Bonjour D.,
Tout d'abord merci d'être encore là, de ne pas avoir disparu dans la nature...
Toujours seul au monde. Impression persistante de mal jouer. Tout le monde a envie de profiter des tournois
qui reprennent, moi pas. En général peu de perspectives.
Administratif en retard. Été peu palpitant à venir. Époque nauséabonde.
Lu quelques livres, quelques films, bof. Sorties marche pendant 1 an,
bof. Toujours autant de mal avec la dimension matérielle, y compris la
mienne. Et quasiment personne à qui me confier. Et pas d'idée pour y
remédier.
Déconfinement doublé de la période de mon anniversaire n'aident sûrement pas non plus.Comme
je vous l'avais dit, coupure de contact fin décembre avec mon ex et
supposée amie, aucun contact depuis six mois. Je pense qu'elle m'a
également bloquée sur facebook, super.
Il me reste deux amies.
La première ne donne actuellement plus signe de vie. Son dernier sms
date du 1er mai. Je lui en ai envoyé 4 entre le 19 et le 26 juin.
Peut-être répondra-t-elle ou peut-être en a-t-elle marre.
La
deuxième et dernière n'a jamais été beaucoup présente mais au moins
fidèle et présentant des déboires similaires aux miens. Elle vient de
rencontrer quelqu'un, de manière relativement inespérée. Je suis content
pour elle mais elle est encore moins disponible du coup.
Et
puis quand des gens rencontrent quelqu'un alors qu'on pouvait imaginer
que ça n'arriverait pas de si tôt, parce que ça ne leur arrivait pas
depuis plusieurs années, je me dis "ah oui donc même cette personne
rencontre quelqu'un, par contre moi non"...
C'est fou d'avoir
autant presque rien créé en 7 ans de présence sur des sites de
rencontres. Et le sentiment que ça pourrait continuer ainsi éternellement.
Je conserve un vague contact distendu par mail avec une personne qui m'avait contacté l'an dernier pour des échanges par mail.
En conclusion cela ressemble à encore plus de solitude à venir.
Vous
avez relevé un paradoxe entre ma prétendue acceptation de moi-même et
ma préoccupation de ne pas forcément être assez dans la norme. J'imagine
tout simplement qu'il n'y a aucun paradoxe, juste que je ne m'accepte
pas comme je suis. Je ne sais d'ailleurs même pas si je sais comment je
suis, et encore moins comment je voudrais être.
Je
vous écris aussi pour ça : je crois que je vous l'avais dit, je suis
perdu. C'est, j'imagine, aussi ce qui crée mon trouble actuel.
Vous
avez raison de me demander de fixer des critères de progression, des
choses concrètes, de définir ce que c'est qu'une avancée, ou ce que je
voudrais que ça soit. Mon problème, et je l'avais quand on a commencé à
travailler ensemble en 2016, c'est que je n'ai pas d'idée claire de ce
que je veux être, ni atteindre.
Vous dites
que c'est ok de ne pas avancer parfois. Sur le principe je suis
d'accord. Mais c'est ok de ne jamais avancer ? Je ne sais pas,
peut-être, mais je ne trouve pas ça très ok. Alors oui probablement j'ai
avancé sur des points depuis cinq ans. Mais c'est pas si facile de dire
exactement lesquels et à quel point. Et puis si c'est pour revenir en
arrière régulièrement, sans garantie de produire vraiment des avancées,
c'est préoccupant.
Assurez-moi que j'ai avancé et sur quoi. Je
pense qu'il y a des choses mais si je ne les rematérialise pas, je
crois que j'ai tôt fait de les occulter... Jusqu'à douter qu'elles aient
existé.
Quand je vous ai parlé de
coaching, vous sembliez emballée mais je ne sais pas pourquoi : est-ce
que c'est juste par le principe ou est-ce que ça vous a fait penser à
des choses concrètes ?
Moi je ne sais
pas, là encore, si ça pourrait me convenir. Il y a un côté qui me
répugne et je ne sais pas si je pourrais le surmonter. Et encore une
fois je n'ai aucune idée de ce que je veux fixer comme objectif. Aimer
ma tête ? C'est un objectif que l'on peut se fixer ça ? Je ne suis même
pas sûr de pourquoi le fixer.
Comme je ne sais pas ce que
je veux chercher à obtenir, je n'ai aucune idée de dans quelle direction
chercher, et j'imagine que ça ne vous aide pas non plus beaucoup...
Idem
pour la question que vous m'avez posée sur, je crois, le type
d'accompagnement / de thérapie. C'est la même chose, vous me connaissez,
même si je suis frileux vis-à-vis de certaines choses, sur le principe je ne suis
pas fermé. Mais pour quel objectif, ça reste mon problème.
Et
donc voilà, je me sens dans un vide. Je ne sais pas quels critères
fixer, je ne sais pas définir ce que serait une avancée, je ne sais pas
où je veux aller, ce que je voudrais être, ce que je voudrais
travailler, les objectifs que je voudrais atteindre. Et je ne sais pas
comment quiconque peut travailler avec quelqu'un comme ça.
Est-ce
que je voudrais me faire des amis pour être moins seul ? Peut-être mais
je n'en ai pas l'assurance, je n'ai aucune idée de ce que ça pourrait
donner et aucune idée de comment procéder.
Est-ce que je voudrais rencontrer quelqu'un ?
Peut-être mais je n'en ai pas l'assurance, je n'ai aucune idée de ce que ça pourrait donner et aucune idée de comment procéder.
Je suis sorti
marcher
118 fois en 1 an. Super. Mais je le fais mécaniquement. Comme vous
m'aviez dit en fait. Je ne trouve pas de plaisir. Je ne sais même plus
pourquoi vous m'avez conseillé de le faire... Peut-être que c'est bien
pour moi mais pourquoi en fait ? Qu'est-ce que ça m'a apporté ?
Qu'est-ce que je peux faire de ce que ça m'aurait apporté ?
Depuis
octobre je note chaque jour sur un carnet ce que je dois faire et je
coche. J'imagine que ça m'aide à avancer mais honnêtement je ne suis pas
sûr de ce que ça m'apporte exactement et de l'influence sur mon
existence.
Je me suis inscrit à un
tournoi, j'ai pas du tout envie de jouer,
parfois je me dis que je ferais mieux de me désinscrire. On m'en propose d'autres, je réponds que je joue beaucoup trop mal et que
je n'ai en conséquence pas du tout envie de jouer, ce qui est vrai.
Je lis des livres, je vois des films, mais rien ne m'emballe.
Voilà où j'en suis et j'ai l'impression que c'est à peu près nulle part...
On m'a demandé ce qui avait déclenché mon état. Mais il n'y a pas vraiment de déclencheurs chez moi et je
dois quand même dire que je suis fatigué de le répéter depuis 25 ans et
que les gens ne le comprennent pas.
Il y a 7 ans j'ai entamé les démarches pour rechercher une aide auprès de professionnels. Les 2 premières années étaient à vomir. Il y a bientôt 5 ans j'ai entamé un suivi satisfaisant. Mais j'ai l'impression que cela ne finira jamais, ce qui a un effet décourageant et broyant particulièrement puissant.
Merci,