ces moments de liberté avec un minimum de contraintes où en quelque sorte je me détache du monde, retournant par la même occasion à mon essence si j'ose dire. Besoin c'est peu de le dire même si je me rends compte qu'il n'y a pas grand chose au dessus de ce terme.

J'avoue que près de 2 semaines de tournois sans contrainte m'ont rappelé les étés d'il y a quelques années : la passion pratiquement sans rien d'autre à penser, surtout se concentrer sur savourer. De ce côté là c'était vraiment bon. Maintenant on ne pourra pas faire taire cette petite voix, qui a raison elle aussi, qui indique que ce n'est pas forcément suffisant. On ressent tout de même l'usure, on ressent que ça ne durera pas des années et des années ou plutôt que l'intensité baisse forcément avec le temps, comme elle a d'ailleurs baissé depuis quelques années. Et on revient évidemment sur la question de la lassitude et la recherche d'un nouvel élan quelque part. Je sens que l'auto-analyse est bonne, bien que le problème des solutions soit toujours le même, exactement comme quelques années en arrière.

The girl in the cafe

De 2004 par David Yates et Richard Curtis.
Avec Bill Nighy et Kelly MacDonald.

C'est un film à moitié romance, à moitié politique. Un mélange qu'on ne croirait pas possible à priori. Et il m'a charmé. Il arrive à traiter en parallèle un problème politique mondial, récurrent et vital, et ce qu'on pourrait appeler une romance improbable faite notamment de morceaux de comédie et de tendresse. D'une certaine manière c'est simple, mais c'est réussi.

Extraits

- Il avait l'habitude de dormir en... vieux pyjamas rayés de chez Marks and Sparks... avec le bouton du haut fermé.
- Je ne fermerai jamais le bouton du haut.

- Je ne peux pas croire que je vous ai déjà dit le prénom de mon grand-père. Je ne dirais plus un mot jusqu'à la fin du dîner. Dorénavant c'est vous, vous, vous.

- Si je prenais le lit et vous le canapé je serai incapable de dormir. Je ne prendrai donc pas le lit.
- Si vous prenez le canapé je dormirai par terre à côté du canapé. Dans ce cas personne ne prendra le lit et ce sera ridicule.

- Quand je n'arrive pas à dormir j'imagine que je suis une figurante dans un film et qu'on me paie pour jouer les mortes, et qu'il y a une caméra qui me filme en gros plan. Je dois donc relâcher tous les muscles de mon visage, et je finis par m'endormir.
- Je vais essayer ça.
- Oui. Faites semblant d'être mort. C'est mon truc dans la vie.
(...)
- Vous dormez ?
- Non. Je fais semblant d'être mort depuis 1h du matin. Mais, hélas, je suis toujours en vie.

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